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du ' firmament et du temps qui circule
dans le Zodiaque. (1) Car le ciel vole,
dit Philon , en parlant des ailes des
Chérubins (/-). Nous ferons voir ailleurs
que les animaux mêmes, tels que le
lion, le boeuf, &c. auxquels sont attachés
ces ailes, sont dans le firmament,
parmi les signes, et fixent les quatre
parties de la rotation du ciel, et du
temps que le Zodiaque engendre. Il
en sera de même des sept planètes qui
circulent dans ce cercle, et qui y roulent
ces dépôts éternels de la lumière éthé-
rée. ( 2 ) Le chandelier à sept branches
les représentait ; la dispostion même
de ces sept branches entre elles avoit
été réglée sur celle des planètes '(3),
en gardant la proportion musicale, et
ce système d’harmonie dont le soleil
étoit le centre et le lien. Ce chandelier,
suivant Joseph, étoit d’or ( 4 ) , non
pas massif, mais creux. 33 II étoit enrichi
33 de petites. boules rondes, de lys, de
33 pommes de grenades, et de petites
33 tasses, au nombre de 70, qui s’éle-
33 voient depuis le haut de la tige,
33 jusqu’au haut des sept branches dont
33 il étoit composé, et dont le nombre
33 se rapportait à celui des sept planètes.
»» Ces branches , suivant Philon ( 5 ),
33 étaient groupées trois par trois,
33 comme les planètes supérieures et
33 inférieures au soleil, et -au milieu
33 de ces deux groupes étoit la branche
33 qui représentait le soleil, lequel par
30 sa position est le mésitès , ou média-
33 teur, ou plutôt le modérateur de
33 l’harmonie céleste. 33 Le soleil en
effet est à la quarte de cette échelle
musicale, comme l’observe Philon, et
comme l’énonce aussi Martianus Capella
(6) dans son hymne au soleil. 1
(1) Clem. Alex. Strom. 1. 5, p. 563. Phi!. Vit.
Moy. p. 517.
(а) Phil. ibid. p. .518.
(3) Clem. Alex. Strom. h 5 , p.. <63.
(4) Joseph. Antiq. 1. 3 , c. 7.
35) Phil. Vit. Moys. 1. 3 , p. 518.
(б) Mart. Capell, de Nuptiis Phil. Hymri, in
solem.
N I V E R S E L L E .
Près du chandelier, continue Philon
( 7 ), étaient d’autres emblèmes représentatifs
du ciel, de la terre, et de
• la matière végétative du sein de laquelle
s’élèvent les vapeurs. Les Juifs voulant
bâtir un temple au Céafeur de toutes
choses, crurent devoir emprunter quelque
chose de toutes les substances dont
• son ouvrage est composé, afin de donner
à ce temple le plus de ressemblance
possible , avec le monde dont il étoit
l’image abrégée. Cette remarque est de
Philon ( 8 ) , et elle est dans les
• principes théologiques des anciens,qui
croyoieht que laNature ou la Divinité se
plaisoit à recevoir un culte d’analogie.
Il y avoit des- chandeliers à quatre
branches , nombre égal à celui des élé-
mens et des saisons; à sept, nombre égal
à celui des planètes ; à douze, nombre
égal à celui des signes , et même à '660 ,
nombre égal à celui de l’année sans
épagomènes. Kirker (9 ) en rapporte
des exempl es, dans son OEdipüs AEgyp-
tiacuS. Le Sclioliaste d’Apulée ( 10 ) ,
dit que le chandelier à quatre branches,
bruloit en honneur des Divinités tutélaires
des quatre saisons. Celui du temple
d’Apis ( 11 ), avoit la figure même du.
Dieu, ou du boeuf céleste.
L ’architecte , qu’Hiram, roi de T y r ,
envoya à Salomon, étoit, dit Hiram ,
un homme qui connoissoit non-seulement
toutes les parties de l’architecture,
mais encore la science de la Nature ,
et de tout ce que le ' ciel sous lui renferme
( 12 ). On sent qu’il falloit toutes
ces connoissances à un Artiste, qui de-
voit copier toute la Naturedansla distrii
bution et la décoration d’un temple qui
devoit être l’image du monde. L ’Univers
et ses parties, Te soleil, la lune, les
(7) Phil. ibid. p. 518'.
(8) Ibid; p. 517.
(9) CEdip. t. 3, p. 335. .
(10) Schol. Apul. inl. 1.1, Metamorph-
(i 1) Kirker, ibid.
(12) Euseb. præp. Ev. 1. 9, c. 31 & 33 , p. 448,'
449-
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astres, et les élémens étant, süivânt
F.usèbe ( 1 ) , les grands Dietix, etnnêmè
les seuls Dieux des Phéniciens, il n’est
[pas étonnantque l'étude de l'Astronomie
et de la Nature, 11e fît partie-de la
[ science des artistes qui sculptaient l'es
| images des Dieux, ou qui leur élevoient
des temples. Aussi l’Architec te Phénicien
commence-t-il ( a ) par faire orienter
le temple qu’il construit. A l’imitation
I du temple de Tyr , où étaient les deux
i fameuses colonnes consacrées aux vents
[ et au feu , l’artiste TyiTèn fit aussi deux
i colonnes de bronze, qui furent placées
à l'entrée du porche du temple ( 3 ).
C’étoit là aussi qu’011 voyoit cette fameuse
cuve-hémisphérique, sbütenue de quatre
groupes de boeufs , trois par trois , qui
regardoient les quatre points cardinaux
del’horizon; et ces bases à quatre faces,
où étaient • sculptées les quatre ligures
du Zodiaque qui fixent les quatre points
cardinaux du firmament par les étoiles
royales, savoir , le lion, le boeuf,
l’homme et l'aigle ,' ou Te vautour céleste.
Les taureaux, on douze bouvillons, qui
entouroient la colonne destinée à soutenir
la grande Cuve, appelée mer, étaient
consacrés à la grande Déesse des Tyrienis
.Astarté, celle qui, dans la cosmogonie
Phénicienne, met sur sa tête un casque
tauriforme, pour symbole de sa royauté :
Astarté à qui Hiram ( 4 ) lui - même
avoit bâti un temple. Cet emblème du
boeuf ornoit aussi les bras du trône
de Salomon (0), qui s’appuyoit sur des
figures de lions ; comme 'était appuyé
lé trône d’Orns en Egypte, ou- celui
du soleil adoréà Tyr, sous lcnoin d’Her-
cule (6), d’Hercule à qui Hiram fit aussi
bâtir un temple, et qui étoitavec Astarté
la plus giande Divinité de Tyr. ;
Si Solomon,adorateur d’un Dieu invisible
, qui, suivant Moïse , ne doit être
représenté par aucune image, a cru
(0 Euseb. præp. 1. r , c . 6.
(2) Joseph. Ant. 1. 8., c. 2.
(.3).Ibid. i. 8 ,.c. 2.
(4) Ibid. 1. 8, c. 2.
(i) Cedren. p, 65.
N I T E R S E L L Ê. 61
pouvoir , sans' nuire âli 'sjnritùâKsrtê'de
sh religion, imiter là Nature ët-ses:parties
dan s là construction et la déCoràtion
du téihplé qu’il 'éiévoît'- à là Ehv'iilité ;
si Moïse avant lui en avoit fait autant,
dans la composition du1 tabernacle, et du
chandelier, et dans le choix du costume
du grand prêtre ; que n 'ont pas dû faire
les peuples qui, comme les Egyptiensjj
les Phéniciens j, les Perses, les Sabéens,
&c. rm conhoissoieiit d’autre cause que
1 Univers,' et adoroient comme Dieux',
le soleil, la luire', la terre , les élémens,
les astres; &o. en général, toutes les
parties les plus actives et les plus apparentes
de la Nature? Aussi voyons-nous
que par-tout c’est elle qu’ils ont retracée,'
sous autant 1 de formes variées , qu’elle
en prend elle-même.
: Ce que firent Moïse et Salomon ,
Zoroastre; en Perse l’avoit fait dans le
fameux antre , ou temple souterrain (7),
qu’il avoit. consacré' au soleil, sous le
nom deMithra. Là, si oneu croit Eubule,
bité par Porphyre (8) , on aVoit représenté
l’Univers et ses divisions par c limais,
ainsi que les élémens, les planètes ;
le Zodiaque et le double mouvement des
«eux, celui des fixes et celui des planètes;
les points équinoxiaux et les portes du
soleil, l’échelle sacrée (9 ) , où étaient
rangées les sept planètes suivant l’ordre
des jours de la semaine. Nous ne donnerons
pas de cet antre sacré une plus
ample description, parce que nous aurons
lieu, d’y- revenir dans notre Traité
sur les mystères et sur les initiations
anciennes. Il en est de même du fameux
bas-relief, qui représente Mithra(io)
monté, sur le taureau équinoxial j é&h
vironné des principaux-signes, qui président
aux saisons;, et surmonté des sept
autels élevés aux sept planètes. Non»
donnerons l’explication de ce monument
, clans notre; Traité sur la secte
(6) Joseph, ibid. h 8,te. 2.
(7) Hyd. de Vet. Pers. Rel. p. 16. -
Porph. de Antr. Nymph. p. tc6 , &cl [;
(9) Orig. contr. Cels. 1. 6 , p. 298.
(16) Hyde* de Vet. pers. -Relig. 0. 4 , p. n j l