source un m ou vementd intumescence, lequel
étoitl effetdel’influence des Astres,
quiagissoient sur elles , suivant certaines
lois, principalement au croissant de
la Lune. Plutarque ( i ) a cru même apper-
cevoir entre la graduation des diverses-
coudées de hauteur du N il, dans les
différentes Provinces d’Egypte, une
correspondance avec la progression
graduée de la lumière de la Lune, depuis
le croissant, j usqu’à la nouvelle Lune.
Quoique cette correspondance n’ait
aucun fond de réalité,on peutau moins en
çonclure que dans l’opinion la Lune était
censée exercer une grande énergie sur
le Nil, telle enfin que celle qu’on at-
tribuoit à Isis; ce qui suffit, pour confirmer
la proposition que nous voulons
établir ici, qu’Isis et la Lune sont absolument
une même Divinité.
Les inductions , que nous avons tirées-
des attributs et des propriétés d’Isis ,
qui lui sont entièrement communs
avec la Lune, ajoutées aux témoignages
précis des Auteurs que nûus avons cités
plus haut, et qui assurent formellement,
qn’Isis est la Lune , épouse d’Osiris ou
du Soleil, ne doivent plus laisser aucune
espèce de doute sur la nature de
cette Divinité , et sur son identité avec
la Lune. En conséquence, nous poserons
comme axiôme fondamental de
la démonstration qui va . suivre , que
c’est par le Ciel qu’ri faut expliquer les
voyages d’Isis, comme nous avons expliqué
par le Ciel les voyages de son
époux Osiris. C’est une conséquence
nécessaire de ce principe, qui va acquérir
la force de la démonstration la
plus rigoureuse', par. la comparaison,
que nous allons faire de la course de
la Lune, aux Cieux, avec les courses
attribuées à Isis, dans le traité fameux
de Plutarque sur Isis.
Prenons Osiris au moment de sa mort,
et suivons les pas d’Isis, depuis .l’instant
qu’elle a été privée de son époux, (i)
(i) Plut, de Xside , p, 363.
{x) Plut, de Iside, p. 356.
jusqu’au moment où il lüi est rendu'
et qu’il revient des Enfers ; c’est-à-dire *
depuis l’équinoxe d’Automne , jusqu’j
celui du Printemps. Car si Osiris meurt
au premier de ces équinoxes, il résus-l
cite au second', ou à Celui de Printemps,
lorsqu’il remonte vers nos régions, et!
qu’il vient encore s’unir à la Lune
pour la féconder.
Plutarque suppose qu’Osiris, de retour
de ses voyages, et revenu en Egypte
est invité à un repas par son s frère
Typhon, qui lui donne fa mort, et qui
jette son corps dans Je Nil. L ’Auteur
nous donne les positions du Soleil et|
de la Lune dans les Cièux, au moment!
de ce tragique événement. Le Soleil,
suivant les traditions que rapporte Plu.
tarque (2) , occupoit le signe du Scorpion
, c’est-à-dire le signe qui, à cette
époque éloignée, étoit placé à l’équinoxe
d’Automne. La Lune étoit pleine,-
ajoute Plutarque (3 ) : donc elle occupoit
le signe , qui est opposé au Scorpion,
ou le Taureau, qui répondoit alors à
l ’équinoxe de Printemps ; c’est-à-dire
qu’elle perdoit Osiris, au moment où
elle-même se trouvoit pleine , et seule
dans le signe, où six mois auparavant
, elle s’étoit unie avec lui , pour
recevoir les germes de la fécondité
universelle, que lui communiquoit le
Soleil, ou Osiris , sous la forme du Taureau
printanier. C’est ce Taureau lumineux
, qui étoit le premier signe, par
lequel Osiris entroit dans l’empire de
la lumière et du bien. Il montoit avec
le Soleil le premier jour du Printemps)
il restoit six mois dans l’hémisphère lumineux
, précédant toujours le char du
Dieu de la Nature , et se trouvant sur
l’horizon pendant le jour , jusqu’à ce-
qu’en Automne le Soleil étant arrive
au Scorpion, le Taureau se trouvât
entièrement opposé à lui , ne se levât
qu’après son coucher, et achevât s»
course entière sur l’horizon pendant la
(3) Ibid. p. 367,
Huit
Nuit, Alors il n’étoit plus le Taureau ,
qui amène les longs jours, mais celui
qui préside, par son lever du soir , au
commencement des longues nuits. Voilà
ce qu’on voulut peindre dans les cérémonies
lugubres, qui se faisoient le
jour de la mort d’Osiris. On y portoit en
pompe un Boeuf d’o r, couvert d’un crêpe
noir, image frappante de l’ombre dans
laquelle entroit le signe familier d’Osiris,
et qui alloit s’étendre sur nos Régions
Boréales, pendant l’absence du Soleil, en
prolongeant la durée des nuits, durant
tout le temps que la Terre resteroit sous
l’empire de Typhon , ou du principe du
Mal et des Ténèbres (e).
Comme la Lune se trouvoit pleine
dans le signe même de son exaltation,'
on faisoit une Image de cette Planète (1 )
avec delà Terre végétale , mêlée d’eau,
et dans la composition de laquelle on
faisoit entrer des aromates et des essences.
On ornoitcette figure, on l’habil-
loit. Cette composition de terre et d’eau
désignoit, dit Plutarque, la nature de ces
deux Divinités. Pour entendre ce Dogme
Thédlogique , il est bon d’observer, que
le Taureau, qu’occupoit Isis, ou la Lun e,
étoit consacré à l’élémentde la Terre , et
que celui du Scorpion,qu’oGcupoit Osiris,
ou le Soleil, étoit consacré à l’élémentde
l’Eau , comme il est .aisé de le voir
dans le tableau , que nous avons donné
ailleurs de la distribution des quatre
Elémens dans les douze signes , telle
que l’avoient imaginée les Astrologues
anciens^). Ceci est une nouvelle preuve
des rapports de cette cérémonie avec
les divisions célestes. Quant au Boeuf
couvert d’un crêpe, Plutarque dit formellement,
que le Boeuf étoit l’image
d Osiris j ce que nous avons prouvé
nous-mêmes déjà, dans la vie de ce
Dieu, ou du Soleil Taureau.
Nous ne nous occuperons plus d’Osi-
ris> jusqu’à son retour des Enfers. Mais
nous allons suivre Isis dans ses recher-
(<) Plut de Iside, p. 3(56.
(a) Plut, defside, p. 357.
Üelig. Univ. Tome I.
ches.Le point de départnous est donné.
C’est le Taureau céleste , ou le premier
des signes qu’elle occupoit, lorsqu’elle
perdit son époux, puisqu’elle étoit pleine,
et que le Soleil étoit au Scorpion ;
c’est-à-dire qu’elle alloit le chercher,
en parcourant tous les signes supérieurs,
dans chacun desquels , tous les mois
successivement, elle se trouvoit pleine ,
sans rencontrer son époux dans aucun des
signes affectés à son empire, et dans lesquels
il lui communiquoit, six mois auparavant,
les germes de bien , d’ordre ,
èt de fécondité , qu’elle transmettait à
la Te rre (&)• Relevons donc la carte de sa
route dans les six signes supérieurs, en
casant, dans chacun d’eux, les Paranatel-
lons, qui en marquent les divisions, de
manière à rétablir le Calendrier sacré ,
qui fixoit toutes les pleines Lunes, qui
avoient lieu pendant tout le temps, que
le Soleil était absent de nos climats, et
qu’il occupoit les Régions inférieures du
Monde , appelées vulgairement les
Enfers.
Avec le Taureau , se couchent Orion
et son fleuve. Orion s’appelle , dans
Plutarque , l’astre d’Orus (2) ; son fleuvè
s’appelle le Nil (3) ; nous les avons projetés
tous deux sous ce signe. Avec le
Taureau , Persée achève ae se lever ,
et le Cocher monte presque tout entier.
Nous les avons également projetés.
Persée était le grand Dieu de Chemmis,
en Egypte, ainsi que Pan. Or le Cocher
, avec sa Chèvre et ses Chevreaux,
fournissoit les attributs de Pan et de ses
Satyres. On peut voir , dans le Planisphère
Egyptien de Kirker (4) , Pan représenté
au-dessus du Taureau; et c’est
évidemment le Chevrier de nos Constellations
, celui qui tient la Chèvre,
appelée Aiga , femme de Pan , et les
Chevreaux ses enfans. Nous pouvons
donc regarder ce Chevrier comme une
des images de Pan. Nous avons déjà
placé sous le Taureau les Constellations
(3) Hj’gin. 1. a , c. 33.
( ;) Gfcdip. t. x, part, s , p. 106.
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