semblé les membres épars ete son époux , tué
par Typhon , les renferma dans une vache faite
de bois ( 1 ) , qu’elle couvrit d’une étoffe légère,
liiite de byssns , et que fa ville de Busiris a
pris de là son nom. Nous avons parlé plus
haut de Busiris, qui fonda TJicbes, et dont
l ’histoire se lie au Taureau équinoxial, où-est
le siège de la vaçhe Io. Plutarque parle aussi
du cercueil de bois ( a x, dans lequel étoit le
corps düsiris, loisque Typhon le trouva et le
mit en morceaux.
( y ) Cette vérité est confirmée par Plutarque
( 3 3 1 lorsqu’il nous dit, que les courses du
Soleil, dans son cercle, s’appeloient recherches
d 'O ir is , et que les sept tours, que l ’on fai-
soit faire, au Solstice d’Hiver, autour du Temple
à la V ache sacrée , désig'noient les révolutions célestes
ou les changemens, qui s’opèrent dans
le mouvement des Astres , qui engendrent les
saisons , à chaque septième signe, c’est-à-dire
d’un équinoxe ou d’un solstice à l ’autre.
( 2 3 Cet affoiblissement de la Lumière solaire
étoit exprimé par une fiction faite à l ’occasion
d’une fête, qui se. célébrcit tous les ans,
quinze jours après l’époque, à laquelle on
fèîoit la grossesse d’Isis (4 ) , qui alloit devenir
mère d’Earpoeçate ; on appelait cette fête la
naissance, des bâtons du Soleil, pour désigner ,
dit Plutarque , l’affoiblissément de la chaleur
et comme la vieillesse de la lumière de cet
Astre , qui déjà a besoin de soutien. Au contraire
, on avoit fêté trois mois auparavant la
naissance des Yeux d’Horus ( 5) , au moment
de la conjonction du Soleil et de la Lune ,
qu’on appeloit les Yeuaf d ’Horus , sous le trône
duquel on plaçoit des L;ohs. Horus ou le fils
passoit pour avoir été le premier qui
eût sacrifié au Soleil.
( aa ) C’est donc à tort, que Plufarque (6 ) dit
d’Horus, qu’il est ce monde qui sè reproduit sans
cesse , et qui, dans sa durée perpétuelle, éprouve
des renaissances et des morts ; ce qui est vrai
de la végétation annuelle, qui se reproduit avec
la durée éternelle des siècles. L’entendre ainsi,
ce seroit prendre 'l’effet pour la cause , laquelle
réside dans le Soleil, dont l’action créatrice'
se renouvelle au Printemps.
On donnoit à Eorus le nom de Kaïmin ,
ou de visible y dit Plutarque ( 7 ) , nom qui
convient parfaitement, au Soleil, et même à
Orion , la plus brillante de toutes les constellations.
( b b ) On attribua aussi à Menés, ancien ^oi
(1) Diodor. 1. 1, c. 54, p. 96.
(2) De lside, p. $54.
(?) Ibid. p. 372.
(4) Ibid. p. j77.
(5) Ibid. p. 372.
(O Ibid. p. 374.
d'Egypte' , la découverte du blé (8 ) , du pain
et des autres alimens : dont on faisoit honneur'
à Isis; Ce nom de Mené ressemble fort à
celui de la Lune , appelée Mené par les Crées.
( ce ) Ce but politique et moral nous paroît
évidemment marqué, dans la fable Libyenne sur
Bacchus , où on l i t , que ce Dieu ayant consulté
A ni mon son père , sur les espérances
qu’il pouvoit concevoir de ses expéditions (0)^
celui-ci répondit, « que c’étoit en faisant du
» bien aux hommes , qu’il obtiendroit i’immoi-
» taiité 35. Ceci nous décèle l’intention de ceux,
qui disoient que les Dieux avoient été de»
hommes , qui par des services signalés avoient
été élevés à ce haut rang.
\dd-) Plutarque voit, dans ces histoires merveilleuses,
et dans les cérémonies religieuses y
qui en consacraient les principaux traits, une
but moral, celui de donner aux peuples des
leçons de piété, et de présenter aux deux
sexes des consolations dans leurs malheurs ,
en mettant sous leurs yeux ceux de leurs premiers
Rois et de leurs premiers Dieux ( io k
Ainsi le Chrétien se console par l ’exemple
des souffrances de son C hrist, dont une scène
allégorico-tragique lui retrace la fiction tous
les ans.
( et ) On faisoit des libations de lait aux
Dieux Mânes. 1
( f f ) Plutarque ( 1 1 ) observe , qu’Osiris et
Isis n’étoient pas les seulesrDivinités , dont ont
montroit les tombeaux 5 on montroit aussi ceux
de tous lés autres Dieux , dont les âmes, suivant
les Prêtres, brilloient dans le Ciel, et
étoient autant d’ Astres. Plutarque loue les cérémonies
funèbres, qui se faisoient près de ce»
tombeaux , en ce qu’elles avoient un but mystique
, «t qu’elles tenoient à une science secrète.
Il place dans cette classe celles où l’on
coupoit le bois sacré , où l’on découpoit le
lin, et où l’on faisoit des libations, etc.
(éféf)On trouverar peut-être là l ’origine de la
fable , qu’on a faite sur la fondation de
Memphis, ou de la ville, qui servoit d’asile
et de tombeau à Apis, image vivante d’Osiris,
enterré dans une île du Nil. On raconte, qu’elle
prit le nom de Memphis , du nom de la fille
de son fondateur, qu’on dit avoir été aimée
du fleure Nil, métamorphosé en Taureau. C’est
ainsi, que l’on disoit que Cadmus bâtit Thèbes ,
dans un lieu où se reposa le Taureau, sous la
forme duquel Jupiter se métamorphosa , lorsqu’il
enleva sa soeur Europe, et qu’il plaça c»
<7) Ibid. p. 374.
(8) Diod. 1. 1 , c. 28, p. 53.
(9) Diod. 1. 3 , c. 144, p. 242.
(1©) De lside, p. 361,
(11) Ibid. p. 339.
Taureau aux Cieux, dans le signe céleste qui
porte ce nom, au-dessus du fleuve d’Orion ,
appelé Nil. C’est aussi pour cela, qu’on a dit,
qu’Epaphus , fils d’Io , ou de la Lune métamorphosée
en Vache , et placée au signe du Taureau,
fut le fondateur de Memphis ( 1 ). C ’est
une allusion à la même fiction, qui a fait dire
qu’Isis , après avoir rassemblé les membres de
son époux, les mit dans une bière, qui avoit
la forme d’une Vache ; d’où vient le nom de
Busiris, qui fut donné à la ville , où il fut
enterré.
(hh ) Diodore convient, qu’on avoit des opinions
très-variées , et des notions très-vagues
sur les Pyramides, et sur leurs auteurs ( 2 ).
O11 attribuoit la grande à Armais, la seconde
à Aniasis, et la troisième à Inaron, d’autres
à Maron. Suivant d’autres , la grande avoit
été construite par. Chemmis , la seconde par
Chephron , et la troisième^ par Mécher ou My-.
cerin. Les u n s ,y voient le tombeau de RI10-
dopê , fameuse, courtisane 3 d’autres disoient,
que les tiois rois, ci-dessus norçimés , les firent
construire pour - leurs femmes. On peut voir
dans Hérodote ( 3 ) le roman de Mycerinnus et
de sa fille , ensevelie dans une vache de' bois.
Ce prince ne devoit plus vivre que six ans,, et périr
à la septième année. Denys le voyageur parie
d’un tombeau d’Osiris , qui formoit un observatoire
très-élevé ( 4 ) , et qu’il confond avee
l’Antiphare, lieu destiné à éclairer les vaisseaux.
L à , étoit aussi lé tombeau d’Eicîothée , fille de
Protée (5 . Ces Pyramides auroient-elles eu aussi
autrefois l’avantage de servir de fanal aux vaisseaux,
lorsque la basse Egypte étoit sous les
eaux, et que Memphis étoit peu éloignée de
la mer ? Je laisse aux naturalistes à examiner
cette question, qui tient au déplacement des
mers. ■
« U
(u ) En effet, supposons un carré
- H \ d
dont les côtés étant rapprochés se prolongent à
l’infini. Il en résulte nécessairement une grande
croix 5 et si les faces du carré regardent les points
cardinaux du monde , cette croix coupe en quatre
parties le cercle de l’horizon, et marque les
quatre points Nord, Midi, Orient, Occident.
C’étoit au centre de cette croix, qu’étoit étendu
Osiris mort.
(kk) Diodore (1. 1 , c. 40, p. 72 ) donne
a la Pyramide, pour base , un quadrilatère ,
fi) Diod. I. 1 , c. Ç4, p. 96.
(2) Ibid 1. 141,.p. 75.
(3) Herod. 1. 2, c. 130, 134.
(4) Dionys. Perieg. v. 250,
(5) Jbusthat. Schof. ibiü.
dont les faces sont de sept plcthra, et la hauteur
de plus de six ; ce qui est le rapport de six à
sept, il suppose qu’on avoit employé (6) à
cette construction autant de mille hommes ,
qu’il y avoit de jours à l’année , c’est-à-dire ,
060,000, et qu’ils travaillèrent pendant vingt
années.
(//) L’erreur doit être du côté de l’Anglois;
car. des proportions que donne Cliazelles, il résulte
nécessairement, que les faces triangulaires
sont des triangles équilatéraux 5 ce qui ne peut
avoir lieu d’après les dimensions de l’Anglois ,
qui convient néanmoins, que les faces sont
triangulaires et équilatérales.
(mm) Nous observerons, qu’on attribuoit à
Mithra la consécration des obélisques , qu’il
fit élever dans la ville du Soleil, et que l’on
faisoit honneur de la construction de cette
grande Pyramide ou tombeau d’Osiris , à un
roi appelé Chembcs (7) ou Chemmis , nom qui est
le même que celui de la ville où se trouve Isis,
au moment de la mort de son époux , comme
on l’a vu plus haut.
(nn) Si l’on en croit les Arabes, les Pyramides
renfermoient sept chambres , qui portoient chacune
le nom d’une Planète (8). Pans chacune
de ces chambres étoit une idcle ou Talisman ;
l’une de ces idoles, comme Harpocrate , avoit la
main appliquée sur la bouche.
(00) Plutarque (9 ) convient, que les fables
des Grecs sur lés Géans et sur les Titans,
sur la lutte d’Apollon contre le Dragon Python ,
sur l’exil de Bacchus , sur les courses de Cérès ,
et autres semblables événemens , ne diffèrent en
rien des aventurés tragiques d’Osiris et de ses
combats contre Typhon; et que toutesces fictions
rentrent dans la théorie des bons et des mauvais
Génies ; et tiennent au système généralement
reçu par toutes les théologies, sur le bon et
sur le mauvaià' principe. C’est même à cette
occasion, qu’il donne un précis de la théologie
ancienne sur les Génies, dont plusieurs étoient
déchus de leur dignité primitive , et en subis-
soient la 'peine, comme nos mauvais Anges,
après leur chûte ; car c’est absolument la même
idée tbéologique.
(pp ) On attribuoit à ce Prince la construction
d’une des trois Pyramides ( 10). Chemmis avoit
construit la grande, Cépliron une seconde, et
Mycerinus les autres. On y voÿoit Gravé son
nom de Mycer, ou Méchir , sur la face boréale.
Ce nom est celui du mois, qui précéJoit
l ’équinoxe de Printemps , et Phaménoth ,
où l’on célébroit V ingressus Osiridis dans la
(6) Diod. ibid. c. 40, p. 73..
(7) Diod. I. 1, c. 39, p. 72.
(8) Kirk. (Edip. t. 2, part. 2, p. 301*
(9) Pliyr. de lside . p. 3.6®,
(ic) Diod. 1. I , c. 41»