py i m a ordinaires, & qui arrivent très-fouvent. Dans le
nombre infini de combinaifôns que peut prendre là
matière les arrangemerts les plus finguliers doivent
fe trouver, & fe trouvent en effet, mais beaucoup
plus rarement que les autres ; dès-lors oh peut parier
que fur un million d’enfans, par exemple, qui viennent
au monde , il en naîtra un avec deiix têtes,
ou avec quatre jambes, ou avec des membres qui
paraîtront rompus ; ou avec telle aiitre difformité ou
monilruofité particulière, qu’on voudra fuppofer. Il
fe peut donc naturellement, & fahs qu’on doive l’attribuer
à l’imagination de la mere» qu’il foit ne un enfant
avec les apparences de membres rompus , qu’il
en foit né plufieurs ainfi , fans que les riieres euffent
affilié au lpeûacle de la roue; tout comme il a pu
arriver naturellement qu’une meré, dont l’enfant
étoit formé avec cette défe&uofité, l’ait mis au
monde après avoir vu ce Ipeâacle dans le cours de
fa groffelfe ; enforte que cette défeéhiofité n’ait jamais
été remarquée comme une chofe finguliere ,
que dans le cas du concours des deux événement.
C’eft ainfi qu’il arrive journellement qü’il naît des
ènfans avec des difformités fur la peau, où dans
d’autres parties, que l’on ne fait obferver qu’autant
qu’elles ont ou que l’on croit y voir quelque rapport
avec quelque vive affeûion qu’a éprouvée là
mere pendant qu’elle portoit l’enfant dans fon fein.
Mais il arrive plus fouvent encore que les femmes
qui croyent devoir mettre au monde des enfans
marqués, conféquemment aux idées, aux envies ,
dont leur imagination a été frappée pendant leur
groffeffe , les mettent au monde fans aucune marque
, qui ait rapport aux objets de ces affeftiôns,
ce qui relie fous filence mille fois pour une ; ou
le concours fe trouve entre le fouVenir de quelque
fantaifie qui a précédé, & quelque défeéhiofité qui
a , ou pour mieux dire, en qui on trouve quelque
rapport avec l’idée dont la mere a été frappée. Ce
n’eft point une imagination agiffante qüi a produit
les variétés que l’on voit dans les pietres figurées,
les agathes, les dendrites; elles ont été formées par
l’épanchement d’un fuc hétérogène, qui s’eft infi-
nué dans les diverfes parties de la pierre : félon qu’il
a trouvé plus de facilité à couler vers une partie,
que vers une autre ; vers quelques points de cette
partie, plutôt que vers quelques autres,fa trace a formé
différentes figures. O r , cette diftribution dépendant
de l’arrangement des parties de la pierre, arrangement
qu’aucune caufe libre n’a pu diriger, &
qui a pu varier ; la route de l’épanchement de ce
fu c , & l’effet qui en a réfulté, font donc un pur effet
duhafard. /^ « {H a sard .
Si un pareil principe peut occafionner dans ces
corps des reffemblances affez parfaites avec des objets
connus, qui n’ont cependant aucun rapport avec
e u x , il n’y a aucun inconvénient à attribuer à cette
caufe aveugle , les figures extraordinaires que
l’on voit fur les corps des enfans. Il eft prouvé que l’i-
magination ne peut rien y tracer; par conféquent que
les figures défeâueufes ou monftrueufes qui s’y rencontrent
, dépendent de l’effort des parties fluides,
& des réfiftances ou des relâchemens particuliers
dans les folides. Ces circonftances n’ayant pas plus
de difpofitionà être déterminées par une caufe libre,
que celles qui produifent des irrégularités, des défec-
tuofités, des monftruofités dans les bêtes, dans les
plantes, les arbres ; elles ont pu varier à l’infini, &
conféquemment faire varier les figures qui en font la
fuite. Si elles femblent repréfenterune grofeille plutôt
qu’un oe illet, ce n’eft donc que l’effet du hafard.
Un événement qui dépend du hafard, ne peut être
prévu , ni prédit ; & la rencontre d’un pareil événement
avec la prédiftion ( ce qui eft auffi rare , qu’il
pft commun d’être trompé à cet égard), quelque par-
I M A faite qu on puiffe la fuppofer, ne pourra jamais être
regardée que comme un fécond effet du hafard.
Mais, c?eft affez s’arrêter fur les effets, dont la
feule crédulité a fait des fujets d’étonnement. On peut
prédire, d’après l’illuftrë auteur de l’hiftoire naturelle,
que malgré les progrès de la Philofophie, 8s.
fouvent même en dépit du bon fens, les faits dont il
s’agit, ainfi que beaucoup d’autres, relieront vrais
pour bien des gens, quant aux conféquences que l’on
en tire. Les préjugés, fur-tout ceux qui font fondés
fur le merveilleux, triompheront toujours des lumières
de la rail'on ; 8c l’on feroit bien peu philo-,
fophe , fi l’on en étoit furpris;
Comme il eft fouvent queftion dans le monde des
marques des enfans, & que dans le monde les rai-
fons générales & philofophiques font moins d’effet
qu’une hiftoriete ; il ne faut pas compter qu’on puiffe
jamais perfuader aux femmes, que ies marques de
leurs enfans n’ont aucun rapport avec les idées j les
faiitaifies dont elles ont été frappées, les envies qu’elles
n’ont pu fatisfaire. Cependant ne pourroit-ont
pas leur demander, avant la naiffance de l’enfant,
quels ont été les objets de ces idées, de ces fantai-
fies, de ces envies fouvent auffi refpeâées qu’elles
font impérieufes , & que l’on les croit importantes ,
8c quelles devront être par conféquent les marques
que leur enfant doit avoir. Quand il eft arrivé quelquefois
de faire cette queftion, on a fâché les gens
fans les avoir convaincus^
Mais cependant, comme le préjuge â cet égard ,
eft très-préjudiciable au repos & à la fanté des femmes
enceintes, quelques favans ont cru devoir entreprendre
de le détruire. On a une differtation du
dofteur Blondel, eh forme de lettres, à Paris , chez
Guérin, 1745. traduite de l’anglois en notre langue,
qui renferme des chofes iritéreffantes fur ce fujet.
Mais cet auteurnie prefque tous lesfaits qui femblent
favorables à l’opinion qu’il combat. Il peut bien être
prouvé, qu’ils ne dépendent pas du pouvoir de l’i-
magination ; mais la plupart font des faits certains.
Ils ferviront toujours à fortifier la façon de penfer
reçue, jufqu’à ce que l’on ait fait connoître, que l’on
ait pour ainfi dire démontré qu’ils ne doivent
pas être attribués à cette caufe.
Les mémoires de l’académie des Sciences, renferment
plufieurs differtations fuf le même fu je t, qui
font dignes fans doute de leurs favans auteurs, & du
corps illuftre qui les a publiés ; mais, comme on y
fuppofe toujours certains principes connus des feuls
phyficiens, elles paroiffent peu faites pour ceux qui
ignorent ces principes. Les ouvrages philofophiques
deftinés à l’inftruftion du vulgaire, & des dames fur-
tout , doivent être traités différemment d’une differ-
tation, & tels que légat ipfa Lycoris. C ’eft à quoi
paroît avoir eu égard l’auteur des lettres, qui vieni
nent d’être citées, dans lefquelles la matière paroît
être très-bien difcutée, 8c d’une maniéré qui la met
à la portée de tout le monde ; ce qui eft d’autant plus
louable, qii’il n’eft perfonne effectivement qui ne foit
intéreffé à acquérir des lumières fur ce fujet, que l’on
trouve auffi très-bien traité dans les commentaires fur
les inflitutions de Boerrhaave,§ 694. & dans les notes,
de Haller, ibid. oii fe trouvent cités tous les auteurs,
qui ont écrit 8c rapporté des obfervations fur les ef-,
fets attribués à l'imagination des femmes enceintes.
Foyci E n v i e , M o n s t r e .
I m a g i n a t i o n , ' maladies de /’ , voye{ P a s s i o n
d e l ’A m e , M é l a n c h o l i è , D é l i r e .
IM A L , f. m. ( Comm. ) mefure des grains dont on
fe fert à Nancy. La carte fait deux imaux, 8c quatre
cartes leréa ), qui contient quinze boiffeaux mefure
de Paris; ce qui s’entend de l’avoine. Voye^ Boisseau.
Dicl. de comm.
IMAM ou IMAN, f, m. ( Hijl, mod, ) miniftres de
I M A la religion mahométane, qui répond à un curé parmi
nous.
Ce mot fignifie proprement ce que nous appelions
prélats, antifies ; mais les Mufulmans le dilent en
particulier de celui qui a le foin , l’intendance d’une
mofquée , qui s’y trouve toujours le premier, & qui
fait la priere au peuple, qui la répété après lui. Iman, fe dit auffi abfolument par excellence des
chefs, des inftituteurs ou des fondateurs des quatre
principales feétes de la religion mahométane, qui
font permifes. Voye[ M a h o m é t i s m e . Ali eft l'iman
des Perfes, ou de la fefte des Schiaites ; Abu-beker,
l'iman des Sunniens, qui eft la fefte que fuivent les
Turcs ; Saphii ou Safi-y , Viman d’une autre feéle.
Les Mahométans ne font point d’accord entr’eux
fur Vimanat, ou dignité d’iman. Quelques-uns la
croyent de droit divin, 8c attachée à une feule famille
, comme le pontificat d* Aaron ; les autres fou-
tiennent d’un côté qu’elle eft de droit divin, mais de
l’autre, ils ne la croyent pas tellement attachée à
une famille,qu’elle ne puiffe paffer dans une autre. Ils
avancent de plus que Viman devant être, félon e u x ,
exempt non-feulement des péchés griefs, comme
l’infidélité, mais encore des autres moins énormes,
il peut être dépofé, s’il y tombe, & fa dignité transférée
à un autre.
Quoi qu’il en foit de cette queftion , il eft confiant
qu’un iman ayant été reconnu pour tel par les Mufulmans,
celui qui nie que fon autorité vient immédiatement
de Dieu , eft un impie ; celui qui ne lui obéit
pas , un rébelle, 8c celui qui s’ingère de le contredire
, un ignorant.: c’eft partout de même;
Les imans n’ont aucune marque extérieure qui les
diftingue du commun des Turcs ; leur habillement eft
prefque le même, excepté leur turban qui eft un peu
plus large, & pliffé différemment. Un iman privé de
là dignité, redevient fimple laïc tel qu’il étoit auparavant
, & le vifir en nomme un autre ; l’examen 8c
l’ordonnance du miniftre font toute la cérémonie de
la réception. Leur principale fon âion, outre la prièr
e , eft la prédication, qui roule ordinairement fur
la vie de Mahomet, fa prétendue million, fes miracles,
& les fables dont fourmille la tradition mu-
fulmane. Ils tâchent au relie de s’attirer la vénération
de leurs auditeuts, par la longueur de leur manches
& de leurs barbes, la largeur de leurs turbans,
8c leur démarche grave & compofée. Un turc qui
les auroit frappés , auroit la main coupée ; & fi le
coupable étoit chrétien, il feroit condamné au feu.
Aucun imany tant qu’il eft en titre, ne peut être puni
de mort ; la plus grande peine qu’on lui puiffe
infliger, ne s’étend pas au-delà du banniffement.
Mais les fultans 8c leurs miniftresont trouvé le fecret
d’éluder*ces privilèges, foit en honorant les imans,
qu’ ils veulent punir, d’une queue de cheval, dïftin-
étion qui les fait paffer au rang des gens de guerre ,
foit en les faifant déclarer infidèles par une affem-
blée de gens de lo i, & dès-lors ils font fournis à la
rigueur des lois. Guer. moeurs des Turcs, liv. IL
tome I.
IMARET, f. m. ( Hifi. mod. ) nom que les Turcs
donnent à une maifon bâtie près d’un /ami, ou d’une
grande mofquée ; elle eft femblable à un hôpital ou
hôtellerie, 8c eftdeftinéeà recevoir les pauvres &
les voyageurs.
IMAÜS, ( Géog. anc..) longue chaîne de montagnes
qui traverfel’Afie, au nord de ce que les anciens
appellent proprement VInde y 8c qui envoie une
de fes branches au feptentrion, verslamer glaciale.
Wlmaiis féparoit l’Inde de la Scythie , comme il fé^-
pare encore aujourd’hui Elndoftan de la Tartarie. Il
a différens noms dans les différens pays qu’il pan
court : on l’appelle dans la Tartarie proprç}Belgian ;
I M B 565 dans la Tartarie deferte, Moréghar ; dansleMogo-
lillan, Dalangucr, & Naugracuty vers lesfources du
Gange. Une de fes plus confidérables branches,
prend le nom de montagnes de Gâte ; de plus Vlmaùs
fe divife au feptentrion du royaume de Siam , 8c
forme trois nouvelles chaînes, dont nous parlerons
au mot montagne, où nous décrirons celles qui fer-
pententfur le globe de la terre, par une efpece de
connexion & d’enchaînement. ( D . J. )
IMBÉCILLE, f. m. {Logique') c’eft celui qui n’a
pas la faculté de difeerner différentes idées , de les
comparer, de les compôfer, de les étendre, ou d’en
faire abftraûion. T el étoit parmi les Grecs un cer-
tainMargitès,dont Vimbécillité paffa en proverbe. Suidas
prétend qu’il ne favoit pas compter au-deffûs de
cinq, & qu’étant parvenu à l’adolefcence, il demanda
à fa mere, fi elle 8c lui n’étoient pas enfans d’un
même pere. . . . . .
Ceux qui n’apperçoivent qu’avec peine, qui ne
retiennent qu’imparfaitement les idées , qui ne
fauroient les rappeller, ou Iesraffembler promte-
ment, n’ont que très-peu de penfées. Ceux qui ne
peuvent diftinguer, comparer & abftraire des idées,
ne fauroient comprendre les chofes, faire ufage des
termes, juger, raifonner paffablement ; & quand ils
le font, ce n’eft que d’une maniéré imparfaite fur des
chofes préfentes, & familières à leur fens.
Si l’on examinoit les divers égaremens des imbé-
cilles, on découvriroit affez Bien jufqu’à quel point
leur imbécillité procédé du manque ou de la foi-
bleffe de l’entendement.
Il y a une grande différence entre les imbicilles 8c les
fous. Je croirois fo r t , dit Locke, que le défaut des
imbécilles, vient de manque de vivacité, d’aélivité ,
& de mouvement dans les facultés intellectuelles ,
par où ils fe trouvent privés de l’ufage de laraifon.
Les fous au contraire, femblent être dans l’extrémité
oppofée ; car il ne paroît pas que ces derniers
ayent perdu la faculté de raifonner, mais il paroît,
qu’ayant joint mal-à-propos certaines idées, ils les
prennent pour des vérités, & fe trompent de la
même maniéré que ceux qui raifonnent jufte fur de
faux principes. Ainfi vous verrez un fou , qui, s’imaginant
d’être ro i, prétend par une jufte conféquen-
c e , être fervi, honoré félon fa dignité. D ’autres qui
ont cru être de verre, ont pris toutes les précautions
néceffaires pour empêcher leur corps d’être caffé.
II y a des degrés de folie, comme il y en a d’imbécillité
; l’union déréglée des idées, ouïe manque d’idées
, étant moins confidérable dans les uns que dans
les autres. En un mot, ce qui conftitue vraiffembla-
blement la différence qui fe trouve entre les imbé-
cilles &:les fous; c ’eft que les fous joignent enfem-
ble des idées mal-afforties & extravagantes, fur lefquelles
néanmoins ils raifonnent ju fte, au lieu que
les imbicilles font très-peu ou point de propofitions,
& ne raifonnent que peu ou point du tou t, fuivant
l ’état de leur imbécillité.
Je ne fais, fi certains imbécilles qui ont vécu quarante
ans fans donner le moindre ligne de raifon,
ne font pas des êtres qui tiennent le milieu entre
l’homme & la bête ; car au fond, ces deux noms que
nous avons faits, homme & bête , fignifîent-ils des ef-
peces tellement marquées par des effences diftinâes,'
que nulle autre efpece ne puiffe intervenir entr’elles è
En cas que quelqu’un vînt nous demander, ce
que deviendront les imbécilles dans l’autre monde ,
pu'ifque nous fommes portés à en faire une efpece
diftinéle entre l’homme & la bête, nous répondrions
avec Locke , qu’il ne nous importe point de favoir
& de rechercher de pareilles chofes. Qu’ils tombent,
ou qu’ils fe foutiennent ( pour me fervir. d’un paffage
de l’Ecriture, Rom. xjv. 4. ) cela regarde leur maître.
D ’ailleurs, foit que nous déterminions quelque