i84 HE R quelques peïfonnes de l’inclination pout la teligiOtl
proteftante. Il engagea deux ou trois de fes prolé-
iites à fe retirer avec leurs familles à Bertholsdorf :
ils y furent accueillis avec empreffement 6c y bâtirent
une maifon dans un bois , à demi-lieue de ce
Village. Dès la S. Martin 17 12 , il s’y tint une af-
femblée de dévots, qui en fut comme la dédicace.
Chriftian David étoit fi perfuadé de l’aggrandiffe-
rtient futur de cet endroit, qu’il en traçoit déjà les
quartiers 6c les rues : l’évenement n’a pas démenti
fes préfages. Bien des gens de Moravie, attires d’ailleurs
par la proteftion du comte de Zinzendorf ,
s’emprefferent d’augmenter cet établiffement & d y
bâtir ; & le comte y vint demeurer lui-même. Dans
peu d’années ce fut un village conlïderable qui eut
une maifon d’orphelins, & d’autres édifices publics.
En 1718 il y avoit déjà trente-quatre maifons fort
logeables; en 1731 le nombre des habitans montoit
à fxx cens. La montagne de Huth-Berg donna lieu à
ces gens-là d’appeller leur habitation qui en eft tout
proche, Huth-des-Hern, 6c dans la fuite Htrnhut, ce
qui peut fignifier la garde ou la projection dufeigneur.
C ’eft delà que toute la fe&e a pris fon nom.
Les Hernhutes établirent bientôt entre eux une
forte de difcipline qui les lie étroitement les uns
aux autres, les partage en differentes clafles, les met
dans une entière dépendance de leurs fupérieurs, 6c
les affujettit à de certaines pratiques de dévotion 6c
à diverfes menues réglés ; on diroit d’un inftitut
monaftique.
La différence d’â g e , de fexe & d’é ta t, relativement
au mariage, a formé les diverfes clafles : il y
en a de maris, de femmes mariées, de veu fs , de
v eu v e s , de filles, de garçons, d’enfans. Chaque
claffe a fes dire&eurs choifis parmi fes membres. Les
mêmes emplois que les hommes ont entre eux font
exercés entre les femmes par des perfonnes de leur
fexe. Tous les jours une perfonne de la claffe en vi-
lite les membres, pour leur adreffer des exhortations
& prendre connoiffance de l’état a&uel de leur amé,
dont elle rend compte aux anciens. Il y a de fréquentes
affemblées de chaque claffe en particulier 6c de
toute la fociété enfemble.
Les conducteurs tiennent entre eux des conférences
pour s’inftruire mutuellement dans la conduite
des âmes. D ’ailleurs la fociété eft fort aflidue aux
exercices de religion qui fe font à Bertolsdorf 6c
ailleurs. Les membres de chaque claffe fe font fou-
divifés en morts, réveillés, ignorans, difciples de
bonne volonté , difciples avancés. On adminiftre à
chacune de ces fubdivifions des fecours convenables.
On a fur-tout grand foin de ceux qui font dans la
mort fpirituelle.
On veille à l’inftruêtion de la jeuneffe avec une
attention particulière. Outre les perfonnes chargées
des orphelins , il y en a qui ont autorité fur tous
les autres enfans. Le zèle de M. de Zinzendorf l’a
quelquefois porté à prendre chez lui jttfqu’à une
vingtaine d’enfans, dont neuf ou dix couchoient
dans fa chambre. Après les avoir mis dans la voie
du falut, il les renvoyoit à leurs parens. Il y a des
affemblées pour les petits enfans qui ne marchent
pas encore ; on lés y porte : là on chante, on prie,
6c l’on y fait des dilCoiirs proportionnés à la capacité
des petits auditeurs.
L’ancien , le co-ancien , le vice-ancien ont une
infpeûion générale fur toutes les clafles. Il y a des
avertiffeurs en titre d’office , dont les uns font publics
& les autres fecrets. Il y â plufieurs autres
charges 6c emplois dont le détail feroit trop long.
Une grande partie du culte des Fîernkuters con-
lifte dans le chant : c’eft fur-tout par les cantiques
qu’ils prétendent que les enfans s’inftruifent de la
religion. M, de Zinzendorf rapporte une çhofe bien
H E R fingülierê $ c’eft quë les ehaiitres de là fociété doivent
avoir reçu, de Dieu un don particulier 6c presque
inimitable (il pouvoit bien dire tout-à-fait), fça-
vo ir , que lorfqu’ils font obligés d’entonner à la tête
de l’affemblée, il faut que ce qu’ils chantent foit
toujours une répétition exafte 6c fuivie de ce qui
vient d’être prêché.
A toutes les heures dii jour 6c de la nint, il y a à
Hernhui des perfonnes de l’un & de l’autre fexe
chargées par tour de prier pour la fociété ; 6c ce qui
eft très-remarquable, c’eft que fans montre, horloge
, ni réveil, ces gens-là font avertis par un fen-
timent intérieur, de l’heure où ils doivent s ’acquitter
de ce devoir.
Si les freres de Hernhüt remarquent qüe le relâchement
fe gliffe dans leur fociété ; ils raniment leirf
zèle en célébrant des agapes ou des repas de charité.
La voie du fort eft fort accréditée parmi eux ; ils
s’en fervent fouvent pour connoître la volonté du
Seigneur.
Ce font les anciens qui font les mariages ; nulle
promeffe d’époufer n’eft valide fans leur confente-
ment. Les filles fe dévouent au Sauveur , non pouf
ne jamais fe marier, mais pour ne fe marier qu’à uil
homme à l’égard duquel Dieu leur aura fait connoî-
tre avec certitude qu’il eft régénéré , inftfuit de
l ’importance de l’état conjugal, 6c amené par la direction
divine à entrer dans cet état.
La fociété des Hettihuts s’étant formée daris les
terres de M. de Zinzendorf, fous fa protection, paf
fes foins, fes bienfaits, & fuivant fes vûes, il étoit
naturel qu’il confervât fur elle une très-grande auto-'
rité ; auffi en a-t-il toujours été l’âme, l’oracle , 6t
le premier mobile. Dans le troifieirie fynode géné-' '
fal du Hernhutifmè , tenu à Gotha en 1740, il fe
démit de l’épifeopat, auquel il avoit été appellé eri
173 7 , mais il conferva la charge de préfident ; il fe
démit de cet emploi-ci en 1743 » en faveur du titre
bien plus honorable de celui de miniftre plénipotentiaire
, 6c d’économe général de la fociété, aved
le droit de fe nommer un fiicceffeur.
Il a envoyé de fes compagnons d’oeuvres prefqué
par tout le monde ; lui-même il a couru toute l’Eu®
rope, & il a été deux fois en Amérique. Dès 1733!
les millionnaires du Hernhutifme avOient déjà paffé
la ligne. La fociété poffede, à ce que je crois, Bethléem
en Penfylvanie : elle a auffi un établiffement
parmi les Hottentos ; mais elle n’a fait nulle part
d’auffi belles conquêtes qu’en "Wetéravie, oit elle a
Marienborn 6c Hernhaug, 6c dans les Provinces'®
Unies, où elle fleurit lingulierement, fur-tout à
Iffelftein & à Zéift.
M. de Zinzendorf vint en Hollande en 1736,
le nombre de fes feCtateurs s’y eft accru peu-à-peu,
en particulier parmi les Mennonites. Depuis la fini
de 1748, il a fait recevoir la confeflion d?Âusbôurg
à fes freres Moraves, témoignant en même tems de
l’inclination pour toutes les communions chrétien-«
nés ; il déclare même qu’on n’a pas befoin de chaq-*
ger de religion pour entrer dans le Hernhutifme.
C ’eft le Sauveur qui fait tout dans fa feCie, & qui
réglé l’ envoi des millionnaires ; mais comme ils font
en grand nombre, 6c qu’ils font d’ailleurs des en-
treprifes 6c des acquilitions coûteufes, ils ont établi
une caiffe, qu’on nomme la caiffe du Sauveur, qui
eft devenue très-confîdérable par les donations des
proféliteS du Herrthutifthe, 6c de fes fauteurs. M. de!
Zinzendorf a la principale direûion de cette caiffe,
& Madame là comteffe fon époufe partage fes travaux.
. -
M. de Zinzendorf rapporte lux-même, que pendant
vingt-fix ans cette dame a fi bien adminiftré
les fonds, qu’il n’a jamais rien manqué ni à fa mai-
fori, ni à fâ fociété 3 quoiqu’il ait fallu fournir à des
entreprifes!
HE R ehtreprifes de plus d’un million d’écüs d’AlIeiria*
gne. Il rend aux grandes qualités de fon époufe, le
témoignage le plus honorable, 6c cela après vingt-
cinq ans.de mariage; il remercie Jefus de l’avoir
formée exprès pour lui ; elle eft la feule dans le
monde qui lui convînt. Enfin, fon heureux état conjugal
le conduit à une penfée des plus fingulieres
&c des plus confolantes furies mariages d’iei-bas;
c ’eft. que fx chaque mari vouloit y faire réflexion, il
trouveroit de même que la femme qu’il a , eft pre-
cifément celle qu’il lui falloir , préférablement à
toute autre.
hutifme Suivant les écrits de M. de Zinzendorf, le Hernentretenoit
en 1749 , jufqu’à mille ouvriers
répandus par tout le monde ; fes millionnaires avoient
déjà fait plus de 100 voyages de mer, 6c vingt-
quatre nations avoient été réveillées de leur affou-
piffement fpirituel ; on prêchoit dans fa fe&e en vertu
d’une vocation légitime en quatorze langues à 10
mille âmes au moins ; enfin la fociété avoit déjà 98
établiffemens, entre lefquels fe trouvent des châteaux
à z o , 30, 6c 50 appartenons. II y afans doute
de l’hyperbole dans ce détail ; mais il y a beaucoup
de v r a i , 16c j’en ai été affez bien inftruit dans un
voyage que je fis en Hollande en 1750.
La morale des Hernhutes eft entièrement celle de
l’Evangile; mais en fait d’opinions dogmatiques, le
Hernhutifme a ce caraûere diftinûif du fanatifme,
de rejetter la raifon 6c le raifonnement ; il ne demande
que la foi qui eft produite dans le coeur par le
Saint-Efprit feul. La régénération naît d’elle-même
fans qu’il foit befoin de rien faire pour y coopérer ;
dès qu’on eft régénéré, on devient un être libre ; cependant
c’eft le Sauveur du monde qui agit toujours
dans le régénéré, & qui le guide dans toutes fes j
aClions.
C ’eft auffi en Jefus-Chrift qüe la Trinité eft concentrée
; il eft principalement l’objet du culte des
Hernhutes; ils lui donnent les'noms les plus tendres •
Jefus eft l’époux de toutes les foeurs, 6c leurs maris
fon t , à' proprement parler, fes procureurs ; fembla-
bles à ces ambaffadeurs d’autrefois, qui époufant
une princeffe au nom de leurs maîtres, mettoient
dans le lit nuptial une jambe toute bottée ; un mari
n’eft que le chambellan de fa femme ; fa charge n’eft
que pour un tems, & par intérim. D ’un autre cô té ,
les foeurs Hernhutes font conduites à Jefus par le
miniftere de leurs maris, qu’on peut regarder comme
leurs fauveurs dans ce monde ; car quand il fe
fait un mariàge, la raifon de ce mariage eft qu’il y
avoit une foeur qui devoit être amenée au véritable
"époux, par le miniftere d’un tel procureur.
Voilà une peinture hiftorique fort abrégée, mais
fidele, du fanatifme des Hernhutes de nos jours, gens
fort eftimables par leur conduite & parleurs moeurs.
Nous nous fommes bien gardés de leur imputer des
fentimens qu’ils n’adoptent pas , ou de tirer de leurs
opinions des conféquences qu’ils rejetteroient; nous
n’avons parlé d’eux que d’après eux. Ce que nous
venons d’en rapporter, eft un précis laconique que
nous avons fait du livre d’Ifaac le Long écrit en
Hollandois, fous le titre de Merveilles de Dieu envers
fonEglife, Amft. 173 5, Cet auteur étoit grand
admirateur des Hernhutes, & Hernhute lui-même. II
né publia fon liv re , qu’après l’avoir communiqué à
M. de Zinzendorf, auquel il le dédia, 6c apres en
avoir obtenu la permiffion : c’ eft ce feigneur qui
nous l’apprend à la page 230 d’un de fes propres
ouvrages, qui porte pour titre, Réflexions naturelles.
Le Hernuihifme a étonné la Hollande par fes progrès
rapides , 6c ne l’a point allarmée ; il joiiit dans
les Provincés-Unies de cette tolérance univerfelle
qu’on y accorde à toutes les feûe s, 6c qui paroît
Tome H H . V n ^
HE R etfe le principe le plus lage 6c le plus judicieux du
gouvernement politique. ( ï> . ƒ .)
HERSAGE, f. m, (Agriculture.) Paétion de her® 1er. yoye^tisarticles Herse 6* Herser.
HERSBRUCtf., (Géog.) petite ville d’Allemagne
en rranconie, dans le territoire de la ville de Nu-«
remberg , près des frontières du haut Palatinat.
HERSE , (Hijl< eccléf) ce font dans les églifes
des e.peces de chandeliers , fur lefquels on peut
pandre un grand nombre de lumières. Herse , 1. f (.Architecture.) efpeoe de barrière ert
torfne de pahffade à 1 entrée d’un faubourg ; elle différé
neanmoins de la barrière en ce que fes pxeuxî
loxit pointus ,qxour empêcher, de pafler par-deffus. Herse,, f. f. en termes de Fortifications, eft une ef-»
pece de porte faite dé plufieurs pièces de bois armées
par en bas de pointes de fe r , & difpofées en
rorme de treillis , laquelle fe met au-deffus d’une
porte de ville. Elle y eftfufpendue par une corde a ttachée
à un moulinet qui eft au-deffus de ia porte -
lequel étant lâché , la herfe s’abaiffe 6c tombe de
bout par deux couliffes.qui font entaillées dans les
deux cotes de la porte. On lâche la her{é quand la
porte a été pétardée ou rompue. Pour éviter les
lurprifes 6c l’effet du pétard, il vaut mieux fe fervir
des orgues , parce qu’on ne les peut pas arrêter tout
d un coup comme la herfe, qu’on peut empêcher de
tomber en fichant quelques clous dans les couliffes -
- ou en mettant deffous des chevalets.
On appelle autrement la herfe farrafirie ôu cataracte.
6c orgues, quand elle eft faite de pieux droits fans
traverfes. Voye^ Sarrasine, Orgues , & c.
On fe fert au défaut de cheVaüx defrife , pour,
defendre une breche ou un paffage’, de herfes ordinaires
, que l’on place les pointes en haut pouf in-»
commodér la marche de l’infanterie 6c de la cavalerie;_
Voye{ Cheval dé frise. Chambèts. (Q)
Hersé de gouvernait, (Marine.) c ’eft la corde qui
joint le gouvernail à l ’étambord. (Z ) Herse , terme d'opéra, ce font deux liteaux dei
bois d environ huit pouces de large, qu’on cloue eri
fens differens, enforte qu’unis ils forment un demi-
quarré. On met fur la partie horifontale des efpeces
de lampions de fer blanc faits en forme de bifeuits i
6c auxquels on donne ce üom ; l’autre partie couvre:
ces lumières, & on l’oppofe au public ; enforte que
foute la lumière frappe la partie de la décoration
où l’on veut porter un plus grand jour. II y a de
grandes & de petites herfes ': on les multiplie fur ce
theatre autant qu’on croit en avoir befoin ; on les
fert à la main , 6c ce fervice fait partie de la manoeuvre.
yôye[ Lumière. (B) Herse , terme de MégiJJier, qui fignifie un grand
chaffis de bois dont les bords font percés de trous
garnis de chevilles, qui fert à étendre les peaux def*
tinées à faire le parchemin , pour pouvoir les travailler
plus facilement.
Les Parcheminiers fe fervent auffi de la herfe pour
bander le fommier ou la peau du veau fur laquelle
ils raturent le parchemin encroûte ou en coffe. Voyet
PARCHEMIN , 6 c fl. du Parcheminier. * Herse, (Agriculture.) infiniment néceffaireau
labourage pour ameublir & unir les terres. C’eft:
une efpece d’affemblage de pièces de bois, en triangle
tronqué & à double bafe , garni en deffous, fur
les côtés & fes bafes, de dents de fer ou de bois. Il
en faut avoir de différentes grandeurs ; les conftruire
de bois lourd, les façonner folidement, les bien ferrer
, & leur donner des dents longues & fortes. On
attache, quand il .en eft befoin, Une ou deux pierres
à la herfe pour lui ajouter du poids 6c la rendre propre
à brifer toutes fortes de terre. Le boeuf ou le
cheval traîne la herfe à laquelle il eft attaché par le
petit côté. Il y a des herfes à roue & d’autres fans Aa