à d’autres qu’ à eux, mais feulement filésra'ifons qui
l ’avoient porté à faire une djfpofition auffi contraire
aux fentimens naturels, étaient fuffifantes. Que s ü
»aroiffoit qu’il y eût été uniquement pouffe par quelque
furprife,quelque artifice, quelque fraude, ou
qu’il eût agi par pure feifarrerie, la fucceflipa-éKut
adjugée d’autorité publique à ceux qui auroient he-
rité par le teftament même, file défunt 1 eut fait fans
paffion , fans prévention , & fans un travers d’efpnt
extraordinaire ; cependant, pour adoucir en quelque
chofc ce que la plainte d'inofjiciojite renfermoit d injurieux
à la mémoire du teftateur , les enfans desh&>
rités prenoient la tournure de foutenir que leur pere
n’avoit pas eu l’ufage libre de fon bon fens, lorfqu d
avoit tefté ; mais au fond cette tournure n’étoit
•qu’un jeu d’efprit, & la décifion des juges reftoit
comme parmi nous toujours arbitraire, ce qui eft un
grand défaut dans la jurifprudence. Foye{ ici Mor-
nacius, adleg. I l & I F . ff. deinoffic. tcfiam. Grotius,
dans fes fparfionesfiorum fur ces lois:; M. Noodt, fur
digeft. lib. F. tit. ij. de inojfic. tcfiam. Domat. Lois ci-
viles, part. IL Liv. I I I . tit. ij. les obfervations de M,
de Bynkçrthoek , Lib. I I . cap. xij. Puffendorf.
( D. J. ) I I
IN O N D A T I O N , f . f .(P h y f.) débordement
d’eaux qui fortent de leur lit.
» Prefque tous les pays arrofés par de grands
>* fleuves, dit M. de BufFon dans le premier volume
m de fon hifioire naturelle, font fujets à des inonda-
» tions périodiques fur tous les pays bas & voifins de
» leur embouchure ; & les fleuves qui tirent leurs
» fources de fort loin, font ceux qui débordent le
» plus régulièrement. Tout le monde a entendu par-
» 1er des inondations du Nil ; il conferve dans un
» grand efpace, & fort loin dans la mer, la douceur
» & la blancheur de fes eaux. Strabon & les autres
» anciens auteurs ont écrit qu’il avoit fept eiubou-
» çhures ; mais aujourd’hui il n’en refte que deux qui
» foient navigables ; il y a un troifieme canal qui def-
» çend à Alexandrie, pour remplir les citernes , &
» un quatrième canal qui eft encore plus petit ; com-
» me on a négligé depuis fort long-tems de nettoyer.
>> les canaux, ils fe font comblés : les anciens em-
» ployoient à ce travail un grand nombre d’ouvriers
» & de foldats, & tou s les ans, après l'inondation,
» l’on enlevoit le; limon & le fable qui étoientdans
>> les canaux ; çe fleuve en charrie une très-grande
» quantité. Tout le plat pays de l’Egypte eftinondé
» parle N il; mais ce débordemement eft bien moins
» confidérable aujourd’hui qu’il ne l’étoit autrefois
» ( v°yel Fleuve); car Hérodote nous dit que le Nil
» étoit cent jours à croître, & autant à décroître ; fi
» le fait eft v ra i, on ne peut guère en attribuer la
„ caufe qu’à l’élévation du terrein que le limon des
» eaux a hauffé peu-à-peu , & à la diminution de la
m hauteur des montagnes de l’intérieur de l’Afrique
» dont il tire fa fource : il eftaffez naturel d’imaginer
» que ces montagnes ont diminué , parce que les
»_ pluies abondantes qui tombent dans ces climats
» pendant la moitié de l’année, entraînent les fables
» & les terres du deffus des montagnes dans les val-
*> Ions, d’oh les torrens les charient dans le canal du
>> N il, qui en emporte une bonne partie en Egypte,
» oîi il les dépofe dans fes débordemens.
» Le Nil n’eft pas le fqul fleuve dont les inonda-
y tions foient périodiques & annuelles ; on a appel- p lé la rivieré de Pégu le N il indien, parce que fes
» débordemens fe font tous les ans régulièrement ;
» il inonde ce pays à plps de trente lieues de fes
» bords , il laiffe comme le Nil un limon qui fer^
» tilife fi fort la terre, que les pâturages y devien-
» nent excellens pour le bétail, & que le riz y vient
» en fi grande abondance , qu’on en charge tous les
ans un grand nombre 4ê vaiffe.a.ux, fans que le pays
» en manque. Quelques autres fleuves débordent
» auffi tous les ans (voyeç Fleuve ) ; mais tpus les
y autres fleuves n’ont pas des débordemens périodi-
» ques, & quand il arrive des inondations, c’eft un
» effet de plufieurs caufes qui fe combinent pour
» fournir une plus grande quantité d’eau qu’à l’ordi-
» naire , & pour retarder en même tems la vîteffe
» du fleuve ». V oyez les articles Fleuve & D e b o r d
em e n t . „
INOPINÉ, adj. ( Gram. ) qui vient fans être attendu.
Un accident inopiné ; un bonheur inopiné ;
ainfi il fe prend en bonne & en mauvaife part.
INOSARCION, ( Hifi. nat. ) nom donné à une
efpece d’émeraude par les anciens naturaliftes. On
dit que cette pierre n’étoit pas d’une.couleur nette
& pure comme celle des belles émeraùdçs ; mais elle
avoit des veines qui faifoient que la lumière y étoit
réfléchie, de maniéré qu’on y voyoit des couleurs
changeantes comme celles de la queue du paon, &
de la gorge des pigeons. Supplem. de Chambers.
INOUÏ, adj. ( Gram. ) dont on a pas encore entendu
parler. On dit le cas eft inoui ; l’aétion eft
inouie ; il eft inoui qu’on ait puni deux fois pour la
même faute. Il fe prend encore dans un autre fens *
comme dans ces vers :
Cerbtre en efi ému \fes oreilles avides
Savourent des accens aux enfers inouïs ;
E t fur le front des Eumenides
Les ferpens en font réjouis.
IN OV LAD ISLOW , Inniuladiflovia, ( Géog. )
ville de Pologne, capitale de la Cu javie , avec un
fort & un château oii réfide l’évêque de Gnefne ;
elle eft fituée fur le bord méridional de la Viftule, à
3 z lieues N. O. de Warfowie , 1 5 N. O. de Lern-
bourg. Long. y j. 15. lat. 5z. 38.. (D . / . )
ƒ N P A C E , ( Hifi. eccléfiafiiq. ) eft un mot latin
qui fe dit chez les moines, d’une prifon oîi l’on enferme
ceux qui ont commis quelque grande faute.
On faifoit autrefois plufieurs cérémonies pour
mettre un religieux in pace ; mais elles ne font plus
d’ufage aujourd’hui. Pr is o n .
On dit auffi de ceux qu’on a mis dans une prifon
perpétuelle, qu’on les a mis in pace.
On dit auffi quelquefois requiefeat in pace, qui font
des mots latins dont l’Eglife fe fert dans les prières
qu’elle fait à D ieu , pour que les âmes des fideles défunts
repofent en paix.
On met auffi ces mots au bas des épitaphes, à la
place de ceux dont fe fervoient les anciens Romains,
S. T . T . L. ç’eft-à-dire, fit tibi terra levis, que la
terre vous foit legere ; ou fit humus cineri non onero-
fa tuo. Voyez Diction, de Trévoux. 1N-PROMPTU, ( Littérat. ) eft un terme latin
fort ufité en françois & en anglois, pour lignifier un
ouvrage fait fans préparation & fur le champ , par la
force & la vivacité de l’efprit.
Plufieurs perfonnes font paffer pour des in-promp-
tus des pièces qu’ils ont faites à loifir & de fang
froid.
INQUANT, f. m .(J u r if) ancien rerme de pratique
, qui eft encore ufité dans quelques provinces,
pour exprimer lçs enchères. Ce terme vient du latin
in quantum que l’on difoit pour demander à combien
la chofe étoit. portée. Les enchères fe faifoient anciennement
par demandes & par réponfes. L’officier
qui faifoit l’adjudication, demandoit à ceux qui fe
préfentoient pour enchérir in quantum rem diceb.ant^
& l’enchérifleur répondoit une fomme. Voye^ EN-,
CHERE. ( 4 ^
IN QU ART, f. m.(Docimaf.) c’eft le départ par
la voie humide , oii l ’or eft à la quantité de 1 argent,
comme un eftà troisl Vpiciles conditions .requife*
pour que çettç opération réuffife bien. On fait que,
Peau-forte agit bien fur l’argent, quand il eft en la
quantité relative dont nous venons de parler, & elle
agit d’autant mieux qu’il y a plus d’argent ; mais fi
l’or n’y eft pas pour moins d’un tiers j l’eau-fortè n’agit
pas ; il faut ajouter de l’argent, mais il ne faut
pas y en mettre plus qu’il ne convient ; car alors il
s’en détache des pailletés d’o r , ce qu’on n’a point à
craindre avec les proportions Tequifes, .à moins que
la diffolution ne fe faffe trop rapidement ; car l’or
doit refter dans fon entier. Voye^C o rnet, D é pa r t ,
R ouleau & Gren ailler.
IN -QU ARTO , f'm . ( Imprimerie. ) une des formes
qu’on donne aux livres ; elle dépend de la maniéré
dont la feuille a été imprimée. U in-quarto porte
huit pages par feuille. ■ ''
INQUIET , ( Maréchal. ) un cheval inquiet eft la
même chofe qu’un cheVa‘1 qui a de l’ardeun Voye^
A rdeur.
INQUIÉTATION j ( Jurifprud.j eft un ancien
terme de pratique , qui lim ite trouble , interruption.
Il fe trouve dans quelques coutumes, notamment
dans les articles 113 , /14 & 11S.de la coutume de
Paris. V oy t{ I n t e r r u p t i o n , T r o u b l e .
( y>I
NQUIÉTUDE , f. f. ( Gramm. & Morale. ) c’eft
u rie agitation de l’ame qui a plufieurs caufes ; Y inquiétude
, quand elle eft devenue habituelle , fe trouve
ordinairement dans les hommes, dont les devoirs ,
l’état, la fortune contrarient l’inftinct, les goûts ,
les talens. Ils fentent fréquemment le befoinde faire
autre chofe que ce qu’ils font. Dans l ’amour, dans
l’ambition, dans l’amitié , Yinquiétude eft prefque
toujours l’effet du mécontentement de foi-même , du
doute de foi-même, & du prix extrême qu’on attache
à lapoffeffion de fa maîtreffe, d’une place, de fon
ami. Il y a un autre genre d'inquiétude , qui n’eft
qu’un effet de l’ennui, du befoin, des paffions , du
dégoût. Il y a l'inquiétude des remords^ Foye^ R em
o rd s .
In q u ié tu d e , ( Med. Pathologie. )fymptôme de
maladie défigné plus communément dans le langage
ordinaire par les noms $ anxiété , d'angoifie, de ja c tation
, &C. Fbyei ANG O ISSE & JA C T A T IO N .
IN Q U I S I T EU R , f. m. ( Hifi. eccléfiafiique. )
officier du tribunal de l’inquifition. Voye^ In quis
it io n & OEFICE , Congrégation du S.
Il y a des inquifiteurs généraux & des inquifiteurs
particuliers. Saint Dominique fut le premier inqui-
Jiteur général, commis par Innocent III. & par Honoré
III. contre les hérétiques Albigeois. De-là vient
que les généraux de cet ordre ont été long-tems
comme inquifiteurs nés dans la chrétienté. Le pape
même qui les nomme a&uellement, laiffe toujours
fubfifter à Rome la congrégation du faint-office dans
le couvent de la Minerve des dominicains ; & ces
moines font encore inquifiteurs dans 3 z tribunaux
de l’Italie, fans compter ceux de l’Efpagne & du
Portugal.
Les inquifiteurs généraux de la ville de Rome en
particulier, font les cardinaux membres de la congrégation
du faint-office. Ils prennent le titre d’i/z-
quifiteurs généraux dans toute la chrétienté ; mais
heureufement ils n’ont point de jurifdi&ion en
France, dont le royaume fait partie de la chrétienté.
Le grand inqufiteur d’Efpagne eft nommé par le
roi d’Efpagne, & après avoir été confirmé par le
Pape il juge en dernier reffort & fans appel à Rome.
Le droit de confirmation fuffit à Sa Sainteté pour
prouver que Yinquifition releve d’elle immédiatement.
Je finis par une requête inutile , c’eft de prier
MM. les inquifiteurs d’Efpagne & de Portugal, de
youloir bien lire les très-humbles remontrances qui
-Ieilï font àdreffees dans l’efprit des loix. liv. X X V .
chap. xiij. ( D . J. )
In q u isit eu r d ’é t a t , fub. maf. ( Hifi. mod. de
Fenife. ) membre du tribunal qu’on appelle le tribunal
des inquifiteurs d'état le plus révoltant & le
plus formidable qu’on ait jamais établi dans aucune
république. Il eft feulement compofé de trois membres
, qui font deux fénateûrs du confeil des dix, &
d un des confeillers du dôge. Ces trois hommes
exercent leur pouvoir abfolu fur la vie de tous les
-fujets de l’état, & même fur celle des nobles, après
avoir oui leur juftification, fans être tenus de rendre
compte à perfonne de leur conduite, ni d’en
communiquer avec aucun confeil, s’ils fe trouvent
tous trois de même avis.
Les deux feuls avocadors ou procureurs généraux
ont droit de fufpendre pendant trois jours les juge-
mens de ce tribunal, lorfqu’il ne s’agit pas d’un
crime que le tribunal réputé pofitif.
Ses executions font très-fecretes ; & quelquefois
fur la fimple confrontation de deux témoins ou d’ef-
piOns^ dont la ville eft remplie, ils envoyent noyer
un miférable pour quelques propos qui lui auront
échappé contre le gouvernement. Venife fe fert de
ce terrible moyen pour maintenir fon ariftocratie.
Cette magiftrature eft permanente, parce que les
deffeins ambitieux peuvent être commencés, fuivîs,
fufpendus, repris ; elle eft cachée, parce que les crimes
qu’elle eft cenfée punir , fe forment dans le
fecret. Elle a une inquifition générale, parce qu’elle
doit connoître de tout. C ’eft ainfi que la tyrannie
s’exerce fous le prétexte d’empêcher l’état de perdre
fa liberté ; mais elle eft anéantie cette liberté par
tout pays oîi trois hommes peuvent faire périr dans
le fifence à leur volonté , les citoyens qui leur dé-,
plaifent. ( D . J . )
INQUISITION , f. f. ( Hifi. eccléfiafi. ) jurifdic-
tion eccléfiaftique érigée par le fiege de Rome en
Italie, en Efpagne, en Portugal, aux Indes même,
pour extirper les Juifs, les Maures, les infidèles, &
les hérétiques.
Cette jurifdiftion après avoir pris naiffance vers
l’an 1 zo o , fut adoptée par le comte de Touloufe
en 1ZZ9 , & confiée aux dominicains par le pape
Grégoire IX. en IZ33. Innocent IV. étendit fon
empire en i z ^i dans toute l’Italie, excepté à Naples.
L’Efpagne s’y vit entièrement fôumife en
1448, fous le régné de Ferdinand & d’Ifabelle. Le
Portugal l’adopta fous Jean III. l’an 1557, conformément
au modèle reçu par lesEIpagnols. Douze ans
auparavant, en 1545, Paul III. avoit formé la congrégation
de ce tribunal fous le nom du faint-office ;
& Sixte V. confirma cette congrégation en 1588.
Ainfi Yinquifition relevant toujours immédiatement
de la cour de Rome , fut plantée malgré plufieurs
contradictions dans un grand nombre d’états de la
chrétienté.
Parcourons tous ces faits avec M. de Voltaire, &
dans un plus grand détail, mais qui certainement
n’ennuyera perfonne. Le tableau qu’il en a tracé eft
de main de maître ; on ne fauroit trop en multiplier
les copies.
Ce fut dans les guerres contre les Albigeois, que
vers l’an izoo le pape Innocent III. érigea, ce terrible
tribunal qui juge les penfées des hommes ; &
fans aucune confidération pour les évêques, arbitres
naturels dans les procès de doctrine, la cour de
Rome en commit la. décifion à des dominicains &
à des cordeliers.
Ces premiers inquifiteurs avoient le droit de
citer tout hérétique, de l’excommunier, d’accorder
des indulgences à tout prince qui extermineroit les
condamnés, de réconcilier à l ’Eglife, de taxer les