Génies subalternes, subordonnés à l’être
très-grand, ou à d’autres divinités majeures.
Nous les avons déjà trouvés établis
cbezles Perses,qui in voquoient toutes
les parties de la Nature, comme autant
d’êtres intelligens capables de les entendre
et de ies exaucer. Cette vérité
trouve sa preuve à chaque page, et
à chaque ligna des livres Zends.
Peloutier ( i ) , dans son histoire des
Celtes, observe avec raison, que tous les
peuples Celtes avoient des généalogies
de dieux assez longues , lesquelles n ex-
primoient que la sérié des intelligences ,
que Je premier être avoit répandues
dans toutes les parties de la matière,
pour l’animer et la conduire. Les
Gaulois rendoient un cxdte religieux
aux Génies , qu’ils plaçoient dans l ’élément
de l’eau (2) et jetoient par cette
raison dans tous les lacs sacrés de l’or,
de l ’argent et des offrandes précieuses.
Ils unissoient le culte des élémens, et
.celui de toutes les parties de la nature
visible à celui des esprits, ou des
Génies, qui étoient censés y avoir leur
siège, et en avoir la conduite. L ’élément
étoit comme le corps et le véhicule
d’une divinité subalterne, qui la
dirigeoit d’une manière sage et pleine
de vues profondes, pour le présent et
pour l’avenir. C’étoit même là le fondement
de la divination , qui se faisoit par
les élémens. Comme les Perses, ils rendoient
un culte religieux au feu (3), à
l ’eau, aux vents, aux arbres et aux
rochers, etc. Enfin ils révéraient la divinité
, et croyoient la voir dans toutes
les parties, et dans toutes les opérations
de la nature. Il n’y avoit, observe
Peloutier, rien de contradictoire dans
ce' culte rendu en même temps à la
substance visible et à l’intelligence invisible,
par la raison qu’on supposoit
qu’il en étoit de même dans la nature, 1 *4
(1) Pelout. t. 5, p. 178.
tx) Pelout, ibid. t. 3, p. 13 , t. 5 , p, 49.
Pelout.Ibid. t. 8, pi 141.
(4) Orig. Komil. içinjerem. p. J10.
où chaque partie du monde visible e
unie à une intelligence invisible, quj ,S
est Lame.
On trouve les mêmes principes théo
logiques dans Origène (4)', qui Croi;
lui-meme les retrouver dans le prophèf
Jérémie. Le prophète, dit Origène i
parle de la terre , comme si elle étoi
un être animé , quand il dit qu’elij
s’afflige des péchés des hommes. Cal
ilest vrai, qu’elle se réjouit des vertus d1
ceux qui l ’habitent, comme elle s’attiisd
de leurs vices. Maissila terre éprouve ce]
sentimens, poursuit Origène, il en doil
être de même de tous les élémens . tel]
que l’eau, et conséquemment de l’An J
qui préside à l ’eau; car je ne puis pas inter]
prêter autrement ces mots du prophèteq J
dit, que la terre s’afflige. Le corps de lj
terre ne peut s’affliger ; c’est donc l’Ange
préposé à la terre qu’il faut entendre J
celui qui, dans l’administration de l’uniî
vers, a la terre dans son département
comme il y en a un d’établi sur le]
eaux, un qui préside à l’air, un autre!
au feu. En suivant la même marche
dans Je reste de la nature, et applii
quant le même principe à toutes se]
parties, nous trouverons des Anges
dans le soleil, dans la lune, dans les
astres, dans les deux, et ici-bas sur la!
terre (5) , des Anges qui ont l’inspectiod
des animaux , d autres celle des plantes
Tous ces Anges sè réjouissent, quant
■ nousfaisons le bien, et s’affligent,quant
nous faisons le mal. L ’Ange de la terri
porte le même nom qu’e lle, dit Origène
Ne semble-t-il pas entendre Varron,
qui, chez les Romains, (6) nous dit que la
partie de 1 ame universelle, qui pénètre la
terre, s’appelle comme elle la déesse Tel
lus ? Que celle qui pénètre, les eaux et l’océan
s ti[>|uJ ie \cptu/ie. AtissiOrigène (7)
aj oute-t-iî, qu’il en est demême de la dénomination
de l’Ange des eaux. Ainsi en
(5) Ibid. p. in.
(6) Augus't. de Civ, De i, 1. 7 , c. 23.
(7) Ibid. Orig. p, H
latiaj
jjtin Neptunus se prend pour la mer et
pour le Dieu ou pour l’Ange, qui y a son
Isiège, et qui y préside. C’est, comme
on voit, la même théorie, aux noms près ;
-car ce que les Dieux sont dans une théologie
, les Anges le sont dans une autre.
[U deesse de la terre, c ’est le Génie de
la terre, ou l ’Ange de la terre ailleurs,
I tes Perses admettent aussi l’Ange-
Lrdienne de la terre (1) ; c ’est l’Izéd Sa-
pandomad, qui rend la terre féconde ét
remplit les désirs du laboureur. On prend
[aussi quelquefois eet Ized pour la
terre, quoiqu’il soit plutôt le Génie qui
jypréside, puisque Sapandomad (2) est le
Uatrième des Amschaspands. Il donne
[ton nom au dernier mois .de, l ’année
Persane. Quelques auteurs T'appellent
psprit de la terre, qui protège les
femmes chastes et vertueuses, Sapan-
lomadest aussi l’Ange qui présidé aux
arbres et aux forêts. Le même Origène
dont nous venons de rapporter la doc,-
|ti'ine , parle ailleurs des Puissances ou
Génies attachés aux régions voisines
[de la terre, et près de l ’habitation de
l ’homme ( 3 ). Il lès distingue des Anges
placés, dans les deux, dans ces répions
lumineuses où brillent le soleil,
pt le Ghoenr des astres.
Le système des Génies, des Anges et
[des Dieux, ministres et agens de la
cause i universelle , se propagea avec
kl autant plus de facilité, qu’il présen-
loit un ensemble parfait dans toute l ’ad-
[winistration de l ’univers , ensemble qui
■ avoit la plus grande ressemblance avec
[«gouvernement monarchique reçu dans
jjonj 1 orient, et qu’on regardoit comme
;Flus Parfait, La cour des rois, Perses,
Pedes et Assyriens, , servit vraisemblablement
de modèle aux prêtres , qui
[composèrent la cour céleste, et qui distrir
| aèrent differens emplois aux Anges,
rOmmè on en distribuoit aux satrapes
F a leurs lieutenans. Les uns étoient
les officiers de la cour, sous le titre de
secrétaires, tel que Mercure; d’échan-
son,^ tel que Çanymède ; d’autres des
officiers militaires, tel qu’Hercule, général
des troupes de Chrone, chez les
Phéniciens; d’antres avoient l’intendance
de certaines régions et de certaines
provinces. Il y en avoit du conseil
intime des Dieux,, comme il y avoit des
ministres du conseil intime du roi de
Perse. L ’Ange tutélaire; de chaque mois
avoit l'intendance des choses , qui ap-
partenoient à ce mois ; l’Ange clé
chaque jour avoit l’intendance des
choses, quiappartenoientà son jour (4)^
cpmmè on peut le voir dans M. Hydé,
et dans les livres Zends.
Les peuples les plus éloignés de nos
cliinats, les nations les plus barbares,
qui ont quelque forme de culte et quelques
notions d’hiérarchie, ont associé an
grand être des ministres, tant cette idée
parut simple et naturelle dans. un plan
d’administration monarchique ; et les
Dieux avoient celle de l ’Univers. Les ha-
bitans de Loango ont une multitude d’idoles,
de dieux, à qui ils ont distribué l’empire
du monde (5). Les uns président
aux vents , les autres aux éclairs, d’autres
è, la conservation des récoltes. Ceux-ci
dominent sur les poissons de la mer,
ceux-là sur les rivières, les autres sur
les animaux des forêts. Ces idoles
sont, avec beaucoup de vraisemblance,
autant de talismans , tels que les'idoles
que les anciens Sabéens cpn sacrpierit aux
astres , qui avoient de l’influence sur
telle ou telle partie de la nature , et qui
communiquoient leur vertu et une
partie de leur puissance aux idoles , ou
.aux images qui les représentojent, ou qui
simplement leur étoient consacrées. Car
■ teflèjUSt la véritable' origine dü. culte
idolâtrique, ou du culte ies images, et
du fétichisme, des Africains.
Dans l’Inde (6) certains dévots distri-
Zend-Avest. t. 1 , p.93, „ . 2,1,2,0.60-37$,
|D % d e de Vet. Pers. Kei. c. 19, p. 258.
13; Orig. Comment, in Math, p, 326.
R e lig . J jn iv . Tom e /,
(4) Hyde de Vet. Pers. Relig. c. 19, 29.
W) ('ont. d'Orviil. t. 6, p.‘34t.
(6) Cont. d’Orviil, t. î , p. 171. |
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