C ’eft fe méprendre pareillement, HSgU B .
hypolUgz dans Horace, quand | dit : n B B S :
ut n ductnùaJ'omnos am u faut, traxirirn E il eft RKH '
de voir que le poète compare l’état aéhiel voit il fe
trouve avec celui d’un homme qui a bu une coupe
empoisonnée, un breuvage qui caille un lommeil
éternel & Semblable au Sommeil de ceux qui pallent
le fleuve Léthé. On peut encore expliquer ce paila-
ge plus simplement, en prenant le mot Lethzus dans
le Sens même de Son étymologie a«'?» , oblivio»; de-là
la déSignation latine du prétendu fleuve d enrer dont
on SaiSoit boire à tous ceux qui mouroient ,fiumen
obüvionis ; & par extenfion Jomnus Uthoeus , jomnus
omnium rerumobliviontmpariens, un Sommeil qui cau-
fe un oubli général. Au Surplus, c’eft le iensqui convient
le mieux à la penSée d’Horace, puifqu il prétend
s’exeufer de n’avoir pas fini certains vers qu il
avoit promis à Mécène, par l’oubli umveriel ou le
jette Ion amour pour Phryné. : - _
liant obfcuri Joldfub nocteperumbram. Ce vers de
Virgile eft auffi Sans hypallage. Ibant obfcuri , c’eft-
à-dire Jans pouvoir être vûs', cachés, inconnus : Cicéron
a pris dans le même Sens à-peu-près le mot obf
curus, lorsqu’il a dit ( Offic. I I . ) : Qui magnaJibipro-
ponunt, obfcuris orti majoribus, des ancêtres inconnus
: dans cet autre vers de Virgile (Æn. IX. 244.) ,
Vidimus obfcuris primant fub vallibus urbem, le mot
obfcuris ell l’équivalent d'abjeonditis ou àt lattntibus,
Selon la remarque de Nonius Marcellus, ( cap. IV.
de varia fignif. ferm. Litt. O ) : & nous-mêmes nous
diSons en Srançois une famille obfcure pour inconnue.
Solâfub nocte , pendant la nuit feule, c’eft-à-dire, qui
Semble anéantir tous les objets, & qui porte chacun
à Se croire Seul ; c’eft une métonymie de l’effet pour
la cauSe,Semblable à celle d’Horace (1. Od. IV. 13.)
' pallidamors , à celle de PerSe ( P roi. ) pallidam Py-
renen, &ç. _ _ r
Avec de l’attention Sur le vrai Sens des mots, Sur
le véritable tour de la eonftruftion analytique, Sc
Sur l’ufage légitime des figures, i’hypallage va donc
difparoître des livres des anciens , ou s’y cantonner
dans un très-petit nombre de paffages, où il Sera
peut-être difficile de ne pas l’avouer. Alors même
il faut voir s’il n’y a pas un jufte fondement d’y Soupçonner
quelque faute de copifte , & la corriger hardiment
plutôt que de laiffer fubfifter une expreflion
totalement contraire aux loix immuables du langage.
Mais fi enfin l’on eft forcé de reconnoître dans quelques
phrafes l’exiftence de Y hypallage , il faut la
prendre pour ce qu’elle eft, & ayouer que l’auteur
s’eft mal expliqué.]
« Les anciens étoient hommes, & par confequent
»Sujets à faire des fautes comme nous. Il y a de la
»petiteffe & une forte de fanatifme à recourir aux
» figures , pour exeufer des expreffions qu’ils con-
» damneroient eux-mêmes, & que leurs contempor
a in s ont Souvent condamnées. Vhypallage ne
» [doit] pas prêter Son nom aux contre-fens & aux
» équivoques ; autrement tout feroit confondu, &
»> cette [prétendue] figure deviendroit un azile pour
» l ’erreur & pour l'obl'curite ». ( B. E. R.M .)
HYPAN1S , (Géog. anc. ) grand fleuve de la Scy-
thie en Europe ; Hérodotemême le comptoit autrefois
pour le troifieme en ordre après le Danube ; fon
nom moderne eft le Boc. (D . J .) I
HYPAPANT, ou HYPANT, f. f. (.Uyth.) eft le
nom que les Grecs donnent à la fête de la purification
de la Vierge, ou présentation de l’enfant-Jefus
dans le temple. Voyei P u r if ic a t io n . Ces deux
mots font grecs, mum & 1ma.-7ra.yTn, & veulent dire
rencontre humble, étant compofés de ujo , qui lignifie
fous , dejfous, &C avletu ou etoravleta , je rencontre, de
aJ\i | contrit. Ces dénominations font prifes de la rencontre
du vieillard Simeon ôc d’Anne.la prophéteffe
dans le temple, dans le tems qu’on y porta le fan-
veur. Dict. de Trcv.
HY PATE, f. f. (.Mu/%.) le nom <IU on «onnoit
dans l’ancienne mufique au tétracorde le plus bas ,
& à la plus baffe corde de chacun des deux plus bas
tétracordes. .
On appelloit donc tétracorde des hypates, ou te-
tracorde hypaton, TtTpanopS'oç ùtsatm celui qui etoit
immédiatement au-deffus de la proflambanomene
ou de la plus baffe corde du’niode, & la première
corde de ce même tétracorde s’appelloit hypate-hypu-
ton, c’eft-à-dire, la plus baffe du tétracorde des plus
baffes. Le tétracorde fuivant s’appelloit tétracorde
mefon ou des moyennes, & la première corde de ce
tétracorde s’appelloit hypate-mefon, c’eft-à-dire, la
plus baffe des moyennes. Voye£ T é t r a c o r d e ,
Sy s t è m e , & c. .
Nicomaque le Gérafenien prétend que ce motd hy-
pâte, qui fignifiofuprime, a ete donne a la plus baffe
des cordes qui forment le diapalon, par allufion au
mouvement dé Saturne qui eft de toutes les planètes
la plus éloignée de nous.
HYPATOIDES , en Mufique, fons bas. Voye^
LE PSIS. >; ' s i :
HYPECOON, f. m. (Hijl.nat. Bot.) genre de plante
à fleur en croix composée de quatre petales-decoupes,
pour l’ordinaire, en trois parties ; il f ort du calice un
piftil qui devient dans la fuite un fruit, ou une filique
plate & compofée,.de plufieurs noeuds joints les uns
avec les autres ; elle renferme des Semences faites le
plus fouvent en forme de rein, & renfermées chacune
dans un des noeuds de la Sllique. Tournefort, lnft%
reiherb. Voyei P L A N T E , ( I )
HYPÉE, ( Géog. anc. ) Hypoea, ifle de la mer de
Marfeille ; c’eft celle des trois Stoechades prétendues
, qui eft la plus proche de cette ville. Les Stoechades
font Pommegue, Ratenneau & Chateau d’If.
1 Cette derniere eft XHypaa des anciens ; elle n a con-
fervé que la première fyllabe de fon nom, en changeant
le P en F , changement commun dans notre
langue , qui a fa t de cap u t, chef, de colpus, golfe ,
&c° Foyei I f Pifle d\ (D . J .)
HYPERBATE, f. m^QGramm. ) ce mot eft grec;
CmpfaroV dérivé d’vTrtp^iniv, tranjgredi : R.R. wnp,
trans, I I M J M Quintilien a donc eu railon de
traduire ce mot dans fa langue par verbi tranfgrejjw:
& ce que l’on nomme hyperbate confifte en effet dans
le déplacement des mots qui compofent un dit cours %
dans le tranfport dé ces mots du lieu ou ils devraient
être, en un autre li'éu.
« La quatrième forte de figure [de conftruaion]
» c ’e ftl’ kyptrbuù, dit M. du Mar&iS , c’eft-à-dire ,
,, c oufu f io n, mélange de mots : c’ettlorfque l’on s’e-
» carte de l’ordrë fuic’effif de la conftrüftion fimple
» [ou analytique ] : Saxo,votant ttd li, Wjmm, î “ *
„ i n B l, B B | — 8 HIHÜ » hall votant aras ( ilia ) Saxa qutt ( font ) m fluHibus
» mciiis. Cette figure étoit, polir ainfi dire , naturelie
au latin ; comme il n’y avoit que les termmat-
» fons des mots, qui, dans l’ufage ordinaire , fuffent
», les lignes des relations que les mots avaient entre
», eux , les Latins n’avoient égard qu à ces terminat-
,, fons , & ils plaçoient Jes mots félon qu ils étoient
»„préfentés à l’imagination, ou félon que cet arran-
„ eementleurparoiffoitproduire unecadence&une
*, harmonie pte,agréable ,,. C o.nsthuc-
T*La MithoAc latint deP.R. parle de Ykyptrbaudans
le mêmefens. « C ’eft, dit-elle,{desfigurts dt conf-
» truclion, ch. vj. ) le mélange & la confufion quiie
» trouve dans l’ordre des mots qui devroit être com-
» mun à toutes les langues , félon l’idée naturelle
» que nous avons de la conftrüftion. Mais les Ro-
1 » mains
» niaihs ont tellement affe£ié le difcoürs figuré, qu’ils
» ne parlentprefquejamais autrement».
C ’eft encore le même langage chez l’auteur du
Manuel.des Grammairiens. « Vhyperbate fe fait, dit-:
» i l , lorfque l’ordre naturel n’eft pas gardé dans l’ar-
» rangement des mots : ce qui eft fi ordinaire aux
» Latins, qu’ils ne parlent prefque jamais autrement;
>> comme Catonis conflantiam adrnirati funt omnes.
h Voilà une hyperbate ; parce que l’ordre naturel de-
» manderôit qu’on dît, omnes funt admiràti confiant
» liant Catonis. Cela eft fi ordinaire, qu’il ne pafie
>> pas pour figuré, mais pour une propriété de la
» langue latine. Mais il y a plufieurs efpeces d’Ay-
» perbate qui font de véritables figures de Grammai-
» re ». Part. I. chap. xiv< n. 8.
Tous ces auteurs confondênt deux chofes que j’ai
lieu de croire très:différentes & très-diftinftes l’une
de l’autre, Yinverjlon & Y hyperbate. Voyeç Invers
io n .
Il y a en effet, dans l’une comme dans Pautre, un
véritable, renverfement d’ordre ; & à partir de ce
point de vue général, on a pu aifément s?y méprendre
: mais il falloit prendre garde files deux cas
a voient rapportau même ordre, ou s’ils préfentoient
la même efpece de renverfement. Qiiiritilien ( InJL
Lib. VIII. Cap. vj. de tropis9 ) nous fournit un motif
légitime d’en douter : il cite , comme un exemple
d’'hyperbate > cette phrafe de Cicéron (pro Cluent. n,
j . ) Animadverti, judices , omnem accufatoris or ado-
nern in duas divifam effe partes ; & il indique auffi-
tôt le tour qui auroit été fans figure & conforme à
l ’ordre requis ; nam in duas partes divifam effe rectum
erat 9fed durum & incomptum.
Perfonne apparemment ne difputera à Quintilien
d’avoir été plus à portée qu’aucun des modernes
, de diftinguer les locutions figurées d’avec
les fimples dans fa langue naturelle ; & quand le
jugement qu’il en porte, n’auroit eu pour fonde*
ment que le fentiment exquis que donne l’habi»
tude à un efprit éclairé & jufte, fan$ aucune ré*-
flexion immédiate fur la nature même de la figure,
fon autorité feroit ici une raifôn, & peut-être la
meilleure efpece de raifon fur l’ufage d’une langue
, que nous ne devons plus connoître que par
le témoignage de ceux qui la parloient. O r , le
tour que Quintilien appelle ici rectum , par oppo*
lîtion à celui qu’il avoit nommé auparavant 'wrtp-
Garey, eft encore un renverfement de l’ordre naturel
ou analytique; en.un mot, il y a encore in-
verfion dans in duas partes divifam effe, & le rhéteur
romain nous affure qu’il n’y a plus d'hyperbate. C ’eft
donc une néceflité de conclure, que l’inverfion eft
le renverfement d’un autre ordre, ou un autre
renverfement d’un certain ordre , & Y hyperbate ,
le renverfement du même ordre. L ’auteur du Manuel
des grammairiens n’étoit pas éloigné de cette ,
conclufion, puifqu’il trouvoit des hyperbates qui ne,
paffent pas p,our figures, & d’autres, dit-il, quifont
de véritables figures de Grammaire.
Il s’agit donc de déterminer ici la vraie nature
de Y hyperbate, & d’affigner les eara&eres qui le
différencient de l’inverfion ; & pour y parvenir, je
crois qu’il n’y a pas de moyen plus affuré que de
parcourir les différentes efpeces d’hyperbate, qui font
reconnues pour de véritables figures de Grammaire.
i° . La première efpece eft appellée anafirophe,
c ’eft-à-dire proprement inverfion, du grec WaçOpotp» ;
racine 'ma., in & çûpoipn, verfio. Mais l’inverfion dont
U s’agit ici n’eft point celle de toute la phrafe, elle
ne regarde que l’ordre naturel qui doit ..être .entre
deux mots corrélatifs, comme entre une prépofition
& fon complément, entre un adverbe comparatif
& la conjon&ion fubféquente : ce font les feuls cas ,
indiqués par les exemples .que les Grammairiens ont
Tome VIII%
ëoiituihe de dôilner de i’aliâftrophé. Ceftë figuré à
donc lieu j lorfque le complément précédé la prépp*
fiition , mecum, tecum , vobifeitni, quôcuni -, au lieu
de ctim te , cum me , cum vobis, cum quo ; maria om-»
ma circurii, au lieu dé èircûhi àmnià mafia ; Ttalianl
contra , pour contra Italiam quâ de re, pour de quâ
re : c’eft la même chofe lorfque la conjonélion comparative
précédé l’adverbe, comme quand Proper-
çe a^dit, Quantpriùsabjundosfedula lavit equos.
L anaftróphe eft donc une véritable inverfion ;
mais qui avoit droit en latin d’être réputée figure ,
parce qu elle étoit contraire à l’ufage commun de
cette langue, où l’on avoit coutume de mettre la
prépofition avant fon complément, conformément
à ce qui eft indiqué par le nom même de cette partie
d’oraifon.
Ainfi la différence dé l’inverfion & de l’anaftrophé
eft, en ce que l’inverfion eft un renverfement de
l’ordre naturel ou analytique j autorifè par l’ufa^e
commun de la langue latine, & que l’anaftropheeft
un renverfement du même ordre, contraire à I’u-
fage commun & autorifè feulement dans certains
cas particuliers.
2 . La fécondé efpece d'hyperbate eft nommée tmc*
fis ow tmefe, du greCTyu»«ç, fectio, coupure. Cette
figure a lieu, lorfque par une licence que l’ufage approuve
dans quelques occafions, l’on coupe eti
deux parties un mot compofé de deux racines élé*
i n o ta ir e s , reunies par l’ufage commun, comme fa ns
mihifecit, pour mihi fatisfecit ; reique publiez eu*
ram depofuit, pour & reipublica curam depofuit ; ftp-
lem fubjecla trioni ( Géorg. iij. 3 8t ) au lieu de fub*
jecia feptem trioni. On trouve affez d’exemples de la
tmèle dans Horace, & dans les meilleurs écrivains
du bon. fiecle.
Les droits de l’inverfiéh n’alloient pas jufqu’à
autorifér cetté inferrion d’iiri mot entre les racines
élémentaires d un mot compofé. Ce n’eft pas même
ici proprement un renverfeifientd’ôrdre; & fi c ’eff
en cela qiie doit eonfiftér la nature générale de
Y hyperbate ^ lés Grammairiens n’ont pas dû regarder
la tmèfe comme en étant une efpece. La tmefe n’eft
qu’une figure de di&ion, puifqu’elle ne tombe que
lur le matériel d’un mot qui eft coupé en deux / ôc
le nom même de tmèfe ou coupure , avertiffoit affez
qu’il étoit queftion du matériel d’un feul m ot,
pour empêcher qu’on ne rapportât cette figure à la
conftrüftion de la phrafe.
30. La troifieme efpece d'hyperbate prend le nom
de parenthéfe , du mot grec Traptvôtdf j interpofido +
racines *rapd , inter, V , «z, & e is iç , pojîdo, dérivé
de 7/tji/w, pono. Les deux prépofitions-élémentaires
fervent à indiquer avec plus d’énergie la nature
de la chofe nommée. Il y a en effet parenthèfe
lorfqu’un fens complet eft ifolé & inféré dans un
autre dont il interrompt la fuite ; ainfi il y a parenthèfe
dans ce vers de Virgile, Ecl. iy. 23.
Titlre , dtim feded (breris ejl via) , p d f ce càpellas*
Les bons écrivains évitent autant qu’ils peuvent
l’ufage de cette figure, parce qu’elle peut répandre
quelque obfcurité fur le fens qu’elle interrompt ; &
Quintilien n’approuvoit pasl’ufage fréquent que les
Orateurs & les Hiftoriens en faifoientde fon tems
avant lu i, à moins que le fens détaché mis en parenthèfe
ne fut très-court.Edam interjections, quâ &■
Oratores & Hijlorici frequenter utuntur , ut medio fermons
aliqutm inférant Jenfum , impediri folet intellec-
tus , nijiquod interponitur breve ijl. (fiv. V III. cap. ij.)
La quatrième efpece $ hyperbate s’appelle fiynchi-
f e , mot purement grec nyxva-ie > confufion ; nyy.oa 4-
confundo ; racine ffov, cum avec, & kvu fundo,. je
répans. Il y afynchyfe quand les mots d’une phrafe
font mêlés enfemblefans aucun égard, ni à l’ordre
E e e