Marathon (i) , qui infestoit toute la ré-'
gion de Tétrapole; et l’ayant dompté
et pris tout en vie, il le conduisit à
travers la ville ( i ) , et le sacrifia ensuite
à Apollon De/phinien.Ge Taureau
est celui que subjugue l ’Apollon des
Perses ou Mithra.
Quelque temps après , arrivèrent à
Athènes les ambassadeurs duroiMinos,
qui venoient pour demander le tribut,
qu’on avoit coutume de lui payer pour
la mort de son lils. En effet, Androgée,
fils de Minos ( 3 ) , ayant été tué par
trahison dans l’Attique, ce prince y
porta le fer et le feu ; et les Dieux ,
d’accord avec lui, pour venger ce
meurtre, désolèrent tout le pays par
la peste et par la stérilité, et firent tarir
la rivière. Les Athéniens, accablés de
tous ces fléaux, eurent recours à l’oracle
d’Apollon, qui leur répondit qu’ils ne
trouveraient la fin de leurs misères, et
ue le Ciel ne seroit appaisé , que quand
s auroient accordé à Minos la satisfaction
qu’il éxigeoit. Ils envoyèrent
donc en Crète des ambassadeurs vers
ce prince , qui exigea d’eux que tous
les neuf ans ( 4 ) > d’autres disent tous
les ans, ils lui envoyassent le tribut de
sept jeunes garçons et d’autant de filles.
Ppur rendre cette histoire plus tragique,
la fable ajoute que ces enfans étaient
dévorés par le Minotaure ( 5 ) , avec lequel
en les enfermoit dans le Labyrinthe,
dont ils ne pouvoient trouver
l’issue. Quant au Minotaure, c’étoit,
dit Euripide , un monstre affreuse ,
moitié homme, moitié taureau. C’est
là, sans doute, ce qui a fait à Minos
une si mauvaise réputation sur le théâtre
d’Athènes. Ce qui fait voir , dit Plutarque
, combien il est dangereux de
s’attirer la haine d’une ville , qui sait
bien parler, et où les Muses fleurissent.
Fatigués d’un tribut aussi onéreux 1 2 3
(1) Isocrat. Helenæ Liudat. g. 437.
(2) Pausan. Attic. p. 26.
(3) Virgii. -AEneid* 1, 6 , v. 20.
et aussi' humiliant, les Athéniens se
mirent à murmurer contre Egée. Ils se
plaignirent ouvertement, qu’étant seul
la cause du mal, il étoit le seul quj
n’eût pas de part à la peine ; et que,
lorsqu’il faisoit passer son royaume entre
les mains d’un étranger, ou d’un fils
naturel, il les vît sans douleur privés
de leurs enfans légitimes. Ces plaintes
affectèrent vivemen t Thésée, qui recon-
noissant, qu’il étoit juste de courir la
même fortune , què ses sujets, s’offrit
volontairement lui-même, sans vouloir
profiter des hasards du sort. Cette générosité
remplit d’admiration tout le
monde ; et l’on fut charmé de voir
qu’il s’égalât lui-même au peuple, et
qu’il eût des sentimens non de roi,
mais de Citoyen. Egée fit tous ses efforts
pour l’en détourner; mais voyant
qu’il ne pouvoit le persuader, et qu’ilI
étoit inébranlable dans sa résolution,
il y consentit'et tira les autres enfans
au sort. C’étoit une des conditions du
traité fait avec Minos, que la mort du
Minotaure feroit cesser le tribut. Les
Athéniens fournissoient le vaisseau , qui
de voit porter ces victimes infortunées,
et on appareilloit toujours les voiles
noires , pour marquer qu’ils alloient à
un danger certain. Thésée sut si bien
rassurer son père, par les espérances
qu’il lui donna de tuer le Minotaure,
qu’Egée remit au Pilote une voile blanche
et lui enjoignit très-expressément de la
mettre à son retour, si son fils venoit
à échapper; sinon de revenir avec la
noire, qui lui apprendrait son malheur.
Les uns donnent le nom de The-\
r éélu s, d’autres de Nausithoiis à.cel
Pilote, qui fut donné à Thésée par
Scyrrus, qui y joignit un Matelot in-|
telligént, appelé Phaeax. On montre,
comme un monument de ce fait, les
petites chapelles que Thésée consacra
à jNausithoiis et' à Phæax, dans le
(4) Diod. Sic. 1, 4 , c. 60 , p. 304.
(5) Pausan, Âî.ic. p. 26.Isocrat. Helenæ Lauda •
P- .43«-
bourg
bourg de Phalère , près du temple de
Scyrron, On prétend même que les fêtes
Cybernefia , ou des patrons de navire ,
sont célébrées en leur honneur.
Après que le sort fut tiré, Thésée prit
avec lui les enfans qui avoient été choisis
; il descendit avec eux du Prytanée,
et il alla dans le temple Delphinien offrir
pour eux à Apollon la branche d’olivier
, qui étoit présentée par les sup-
plians. Cet olivier étoit entouré de bandelettes
de laine blanche.
Après avoir fait ses prières aux Dieux,
il s’embarqua le 6 de mai, jour auquel
on envoie encore les filles offrir leurs
prières dans ce même temple. On assure
aussi qu’à Delphes Apollon lui rendit
cet oracle : « Qu’il prît Vénus pour
» guide, et qu’il la priât de naviguer
» avec lui ». .
Ayant immolé pour cet effet nne
chèvre sur le bord cle la mer, la victime
fut tout-d’un-coup métamorphosée en
bouc ; c’est pourquoi il donna à Vénus
le surnom d’Epitrage , ou de Vénus sur
le bouc. ;
On dit qu’aussi-tôt qu’il fut arrivé en
Crète , Ariadne , qui étoit devenue
amoureuse de lui dès la première vue,
l à donna un peloton de fil , et lui enseigna
, comment , avec ce secours, il
pourrait aisément se tirer de tous les
détours du labyrinthe ; qu’il tua le Minotaure
; qu’il enleva Ariadne (1) , et
qu’il la conduisit à Athènes , avec tous
les enfans qu’il avoit amenés.
Quant à Ariadne , d’autres traditions
supposent , qu’elle n’alla pas jusqu’à
Athènes , et que son amant ingrat l ’abandonna
dans l’isle de Naxe, où elle
fut trouvée par Bacchus §|§ , comme
nous le verrons dans le poème des Dionysiaques.
Diodore de Sicile prétend,
que Thésée ne fut pas infidèle à Ariadne,
mais qu’étant débarqués dans l’isle Dia,
(1) Lucian. 1.1. Hermotim, ‘p. 578. SerV. Com*
*à. .AEneid. 6, v, M* Palæph. c. 2.
(2) Nonnus Dionys. !.■ 47, v. 270.
(3) Diod. Sic. 1. 4, c. 61 , p. 305. -
Rel. Univ. Tome I.
ou Naxe , Bacchus épris des charmes de
cette princesse , la lui enleva (2) ; et
qu’après la mort de son amante, il plaça
aux deux sa Couronne , et en fit ni e
Constellation, connue sous le nom de
couronne d’Ariadne.
Des amours de Thésée et d’Ariadne ,
naqtiirent le prince la Grappe , ou Sta-
phylus , et OEnopion, le buveur de vin.
L ’Auteur du poème fait passer Thésée
à Délos , où il s’arrête quelque
temps. Après avoir fait un, sacrifice à
Apollon, et dédié à Vénus nne statue ;
que lui avoit donnée Ariadne (4) , il
dansa , avec les jeunes Athéniens , une
danse , qui est encore aujourd’hui de
mode à Délos, et dans laquelle il imitait
les tours et les détours du labyrinthe.
Callimaque , dans son hymne pour
Délos , parle dé cette danse , sans la
nommer : il dit seulement qu’on dansoit
en rond., et que Thésée en menoit la
marche. Plutarque prétend, que cette
danse s’appeloit dans le pays la Grue ,
et que Thésée la dansa autour de l’autel
app'elé Ce raton , parce qu’il est tout
entier composé de cornes gauches d’animaux
, que Diane avoit pris à la chasse.
Dans les jeux qu’il institua (5) en honneur
d’Apollon, il voulut que la branche
de palmier servît de récompense
aux vainqueurs. Lorsque Thésée approcha
de l’Attique , ce héros , dans les
transports de la joie que lui causoit le
succès de son expédition, et le terme
heureux de son voyage , suivant les '
uns ; et suivant d’autres , au contraire ,
troublé encore par la douleur,qu’il avoit
conçue de la perte d’Ariadne (6) , oublia
, ainsi que son Pilote , de faire appareiller
les voiles blanches , qui dévoient
annoncer à son père leur heureuse
réussite , et le retour de Thésée
et de ses compagnons. Cette négligence
coûta la vie au malheureux Egée,' qui,'
| (4) -Pattsàn. Boiotfc. p. 3r4-
(5) Pausan. Arc. p- 276.
(6) Diod. Ibid, p. 305. ,
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