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» se nomme Ether; c’est un feu , qui
n se meut sans cesse circulairement,
' étant un élément divin et incorrup-
» tible, qui n’est point sujet aux chan-
» gemens des quatre autres ; l ’Ether
33 comprend dans sa circonférence tous
» les corps célestes, les étoiles et les
» planètes, ainsi que l’ordre de leurs
» mouvemens.
En deçà de cette Nature éthérée et
divine, ordonnée par elle-même, immuable
, inaltérable , impassible , est
placée la Nature muable et passible ;
en un mot, corruptible et mortelle. Ici
Aristote place les quatre élémens, le
feu, l’air, l’eau et la terre. Il marque bien
la distinction qui se trouve entre cette
seconde partie soumise à l ’action de
la première, et cette première ; l’une
est immuable, l’autre touj ours changeante.
« Il dit (1), que c’est dans la
» région éthérée , que sont placés les
>3 corps les plus parfaits, les astres,
» le soleil, la lune, dans cette région,
» que nous appelons Uranos, ou le
33 haut de l’Univers, et Olympe, c’est-
33 à-dire tout brillant, parce que ce
33 lieu est totalement séparé de tout
33 ce qui approche des ténèbres et des
33 mouvemens désordonnés, qui sont
33 relégués] dans ces régions inférieures
33 voisines de la terre, où régnent le
30 trouble et les vents furieux. Aussi les
>3 corps célestes gardent-ils toujours le
s» même ordre, et conservent-ils le même
33 état; jamais on ne voit parmi eux
» de mutations, comme sur la terre ,
» où tout change sans cesse de forme
33 et de nature. 33 Aristote a donc reconnu
ia grande division de la Nature ou de
l’Univers en deux parties, l ’une immuable,
et l’autre changeante ; observation
qui a donné naissance à la distinction
des causes actives et passives (2),
qu’il reconnoît ailleurs en parlant du
Zodiaque, et du monde sublunaire.
; (r ) Batteux, in Arist. c. 6 , <3. 10.
Itj Plut, de Placït. Phil. 1. a, c. 4.
lîl Syr.es. de Prov. 1. a, p. »27.
Synésius, évêque de Cyrène (3), philosophe
instruit, et qui avoit été initié
aux mystères des Egyptiens et des Grecs,
a établi dans son livre de la Providence
la distinction de la cause active et de
la cause passive de la Nature, comme
un dogme dont la connoissance étoit
nécessaire à l’intelligence des anciennes
traditions Grecques et Egyptiennes, sur
le retour des mêmes effets produits par
le ciel sur la terre. « L ’Univers , nous
» dit-il, est un tout résultant de l’as-
» semblage de plusieurs parties, qui sa
33 soutiennent par leur accord et par
» leur harmonie, et dont les unes font
» la fonction de causes actives, et les
a autres de causes passives. En effet,
33 il y a dans l’Univers deux parties bien
» distinctes , qui ont entre elles une
» certaine liaison et certains rapports ,
» qui les unissent. C’efl dans la partie
33 que nous habitons, que s ’opèrentles
» générations; & c’est dans la partie
» supérieure à nos régions & la plus
33 élevée du monde, que réside la cause
33 des générations, et d’où descend vers
» nous le germe des effets produits ici-
33 bas. 33
Pliilon prétend que Moïse connoissoit
aussi ce dogme philosophique de la distinction
des deux causes ( 4 ) passive
et active, avec cette différence, qu’il
faisoit résider la cause active dans le
«s- ou dans l’intelligence , que les
abstractions métaphysiques sur- ajoutèrent
à la matière, comme on le voit
par l’exemple de Thaïes et des autres
spiritualistes. Quelques-uns néanmoins,
tels que Proclus, ont maintenu le ciel
visible dans sa prérogative de cause
active, et de père , relativement à la
terre. J’en dirai autant de Simplicius (5),
dans son commentaire sur Aristote,
où il a parfaitement bien établi la distinction
des deux parties de l’Univers ,
dont l’une est immuable dans sa subé;
(4) P.hiton. de Opif. Mundi. p. 2.
(5) Simpli. de Ccel. 1. 2 , p. 89, &c.
tance et dans ses formes, et ne varie
que dans les rapports de situations, et
dont l’autre, qui est le monde élémentaire
, ou les couches inférieures à la
lune, subit des altérations et des métamorphoses
continuelles. Il entre à cet
égard dans les plus grands détails. Quant
à Proclus, voici ce qu’il dit de l’Univers.
?3 Le monde ou le tout est un animal
» unique ; ce qui se fait en lui, se
» fait par lui ; c’est le même monde,
» qui agit et qui agit sur lui-même (x).
» Le monde se divise, dit-il ailleurs,
» en ciel et en génération. Dans le
« ciel sont placées et ordonnées les
» causes conservatrices de la généra-
» tion, dont les Génies et les Dieux
» sont surveillans. Il parle ensuite de plu-
» sieurs Divinités (2), telles que le Soleil,
» Mercure, et d’autres, à qui on attribua
» les deux sexes; et il ajoute, en parlant
» de Rhea, touj ours associée à Saturne
» dans ses productions, que la même
» Divinité est la terre, mère des effets
» é01.1 le ciel est le père; et qu’elle
» est le sein qui reçoit Y énergie féconde
» du Dieu qui engendre les siècles. Le
» grand ouvrage dè la génération s’o-
» père , dit-il , par l’action du soleil
» premièrement, et secondairement par
» celle de la lune, de manière que la
» source primitive de cette énergie soit
» dans le soleil, comme père et comme
» chef des Dieux mâles,qui forment son
m cortège. » Proclus a transporté cette
fiction sur le principe masculo féminin,
jusques dans la métaphysique et dans
le système des êtres intelligibles et intellectuels,
et l’a appliquée à ce qu’on
appel oit les divinités hy percosn? iques(3).
Mais on sent que c’est un abus, qu’ont
fait les spiritualistes des dogmes de la
physiologie sacrée. Proclus ( 4 ) dans
le livre 2 suit l’action du -principe mâle
et du principe féminin dans toutes les
parties ettoutesles divisions de la Nature.
(î) Comm. in Timæ. p. if.
Ibid. I. 1, p. ,3. * 1
(3) Ibid p. 15.
bt) Conun. in Tan. 1. », p. $7,'
Il attribue au principe mâle l’origino
de1, la stabilité et de l’identité ; et au
principe femelle l’origine de la diversité
et de la mobilité des êtres. L ’Univers
est absolument rempli de cette double
espèce de causes. » A commencer par
>3 le sommet des causes, dit Proclus,
» le ciel est à la terre, dans les rapports
» du mâle à l’égard de la femelle. C’est
a le mouvement du ciel,qui par sa révo-
» lution donne les raisons séminales
» et les forces, dont la terre reçoit
n en elle les émanations, qui la rendent
» fécondé, et lui font produire les ani-
» maux et les plantes de toute espèce. *
On sent bien que ce dogme , que met
ici en avant Proclus, fait la base de
toute 1.’Astrologie, et s’accorde avec le»
principes de la science des Egyptien»
et des Grecs sur le retour des mêmes
effets , dont Synésius nous à parlé plus
haut (5).
, Proclus étend cette division du principe
mâle et femelle aux parties du
ciel, ou aux Dieux qui y résident. On
sait en effet, que les anciens Astrologues
établirent cette distinction dans les
douze signes du Zodiaque, ainsi que
dans les douze grands Dieux, qui y
résidoient, dont six étoient mâles, et
six autres femelles. On pensoit, que ces
exades masculines et féminines étoient
là source de toutes les variétés, qui se
trouvent dans l’organisation des êtres,
qui composent le grand Tout. C’est le
sentiment de Proclus (6) ; c’étoit celui
des Astrologues. Le monde, dit ailleurs
Proclus, a deux extrémités ; l ’une est
le ciel, et l ’autre la terre ; le premier
tient la place du père, l’autre celle de
mère; car elle l’est des productions,
dont Uranus ou le ciel est père (7).
>* Tout peut-être rapporté à ces deux
» causes ; ce que le ciel comprend et
» (produit comme père, la terre le
» contient comme mère ; elle est par sa,
(5) Ci-dessus, p. 130.
6) ProcL ibid. p. 67.
7) Ibid. 1. J , p. 291. — 292.
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