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1er. anciens ( i) , et ii eut ses initiés et
ses mystères, dans lesquels on peignoit
son enfance et la gradation de ses âges ,
comme nous l’avons vu plus liant; Car
c'est à la lumière et à la durée* du jour ,
et non pas au soleil, qui est constamment
le même , qu’on peut appliquer
ces alternatives d'accroissement et de
diminution , d’eniance et de virilité.
Martianus-'Capella ajoute , que, suivant
quelques-uns, on le faisoit changer
douze fois déformé, c’est-à-dire autant
de fois que le jour a voit d’heures, l’année
de mois , et le Zodiaque de signes.
On ne peut guères douter , que les
formes du soleil et du jour n’aient varié,
dans les attributs du soleil de chaque
mois. Les change mens, que nous, avons
vu qu’il suirissoit dans les peintures,
qui le représentoient dans les quatre
principales époques du mouvement annuel
, en sont la preuve , ou au moins
nous conduisent, par une induction fort
naturelle , à le croire. Jamhliqne d’ailleurs
nous assure , que le soleil étoit
censé prendre des formes nouvelles,
dans chacun des douze signes, et qu’il en
changeoit avec les heures on les saisons
(2) , comme si sa divinité subissoit
ces ehangemens , à raison des lieux où
elle est reçue. Il nous apprend , que
l’administration monde et le gouvernement
de la Nature élémentaire ,
dans-laquelle s’opèrent toutes les générations
, est remis à deux puissances,
dont l’une-est le Dieu-Soleil, dont nous
venons de parler, et dont nous avons
suivi la marche aux principales époques
de l’année, et l’autre la lune, dont nous
allons maintenant parler.
La lune, ne donnant que de la lumière,
sans aucune espèce de chaleur,
auroit dû naturellement paroître étrangère
à l’action créatrice du soleil , et
ne partager avec lu i, que la fonction
de distribuer le temps aux mortels , et
de mesurer les douze principales portions
de l’énergie solaire , à chaque
(1) Procl. in Tim. 1. 4 , p. 248 & 251.
révolution. La saine physique aujoiif.
d’hui a réduit à-peu-près lu tontes ses
fonctions, si ce n’est à l’égard des marées
, dont on la croit cause, sans qu’on
soit encore bien d’accord sur la manière
dont elle agit, soit par pression sur les1
mers, soit par attraction. Cette dernière
manière d’aginuous paroît la plus vrai,
semblable, et s’accorde mieux avec le,!
système général du monde, dont l’attraction
est le grand ressort. Mais ait.
trefois elle gagna, comme ses prêtres,
à l’ignorance des hommes, qui lui firent
honneur d’une foule d’opérations, dont
elle ne se mêloit guèrês , et qui lui assi.
gnèrent bien des qualités, qu’elle n’avoit
pas. ' t - h £
On avoit attribué au soleil la sécheresse
et la Chaleur du jour ; on attribua
à la lune la fraîcheur et l’humiflité de
la nuit, qu’elle éclairoit, au lieu d’y
voir tout simplement l’effet de la retraite
du soleil, et celui des vapeurs, qu’il avoit
élevé le jour , et qui retomboient h
nuit. La lune fut humide , comme le
soleil étoit chaud ; et c’étoit le principe
humide, qui, mêlé à la chaleur,
ou au principe ignée, organisoit'stous
les corps , dont la terre foiirnissoit
la matière. La lune fut donc associée
au soleil, dans le grand ouvrage des
générations, et tint en commun avec
lui le sceptre de la Nature. Joignez 1
cela une considération, dont nous avons
déjà parlé ailletirs ; c’est que les hommes
sont toujours disposés à prendre lesj
signes pour des causés, et que la lune,
renfermant dans une période de
vingt-neuf jours une foule d’effets produits
par le soleil régulièrement tous les
ans, à-peu-près aux mêmes époques,;
et durant le même intervalle de temps,
fut censée coopérer à la formation de
tout ce qui naissoit, croissoit, ou nw
rissoit pendant sa petite période.
Telle est l ’origine de la grande for-j
tune, que la lune a faite clans l'opini1-’11
des anciens peuples, et dont elle cW
(2) Jamblich. de Myster. c. 37. Ibid. c. 35'
uerve encore quelques traces dans-l’es-
L,rit du peuple j et sur-tout de l'habitant
des campagnes.,;' qui lui attribue
au moins autant d’influence qu’au
koleil- Cette opinion , qui n’est plus
[aujourd'hui qu’un préjugéde l’ignorance,
ft'aisoit autrefois partie de la science dos
philosophes ou des Sage»de l’antiquité.
Nous devons donc en tenir compté ,
lans l'explication de leurs fables,lorsque
lia lune en est l ’objet, ou qu’elle y entre
pour quelque chose ; car tout 11’est pas
pagesse-chez les Sages, et leurs erreurs
entrent au moins pour moitié dans leur
[réputation.
Haly, dont nous avons donné l’extrait
d’un passage sur le soleil ( 1 )., continue I’ë-_
loge de ce Dieu , et passe ensuite à celui
de la lune. « Nous avons, dit-il , fait
!» voir comment le soleil, lumière de
» la Nature, et modérateur du monde,
p change la .température des saisons ,
t» -soit en-montant, soit en descendant
t» le long du Zodiaque, comment il pro-
b doit la salubrité du printemps, les
j» chaleurs du l ’é té,les fruits, dont se
charge l’autbmne, et les neiges et les
p frimats,, qui couvrent la terre pen-
? dant les hivers. A sa suite marche
j» la lune, flambeau moins lumineux
Beine du monde, et qui influe plus
I qu’aucune autre planète sur les chan-
i gemens , qu’éprouvent les corps. La
■ lune , dans les progrès d’accroissement
et de diminution dans sa lu-
p mière , imite la vie humaine, dans la
succession de ses quatre âges , en ce
qu’elle semble naître-, croître , Üé-
p croître , et mourir , " suivant qu’elle
t s approche ou s’éloigne du soleil (ppp).
I » La lune est auprès du soleil, comme
un grand alguasil auprès de son Boi,
j’ cl111 lui derme une grande puissance ,
f l’élève en dignité , et se l’attache.
j5 Car le soleil gouverne la lui,e ,
f Jl11 « remplit de sa lumière et de sa
f l°rce (2), jusqu’à ce qu’elle së trouve
f en opposition avec lui. C’est alors
; (') Voyez ci-dessus.
» qu’il lui résiste , et qu’il lui retranche
?.:i sa lumière par degrés , comme il la
M lui avoit prêtée. C'est la lune qui ein-
»' bellit les étoiles , ou éclipse leur lu-
» mière, en traversant la route azurée
33 oû elles sont semées. Sa nature est
33 le froid-humide. Elle est la reine et
33 l’arbitre, souveraine, des nuits. Elle
33 exerce sa puissance sur les mers ,
33 dans le flux et le reflux. Suivant
33 qu elle croît , ou qu’elle décroît, les
33 corps soumis à son action éprouvent
33 les mêmes alternatives. Elle est une
33 des trois planètes , qui distribuent les
^ 33 pluies, etqui décidentde l ’abondance
33 ou de la stérilité de la terre. Elle
33 influe'sur la formation des foetus des
33 animaux et de l’homme, depuis le
33 premier mois de la conception, jus-
33 qu’au septième. Elle modifie son ac-
33 lion à raison des signes, dans lesquels
» elle se • trouve-. C’est un roi grand et
» puissant, durant tout le temps qu’elle
» parcourt, le bélier céleste , &c, »
L auteur peint lescaractèresdifférens,
que la lune prend dans les différenssignes
du Zodiaque, auxquels elle s’unit dans
ses différentes stations. Nous ne le sui-
vrons pas, parce que ces détails appartiennent
plus à l’Astrologie judiciaire,
qu’à l’Astrologie sacrée. Quant aux
caractères , que nous venons d’extraire ,
ils pourront trouver leur application
dans plusieurs fictions sacerdotales sur
cet astre , sur-tout considéré sous sort
nom fameux d’Isis. Telles sont les fables
consignées dans le onzième livre d’Apulée,
et dans Plutarque, qui a fait un
Traité entier ', intitulé du nom de cette
Déesse.
Julius-Firmicus n’est pas moins pom-
peux | dans ,1a description qu’il nous
donne des apparences, des formes, des
conjonctions, des influences de la lune,
et en général,de tout ce qui a rapport à la
puissance de cette divinité : ce sont ses
expressions. Il assure, qu’il a puisé tout ce
qti’il va en dire, dans les livres attri-
(3) Ka!y , ibid. p, 7.