
fterdam, & la. plupart des villes de Hollande, ne
font pas feulement des îles, mais chaque ville, félon
fon étendue, eft compofée d’un certain nombre plus
ou moins grand de petites îles; la feule ville de Ve-
nife n’eft autre choie qu’une fourmilliere dettes jointes
enfemble par des ponts.
On trouvera dans cet ouvrage les principales îles
du monde, & quelquefois d’autres moins célébrés,
mais qui méritent de n’être pas oubliées à caufe de
leur pofition, ou. pour d’autres raifons. (D . J.)
Isles aux Loups m a r in s , (Géogr.) lies de
l’Amérique feptentrionale dans l’Acadie ou Nouvelle
Ecoffe, fuueés entre le cap Fourchu & le cap de Sable
, trois ou quatre lieues en mer. Ces îles, dont
les unes font d’une lieue, les autres de deux & trois
de tour, s’appellent îles aux loups marins, parce
que ces animaux, en quantité, y vont faire leurs
petits. On y trouve encore un nombre prodigieux
de toutes fortes d’oifeaux, & l’on en prend tant
qu’on vent ; mais les îles même font difficiles à approcher
à caufe des rochers qui les environnent :
elles font couvertes de fapins, bouleaux, &c autres
bois fcmblables, qui n’y prennent guere d’accroiflè-
ment. ( D . J. ) Isles brûlantes , ('Géogr.) c’eft un nom commun
à toutes les îles qui ont des volcans ; il y en a
plufieurs dans le monde, fur-tout dans la mer, vers
les côtes de la Nouvelle Guinée. (D . J. )
Isles Bonaventures , les, ( Géogr. ) îles de
l ’Amérique feptentrionale dans le détroit d’Hudfon,
auprès des côtes du nord, à 63d 6/ par eftime, 43d
de variation nord-eft, à 50 ou 56 lieues de la petite
île de Salisbury. On les trouve à l’entrée d’un grand
enfoncement, dont on ne voit pas le bout. (D . J.)
Isle de l’Asc e n sio n , (Géog.) cette petite île
de l’Océan, entre l’Afrique & le firéfil, paroît ma-
nifeftement formée ou entièrement brûlée par un
volcan éteint. Elle eft d’ailleurs fi finguliere par la
nature de fon terroir, par la figure & la pofition de
fes montagnes, dont la vûe infpire une certaine horreur,
qu’il faut ajouter quelques lignes à ce qu’on
en a dit au mot Ascension.
Quoique cette île foit déferte, fon hiftoire pour-
roit peut-être occuperaffez long-tems un naturalifte ;
du-moins doit-on la regarder comme un point qui
intéreffe la Géographie & la Navigation. Tous nos
vaiffeaux de la compagnie des Indes orientales y
abordent à leur retour dans ce royaume , & y prennent
pour leur fubfiftance un grand nombre de tortues
de mer. M. l’abbé de la Caille, qui s’y eft trouvé
le 15 Oftobre 1753, profita de fon léjour dans cette
île pour en déterminer la latitude. ' Il l’a jugée, au
lieu du mouillage ordinaire, de 7 d 54/ auftrale ;
& ayant eu le bonheur d’y obferver une émerfion
du premier fatellite de Jupiter, qui le fut auffi à
Paris par MM. Maraldi & D e lifle , cette obfervation
lui a fervi à établir la longitude de ce lieu d e i6 d
19' à l’occident du méridien de Paris. Voye^ les
Mém. de VAcad, des Sc. année t j f i . ( D . J. )
I sle des C h ien s, ( Géogr. ) cette île , dans la
mer du Sud, trouvée en 1616 par Jacques leMaire,
n’eft autre chofe que l’île desTiburons, que Magellan
avoit découverte en 1510. Les pilotes ont lou-
vent traité d’îles nouvelles & impofé de nouveaux
noms à des îles qui avoient été découvertes long-'
tems avant eux. Par exemple, Yîle Sainte-Apollonie
dans la mer des Indes, eft la même que Yîle de
Bourbon. ( D . J. ) Isles du Cap-verd, les, ( Géog.) îles de l’Océan
Atlantique, fur la côte occidentale d’Afrique, à
l ’oueft du cap dont elles prennent le nom. Les Géographes
en comptent douze, dont la plus grande eft
Saint-Iago ; ce font vraiffemblabiement les Gorgades
de Pline : la connoiffance s’en étoit perdue avec le
tems, mais l’an 146,0, Antoine Noli, Génois, au fer-
vice du roi de Portugal, les retrouva, ou les découvrit
au profit de cette couronne qui les a confer-
vées. L’air y eft très-chattd & mal-fain. Les Portugais
y tiennent un vice-roi, qui fait fa réfidence à
Saint-Iago. Long, g Su.—g 55 , latit. 14—30 jufqu’au
dix-neuvieme degré, félon la carte de la Barbarie ,
Nigritie & Guinée par M.Delifle. (D . J.)
Isle de l’Élé ph an t , (Géog.') île de l’indouftan,
fur la côte de Malabar ; voyeç-en l’article au mot
Élé ph an t . J’ajouterai feulement que la pagode de
cette île eft une des chofes les plus célébrés dans les
voyageurs portugais : ils nous difent que cette pagode
eft fur le penchant d’une haute montagne, où
elle eft taillée dans le roc même. Selon leur réc it,
elle a environ 12.0 pieds en quarré & 80 en hauteur.
Entre plufieurs autres pièces qui y font jointes, il y
a 16 piliers de pierre, éloignés de 16 piés l’un de
l’autre, qui ont chacun 3 piés de diamètre ; ils lem-
blent deltinés à foutenir cet édifice maffif, dont la
voûte n’eft qu’un grand rocher. Aux deux côtés de
la pagode, il y a 40 ou 50 figures d’hômmes qui ont
chacun 12 ou 15 piés de haut ; quelques-unes de ces
figures gigantefques ont fix bras, d’autres ont trois
têtes, & d’autres font monftrueufes à d’autres égards.
On en voit qui prennent une jolie fille par le menton,
& d’autres qui déchirent en pièces des petits enfans.
Voilà l’objet du culte des Indiens qui s’y rendent en
foule 1 La terre n’offre par-tout qu’un fpeûacle de
différentes fuperftitions humaines. (D . J.)
Isle de Fe r , ( Géogr. ) la plus occidentale des
Canaries, par laquelle les Géographes frariçois ÔC
autres, tant anciens que modernes, placent le premier
méridien. Voye^ Fer , île de, (Géog.)
J’ajoute ic i, avec M. de Mairan, qu’il feroitfans
doute plus fûr & plus commode de prendre pour
point fixe un lieu plus connu, & dont la pofition fût
mieux conftatée ; t e l, par exemple, que l’obferva-
toire de Paris-, & de compter enfuite la longitude
orientale ou occidentale, en partant du méridien de
ce lieu jufqu’au cent quatrevingtieme degré de part
& d’autre ; c’eft ainfi que plufieurs aftronomes &
géographes le pratiquent aujourd’hui. Mais outre
que cet ufage n’eft pas encore affez généralement
établi, il feroit toujours important de connoître la
véritable pofition de Yîle de Fer, encore douteufe
par rapport à Paris, pour profiter de quantité d’ob-
lervations & de déterminations géographiques qui
ont été faites relativement à cette île. Il réfulte des
calculs de M. Maraldi, que la partie de Yîle de Fer ,
par où l’on fait paffer le premier méridien, eft plus
occidentale que l’obfervatoire de Paris de 19e1 53'
9"; cependant M. le Monnier l’aftronome différé de
ç/ z i " avec M. Maraldi, dans la détermination de.
la longitude de cette île, qu’il établit de 20d i ' 3o",
Voyt{ les mém. de Tacad. des Sc. an. <742. (H. J .)
Isle de Fernandez, (Géog.) voye1 Fernando ;
j’ajouterai cependant que cette île, quoique déferte,
pourroit être facilement cultivée, peuplée & fortifiée.
Juan Fernando, qui la découvrit en allant de
Lima à Baldivia, y mit quelques chèvres qui ont
très-bien multiplié. Tous fes environs abondent en
veaux marins; & Fernando s’y feroit établi, fi l’Ef-
pagne eût voulu lui en accorder la patente.
Le célébré Georges Anfon, lors de la derniere
guerre des Anglois & des Efpagnols, y ayant été
jetté en 1741 par une tempête affreufe, trouva dans
cette île abandonnée le climat le plus doux & le ter-
tain le plus fertile ; il y fema des légumes & des
fruits , dont il avoit apporté les femences & les
noyaux, & qui bien-tôt couvrirent Yîle entière.Des
Efpagnols qui y relâchèrent quelques années après,
ayant été faits prifonniers à Londres, jugèrent, comme
le dit M. de Voltaire, qu’il n’y avoit qu’Anfon
qui eut pu réparer, par cette attention.générale,.le
mal que fait la guerre, & ils le remercièrent comme
leur bienfaiteur. On doit encore au lord Anfon la
meilleure defeription & la meilleure carte, tant de
cette île que de la mer du Sud en général, & les navigateurs
qui vont dans cette m er, ne fauroient s’en
paffer. (D . J .)
Isle f lo ta n t e , ( Géog. ) Les hiftoires de tous
les tems font pleines de relations tfîles fiotantes. Les
anciens l’ont avancé de Délos, deThérafie & des
Calamines. Pline, liv. I II. chap. xxv. fait mention
d’une île qui nageoit fur le lac de Cutilie, & qui
avoit été découverte par un oracle. Elle fe foutient,
affure-t-il, fur l’eau, & eft non feulement portée
de côté & d’autre par les vents, mais même par de
fimples zéphirs, fans être fixe ni jour ni nuit. Théo-
phrafte & Pomponius Mêla nous parlent auffi d’îles
fiotantes en Lydie fi mouvantes que la moindre caufe
les agitoit ; les chaffoit, les éloignoit & les rappro-
choit. Sénéaue n’eft pas moins pofitif fur les îles fiotantes
d’Italie. Plufieurs de nos modernes ont auffi
pris le parti d’en décrire de nouvelles en divers pays
du monde.
Je ne répondrai point que tous les faits qu’on
cite font également fabuleux & dénués de tout fondement
; j ’oferai dire néanmoins que la plus grande
partie font entièrement faux, ou fingulierement exagérés.
Il eft très-ridicule de vouloir nous expliquer
comment un grand nombre d'îles, autrefois notantes
, fe trouvent fi folidement fixées depuis tant de
fiecies. Laiffons donc Callimaque comparer Yîle de
Délos à une fleur que les vents ont portée fur les
ondes. Laiffons dire à Virgile que cette île a été
long-tems errante au gré des vents, tantôt cachée.
& enfevelieTous les eaux, tantôt par une révolution
contraire, s’élevant au-deffus de ces mêmes
eaux ; qu’enfin Jupiter la rendit également immobile
& habitable en faveur de Latone, fans permettre
qu’elle fût davantage foumife à fes anciens chan-
gemens.
Immotamque coli dédit, & coniemnere ventos.
Toutes cés peintures font fort jolies dans la Fable &
dans les Poètes ; mais la Phyfique n’époufe point
de pareilles merveilles.
En effet, tout ce qu’elle voit fous le beau nom
‘^à'îlesfiotantes, n’eft autre chofe que des concrétions
de portions de terre fpongieufe, légère, fulfureufè,
qui furnagent ou feules, ou entremêlées d’herbes,
& de racines de plantes, jufqu’à ce que les v ents,
les vagues, Jes torrents a ou le calme ,, les ayent fixées
fur la rive, pour y prendre corps. C’ eft ce qui
arrive le plus communément dans les lac s , comme
dans le lac Lomond en Ecoffe, où de pareils amas
acquièrent finalement une étendue affez confidéra-
b le , fe joignent enfemble, touchent le fond d’un
baftin qui n’eft pas égal, s’y arrêtent, & y font une
liaifon. Les efpeces d'îlesfiotantes qu’on a vû fe former
pendant quelque tems près de Yîle de Santorin,
étoient un amas de rochers & de pierres ponces jet-
tées par des volcans fur la furface de l’eau, mais qui
n’ont produit aucune île fixe. On fait que les prétendues
îles fiotantes d’un lac près de Saint-Omer ne
font proprement que des tiffus de racines d’herbes
mêlées de vafe & de terre graffe. Enfin, il ne refte
aucune preuve de la vérité des anciennes & des
nouvelles relations qui ont été faites de tant d'îles
mouvantes ; toutes ces îles ont difparu, & nous ne
connoiffons plus que des îles fixes. (D . J .)
Isles fortunées (Géog.) voye^aumot Fo r tu nées
; & fi vous êtes encore fenfible aux charmes .
delà Poéfie, fi vous aimez le brillant coloris d’un
beaupayfage, lifezicila defeription que Garth fait
de ces j'fies : nous n’avons point de peintures de lieux
qui foient plus riantes & plus agréables.
Thehappyifi.es, where endless pleafures wait ,
Are fiyTd by tuneful birds, the fortunate.
Eternal fpring with failing verdure here
Warms the mildair, and crowns the youthfullyear ;
From criftal rocks, tranfparentriv'let flow ;
Therofe f i l l blushes, and the vi lets blow.
The vine undress'd, her fuelling clufiers bears :
The lab ring hind j the mellow olives cheers :
Bloffomsand fruit, at once the citron fhows ,
And as fhe pays, difcovers f illfhe owes ;
Here the glad orange, court the am'rous maid
With golden apples, and a filkenfhàde.
No blaß e'er difeompofe the peactfutfky ;
The fpring but murmur , and the winds but figh.
Where Flora treads, her {ephir garlands flings ,
Shaking rich odours from his purple Wings :
And Birds from woodbine bow' rs , and Jess'min
groves,
Chaunt their glads nuptials , and unenvy'd loves I
Mildfeafons ,rijing hills, and filent dales,
Coo f grottos, filver brooks , and flow'ry vales £
In this blefi climate , all the circling year prevail. . Ï
Je ne trouve pas même que la belle defeription
d’Horace , Ode xvj. liv. V. connue de tout le monde
, préfente un payfage auffi gracieux de ces contrées
charmantes, que l’eft celui du chevalier Garth.
Mais en échange le tableau qu’en fait le poète latin
, eft enrichi de tous les ornemens que la Fable &
la Poéfie pouvoient lui prêter. Ils y font multipliés
avec un goût, une élégance & une force admi-,
râbles.
Non hue Argoo contendit remige pinus ;
Neque impudica Colchis intulitpedem ;
Non hue Sidonii torferunt cornua nautte ,
Laboriofaneccohors Uliffei.
Nulla nocent pecori contagia , nullius afiri
Gregem txfluofa tonet impotentia.
Jupiter ilia pue fecrevit littora genti ,
Ut inquinâvit are tempus aureum :
Æreo dehinc ferro duravit facula.
»Jamais les Argonautes n’entreprirent de faire
» unedefeente dans ensiles fortunées. Jamais l ’infame
» Médée n’y mit le pié ; jamais les compagnons d’U-
» lyfle n’y portèrent leurs paffions avec leurs infor-
» tunes. La contagion n’y répandit jamais la morta-
» lité parmi les troupeaux , & nulle cpnûellation
» maligne ne les deffécha par l’ardeur de fes influen-
» ces. Sitôt que le fiecle d’airain eut altéré la pureté
» du fiecle d’o r , & que le fiecle de fer eut fuccédé au
» fiecle d’airain, Jupiter fépara cet heureux pays du
» refte du monde, pour fervir d’afyle à la vertu,
» 6r d »
Cet heureux p a y s , ces îles fortunées que Jupiter
fepara du refte du monde, font fans doute les îles
Canaries , fituées à l’occident de l’Afrique, vis-à-
du royaume de SuZ: tout favorife ce fentiment, &
rien ne peut le détruire. Il eft affez vraiffemblable
que les Canaries, les Açores & l’Amérique, font les
reftes de cette grande île atlantide de Platon, fi fa-
meufe chez lés anciens, dont les parties les plus
baffes furent inondées par l’irruption de la mer
Noire q ui, s’étant ouvert un paffage entre l’Europe
& l’Afie , forma d’abord ce que nous appelions la
Méditerrannée, & fe fit enfuite un canal pour joindre
l’Océan, en détachant l’Efpagne de l’Afrique. (Z). J.)
Isle G o rgon e , ( Géog. ) île de la mer du Sud
au P opayan, à 3 deg. de latit. feptentrionale ; elle
eft paffablement élevée, & fort remarquable à caufe
de deux collines qui font au fommet. Cette île n’eft
habitée que par de petits finges noirs , & cependant
elle eft pourvue de toutes fortes d’arbres, qui ne !
f