cheux de mauvaife rencontre, qu’il reffembloit à un
aoophrade. Le jeudi paffoit tellement pour apophra-
a ‘e chez les Athéniens, que cette fuperftxtion ieule
fit long-tems différer les affemblées du peuple qui
iomboient ce jourAk. Le poëme d’Héfiode lur les
travaux ruftiques, écrit dans le onzième fiecle avant
J. C. fait un efpece de calendrier des jours heureux ,
où il importe de former certaines entreprifes, & de
ceux où il convient de s’en abftenir ; il met fur-tout
dans ce nombre le cinquième jour de chaque mois ,
parce qu’ajoute-t-il, ce JourAk les furies infernales
le promènent fur la terre. Virgile a faifi cette fiftion
d’Héfiode , pour en parer fes géorgiques. « N’en-
>> treprenez rien, dit-il, le cinquiemeyW du mois ,
» c’ eft celui delà naiffance de Pluton &des Eumé-
» nides ; en ce jour la terre enfanta Japet, le géant
» Cée , le cruel Thiphée, en un mot, toute la race
» impie de ces mortels qui confpirerent contre les
„ dieux». Mais Héfiode , pour confoler fon pa ys ,
mit au rang des jours heureux le feptieme, le huitième
le neuvième , le onzième & le douzième de
chaque mois.
Les Romains nous font affez voir par leur calendrier
la ferme créance qu’ils avoient ,de la diftinclion
des jours. Us marquèrent de blanc les jours heureux,
& de noir ceux qu’ils réputoient malheureux ; tous
les lendemains des kalendes , des nones & des ides,
étoient de cette derniere claffe. L’hiftoire nous en a
confervé l’époque & la railon.
L’an de Rome 363 , les tribuns militaires, voyant
que la république recevoit toujours quelque échec,
requirent qu’on en recherchât la caufe. Le fénat
ayant mandé le devin L. Aquinius, il répondit que
lorfque les Romains avoient combattu contre les
Gaulois, près du fleuve Allia , avec un fuccès fi fu-
nefte, on avoit fait aux dieux des facrifices le lendemain
des ides de Juillet; & qu’à Crémere les Fabiens
furent tous tués» pour avoir combattu IemêmeyW;
fur cette réponfe, le fénat, de l’avis du collège des
pontifs , défendit de rien, entreprendre à l’avenir
contre les ennemis le lendemain des kalendes, des
nones & des ides ; chacun de ces jours fut nommé
jour funejle , dies atra , nef andus , inaufpicatus, ino-
minalis, oegyptiacus dies.
Vitellius ayant pris poffeflion du fouverain pontificat
le quinzième des kalendes d’Août, & ayant
ce même jour fait publier de nouvelles ordonnances
elles furent mal reçues du peuple, difent Suétone
& Tacite, parce que tel jour étoient arrivés les
defaftres de Crémere & d’Allia.
Il y avoit quelques autres jours eftimés malheureux
par les Romains; tels étoient leyowrdufacrifice aux
mânes , celui des lémuries, des fériés latines & des
faturnales, le lendemain des volcanales^le quatrième
avant les nones d’O&obre , le fixieme des ides
de Novembre , les nones de Juillet, appellées ca-
protines , le quatrième avant les nones d’A oû t, à
caufe de la défaite de Cannes, & les ides de Mars,
par les créatures de Jules-Cefar.
On juge bien qu’outre ces jours-lk il y en avoit
d’autres que chacun eftimoit malheureux par rapport
à foi-même. Augufte n’entreprenoit rien d’important
le jour des nones ; & quantité de particuliers
avoient une folie pareille fur le quatrième des
calendes , des nones & des ides.
Plufieurs obfervations hiftoriques, fuperftitieufe-
ment recueillies, ont contribué à favorifer , avec
tant d’autres erreurs, celle des jours heureux & malheureux.
Jofeph remarque que le temple de Salomon
avoit été brûlé par les Babyloniens le 8 Septembre
, &|au’il ie fut une fécondé fois au même
jour & au mime mois par Titus. Æmilius Probus
débite que Timoléon le corinthien gagna toutes fes
yi&oires le jour de fa naiffance.
Aux exemples tirés de l’antiquité , on en join*
d’autres puifés dans l ’hiftoire moderne. On prétend
que Charles-Quint fut comblé de toutes fes prof-
pérités le jour de S. Mathias. Henri III, nous dit-on,
fut élu roi de Pologne , enfuite roi de France , le
jour de la pentecôte , qui étoit aufîi celui de fa naiffance.
Le pape Sixte V . aimoit le mercredi fur tous
les jours de la femaine , parce qu’il prétendoit que
c’étoitleydwrde fa naiffance, de fa promotion au
cardinalat, de fon éleftion à la papauté, & de fon
couronnement. Louis XIII. afluroit que tout lui
réufliffoit le vendredi. Henri V II, roi d’Angleterre ,
étoit attaché au famedi, comme au jour de tous les
bonheurs qu’il avoit éprouvés.
Mais rien ne feroit fi facile que d’apporter encore
un plus grand nombre de faits , qui prouveroient
l’indifférence des jours pour la bonne ou mauvaife
fortune, s’il s’agilfoit de combattre par des exemples
des préventions fuperftitieufes, contraires au
bon fens & à la raifon. On remarqua , dit Dion
Caflius,/. X LII. que Pompée fut affafliné en Egypte
le même jour qu’il avoit autrefois triomphé des Pirates
& de Mithridate , & l’on ajoutoit encore que
c’étoit celui de fa naiffance. Le même jour, dit Gui-
chardin, que Léon X . fut facré avec une pompé
merveilleufe , il avoit été fait miférablement pri-
fonnierun an auparavant. Reconnoifforts donc avec
un ancien, qu’une même journée nous peut être
également mere & marâtre , & que ceux confé-
quemment quife font moqués du choix fuperftitieux
de certains jours, ont eu par-là un grand avantage
pour le fuccès de leurs entreprifes , fur ceux qui
ont été affez crédules pour s’y affujettir.
Alexandre le grand, bien inftruit fur ce point par
Ariftote fon précepteur , fe moqua fpirituellement
de quelques-uns de fes capitaines qui lui repréfen-
toient fur le bord du Granique, que jamais les rois
de Macédoine ne mettoient leurs armées en campagne
au mois de Juin, & qu’il de voit craindre le
mauvais augure qu’on pouvoit tirer s’il négligeoit
de fuivre l’ancien ufage. « Il faut bien y remédier ,
» répondit-il en fouriant ; & j’ordonne aufli pour
» cela que ce Juin, que l’on craint tant, foit nom-
» mé le fécond mois de Mai. » Ilfçut encore infifter
fi adroitement auprès de la Sybille du temple dé
Delphes , qui lui refufoit de confulter le dieu un
jour réputé ihalheureux, qu’elle lui dit enfin, en cédant
à fes inftances , qu’il vouloit faire paraître juf-
ques fur le feuil dit temple de Delphes qu’il étoit
invincible. « Cet oracle me fuflit, répartit joliment
» Alexandre ; je n’en peux recevoir de plus clair
» ni de plus favorable »,
C ’eft fur le même ton que Luculle répondit à ceux
qui tâchoient de le diffuader de combattre contre
Tigranes aux nones d’O&obre , parce qu’à pareil
y o ^ l ’armée de Cépion fut taillée en pièces par les
Cimbres ; « & moi, dit-il, je vais le rendre de bon
/» augure pour les Romains». Il attaqua le roi d’Arménie
& le vainquit.
Dion de Syracufe fe conduifit de même vis-à-vis
de Denis de Syracufe ; il lui livra la bataille leyowr
d’une éclipfe de lune , qui étoit réputé un jour fu-
nefte, & remporta la vi&oire. C ’en eft affez fur les
anciens.
Quoique la diftinftion des jours heureux & malheureux
paroiffe préfentement aufli abfurde qu’elle
l’eft en effet, je doute fort que tous les hommes en
foient également defabufés : quand je confidere d’un
côté tant de chofes propres à nourrir cette erreur,
qui font toujours en ufage , & que je vois régner
dans la cour des monarques , chez ces grands qui
tonnent fur nos têtes, comme parmi le petit peuple
qu’ils vexent, des opinions aufli puériles, {aufli (u-
perftitieufes que celle-ci» & qui même y ont un
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très - grand rapport : je crois alors fermement que
dans tous les fiecles & dans tous les lieux la fuperlti-
tion a des droits qui peuvent bien changer de forme,
mais qui ne feront jamais entièrement détruits.
Il y a dans le mercure de Juin 1688 un difeours
contre la fuperftition populaire des jours heureux &
malheureux : cela n’eft pas étonnant ; maislefingu-
lie r , c’eft que ce difeours eft de François Malaval,
fameux écrivain niyftique, qui donna dans toutes
les extravagances du myfticilme. L’efprit humain,
tantôt fage, tantôt fou, adopte également l’erreur
& la vérité pêle-mêle. Ce Malaval devint aveugle
à neuf mois, & mourut en 1719 à 81 ans. ( D . J 7)
JOURS de fèrie, ( Hiß. eccléfiafiiq.') diesferiales ou
ferioe , fignifioient chez les anciens des jours confa-
crés à quelque fê te , & pendant lçfquels on ne trav
aillât point, du verbe latin feriari, être o ifif, chom-
mer , fêter.
Ce mot a totalement changé d’acception, & lignifie
préfentement les jours de travail, par oppofition
au dimanche & aux fêtes chommées, comme on
voit dans le ftatut 17 dû Henri V I , chap. y. & dans
Fortefme de laudibus leg. Anglix.
Le pape S. Sylveftre ordonna que fabbati & dominiez
die retento , reliquos hebdomadoe dies feriarum
nomine dißinclos, ut jam ante in ecclefia vocari ccepe-
rant, appellari. De-là vient que dans les brefs ou calendriers
eccléfiaftiques , le lundi, mardi, mercredi
, jeudi & vendredi font défignés par les noms de
feria prima , fecunda , ténia, quai ta , qu'm ta & fexta.
JOURS maigres , ( Théolog. ) jours où par un précepte
del’Eglil'e on ne doit point manger de viande.
Voye{ A b s t i n e n c e .
JOURS critiques , ( Hiß. mod, ) dies critici. Voye£
C r i t i q u e s .
Jo u r s , ( Médecine. ) pairs, impairs, principaux,
radicaux ou critiques , indices ou indicateurs, intercalaires
, vuides, &c. V oyez la doctrine médicinale
fur les jours à Partiel^ CRISE.
J o u r d e l ’A n ■, (Hiß. anc. ) ou premier jour de
l’année, a fort varie chez différens peuples par rapport
au tems de fa célébration , mais il a toujours
été en grande vénération.
Chez les'Romains le premier & le dernier jour de
l ’an étoient confacrés à Janus ; ce qui a été caufe
qu’on le repréfente avec deux vifages.
C ’eft des Romains que nous tenons cette coutume
fi ancienne des complimens du nouvel an. Avant
que ce jour fût écoulé ils fe faifoient vifite les uns
les autres , & fe donnoient des préfens accompagnés
de voeux réciproques. Lucien parle de cette
coutume comme très-ancienne, & la rapporte au
tems de Numa. Voye% E t r e n n e s , V oe u x , &c.
Ovide a cette même cérémonie en vûe dans le
Commencement de fes faites :
Poßera lux oritur, linguifque animifque favete :
Nunc dicenda bono J'unt bona yerba die.
Et Pline plus expreffément liv. X X V I I I , chap.j.
Primum anni incipientis diem Icetis precationibus in-
yieem faußum ominantur.
Jo u r s A l c ÿ o n i e n s , ( Hiß. anc. ) phrafe que
l’on trouve fouvent dans les auteurs pour exprimer
un tems de paix & de tranquillité. •
Cette expreflion tire fôn origine d’un oifeau de
mer, que lesNaturaliftes appellent alcyon , & qui ,
félon eu x , fait fon. nid vers le folftice d’hiver, pendant
lequel le tems eft ordinairement calme & tranquille.
Les jours alcÿoniens, fuivant l’ancienne tradition,
arrivent fept jours avant & fept jours après le folftice
d’hiver ; quelques-uns appellent ce tems-là
Vête de S. Martin ; & le calme qui regne dans cette
faifon engage les alcyons à faire leur nid & à couver
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leurs oeufs dans les rochers qui font au bord de la
mer.
) Columella appelle aulli jours alcÿoniens le tems
qui commence au 8 des calendes de Mars, parce
qu’on obferve qu’il régné pour lors un grand calme
fur l’océan atlantique.
Jours , Grands-Jo u r s , ( Jurifp. ) 0u Ha u t s -
Jours . étoient une efpece d’alfife extraordinaire,
ou plutôt une commiffion pour tenir les plaids généraux
du roi dans les provinces lés plus éloignées.
Ilneyaut pas s’imaginer que ces fortes d’affifes
ayent été ainfi nommées parce qu’on les tenoit dans
les plus longs jours de l’année, car on les tenoit plu-
1 fleurs fois l’année & en différens tems ; on les ap-
pella grands jours .p o u r dire que c’étoit une affile
extraordinaire ohfe traitoient les grandes affaires.
Les grands-jours royaux furent établis pour juger
en dernier reffort les affaires des provinces les plus
éloignées, & principalement pour informer des délits
de ceux que l’éloignement rendoient plus hardis
& plus entreprenans ; on les tenoit ordinairement
de deux en deux ans.
Ils étoient compofés de perfonnes choifies & députées
par le roi à cet effet , tels que les commif--
ïaires appelles mifji dominici, que nos ro s de la première
& de la fécondé race envoyoient dans les provinces
pour informer de la conduite des ducs & des
comtes , & des abus qui pouvoient le glifler dans
Tadminillration de la juftice & des finances contre
l’ordre public & général.
Les grands jours les plus anciens qui ayent porté
ce nom, font ceux que les comtes de Champagne
tenoient àTroyes ; ôc ce fut à l’inftar de ceux ci que
•les affemblées pareilles qui-fe tenoient au nom du
roi furent aufli nommées grands jours,
La féance même du parlement, lorfqu’il étoit encore
ambulatoire , étoit nommé grands-jours. Les
parlemens de Touloufe, Bordeaux , Bretagne , &
quelques autres tenoient aufli leurs grands-jours.
Depuis que les parlemens ont été rendus féden-
taires, les grands-jours n’ont plus été qu’une corn-
million d’un certain nombre de juges tirés du p a ie ment
pour juger en dernier reflort toutes affaires
civiles & criminelles par appel des juges ordinaires
des lieux, mêmes les affaires criminelles en première
inftance.
Les derniers grands-jours royaux font ceux qui furent
tenus en 1666 à Clermont en Auvergne, &
au Puy en Vêlai pour le Languedoc.
Nos rois accordèrent, aux princes de leur fang le
droit de faire tenir des grands jours dans leurs appa-
nages & pairies ; mais l’appel de ces grands-jours ref-
fortifloit au Parlement, à moins que'‘le'roi ne leur
eût ottroyé fpéctalement le droit de juger en dernier
reffort.
Plufieurs feigneurs avoient aufli droit grands-
jours , où l’on jugeoit les appellations interjettées
des juges ordinaires , des crimes qui fe commet-
toient par les baillifs & fénéchaux & autres juges
dépendans du feigneur. Ces grands joûrs feigneu-
riaux ont été abolis par l’ordonnance de Rouflillon J
qui défend à tout leigneur d’avoir deux degrés de
jurifdiétion en un même lieu : quelques pairs en font-
cependant encore affembler, mais ils ne jugent pas
en dernier reffort.
Nous allons donner quelques notions fommaires
des grands-jours dont il eft le plus fouvent mention
dans les ordonnances & dans les hiftoires particulières.
Grands-jours d.'Angers ou du duc ePAnjou j étoient'
pour Fappanage du duc d’Anjou ; ils furent accordés
par Charles V . à Louis fon frere, duc de Tours
& d’Anjou, avec faculté de les tenir, foit à Paris
ou dans telle ville de fes duchés qu’il voudrait.