
43 H A R t)ès Paft î6 i o , le chevalier Walter Raleigh donna
un compte qui n’a pas été démenti par le grand
penfionnaire d eW it, du commerce que la Hollande
faifoit enRuflie, en Allemagne, en Flandres, & en
France, des harengs pèches fur les côtes d’Angleterre,
d’Ecoffe, & d’Irlande. Ce compte monte pour une
année à 1 6 5 9 , ôoo livres fterlings , ( 61 157 000 livres
tournois ). Ce feul article leur occupoit dès ce
tems-là, trois mille vaifleaux ou bûches à la pêche,
& cinquante mille pêcheurs , fans compter neuf
mille autres vaifleaux oubateaux, & cent cinquante
mille hommes fur terre & für mer, employés au
commerce de poiflon, & aux autres commerces que
fa pêche occafionne.
Depuis cette époque, la marine hollandoife a fait
une très-belle figure : même aujourd’h u i, que fa
puiffance a reçû de fi grands échecs, cette branche
de fon commerce eft de toutes celle qui a le moins
fouffert.
Un état de leur pêche du hareng en 1748 , portoit
mille vaifleaux évalués à quatre-vingt-cinq tonneaux
l’un dans l’autre ; le total de leur pêche efti-
mé à quatre-vingt-cinq mille lafts, le laft à vingt livres
fterling, font un million fept cent mille livres
flerling ; enforte qu’en déduifant pour la mife hors
& conftruétion de mille bûches , les frais de la
pêche & hafards, quatre-vingt-cinq mille livres fier-
lin0' ; elle a dû profiter net par an de quatre-vingt-
cinq mille livres fterling ; à quoi, fi l’on ajoûte pour
le profit de la pêche de la morue, qui fe fait entre
deux, cent-cinquante mille livres fterling, on aura
un million de livres fterling de gain.
Le tems n’a point encore décidé quel fera l’iffue
des tentatives que font les Anglois pour partager,
ou pour enlever ce commerce à la Hollande ; mais
l’on peut dire que s’ils y réuflifloient jamais, ils fe
feroient autant de tort qu’à la nation Hollandoife, à
laquelle ils ôteroient cette branche de commerce ,
qui fait leur principal revenu. ( D . J . ) HA.RENG, (Dicte.) Les harengs frais fe mangent
grillés, avec une fauce piquante faite avec du beurre
& de la moutarde.
Les harengo-pecs , ainfi nommés par corruption,
font des harengs falés ; cette dénomination vient des
Hollandois,qui appellent ces fortes de harengspeekle
haring; ils en font^rand cas & en font très-friands,
fur-tout dans la nouveauté, au point que les premiers
harens-pecs qui ont été falés en mer fe payent
chez eux jufqu’à deux ou trois florins la piece, lorsqu'ils
arrivent par les premiers vaifleaux qui reviennent
de la pêche. Dans de certaines villes des Pays-
Bas , on ne fait pas moins de cas de ces harengs dans
la primeur, & l’on accorde un prix ou une récom-
penfe aux voituriers qui en apportent les premiers.
Cela eft, dit-on, fondé fur l ’opinion oh l’on eft que
toutes les fievres difparoiffent aufli-tôt que l’on peut
manger du hareng nouveau. Le hareng falé ou hareng-
pec fe mange tout crud avec de l ’huile & un foupçon
de vinaigre ; les Flamands y joignent quelquefois de
la pomme & de l’oignon haches : il eft d’un goût
beaucoup plus agréable quand il a été fraîchement
falé, que quand il a long-tems féjourné dans le fel
ou dans la faûmure.
Le harengfumé, appelle craquelin par le peuple
en France, eft du hareng qui a été fumé & falé légèrement
; les Hollandois l’appellent bockum, & en font
cas lorfqü’il a été fumé récemment ; alors ils le mangent
avec des tartines de beurre.
HARENGADES, f. f. (Hifi. nat- Iclhiolog.) petits
poiffons femblables à de petites alofes ; on leur donne
aufli les noms de cailliques & de lafehes. On les prend
en grand nombre près d’Agde. Rondelet, hifloire des
poiffons. ( I )
* HARENGAISON, f. f. (Comm. & Pêche.') faifon
H A R
de la pêche des harengs, ou le tems de leur éclair.'
* HARENGUIERE, f. f. (Pêche.) rets à petites
mailles, ufité dans le reflort de l’amirauté de Caren-
tan & d’Ifigni ; on peut rapporter cette forte de pêche
à celle des parcs. Les maillés des hauts parcs, des
étaliers & des haranguieres, ont depuis onze jufqu’à
quatorze lignes en quarré. Ces filets fe tendent conformément
à l’ordonnance & aux déclarations du
18 Mars 1727, c’eft-à-dire bout à terre & bout à mer.
Les pêcheurs des côtes de Caux & de Picardie y
adaptent des perches de douze à quinz&piés de hauteur
; ce qui leur a fait donner le nom de hauts-parcs.
Les pêcheurs des autres côtes ne les tendent pas plus
haut que leurs tentes ordinaires : fi leurs perches
étoient plus élevées, la rapidité du flot ou de l’ebb
les enleveroit.
Il eft aflez ordinaire de placer les haranguieres au
bas des tentes, le plus avant à la mer qu’il eft pofli-
ble ; quelques-uns pratiquent au bout une efpecé de
circuit qui retient le poiflon plus long-tems ; ils gar-
niffent ce même côté d’un rets tramaillé: la hauteur
du ret entier n’excede pas quatre à cinq pies de hauteur.
La pêche du hareng avec les hauts-parcs ne fe pratique
que depuis la S. Michel jufqu’à la Ste Catherine
, c’eft-à-dire l’efpace de deux mois ; celle du petit
maquereau ou fanfonnet au même rets, commence
communément au 15 Avril & finit au 15 Juillet.
H A R F L E U R , Hareflotum , Harfievium , & c .
(Géog.) ancienne ville de France en Normandie , au
pays de Caux ; fes fortifications ont été rafées &
fon port s’eft comblé. Les Anglois la prirent d’aflaut
en 1415- Voye^ la defeript. hißorique & géographique
de la haute Normandie 9o\i vous trouverez des détails
fur cette ville. Elle eft près de la mer, fur la Lézardé
, à une lieue de Montivilliers, deux du Havre ,
fix S. O. de Fécamp, quarante - quatre N. O. de
Rouen, feize N. O . de Paris. Long. 21. 5 i. 27. latit.
HARI, HARRI, f. m. ( Venerie.) c eft le cri dont
ufe le piqueur pour donner de la crainte aux chiens,
lorfque la bête qu’ils chaffent s’eft accompagnée ,
afin de les obliger d’en garder le change.
HARICOT, f. m.phafeolus , (Hiß. nat. Botaniq.)
genre de plante à fleur papilionacee ; il fort du calice
un piftil qui devient dans la fuite une filique longue
; cette filique renferme des femences qui ont là
forme d’un rein ou d’un oeuf. Les plantes de ce genre
ont trois feuilles fur un pédicule. Tournefort, in fl,
rei herb. Voye^ Plante. (1)
Boerhaave compte 25 efpeces de phaféples mangeables
, & Bradley plus de 50 ; mais leurs variétés
augmentent tous les jours ; cependant nous ne décrirons
ici que la commune , le phafeolus vulgaris des
Botaniftes, que Rai nomme fmilax hortenfis.
Sa racine eft grêle, fibreufe ; elle pouffe une tige
longue, ronde, rameufe, qui grimpe fur des écha-
lats comme le liferon, & s’attache aux corps voi-
fins qu’elle rencontre, jufqu’à former des berceaux
dans les jardins. Ses feuilles fortent par intervalles
trois à trois, à la maniéré des treffles, aflez larges,
pointues par le b o u t , charnues, prefque femblables
à celles du lierre, liftes, & foûtenues par de longues
queues vertes.
Des aiffelles des feuilles naiffent des fleurs légu-
mineufes, blanches, ou purpurines ; quand ces fleurs
font paffées, il leur fuccede des gouftes longues d’un
demi-pié, qui finiffent en pointes étroites, appla-
ties, à deux coffes d’abord charnues, vertes, enfuite
jaunâtres & membraneufes en fe féchant. Leur figure
eft celle d’une nacelle d’oîi cette plante tire
fon nom latin. Les femences qu’elle contient font
aflez groffes, femblables à un rein, très-polies,
blanches, quelquefois pâle-jaunâtres, rougeâtres,
grifes,
grifes, violettes, noirâtres, quelquefois veinées &
femées de différentes lignes ou. taches de toutes fortes
de couleurs agréables à la vue.
On ferne cette plante au p/intems dans les champs
& dans les jardins ; elle eft annuelle, fleurit l’é té , &
mûrit l’automne ; on la mange en gouffe quand elle
eft encore verte & tendre ; on mange aufli fa fernen-
ce dépouillée des coffes : nous les appelions alors fé-
verolles. On peut conferver les haricots avec leurs
gouftes pendant toute l’année, en les confifant au
vinaigre avec une faûmure de fel.
\Jharicot d’Egypte, phafeolus egyptiacus nigrofemme
, eft un arbre farmenteux qui pouffe fes branches
& fes feuilles comme la vign e , & porte de;s
fleurs deux fois par an. Profper Alpin vous en donnera
la figure & la defeription ; vous trouverez dans
Koempfer celle du phafeolus des Japonois, dont ils
font des mets liquides & folides. (D . J.) Hari cot , (Diète & Mat. rftéd.) Perfonne n’ignore
l’ufage de ce légume dans la cuifine, & que fa fe-
mence fournit un aliment utile & commode ; elle
nourrit beaucoup, elle convient en tout tems à ceux
qui ont l’eftomac bon , & qui font jeunes & robu-
ftes, ou qui font beaucoup d’exercice; mais les perfon-
nés délicates, les gens d’étude & ceux qui mènent
une vie fédentaire doivent s’en abftenir, parce qu’elle
eft venteufe , qu’elle charge l’ eftomac , & fe
digéré difficilement. Geoffroy , Mat. méd. & Leme-
r y , Traité des alimens.
Ceci n’eft vrai que des femences d’haricot mûres
& feches; car les haricots verds mangés.avec leur
.gouffe, lorfqu’ils font tendres & dans leur primeur,
fourniffent un aliment aqueux, très-peu abondant,
& qui fe digéré prefque aufli facilement que la plû-
part des herbes que nous préparons pour l’ufage de
.nos tables.
Les haricots paffent pour apéritifs, réfolutifs &
diurétiques, & pour exciter les mois & les vui-
danges.
On fait entrer leur farine dans les cataplafmes
émolliens & réfolutifs, & elle vaut tout autant pour
cet ufage que les quatre farines appellées réfolutives.
Voyc{ Farines résolutives.
On a attribué à la lefeive de la cendre des tiges &
des gouffes d'haricot une vertu particulière pour faire
fortir les eaux des hydropiques : mais comme
nous l’obfervons dans plufieurs articles, à-propos de
pareilles prétentions , la plûpart des fels lixiviels
n’ont prefque que des propriétés communes. Voye[ Sel lixiviel. (b)
HARLE, f. m. merganfer, Aldr. (Hiß. nat. Orni-
tholog.) oifeau aquatique qui pefe quatre livres ; il a
deux"piés quatre pouces de longueur depuis la pointe
du bec jufqu’à l’extrémité de la queue ou des piés ,
& trois piés quatre pouces d’envergure. Le dos eft
large & plat; la partie fupérieure du cou & de la
tête a une couleur verte noirâtre & brillante ; la
face fupérieure du corps eft mêlée de blanc & de
noir. La queue a une couleur cendrée ; la face inférieure
du corps eft grife, à l’exception des aîles qui
font blanchâtres en-déffous. Le bec eft étroit, dentelé
, crochu, en partie noir & en partie roux, &
long d’environ trois pouces. Les piés ont une belle
couleur de rouge , & il y a une membrane entre les
doigts. Les plumes du fommet de la tête font hérif-
féeS & font paroître la tête plus groffe qu’elle ne
l’eft en effet. Cet oifeau fe nourrit de poiflon. R a i,
fynop, avium, part. C X X X ÎV .
HARLEBECK, (Géog.) petite place de la Flandre
autrichienne, fur la L y s , à une lieue de Cour-
t ra i, fept S. O. de Gand. Long. 2 1 .1 . latit. S o .,52.
(D . J;)
HARLECH , (Géog.) petite ville d’Angleterre ,
capitale du Mérionefthire, dans la province de Gal-
Tome V III.
lest à 168 milles de Londres. Long. 13. 20. lat. 5 %i 55. (D . J.)
HARLEM, ou HAARLEM, (Géog.) ville des Pro»
vinces-Unies dans la Hollande ; l’ancien nom eft Ha-
ralhem. On ne fait ni quand, ni par qui cette ville
fut commencée ; mais du tems de Thierry VI. en
1 15 5 , elle étoit déjà peuplée & aflez fortifiée : en
12 1 7 , les bourgeois de Harlem accompagnèrent
Guillaume I. qui partoit pour la Terre-fainte.
Harlem eft dans le territoire des Marfatiens, ancien
peuple dont le pays de Kennemerland a pris fon
nom ; elle a été la capitale de ce pays , qui eft partagé
entre plufieurs villes ; & fa partie occidentale
eft toûjours de la jurifdiCtion de Harlem. Autrefois la
ville étoit feulement au bord méridional de la Spare,
riviere qui fe jette dans l’Y e àSparemdam: mais en
1400, on aggrandit la v ille , & on l’étendit au-delà
de cette riviere, qui la traverfe à-préfent. En 1310 ,
les chevaliers de l’Hôpital de S. Jean de Jérufalem
furent reçûs à Harlem : aufli poffede-t-elle dans fes
archives bien des chofes curieufes fur l’ordre des.
chevaliers de Malte, dont il auroit été à fouhaiter
que M. l’abbé de Vertot eût eu connoiffance.
Cette v ille a été incendiée plufieurs fois dans la
fuite des tems ; favoir en 134 7 ,en i3 5 i ,& e n 1,587*
En 15 7 1 , les Harlemois fe foûmirent au prince d’O-
range, ou plutôt s’y donnèrent. En 1573 , elle fut
obligée, après une défenfe admirable, de fe rendre
aux Efpagnols à diferétion : ceux-ci firent pendre les
magiftrats, les pafteurs, & plus de quinze cents citoyens;
ils traitèrent & cette ville & les Pays-Bas
comme ils avoient traité le Nouveau-monde. La
plume tombe des mains quand on lit les horreurs qu’ils
exercèrent : on en çonferve encore les planches
gravées en bois dans le pays.
Paul IV. avoit érigé Harlem en évêché ; mais elle
n’a eu que deux évêques ; elle fe glorifie de l’invention
de l’Imprimerie : c’eft ce qu’on examinera ait
mot Imprimerie.
Harlem eft fituée à trois lieues O. d’Amfterdam ,
fix N. E. de L e yd e ,& fept S. E. d’Alckmar. Long*
2Z‘ 5. lat. 52. 23. 58.
Entre les gens de lettres dont Harlem eft la patrie,
je me contenterai pour abréger, de nommerHoorn-
beck, Scriverius & Trigland , qui ont acquis de la
célébrité dans les Sciences qu’ils ont cultivées. J’ai
parlé ailleurs des artiftes. ;
Hoornbeck (Jean) a été un des fameux théolô*
giens cal vinifies du dix-feptieme fiecle; il-fut ccm-
lecutivement profeffeur eirThéologie à Utrecht & à
Leyde. Il publia un grand nombre de livres didactiques
, polémiques, pratiques, & hiftoriques, tant en
flamandqu’en latin. Il mourut fort confidéré en 1666,
n’ayant encore qu’environ quarante-neuf ans. On
trouvera fon article dans Bayle.
Scriverius (Pierre) a rendu fervice à la littérature
par les éditions qu’il a données de V égece, de Fron-
tin, & d’autres auteurs fur l’Art militaire ; il publia
le premier les Fables d’Hygin : mais l’hiftoire de Hollande
Jui a des obligations plus particulières par deux
grands ouvrages, dont l’un s’appelle Batavia illu f rata
, & l’autre , Batavia comitumque omnium hifioria.
Il mourut en. 16,53 âgé de foixante-trois ans, félon
Hoffmann.
Trigland (Jacques) fut profeffeur à Leyde en
Théologie & en antiquités eccléfiaftiques ; il a mis
au jour divers petits traités fur des fujets curieux &
choifis, comme de Dodonet dcKarais, de corpore Mo-
fis , de origine rituum Mofaïcorum, & c . Il mourut en
1705, à cinquante-quatre ans. (D . Jt) Harlem (mer de), en flamand Harlem-maeri
(Géog.) c’eft ainfi qu’on appelle une inondation entre
la ville de Harlem dont elle porte le nom, 64
celles d’Amfterdam & de Leyden : elle fe forme du