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que l’on inculque aux enfans ; son amour
pourlessciences s’acrut avec les années,,
et il se montroit, comme Christ, toujours
supérieur à son âge. Non-seulement il
pvëtoit une oreille très-attentive aux
leçons de son père ; mais encore il sai-
sissoît avec avidité tout ce que d’autres
personnes pouvoient • dire de
sage, de manière à donner de bonne
heure les phts grandes espérances.'
Arrivé à la, puberté , il montroit déjà
tout le calme et la tranquillité de raison,
qu’on a dans la vieillesse la plus réfléchie
» Il étoit modeste dans ses discours',
et la rougeur de son visage dé-
eeloît souvent la timidité honnête de
son ame. Quoique né sur les degrés,
d’un Trône , il étoit très-respectueux
pour les vieillards ; leur cédant le pas
dans la rue , ou leur donnant ailleurs
son siège. Il étoit plein d’égards pour
ceux de son âge , et il n’y avoit personne,
qui ne lui eût obligation de quelque
grâce , qu’il avoit obtenue de son
père.
Typhon , son frère aîné (1) , étoit.
de caractère et de moeurs, tout-à-fait
opposés il n’avoit d’aptitude pour
rien. Il avoit en horreur les maîtres,
que son père avoit donné à son frète
OsiriS' ; il disait que la science aviiissoit
l’ame et l’asserv issoît. Il tournent en
ridicule la bonne conduite dé son frère
et le traitoit de lâche , parce qu’il ne
le v.oyoit jamais maltraiter personne. H
se donnoit toutes sortes de licences;
et se permettoit des indécences de tout
genre, dont l’historien fait le récit,
et que pour abréger nous supprimons
ici. Il conçut de la jalousie pour son
frère,.et de la haine pour les Egyptiens
(a) , parce que celui- ci étoit devenu-
l’objet de l’estimei publique. Il s’entoura
lui-même d’unfe troupe de» jeunes
gens, tous vicieux comme lu ia f in de
s,e faire un parti de tous ceux qui n’ai-
!•) iEîd. p. -90..
2-) Ibid. p. 91,.
moient point Osiris. Le mal qu’on dî.
soit de son frère étoit le titre le plus sûr
.pour être admis dans sa familiarité
Cette différence marquée de caractère
dans ces deux enfans , présageoit le
contraste , qu’il y auroït dans tout le
reste de leur vie.
L ’Historien continue le parallèle ries
deux -eitraCtères , dont l’opposition ne;
fit que croître avec les années, an
point qu’ils arrivèrent aux termes extrêmes
, l’un de la vertu , & l’autre du vice»
Au sortir de l’adolescence, Osiris entra
dans les arméesoù sfr sagesse servit de
guide aux plus anciens Généraux. Il
passa par tous les grades militaires et
civils, de manière â honorer toutes les.
places qu’il remplissoit (3). Son frère ,
au contraire, avilit les moindres emplois
, qu’on lui confia , dilapida les.
finances , et rendit malheureuses les
provinces ,. qu’il gouvernoit. Sa. maison
étoit devenue l’asyle de la débauche,
et de la plus honteusè Crapule. Il étoit
lui-même , pour me servir des termes
de l ’Historien , un mal qui se repro-
duisoit sous toutes les formes (4) ; c’est
bien là le caractère du mauvais principe.
Il étoit dans sa nature de ne souffrir
aucun bien (5) ; il étoit ennemi né
du Soleil' et de la Lumièfe (6) , et se
rendoit en conséquence la justice aux
peuples que la nuit. On ne peut mieux
peindre la nature-du principe ténèbres,
ennemi né d’Ormusd , d’Ormusd principe
de tout bien et de toute lumière.
Typhon , dans son administration ,
donnoit chaque jour de nouvelles,
preuves de stupidité , d’ignorance et de
fureur ; et il cherchoît ses jouissances
dans les maux qu’il faisoit aux hommes.
Leur père , qui avait deptds long-temps
démêlé le contrasté des deux caractères,
voulut prévenir les maux, qùi' mena-
çoiént l’Egypte , et se donner un Successeur
qui en fît le bonheur. : car
(4) Ibid. p . 9 fl
Ô), Ibid. p. 96.
Q>) Ibid, p- 9j .è
étoit Roi , Prêtre et Sage en même
temps (1) i les Egyptiens le mettent
même-au nombre de leurs Dieux. En
conséquence , il convoqua le conseil
des Electeurs ,'pour procéder au choix,
de sùn successeur. Ces Electeurs étoient
d’abord tout l’Ordre Sacerdotal, et ensuite
tout l’Ordre Militaire, qui seuls
a voient droit de suffrage ; le reste du
peuple avoit la liberté d’être spectateur
( 2 ) , à l’exbepiion des étrangers ,
ou de Ceux-qui faisoieut métier de garder
les pourceaux. On voit iciunexemple
des Ordres privilégiés, qui unissent la
forcé à l ’imposture , pour asservir les
autres hommes. -
Ici l’Historien nous décrit la forme
de l’élection et de l’inauguration des
Rois en Egypte. Pendant cette élection,
la conduite des deux aspirans , Osiris
et Typhon , ne démentit en rien leur
caractère , et les suffrages se réunirent
en faveur d’Osiris. C’est encore ici les
prêtres, qui, comme autrefois à Rheims,
donnent des Rois au nom de la divinité
qui les inspire, et le peuple écoute le
choix des Dieux , dont le prêtre est
l’organe. Leur choix ic i , entre Osiris
et Typhon , ne fut pas incertain , ni
long à faire , et le jeune Osiris eut la
préférence sur son frère (3) , qui, impatient
du résultat, avoit, au mépris de
toutes les loix , cherché à corrompre
les suffrages , que son frère , au contraire
, avoit attendu modestement.' Sa
pétulance n’aboutit qu’à le rendre témoin
lui-même d’un refus, quefaisoient
de 1 ui les Dieux et les hommes , et des
malédictions prononcées contre sa personne
par les Dieux eux-mêmes. Osiris
est, au contraire , appelé par le voeu
universel ; il vient recevoir les marques
distinctives de la Royauté au milieu des
applaudissemens et des témoignages de
la joie universelle. De grands prodiges
dans les ’çieùx anbb'ncèrerit stan avènement
au Trûne ( \) , et ies; espérances
( 0 Ibid. [5. 9;.
(2) Ibid. p..r9t*
de bonheur, que l’Egypte devoit en concevoir.
Nous avons vu, dans le récit de
D'odore , quelque chose d’assez semblable
, lorsqu’il nous dit qu’à la- naissance
d’Osins , une voix s’étoit fait entendre,
qui annonçoit qu’un Roi bienfaisant
venoit de naître pour l’Egypte.
Dès ce moment les Génies mal-faisans
conçurent le projet de corrompre la
•félicité de l’Egypte , dont iis étoient naturellement
jaloux, et sur laquelle ils
s’affligeoient : des prodiges annoncèrent
déjà leurs desseins pernicieux.
Osiris, ayant été initié aux mystères
de la royauté par sbn père , apprit des
Génies une infinité de secrets , et surtout
, que l’abondance de tous les biens
alloit se répandre sur l’Egypte , pendant
son règne. Mais en même-temps, ils
l’avertirent d’écarter Son frère , qui étoit
né pour la ruine des Egyptiens , et pour
celle de sa propre maison, s’il ne voulait
pas que son empire fut bientôt
bouleversé. Us lui dirent, qu’il étoit nécessaire
que Typhon ne pût ni voir par
ses yeux, ni apprendre des autres, combien
alloit être grande la félicité, dont
joüiroit l’Egypte, sous le règne d’Osiris ;
ajoutant que toute idée de bien répugnoit
à sa nature. Ils prennent de-là occasion
de lui développer le dogme de la double
origine dés âmes ; et de lui expliquer la
cause de l’opposition, nul existe nécessairement
entra celles qui tirent'leur origine
d’ici-bas , et celles qui la tirent
d’en haut. Ils concluent, qu’il est important
de purger son empire de cette nature
ennemie, et de la séparer (le la nature
divine et bienfaisante, qui respire dans
les bons princes, sans être retenue par
le lien apparent d’une consanguinité,
qui ne peut exister entre leurs aines. Ils
lui font en même-temps le tableau des
malheurs, qu'une indulgence déplacée
attireroit sur lu i, Sût lès Egyptiens , sur
leurs voisins, et sut toutésles provinces
soumises à leur: empire, fis aj outent, que
(3) Ibid. p. 95.
{4) Ibid. p. 96.
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