bues à Mercure , et à Esculape ', qui
reçut ses leçons; à Pétosyris, et à Né-
cepso , qui les- commentèrent ( 1 ) , à
Orphée , à Critodème , et en général,
à tous les amateurs de cette science-,
dont il a rassemblé, comparé et discuté
les principes, avant de les faire
connoître aux Romains. C’est ici qu’il
nous dit', que toute la substance du
corps humain est soumise à l’action impérieuse
de cet astre, depuis le moment
où le souffle de l’ame divine vient animer
la matière du corps ; que cette
partie du feu sacré , qui descend dans
la matière, et s’y enchaîne par la génération,
ne s’y attache, qu’autant que
le corps est suffisamment organisé pour
le' contenir , et pour que l’ame et le
Corps aient entre eux ces rapports, qui
facilitent le développement de l’activité
du feu divin , qui doit gouverner cette
portion de matière, et en faire un tout
parfait, résultant de l’assortiment de
ces deux natures ; d’où suit la nécessité
de connoître ce que le corps humain
tient de la lune , et ce qui est
soumis à ses influences et à sa puissance.
Car nos corps éprouvent en eux
les alternatives d’accroissement et de
diminution, que subit la lumière de la
lune. L ’auteur cite pour exemple l’action
de la lune sur la moëlle de nos os,
laquelle éprouve les périodes d’augmentation
et de diminution, qui se manifestent
dans le croissant et le décours
de la lumière de cet astre.
Nous rougissons de rapporter ces
ridicules préjugés ; mais enfin, comme
ils ne sont pas seulement ceux de Firmicus
, mais encore ceux de tous les
anciens , nous avons cru devoir les
rapporter , ne fût-ce que pour donner
une idée de la mauvaise physique , qui
se lie souvent aux opinions religieuses
de l’antiquité. C’est d’après cela que
Firmicus conclut, que toute la substance
du corps humain lest gouvernée
par la providence de cette divinité. 11 (i)
( i) Firm. Piæf. ad. 1. 4 , p. 84.
prétend, qu’elle renferme en'elle le
principe de génération et de destruc,
tion, qui se développe dans tous les
corps sublunaires. Placée dans la partie
inférieure des sept couches planétaires,
et dans le voisinage de la terre, c’est
elle qui exerce sur celle-ci et sur les
élémens, mis en activité pour la génération,
le plus grand empire. Elle parcourt
le ciel avec une célérité incroyable,
s’approche successivement des différentes
étoiles , dont elle rassemble les
influences variées , qu’elle répand ensuite
sur les corps sublunaires. De-là
-vient la nécessité de l’observer dans ses
appulses , près des différents astres ,
et sur-tout dans ses diverses phases,
lorsqu’elle se montre à nos yeux, tantôt
pleine, tantôt en quartier, ou coupée
également en deux par la ligne qui
sépare la lumière des ténèbres, qui partagent
entre eux son disque ; tantôt
en croissant ou échancrée , et tantôt
sous la forme oblongue de l’Ellipsoïde:
enfin, lorsqu’elle vient à se cacher dans
sa conjonction avec le soleil (a) ; car
ce sont-là toutes les formes, par lesquelles
la lune passe dans chacune de
ses révolutions autour du Zodiaque, ou
pendant chaque mois, et qu’il est important
4’observer.
On ne peut pas douter, que les
phénomènes des différentes phases de
la lune , dont Firmicus vient de recommander
l ’observation , n’aient fixé
l’attention des hommes, et sur-tout de
ceux qui voyoient dans la lune une
divinité , qui le disputait presque au
soleil en gloire et en puissance , et qui
partageoit avec lui l’empire de l ’Univers.
Ils durent donc la peindre sous différentes
formes, et lui donner différens'
noms, dans cës diverséî. phases, comme
ils avoient fait pour le soleil, dans les
diverses saisons.
Les alternatives d’accroissement et de
diminution de lumière dans la Lune,
pendant chaque mois, correspondoieri
(2) Ibid. Firm. 1. 4. præf.
en
en quelque sorte à celles qu’éprouvoit
la terre , ou le jour, durant l’année
solaire. Car elle avoit sa lumière naissante
et croissante , jusqu’à la pleine-
lune, qui étoit comme son solstice , ou
son maximum de lumière , et ensuite sa
lumière décroissante et finissante à la
conjonction où arriyoit le maximum des
ténèbres, qui couvroient alors tout son
disque. Dans les quadratures , on avoit
une image des équinoxes; car alors les
ténèbres et la lumière pàrtageoient égale-»
mententre euxle disque visible de la lune,
comme ils faisoient à 1 égard de la terre
aux deux équinoxes. Après une quadrature
, la lùmière l’emportait sur les ténèbres,
jusqu’à l ’autre, quadrature, après
quoi c’étaient les ténèbres qui triom-
phoient, jusqu’à la quadrature suivante.
Ce combat successif dé la lumière et
des ténèbres sur le disque lunaire, vainqueurs
et vaincus tour à tour, ressem-
bloit exactement à ce qui se pasSoit sur
la terre par l ’action du soleil , et par
l’effet de ses voyages d’un solstice à
1 autre. La lune , ou la révolution lunaire
, autrement dit le mois, présenta
les mêmes périodes de lumière et de
ténèbres que l’année, et put être l’objet
des mêmes fictions religieuses. Cette
remarque pourra trouverson application
dans l ’interprétation des fables sur Isis,
sur Neplité sa soeur, sur Diane, et sur
ïiecate , ou sur la lune , connue sous
differens-noms, et .peinte avec différens
attributs.1 <
C’est cette ressemblance des phénomènes
, que la lumière solaire produisent
dans, la lune, avec ceux qui avoient
«eu sur la terre , qui fit dire , que la
hme étoit une terre aérienne (jn). Comme
c étoit à elle que se terminoit l ’empire
de la lumière sans mélange, et où com-
3ii en coi !, celui.de la lumière mêlée aux
ténèbres ( 2 ) , elle fut donc sous ce
rapport comparée à la terre ; car elle
(1) Macrob. Som. Scip. I. i , c. 1 1 , c. 10.
(1) De IsùJf p.- 3(0.
(■ ) Plin. hist. N,tr. i. 2 , c. 10.
(1) Mactob. Som. Scip. 1. 1 , c. 31.
seule de tous les astres paroissoit altérée
Çar le mélange des ténèbres, qui avoient
été précipitées daus le Tartare, ou dans
le vaste espace , qui s’étend depuis la
lune jusqü a la terre. «Au-dessus de la
» hme, dit Pline (3) , tout est pur, et
» rempli d’une lumière éternelle. Là se
»» termine le cône d’ombre , que pro-
» jètela terre, et qui produit la nuit;
» là finit donc le séjour de la nuit et
» des ténèbres ; là s’étend la surface de
» l ’air, et finissent ses couches les plus
” élevees ; -et aussi-tôt on entre dans la
j$ plus pure substance de l ’Ether (4). »
Nous avons vu également Ocellus de
Lucanie tracer dans la sphère ,de la-
lune la ligne de séparation , entre la
partie impassible du monde , et celle
qui change sans cesse(5); entre les êtres
immortels, et lés êtres mortels ; et fixer
au-dessus la tranquille habitation des
Dieux qui régnent au sein de la lumière
éternelle. De-là vint, que les an-
ciens_ placèrent leur Elysée et le séjour
des bienheureux (6) dans la partie de la
lune opposée à celle que nous voyons,
et qui, formant comme la base de l’Ether
, regarde le ciel et les astres (7) ,
tandis qu’ils appelèrent séjour de Pr
serpine et d’Hécate, et lieu du supplice
des âmes la partie inférieure, c’est-à-dire
celle qui nous regarde et .qui plonge
dans le cône rd’ombie, qui. s’étend depuis
la terre jusqu’à -la lune , et où
régnent les ténèbres et la discorde (8),
qui ne peuvent s’élever plus haut.
Ges réflexions , et plusieurs autres
encore, que fournit Flutarque dans son
Traité sur lafac'e apparente de la Lune,
ou sur l’espèce de figure qu’on croit y
voir, auront leur place dans.notre explication
de cette partie des mystèresa qui
traitait.du sort des.âmes après la mort-
C est-là que cette .théorie mystique atu-a
tout son développement. Revenons aux
phases et aux propriétés de la lune , ,et
(5) Ci-dessus, 1. 2', c. z.
{0) Flutarch. dé F,:cle in Orbe n, 0-4,
(7) Mjcrob. Som. Scip, 1.. 1 , 0 1 9 .
iv Dchid. p. 369— 373.
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