*v P . R E F- A C E .
épars sur toute la surface de. ht Terre. Le fil des connaissances Religieuses
etoit pêrdu, depuis bien des siècles puisqu’il est, retrouvé, qu’il nous
serve à lier entre elles de?, générations -^les peuples , qui sembloiént
oubliés ou même perdus ■ dans la nuit, de§.. iemps, et n’appartenir qu’à
là terré immense des chimères. Je consacre aux hommes de tqus les pays,
et de tous les siècles, mon Ouvrage. J’ai jeté l’ancre de la vérité au
milieu de l ’Océan des temps. Si j'ai vécu utilement pour mes semblables,
ma destinée eft remplie.
O R I G I N E
I G I N
D E T O U S L ES C U L T E S ,
O U
R E L I G I O N UNI VERS E L L E .
L I V R E P R E M I E R .
C H A P I T R E P R E M I E R .
l ‘ U n i v e r s - D i e u ( i ).
I_ jE nom de Dieu est un mot vide
de sens, s’il ne désigne la cause universelle
, et la puissance active qui organise
tous les êtres qui ont un commencement
et une fin, c’est-à-dire, l’être principe
«de tout, et qui n’en a point d’autre
que lui-même. Telle la Nature s’est toujours
montrée aux hommes , qui ont
jugé de ce qui est, parce qu’ils voient,
et par ce qu’ils sentent ; les nations qu’il
nous plaît d’appeler sauvages , en sont
restées là, et les plus grands philosophes,
fatigués de longues et d’inutiles recherches
, ont été forcés d’y revenir. Après
bien des siècles de philosophie, ' les
Egyptiens se Virent contraints de graver
sur un des temples de la Nature, cette
inscription fameuse : (2) » Je suis tout ce
» qui est, tout ce qui a été , tout ce qui
» sera, et nul mortel n’a encore percé le
33 voile qui me couvre. » {a) Que1 de siè-
cjes il a fallu aux hommes pour en revenir
là ; et combien peu, sont capables de
recevoir cette sublime leçon ! Ocellus
de Lucanie, disciple de Pythagore, qui
lui - même l’avoit été des Egyptiens,
renferme dans la Nature elle-même, le
principe par lequel elle existe et fait
exister les autres êtres qu’elle contient;
d’où il conclut que l’Univers est improduit
et indestructible ; ce qui est un des
caractères essentiels de la cause première.
On n’a encore rien oppose de
solide à cette conclusion ; car, nous
ne comptons pour rien les fictions des
Poëtes et des Platoniciens , pour moins
encore le témoignage d’une prétendue
révélation , attendu que l’on ne détruit
point un bon raisonnement, par une
fiction, ou par une absurdité. Le plus frand naturaliste de l’antiquité, Pline,
onne au monde tous les caractères de
la cause première, et dé la divinité.
» [3 ] Le monde, dit ce savant, et ce que
» nous appelons le ciel, qui, dans ses
33 vastes contours, embrasse les autres
33 êtres, doit être regardé comme un
» Dieu, éternel, immense, improduit,
33 indestructible. Chercher d’autres êtres
33 hors de lu i, est une chose non-seule-
33 ment inutile à l’homme ; mais encore
33 au-dessus des forces de son esprit ;
33 il est un être sacré, immense, éternel,
33 qui renferme tout en lui-même ; il
(1) L’Auteur est ici l’Hiftorien des opinions de l’Antiquité.
(2) De Iside, p. 3Ç4., (3) Pline, Hift, Nat. , 1. 2. c. K
R e lig . U n iv . Tome I . A