
HEGETMÀTIA ,{Géogi anc.) ancienne ville de
la grande Germanie, félon Ptolomée : quelle eft cette
ville r nous n’en fçavons rien. Quelques-uns cependant
afsûrent que c’eft Lignitz en Silélie ; mais cette
décifion eft infoûtenable, par les raiions fuivantes.
i° . Les deux pofitions ne s’accordent point ; la lon-
git. d'Hégetmatia, félon Ptolomée, eft 35). 40. //.
latit. 5o. la longit. de Lignitz eft 3 3 . 5o. lat. 5i. 55.
D e plus, du tems de Ptolomée, la grande Germanie
, où la Germanie d’au-delà le Rhin, n’avoit point
de villes: il eft vrai, qu’il fe fert du nom de ville
pour déligner ces habitations, mais en effet ce n’é-
toient qire des bourgades. (D . J.)
• HÉGIRE, f. f. (Chronol.) fameufe époque des
Arabes & des Mufulmans. Le mot hégire, ou plutôt
hégiratan en arabe , veut dire fuite, parce que Mahomet
fut obligé de s’enfuir de Médine, pour éviter
d’être pris par les magiftrats, de cette ville, qui vou-
loient l’arrêter. Prideaûx, dans la v ie qu’il a donnée
de ce célébré fondateur d?une fauffe religion , nous
apprend que l’époque de l'hégire fut établie par
Omar,'troifieme empereur des Sarrafins, & que les
Arabes commencèrent à compter leurs années depuis
le jour de i’évalion de Mahomet de la Mecque ,
qui fut la nuit du 13 au 16 Juillet de l’an de J. C.
622, fous le régné de l ’empereur Héraclius : jufqu’à
l’établiffement de cette époque , ils, ne comptoient
que depuis la derniere guerre confidérable où ils
s’étoient trouvés engagés.
. Pour bien entendre l’époque nommée hégire, & la
chofe le mérite, il faut remarquer i° . que l’année des
nouveaux Arabes ou Mahométans eft purement des
mois lunaires, qui font alternativement de trente &
de vingt-neuf jours civils: de forte que l’année commune
eft de trois cens cinquante-quatre jours : 20.
qu’ils ont une période de trente ans , compofée de
dix-neuf années & d’onze furabondantes, c’eft-à-
dire qui font de trois cents cinquante-cinq jours. Ces
années furabondantes font la 2 , 5 , 7 , 10, 13 , 16,
18 , 2 1 ,2 4 , 26 & 29 ; les autres, fçavoir la; i , 3,
4 , 6 , 8 ,9 , &c. font ordinaires : 30. il faut obfer-
yer que cette année lunaire des Mahométans eft
plus courte d’onze jours que notre année folaire &
grégorienne, qui eft de trois cents foixante-'cinq
jours ; ainfi en trente-deux ans arabes finis, il manque
trente-deux fois onze jours, qui font trois cents
cinquante-deux jours , & par conféquent environ
un an grégorien : donc trente - trois années arabes
font trente-deux années grégoriennes, ou environ ;
& par une méthode qui fuffit pour l’Hiftoire , afin
de défigner à-peu-près les tems , on peut faire une
trente-troifieme année intercalaire , & recommencer
ainfi de trente-trois en trente-trois ans : 40. enfin,
pour éclaircir encore cette matière & éviter les erreurs
, il faut remarquer que la première année de
Yhégire commença, comme je l’ai dit, la nuit du 15
au 16 Juillet 622 de notre ere ; la fécondé au 4 Juillet
623 ; la troifieme au 23 Juin 624; & ainfi en ré-
trogadant d’onze jours, & parcourant tous les mois
de l’année grégorienne.
- On peut réduire en plufieurs maniérés les années
de Y hégire, à l’année julienne ou grégorienne, c’eft-
à-dire trouver à quelle année grégorienne tombe
chaque année de Yhégire.
, Première maniéré. Il faut prendre le nombre donné
d’années de Yhégire, & le réduire en une fomme
de jours, réduire enfuite Ces jours en années grégoriennes
de trois cents foixante-cinq jours ; c’eft-à-
dire voir combien 365 eft dans le nombre de jours
trouvé ; puis du quotient retrancher les intercalations
, je veux dire autant de jours qu’il y a de fois
quatre années, excepté chaque centième, à quoi l’on
n’ajoute rien ; au contraire, à chaque centaine d’années
il faut retrancher vingt-quatre jours. Enfin il
faut ajoùter le nombre d’années grégoriennes trouvé,
à 622, & le produit fera l’année grégorienne, à laquelle
tombe,l’année de Yhégire donnée.
Autre maniéré. Il faut ajoùter le nombre d’années
de Y hégire donné, à 622 ; puis prendre autant
de fois 11 qu’il y a d’unités ou d’années de Y hégire
dans le nombre donné ; c’eft-à-dire multiplier ce
nombre par 11 , ajouter au produit le nombre des
jours intercalaires qu’il y a dû avoir dans le nombre
des années de Yhégire donné, voir combien cette
fomme fait d’années grégoriennes, & les retrancher
de la fomme d’années trouvées d’abord ; le reftant
donnera l’année grégorienne à laquelle tombe l’année
de Yhégire donnée.
Troijieme maniéré. ■ Prenez l’année de Yhégire
donnée, ajoutez y 621, puis retranchez de la fomme
autant de fois 1 que 33 eft compris dans le nombre
de Yhégire donné : la raifon de cette fouftraétion eft
que l’année mahométane ne répond pas exactement
à l’année chrétienne, & que fur trente - trois il s’en
faut une année à-peu-près, c’eft-à-dire que trente-
trois années mahométanes n’en ^font qu’environ
trente-deux des nôtres. De même, pour réduire les
années de J. C . à celles de Yhégire, par la même raifon
, après avoir retranché 621 de l’année de J. C. il
faut ajoùter au reftant autant de fois 3 3 que 3 3 eft
contenu de fois dans ce reftant.
Donnons dès exemples. Vous voulez fçavoir quelle
eft l’année 960 de Yhégire ; ajoutez 621 à 960, vous
aurez 1581. Or 33 eft vingt-neuf fois * plus 3 années
, dans 960 ; négligez les trois années de plus ,
& retranchez 29 de 1581 , il reliera 1552, qui eft
l’année de l’ere chrétienne qui répond à l’année de
Yhégire 960.
Voulez-vous fçavoir quelle année de Yhégire comptent
aujourd’hui les Mufulmans en 1758 ? retranchez
621 de 1758,11 reliera 1137. Or 33 eft 34fois,plus
15 années, dans 1137. Négligez les 15 années, &
ajoûtez feulement 33 à 7 7 , vous aurez 1170 pour
l’année de Yhégire qui répond à notre année préfente
1758,
Mais pour faciliter encore davantage la réduction
des années de Yhégire , à celles de l’ere chrétienne ,
nous allons joindre ici une table méthodique qui
pourra fervir à ce deffein. Il fuffit pour l ’entendre,
de fçavoir qu’après avoir ajoûté 621 à l’année de
Yhégire, il faut fouftraire du produit le nombre qui
eft marqué dans cette table.
33 «. 1 363. . 11 693 ■ • . 21 1023 . • 31
66 . . 2 39.6 ■ . 12 726 . . 22 1056 i .3 2
99 . . 3 429. •13 759* • .23 1089 . •33
132 . . 4 462. • M 7 9 2 .. . 24 1122. • 34
ï 65 •• 5 49 5 * ■ 8 2 5 .. .25 1 15 5 . • 3$
198 6 528. . 16 8 58 .. . 26
231 .y y ; 561 . • M 8 9 1 .. .2 7
264 m a 594- 18 9 2 4 .. .28
297 . . 9 627 . .1 9 957 - • . 29
330. . . 10 660. . 20 9 90 .. . 30
Par exemple, pour réduire l’année 75.7 de l'hégire
à l’année de J. C . il faut premièrement ajoùter 621
ce qui fait 1378 ; puis voir dans la table fi le nombre
de 757 s’y trouve. Comme il ne s’y trouve pas,'
on prend celui qui le précédé, qui eft 726, l’on fouf-,
trait le nombre qui lui répond, fçavoir 22, de 1 378,'
& il vient 13 56, qui eft la véritable année de l’erç
chrétienne.
757 Ç H H H H . '
621 | Ainfi 1 an 757 de Yhégire de Mahomet
7 < . eft l’an 1356 depuis la naiffancede
m % r ) j . c ,
22. /
1356
Cette
Cette fouftrâCtion fe fait parce que les années
des Mahométans n’égalant pas, comme nous l’avons
dit celle des Chrétiens, il faut retrancher 1 an fur
3 3 *2 fur 66 > 3 fur 99, 4 fur 132 , &c.
Mais ceux qui voudront des calculs d’une fçavante
chronologie, faits dans la derniere exactitude » doivent
confulter les tables dreffées par le P. Riccioli,
dans fa chronolog. reform. Voyei auffi, fur la matière
que nous traitons , Scaliger , de emendat. tempor.
Petau, de doctrinâ tempor. cap. I. & lib. VII. cap. xij.
oufon ration, tempor.part. I I . lib. IV. cap. xv. (D . J.')
HEGOW, ( Géog.) petit pays d’Allemagne, fitué
entre le Danube, le Rhin, & le lac de Confiance,
dans la Souabe.
* HÉGUMENES, f. m. {Hifi. eccléf.)archimandrites
, abbés fupérieurs de monafteres chez les
Grecs j ils ont un chef qu’on appelle l’exarque. On
trouve dans le pontifical de Vèglife greque9 la formule
d’inftitution des hègumenes & de l’exarque.
HEIBACH, {Géog.') il y a deux villes de ce nom
en Allemagne, elles font toutes deux en Franconie,
fur les bords du Mayn.
HEIDA, (Géog.) petite ville d’Allemagne dans la
province de Ditmarfen, au duché de Holftein.
HEIDELBERG, {Géog.) ville d’Allemagne , capitale
du Bas-Palatinat, avec une univerfité fondée
au quatorzième fiecle ; on ne fçait ni quand, ni par
qui cette ville a été bâtie : on fçait feulement que
ce n’étoit qu’un bourg en 1225. Le comte palatin
Robert l’aggrandit en 1392. L’éleCteur Robert Maximilien
de Bavière la p r it , & en enleva la riche
bibliothèque qu’il s’avifa de donner au pape. Le
château des électeurs eft auprès de la ville. Les
François la faccagerent en 1688, malgré fa vafte
tonne qui contient deux cents quatre foudres, & toutes
les efpérances qu’on avoit fondées fur fa prof-
périté. Il femble que cette ville ait été bâtie fous
une malheureufe conftellation, car elle fut ruinée
dans un même fiecle pour avoir été fidele à l’empereur
, & pour lui avoir été contraire, toujours à
plaindre de quelque maniéré que fes affaires ayent
tourné.
Heidelberg eft au pied d’une montagne, fur le
Necker, à 5 lieues N. E. deSpire, 7 S. E. de Worms,
6 N. E. de Philisbourg, 16 S. de Francfort, 15 S. E.
de Mayence, 140 N. O. de Vienne. Long. félon Harr
is , 27. 3 G. i5 . lat. 4,9.3 <7.
Je connois trois favans natifs de Heidelberg, dont
les noms font illuftres dans la république des Lettres
, Alting, Béger & Junius.
Alting ( Jacques ) dont vous trouverez l’article
dans Bayle, naquit en 1618, & devint profeffeur en
Théologie à Groningue. Il mourut en 1679. Toutes
fes oeuvres ont été imprimées à Amfterdam en
1687 , en 5 volumes in-fol. On y voit un théologien
plein d’érudition rabbinique, & toujours attaché
dans les commentaires & dans fes fentimens, au
fimple texte de l’Ecriture. II eut un ennemi fort dangereux
& fort injufte dans Samuel Defmarets fon
'collègue.
Béger {Laurent) naquit en 1653. Il étoitfils d’un
tanneur ; mais il devint un des plus favans hommes
du dix-feptieme fiecle dans la connoiffance des médailles
& des antiquités. Ses ouvrages en ce genre,
tous curieux, forment 15 ou 16 volumes, foit infol.
foit in-f*. Le P. Nicéron vous en donnera la
lifte ; le plus confidérable eft fa defeription du cabinet
de î’éleCteur de Brandebourg, intitulée Thef.
teg. eltcl. Brandeburgicus feleclus, Colon. March. 1696.
3 vol. in-fol. Il avoit publié dans fa jeuneffe une
apologie de la polygamie, pouf plaire à l’éleCteur
palatin (Charles-Louis) dont il étoit bibliothécaire.
Junius {François) s’eft fait im nom très-célebre
par fes ouvrages pleins d’érudition. Il paffa fa vie
Tome V III.
en Angleterre, étudiant douze heures par jour, &
demeura pendant trente ans avec le comte d’Aron-
del. Il mourut à Windford, chez Ifaac Voffius fon
neveu, en 1678, à 893ns. Il avoit une telle paffion
pour les objets de fon goût, qu’ayant appris qu’il y
avoit en Frife quelques villages où l’ancienne langue
des Saxons s’étoit confervée, il s’y rendit, & y refta
deux ans. Il travailloit alors à un grand gloffaire
en cinq langues, pour découvrir l’origine des langues
feptentrionales dont il étoit amoureux : cet
ouvrage unique en fon genre , a été finalement publie
à Oxford en 1745 > Par les foins du favant An-*
glois Edouard Lyc. On doit encore à Junius la para-
,phrafe gothique des quatre évangéliftes, corrigée
fur les manuscrits, & enrichie des notes de Thomas
Marshall. Son traité de piclura veterum, n’a pas
befoin de mes éloges ; je dirai feulement que la
bonne édition eft de Roterdam, 1694, in-fol. Il a
légué beaucoup de manuferits à l’univerfité d ’O x -
ford. Grævius n’a point dédaigné d’être fon biographe.
{D . J . )
HEIDENHEIM, {Géog.) ville d’Allemagiie en
Suabe, fur la Brentz, dans le Bruntzthal, avec un
château appartenant à la maifon de "Wirteinberg, à
5 milles d’Ulm, N. E. Long. 3 1.54. lat. $ S .$ j.{D .J .)
HEIDUQUE ou HEIDUC, f. m. ( terme de relation)
, nom d’un fantaffin hongrois. Les Hongrois
appellent leur cavalerie Hujfarts, & leur infanterie
heiduques. Quelques hongrois s’étant attachés à des
feigneurs allemands, & leur habit ayant paru propre
à parer le cortege des grands du pays, la mode
eft venue, fur-tout dans les cours d’Allemagne,
d’avoir quelques heiduques à leur fervice, & marchant
autour d’un caroffe. Ils font vêtus, chauffés ,
6 armés du fabre à la hongroife, avec une forte de
bonnet qui les fait paroître encore plus grands qu’ils
ne font, & une mouftache pour relever leur mine
guérriere.
Quelques foldats hongrois, dans les malheurs de
leur patrie, étant devenus ce que nous appelions
parti-bleu dans nos troupes, fe font rendus redoutables
aux voyageurs en Turquie ; Ricaut les appelle
heidouts, & M. Dupuy a cru que ç’étoit un nom particulier
de fameux voleurs dans la Hongrie & dans
les pays d’alentour; mais keiduque, htiduc, heidout,
n’eft qu’un même nom diverfement écrit, & qui
change de lignification félon les occafions où l’on
s’en fert. Un heiduque dans une armée d’hongrois ,
eft un fantaffin ; dans l’équipage & à la fuite d’un
feigneur, c’eft un domeftique & une efpecede va-
let-de-pied. Dans les bois, c ’eft un voleur de grand
chemin, qui détrouffe les paffans. {D . J .)
HEILA. Voy. Heel.
HEILDESHEIM , {Geogr.) petite ville d’Allema-
magne, dans le bas Palatinat, fur la riviere de Seltza.
HEILIGAU, {Géog.) petite ville de Livonie fur
une riviere de même nom.
HEILIGE-LAND, ou L’ISLE-SAINTE, In s u l a
sancta , {Geog. ) iile de la mer d’Allemagne, entre
l’embouchure de l’Eider & celle de l’Elbe. Elle
appartient au duc de Holftein depuis 1713 , & le
roi deDannemarck tenta inutilement de s’en rendre
maître. Long. z 5. 5/f.. lat.5o.28. {D .J .)
HEILIGENBEIL, ( Géogr. ) ville de la Pruffe
brandebourgeoife , dans la province de Natangen.
HEIL1GEN-CREUTZ, {Géog.) petite ville d’Allemagne,
dans la baffe Autriche, à deux lieues de
Vienne. .
HEILIGEN-HAVE, {Géogr.) port & petite ville
d’Allemagne fur la mer Baltique en baffe Saxe, dans
la"Wagrie, v is-à -v is de Pille de Fémeren. Long.
28. 5 o. lat. 54. j o . {D . J. )
HEILIGENPEIL, {Géog.) petite ville de Pruffe,
dans la province de Natangen, entre Braunsberg ÔC