font aussitôt prendre les armes., pour
.défendre ces' jeunes infortunés ; et ayant
brisé leurs fers.',, ils massacrent tous
les Barbares qui veulent leur résister.
Phinée, à la tête des Thraces, s’étant
présenté pour les combattre, Hercule
tue Plrinée,, et un grand , nombre de
ses soldats. Il se rend maître'du, rpalais,
délivr e de sa prison.; Cléopâtre, et- met
les fils de Phinée en possession du
trône de leur Père ( i ), La marâtre
est renvoyée à son Père, qui la punit
de mort. Je n’ignore pas, ajoute Dio-
dore, que quelques Mythologues ont
dit,que Plrinée avoit fait crever les yeux
à son fils ;. que Borée lui avoit infligé,
à son tour , à. lui - même un. pareil supplice
, et qu’Hercule étant descendu en
Asie, pour faire de l’eau, avoit été laissé
là par les autres Argonautes. Cela vient,
que dans les fables anciennes, on ne
trouve aucune, uniformité dans les répits
; aucun accord dans les écrivains.
On dit aussi, que les fils de Phinée, ayant
laissé le sceptre à leur mère, s’embarquèrent
avec les autres Argonautes., Ils
passèrent de Thraçe dans le Pont, et
abordèrent à la» Chersonèse-Taurique,
ignorant quelle étoit la férocité des habitons,
qui étoieht dans l’nsage d’immoler,
sur l’autel de Diane , les étrangers
qui y abordoient. C'étoitlà qu’ïphi-
génie , devenue prêtresse; de la Déesse,,,
immoloit tous les malheureux prisonniers.
Diodore fait ici une digression (2 )
sur l’origine de cette coutume Barbare ;
digression qui est liée à l’histoire dès;
Argonautes, par un certain côté; On
dit, que le (Soleil eut deux fils, Aétès»
et Persée, dont l’un régna sur la Col-
chide , l’autre sur la Tauride ; et tous
deux fameux par leur cruauté. De Perse
naquit Hécate , qui surpassa son Père
en férocité et en barbarie. La passion-
quelle avoit pour la chasse faisait que
(j) Ibid. p. 288,
(2) Ibid. c. 45.
0 ) Ibid, p, 289,
souvent, lorsqu’elle ne trôuvoit point
de bête fauve à chasser-,, elle perçoit les
hommes de ses traits. Habile dans l’art
d’apprêter les poisons, elle trouva l’usaw
de la ciguë. Elle essayait ses poisons
en les mêlant aux nourritures, quelle
servoit à ses hôtes. Elle empoisonna
son Père, et usurpa son trône. Ensuite
elle éleva .un autel à Diane,, sur lequel
elle sacrifioit, à . çettè Déesse tous les
étrangers, qui abordoient dans ce pays,
et se rendit fameuse par ses cruautés.
Ayant été ensuite ..mariée à, Aëtès,elle
en eut deux filles j Circé et Médée:, èt
un fils appeléeigialeus (a). Circé, s’étant
livréen l’étude. >de.s( plantes ét des.remèdes
, »découvrit dans les- simples des
propriétés i singulières et étonnantes.
Ella .avoit; reçu les premières leçons de
sa mère;; inâis elfe; dut encore .plus à
son esprit , et à l’étude. ,snivië !qu’elle fit
dë cet artçquelle porta-àsa perfection.
Elle , fut mariée ià un rpi des Scythes-
Sarmates , qu’elle empoisonna (4 ) ; et
assise sur son trône, elle se porta à
tons, les excès de cruauté ,, à l’égard
de: ses sujets , . qui la-.chassèrent.r -Elle
se réfugia vers l’Océan, dans une île
déserte., avec quelques- femmes, compagnes
de sa fuite. D’autres disent,
qu’ayant quitté le 'Pont, elle vint se
fixer- en Italie ,’ - près d’un. Promontoire
, appelé encore aujourd’hui, Pro-
montoire de Ciree. ■:
On dit, que Médée (5) fut instruite
par sa mère et par sa soeur dans l’art de
préparer les remèdes et les-simples médicinales
; mais qu’elle en fit un tout»
autre .nisage : car elle n’étoit occupée
diantre soin que de sauver la vie aux
malheureux étrangers , qui abordoient
dans>ce pays. Souvent, par ses prières
et son crédit, elle obten oit la grâce
de ceux que son-pèré avoit condamnés;
souvent, elle ménageoit adroitement
leur évasion.
-:(4) : TbiJ. |j. -3ç;
(5) s. 461
Car
Car Aëtès , par une suite de sa férocité
naturelle , et par les conseils cruels
d’Hécate , maintenoit le barbare usage
d’immoler les étrangers. Or , comme
Médée s’opposoit de plus en plus au goût
et au désir de ses parens , elle devint
suspecte à Aëtès, qui la fit garder dans
une prison , où elle avoit cependant
quelque liberté. Elle échappe à ses gardes
, et elle se sauve sur le rivage dans le
Temple du Soleil. Dans ce même temps,
les Argonautes , partis de la Tauride ,
abordèrent en Colchide , dans l’endroit
même du rivage où étoit ce Temple.
Là ils rencontrèrent Médée errante sur
ce rivage , qui leur apprit le barbare
usage ou l’on étoit en ce pays d’immolèr
les étrangers. Charmés de l’humanité
de cette jeune fille , les Argonautes lui
fort part de leur projet, et de son côté
elle les informe du danger, dont elle
étoit menacée de la part de son père ,
à cause de son humanité envers les
étrangers. Médée s’engage à les servir
dans le projet qu’ils méditent ; et Jason,
de son côté , s’engage , par serment,
d’épouser Médée, et de lui rester fidèle
jusqu’à la mort. Les Argonautes , ayant
laissé une escorte sur le vaisseau , suivent
Médée, et pendant la nuit enlèvent
la Toison-d’or. Diodore passe ensuite
aux détails de cette histoire.
On dit, que Phryxus, fils d’Athamas ,
(1) pour échapper aux embûches de sa
marâtre, se sauva de Grèce avec sa soeur
Hellê. On ajoute, qu’ayant traversé la
mer, qui sépare l’Europe de l’Asie ,
monté sur un Belier à toison-d’or , que
la providence leur procura, la jeune
Hellê se laissa tomber dans la mer, qui
depuis a pris d’elle le nom d’Hellespont,
ou mer d’Hellê. Phryxus , arrivé sain et
sauf en Colchide , immole son Belier
par ordre de l’Oracle , et en suspend
k riche dépouille dans le Temple de
Mars. Mais depuis , le Roi de Colchide,
Aëtès, apprit de l’Oracle qu’il perdroit
la vie , lorsque des étrangers abordant
(1) Ibid. c. 17 , p. 390.
Relig. Univ. Tome I.
sur un vaisseau dans ses états, enle-
veroient cette Toison-d’or. Cette raison ,
jointe à sa férocité naturelle, engageoit
ce Prince à égorger tous les étrangers,
qui abordoient dans ce pays , afin que
la renommée, publiant par-tout ses
cruautés, ôtât l’envie à aucun étranger
de mettre le pied dans ses Etats. H
environna le Temple d’une forte muraille
, et y mit une bonne garnison de
soldats féroces de la Tauride : ce qui a
donné lieu aux fictions des Grecs , qui
disent, que près du Templeétoientplacés
des taureaux , qui de leurs naseaux
vomissoient des flammes , et qu’un dragon
toujours éveillé gardoit fa Toison.
Diodore donne ici son explication historique
, qui ne vaut rien. Il faut s'en
tenir à la fable même.
Il en est de même de ce qu’il dit du
Belier Phryxus , qu’il explique par un
vaisseau , qui sur sa poupe avoit l’empreinte
du Belier ; si Ce n’est que par
ce vaisseau on entende le vaisseau symbolique
de l ’univers , dont le Belier céleste
ornoit la proue : on voit un pareil
vaisseau dans le planisphère de Kirker.
Après ces diverses explications, Diodore
laisse au Lecteur la liberté de
choisir, et de prendre le parti qu'il voudra
dans ces différentes opinions. Nous
profitons de cette liberté , et nous n’admettrons
aucune de ses explications ;
nous nous en tiendrons à la fable , telle
qn’elle est dans la Mythologie Grecque ,
qui est la vraie fable, laquelle voile l’allégorie
physico-solaire.
Au reste , Médée conduit les Argonautes
au Temple de Mars (2), distant
de soixante - dix stades de la ville de
Sybaris , où étoit le palais du Roi de
Colchide. En arrivant aux portes ,
qu’elle trouve fermées , elle parle aux
sentinelles en langue Taurique ; ceux-ci
reconnoissent la fille de leur Roi , et
lui ouvrent. Les Argonautes, l’épée à
la main , tombent sur les Barbares ,
tuent les uns et mettent les autres en
Ooo