maîtres fervoient leurs efclaves à table ; cet ufage
s’obfervoit également chez les Athéniens , chez les
Babyloniens, & dans les faturnales des Romains.
Potter, Archcd. grczc. L. I I . c. xx. t. t. p. 8$ 6". vous
fournira les détails de la célébration des herniées,
fuivant les différens lieux. (Z>. J.)
* HERMÉDONE, ouplâtôt HARMÉDONE, f. f.
( Aflrohom.) c’eft dans les anciens une fuite d’étoiles
qui fortent de la crête de la baleine.
* HERMÉM1THRA , f. m. ( Myth. ) fymbole
d’une divinité , compofée d’un Mercure & d’un
Mithra. Voye{ Mercure. Voyei Mithra.
HERMÉROS, f.m. (Antiq.) ftatue compofée de
Mercure & de Cupidon , comme le nom l’indique ;
E'p/zhç , Mercure, & , l’Amour. M. Spon a donné
la figure d’un herméros dans fes Reck. curieuj.es d'antiq.
p. c)8 fig. 14. G’eftun jeune garçon dépeint comme
on nous repréfente l’amOur ; il tient une bourfe de
la main droite , ôt un caducée de la main gauche,
qui font les deux fymboles fous lefquels on a coutume
de défigner Mercure. Pline parlant des beaux
ouvrages de iculpteurs , fait mention des hermérotes
de Taurifcus. Ce mot à?herméros a été fouvent donné
en furnom par les Grecs & par les Romains ; il y en
a plufieurs exemples dans les infcriptions de Gruter.
Dicl.de Trévoux. {D. J.)
HERMES, adj. m. & f. ou T erres hermes ,
( Jurifprud.) on appelle ainfi certaines terres vacantes
& incultes, que perfonne ne réclame. Ces biens
appartiennent au feigneur haut jufticier, par droit
de déshérence. Voye^ Déshérence. {A )
HERMÈS, f. m. {Antiq.') nom de certaines Rallies
antiques de Mercure, faites de marbre, & quelquefois
de bronze, fans bras & fans pies. Hermès
eft au propre le nom grec de Mercure, & ce nom
paffa à ces ftatues.
Les Athéniens, & depuis à leur exemple , lès autres
peuples de la Grece, repréfenterent ce dieu par
une figure cubique, c ’eft-à-dire quarrée de tous les
côtés , fans piés , fans bras, & feulement avec la
tête. Servius rend raifon de cet ufage par une fable;
des bergers, félon lui, ayant un jour rencontré Mercure
endormi fur une montagne , lui coupèrent les
piés & les mains, pour fe venger de quelque tort
qu’il leur avoit fait; ce conte lignifie peut-être,
qu’ayant trouvé quelque ftatue de ce dieu , ils la
mutilèrent de cette maniéré , & en placèrent le
tronc à la porte d’un temple. Suidas explique moralement
la coutume de figurer les ftatues de Mercure
quarrées, fans piés & fans bras , & de les placer
aux veftibulesdes temples & desmaifons ; ca r, dit-
il , comme on tenoit à Athènes Mercure pour le dieu
de la parole & de la vérité , on faifoit fes ftatues
quarrées & cubiques , pour indiquer que la vérité
eft toujoursfemblable à elle-même, de quelque côté
qu’on la regarde.
Suidas parle des kermès comme s’ils étoient particuliers
à la ville d’Athènes ; c’eft qu’ils avoient été
inventés dans cette v ille , & qu’ils s’y trouvoient en
plus grande quantité que par-tout ailleurs. On comp-
toit au nombre des principaux kermès 9 les Hippar-
chiens ; Hipparchus, fils de Pififtrate , tyran d’A thènes,
avoit érigé ceux-ci non-feulement dans la
v ille , mais dans tous les bourgs & villages de l’Atti-
que, & avoit fait graver fur chacun, différentes fen-
tences morales, pour porter les hommes à la vertu.
On mit auflî des kermès dans les carrefours & les
grands chemins du pa ys, parce que Mercure, qui
étoit le meffager des dieux, préfidoit aux grands
chemins, ce qui lui valut le furnom de Trivius, du
mot trivium , qui lignifie un carrefour, & celui de
Viacus, du mpt via, chemin , comme le prouvent
quelques infcriptions copiées dans Gruter. Lorfqu’au lieu de la tête de Mercure 3 on mettoit
la tête d’un autre dieu, comme de Minerve, d’Apollon
, de Cupidon, d ’Hercule, d’Ha rpocra teou
d’Anubis, alors le pilaftre devenoit un compofé des
deux divinités, dont on réuniffoit les noms, & qu’on
appelloit hermathencs , hermapollon , herméros , herme-
racle, hertn'harpocrate , hermanubis. Voye^ tous ces
mots.
On ne fe contenta pas de repréfenter des dieux
fous ces formes de ftatues ; on érigea des kermès à la
gloire des grands hommes, pour lefquels Athènes
étoit paffionnée ; le lycée & le portique en étoient
remplis. On y voyoit entre autres Yhermès de Mil-
tiade , avec ces mots , Miltiade Athénien , & on li-
foit au-deffous ces deux vers :
n*«£. M/AÔ/atT» Tctè.u<pict Bpyct Ixeurtv
Htprui 9 Kcii Mapctôuv, nctt Aptmç Ttptvoç.
Cet kermès ayant été depuis tranfporté à Rome,
on y grava le diftique fuivant, qui en eft la traduction.
Qui Perfas bello vieil Marathonis in arvis,
Civibus ingratis , & patriâ inter Ut.
Les Athéniens ne prifoient pas moins les kermès
des hommes illuftres , que ceux des dieux mêmes j
ils les tailloient comme ceux de Mercure", exaâe-
ment quarrés , avec des infcriptions honorables ,
qui étoient aufli gravées en lettres quarrées. De-là
vien t, qu’ils nommoient un homme de mérite, un
homme quarré. Nous lifons dans Plutarque que ce
fut un des principaux chefs d’accufation contre Alcibiade
, d’avoir mutilé dans une débauche, d’autres
kermès que ceux des dieux.
Cicéron, grand amateur de l’ antiquité, ayant appris
par les lettres d’Atticus , qui étoit à Athènes
qu’il y avoit trouvé de beaux kermès, dont il le vou-
loit régaler , le preffe de lui tenir parole , par la ré-
ponfe qu’il lui fait. Voici ce qu’il lui écrit : Lettre 7 .
Liv. I. « Vos kermès de marbre du mont Pentélicus,
» avec leurs têtes de bronze , me réjouiffent déjà
» d’avance ; c’eft pourquoi vous m’obligerez beau-
» coup de me les envoyer avec les ftatues & les au-
» tres^euriofités qui feront de votre goût, & quimé-
» riteront votre approbation ; tout aidant que vous
» en trouverez, & tout aufîitôt que votre loifir vous
» le permettra, fur - tout les ftatues qui pourront
» convenir à mon académie & à mon portique de
» Tufculum , car je fuis amoureux de toutes ces
» chofes. Me blamera qui voudra, je me repofe fur
» vos foins pour fatisfaire mon goût ». Life1 aufli les
Lettres <j. 6'. & 10.
On voit encore à Rome , des kermès ou ftatues
quarrées apportées de la Gre ce, qui foutiennent les
têtes de plufieurs poètes , philofophes & capitaines
illuftres. On en a d’Homere, d’Ariftote, de Platon,
de Socrate, d’Hérodote, de Thucydide, de Thémif-
tocle & de plufieurs autres. FulviusUrfinus, Théodore
Galle (Gallæus) & Henri Canifius, ont fait
graver ces pièces dans leurs portraits des hommes
célébrés de l’antiquité, c M. Spon en a aufli trouvé
dans fes voyages de Grece , du philofophe Xério-
crate, de Théon, & de quelques autres , ' dont il
croit qu’aucun auteur n’a parlé. Uhermès de Mercure
a des aîles à la tête ; ceux qui ont de la barbe, font
des maniérés de Priape ;.les femmes ftériles d’entre
le peuple, les ornoient aux parties que la pudeur ne
permet pas de découvrir , efpérant par - là fe procurer
la fécondité qu’elles defiroient.
Les Romains empruntèrent des Grecs l’ufage des
kermès, qu’ils nommèrent termes, & qu’ils placèrent
fur les grands chemins dans les endroits dangereux,
in triviis & quadrivïis, pour éviter aux voyageurs
l’embarras de fe tromper de route. Ges kermès romains
étoient ordinairement quarrés , ornés furie
• bas & le çorps du pilaftre, d’inferiptions qui inftrui- foient
foient les paffans, dés villes ôii chaque chemin con-
duifôit ; le haut du pilaftre étoit terminé par quelque
figure d’un des dieux gardiens & protecteurs
des chemins , c’eft-à-dire de Mercure ou d’Apollon
, de Bacchus ou d’Hercule. Plaute les appelle
lares viales, & Varron deos viacos. Ces figures, ainfi
que les piîaftres qu’on faifoit de bois , de pierre ou
de marbre, étoient fort grofliérement taillées. Il
s’en trouvoit même plufieurs que des villageois for-
moîent à coups de haché , fans art ni proportions ;
c ’eft ce qui a fait dire à V irgile,
Illi falce deus colïtur , non artepolitus.
De-là vient qu’on compatoit à ces ftatues informes
, les gens lourds & ftupides ; témoin ce vers de
Juvenal.,
N il niji cecropides , truncoque Jimillimus hermæ.
Une autre chôfe rendoit encore la vue de ces herniés
romains très-vilaine ; :c’eft qu’ordinairementdans
les endroits où ces piîaftres étoient dreffés , les paffans
portoient des pierres par religion au pié de ces
piîaftres, pour les confacrèr aux dieux des chemins,
& obtenir leur proteftion dans le cours de leurs
voyages. Ces pierres font appellées par le feho-
liafte de Nicander, pierres ajfemblées à L'honneur des
divinités des voyageurs.
On ne manquoit pas de pareils poteaux, non-
feulement . dans les grands chemins d’Italie , mais
aufli dans toutes les provinces de l ’Empire. Camden
parlant de Mercure , nous dit : ejus jlatuoe quadrata
hermæ dictez, olim ubique per vias erant difpojita. C ela
eft fi vrai que Surita, dans fes commentaires fur V itinéraire
d'Antonin , nous a confervé une inscription
antique tirée de la ville de Zamora en Efpagne, qui
prouve que des particuliers même s’ôbligeoient par
des voeux à ériger de tels piîaftres. Voici cette inf-
cription :
DeoMercur. viaco. M. Attiliusjilonis f Quirin.Jîlo.
E x voio.
Il n’eft pas inutile de remarquer à propos des kermès
, que les Grecs & les Romains faifoient fouvent
des ftatues dont la tête fe détachoitdu-refte du corps,
quoique l’une & l’autre fuffent d’une même matière ;
c ’eft en cela que confiftoit la mutilation dont Alcibiade
fut accufé , & dont il n’étoit que trop coupable.
De cette maniéré, les anciens pour faire une
nouvelle ftatue , fe contentoient quelquefois de
changer feulement la tê te , en laiffant fubfifter le
corps. Nous lifons dans Suétone , qu’au lieu de bri-
fer les ftatues des empereurs, dont îa mémoire étoit
odieufe, on en ôtoit les têtes , à la place defquelles
l’on mettoit celle du nouvel empereur. De-là vient
fans doute en partie, qu’on a trouvé depuis tant de
•têtes fans corps, & de corps fans têtes.
Au refte , ce n’eft pas des kermès des Romains ,
mais de ceux des Gre cs, que nous eft venue l’origine
des termes que nous mettons aux portes & aux
balcons de nos bâtimens, & dont nous décorons
nos jardins publics. Il eft vrai qu’en conféquence ,
on devroit les nommer kermès plûtôt que termes ; car
quoique les termes que les Romains appelloient ter-
mini , fuffent de pierres quarrées , auxquelles ils
ajoutoient quelquefois une tête , néanmoins ils
étoient employés pour fervir de bornes, & non
pour orner des bâtimens & des jardins ; mais notre
langue par une crainte fervile pour les afpirations,
a adopté le mot de termes , qui étoit le moins convenable.
{D . J.)
HERMÉTIQUE, (P h il o s o p h ie ) c’eft le nom
le plus honorable de l’Alchimie, ou de l’art de tranf-
muer les métaux ignobles en métaux parfaits, par
le moyen du magifter, du grand élixir, de la divine
pierre, de la pierre philofophale, &c, Voye? Pierre
• ph il o so ph a l e .
Tome VIII*
C ’eft proprement la fcience, le fyftème de principes
& d’expériences, la théorie de l’art, le dogme
que les alchimiftes les plus modeftes ont défigné par
le nom de pkilofophie hermétique. Ils ont bien voulu
qu’on les diftinguât par ce titre fpécial, des philofophes
vulgaires ; c’eft-à-dire des plus profonds méta-
phyficiens , des plus fublimes phyficiens , des Def-
cartes, des Newton, des Leibnitz. Car les vrais alchimiftes
, les initiés, les adeptes prétendent à la
poffeffion exclufive de la qualité de philofophes ; ils
font les philofophes par excellence, les feuls fages.
Ils ont emprunté , par un travers fanatique & extravagant
, le ton & les expreflions mêmes que l ’éloquence
chrétienne emploie à établir la prééminence
des vérités révélées fur la Philofophie du fie-
cle. Ils apprécient avec un mépris froid & fenten-
tieux, les fciences humaines , vulgaires, communes.
Ils traitent la leur de furnaturelle , de divinement
infpirée, d’accordée par une grâcefupérieure,
&c. Ils fe font fait un jargon myftique , une maniéré
enthoufiaftique, fur laquelle ils ne fondent pas moins
la fuperiorite de leur art que fur fon précieux objet.
Cette fcience eft dépofée dans cinq ou fix .mille
traités, dont Borel & l’abbé Lenglet Dufrenoy ont
dreffé la lifte ; lifte qui s’eft groflîe depuis que ces
auteurs l’ont rédigée, & que quelques nouveaux ouvrages
augmentent de tems-en-tems.
Nous traiterons à l’article pierre philofophale de la
pratique de l’Alchimie , de l’exécution de la grande
merveille que la fcience promet, du grand oe uvre :
& nous n’aurons prefque dans cet article qu’à difeu-
ter la realite de fes promeffes , l’exiftence de l’art ;
nous nous occuperons dans celui-ci de fes préceptes
écrits , tranfmis , raifonnés ; en un mot de la doc-,
trine des livres.
Les lefteurs les plus inftruits, les Alchimiftes, les
auteurs d’Alchimie eux-mêmes, les Philofophes hermétiques
conviennent que les livres de leurs prédé-
ceffeurs, auflï-bien que les leurs propres, font très-
obfcurs. II eft évident que les plus habiles d’entre les
Chimiftes qui ont admis la réalité de la tranfmuta-
tion métallique , n’ont pas entendu les livres d’Al-
chinue , n en ont r ien, abfolument rien entendu.
Becher qui a fait des traités fort longs, fort raifon-
nf s ? *°rt d°&es Pour démontrer la poflibilité de la
génération ôc de la tranfmutation des métaux, fça-
yoïrj^s trois fupplémens de fa phyfique foûterraine,
proiff’e mon affertion d’une maniéré bien évidente,
ïbit par les fens forcés qu’il donne à la plûpart des
paffages qu’il cite , foit par le peu de fruits qu’il a
tirés de fon.immenfe érudition. En effet Becher, le
plus grand des Chimiftes , après avoir tiré de tous
les philofophes hermétiques les plus célébrés , des autorités
pour étayer fa doétrine de tranfmutation ,
qu’il confidere fous un ch#ngement particulier qu’il
appelle mercurificationQVoj^M ercurification),
n’eft parvenu par toute cette étude, qu’à deux découvertes
de peu d’importance, fi même ces découvertes
n’ont devancé la théorie. La première eft
l’extraôion & la réduftion du fer caché danslaglaife
commune , opérations très-vulgaires qui lui ont im-
pofé pour une vraie génération. La fécondé eft fa
mine de fable perpétuelle, dont l’exploitation avec
profit n’eft pas démontrée, & qui, fi ce profit étoit
rée l, pourroit la faire compter tout au plus parmi
ces améliorations ou ces augmentations qui font
dûes aux procédés que les gens de l’art appellent des
particuliers , c’eft-à-dire des moyens d’obtenir des
métaux parfaits par des changemens partiaux ; opérations
bien différentes de la tranfmutation générale
proprement dite, ou du grand oeuvre, qui doit
changer fon fujet entièrement, abfolument, radicalement.
Voyei Pa r t ic u l ie r & Pie r r e p h il o s o ph
a l e.
y