■ 1711, in-40. une bonne traduûion Latine de ce dernier
ouvrage , & y a joint la vie de l’auteur. (D J . )
’ * HERE-MARTEA , f. f. ( Myth. ) divinité que
les anciens honoraient, par des aérions de grâces,
lorfqu’il leur furvenoit quelque héritage ou fuc-
ceffion. Ils en avoient fait une des compagnes de
Mars. Son nom eft un compofé de hercditas & de
Mars.
HÊRÊMITIQUE, adj. ( Gram. ) qui eft de l’hé-
rémite. La vie hérémitique.
HÉRÉNAQUE, f. m. ( Hiß. cccl. ) En Hybernie
les Hérénaques étoient des clercs à fimple tonfure,
chargés de ramaffer les revenus eccléfiaftiques &
de les diftribuer. Iis en donnoient une partie à
l ’évêque , une autre aux pauvres ; la troifieme
étoit réfervée aux réparations des églifes & aux
dépenfes qui fe faifoient dans les temples.
HÉRENTHALS , ( Géog. ) c’eft-à-dire la vallée
des feigneurs, bourgade des Pays-Bas Autrichiens
dans le Brabant, au quartier d’Anvers , bâtie par
Henri duc de Brabant en 1 112 fur la Nettrc. Long.
a i . 26. lat. 51. 9. ( D . J . )
HÉRÉSIARQUE, f. m. ( Théolog. ) premier auteur
d’une héréfie , ou le chef d’un feûe hérétique.
Voyt1 Hérétique. Les principaux héréfiar-
qucs ont été Cérinthe, Ebion, Balilides, Valentin,
Marcion, Montan, Manés, Arius , Macédonius,
Sabellius, Pélage ,Neftorius ,Eu ty chés, Berenger,
"Wicklef, Jean Hus & Jérôme de Prague, Luther,
C a lv in , Zuirigle, Se rv e t, Socin, Fox , &c.
Arius & Socin font appellés héréfiarques , parce
qu’ils ont été les chefs des Ariens & des Sociniens.
Voyt^ Ariens & Sociniens. Simon le magicien
eft le premier hcréfiarquc qu’il y ait eu dans la nouvelle
loi. Voyt^ Simonien.
* HÉRÉSIDES, f. f. ( Myht. ) prêtreffes de Ju-
non l’Orgienne. On les honorait à Argos, & l’année
de leur facerdoce fervoit de dates dans les mo-
numens publics.
HÉRÉSIE, f. f. ( Critiq. facrée. ) Ce mot, qui fe
prend à préfent en très-mauvaife part, & qui lignifie
une erreur opiniâtre , fondamentale contre la religion
, ne délignoit dans fon origine , qu’un limple
choix , ùnè feéle bonne & mauvaife ; c’eft le fens
du mot Grec aîper/ç, electio , ficta , du verbe aipto ,
Je choifis.
On difoit héréfie péripatéticienne, héréfie ftpïcien-
ne , & Y héréfie chrétienne étoit la feéle de Jefus-
Chrift. Saint Paul déclare, que pendant qu’il vi-
voit dans le Judaifme , il s’étoit attaché à Yhéréfie
pharifienne , la plus eftimable qu’il y eût dans
cette nation ; & c’eft ce qu’il allégué pour preuve
de la. droiture d’ame avec laquelle il avoit vécu.
Il ne prend point, par cette déclaration , le nom
d’hérétique pharilien, comme étant un titre flé-
triffant, il le renferme au contraire dans fa défenfe ;
li ce terme eût eu le fens qu’on lui donne aujourd’hui
, c’eft plutôt aux Saducéens qu’aux Pharifiens
qu’il auroit convenu.
Les htrißts, c’eft-à-dire , les différentes feétes
qu’on fuivoit, n’avoient rien de choquant quant
au nom , & elles ne devenoient blâmables que
par la nature des erreurs qu’elles admettoient ;
mais vraies ou fauffes , innocentes ou dangereuses
, importantes ou indifférentes, elles portoient
également'le nom d’héréfies. Ce n’eft que dans la
fuite des tems qu’on a attaché à cette qualification
line idée fi grande d’horreur, que peu s’en faut
qu’on ne frémiffe au fimple fon de ce-terrible
mot, .
On définit Yhéréfie, une opiniâtreté erronée contre
quelque, dogme de la foi ; mais comment juger
^Pr.ei?ent ^ cette opiniâtreté, car ceux-là même
ijui font dans l’erreur peuvent regarder comme opiniâtres
les partifans de la vérité ? Rien n’eft pltis
difficile, difoit faint Chryfoftome , que d’abandonner
les opinions aufquelles on s’eft attaché. Ajoutons
, pour preuve de cette réflexion, que le dé-
gré de la faute de ceux qui errent, eft proportionné
au dégré de leurs lumières , & à d’autres difpofi-
tions intérieures que les hommes ne fçauroient ni
pénétrer ni changer.
A Dieu ne plaife qu’on prétende faire ici l’apologie
des héréfies. On defireroit au contraire , que
les Chrétiens n’euffent qu’une même foi ; mais
puifque la chofe n’eft pas poflible , on voudroit
du moins qu’à l’exemple de leur Sauveur , ils fuf-
fent remplis les uns pour les autres de bienveillance
& de charité.
Le malheur de ce royaume en particulier , a
voulu qu’on fût divifé depuis plus de 200 ans fur
les dogmes de créance , & l’un des articles du ferment
de nos rois eft de détruire les héréfies ; mais
comme ce mot n’eft point défini, & que d’ailleurs
on ne fauroit trop en reftraindre le fens, ce n’eft
pas à dire que pour parvenir à cette extirpation,
le prince y doive procéder avec violence, contre
la foi publique , & rompre l’amour, la fureté , la
proteérion qu’il doit à les fujets pour le bien de
l’état. Il n’y a point de ferment qui puiffe être contraire
aux commandemens de D ieu , & nos rois ne
jurent l’article delà deftruériondeYhéréfie, qu’après
avoir juré un autre article qui le précédé, par lequel
ils promettent de conferver inviolablement la
paix dans leur royaume. Ce premier ferment réglé
tous les autres , & par conséquent emporte avec
lui la douceur & la tolérance. Je crois qu’il eft
à propos de répéter fouvent ces vérités , & de les
inculquer refpeûueufement aux fils & petits-fils des
rois qui doivent un jour monter fur le trône , afin
de jetter dans leur ame dès la tendre enfance , les
femences d’une piété véritable & lumineufe. (Z?. J. )
Héréfie fe dit par extenfion de quelques propofi-
tions fauffes dans des matières qui n’ont aucun
rapport à la foi.
Les théologiens diftinguent deux fortes d'hcréjie,
l’une matérielle , & l’autre formelle. La première
confifte à avancer une propofition contraire à la
f o i , mais fans opiniâtreté, au contraire dans la dif-
pofition fincere de fe foumettre au jugement de
l’Eglife. La fécondé a les caraâeres contraires.
Hérésie , ( Jurifprud. ) Les fujets orthodoxes ne
font point difpenfés de la fidélité & obéiffance qu’ils
doivent à leur fouverain , quand même il feroit
hérétique, fuivant la do&rine de faint Paul.
U héréfie étant un crime contre la religion , la
connbiffance en appartient au juge d’Eglife , pour
déclarer quelles font les opinions contraires à celles
de l’Eglife , & punir de peines canoniques ceux qui
foutiennerit leurs erreurs avec obftination. Les évêques
peuvent abfoudre du crime d’héréfie.
Mais ce erime eft auffi confidéré comme un cas
r o y a l, en tant qu’il contient un fcandale public ,
commotion populaire & autres excès qui troublent
la religion & l’état ; c’eft pourquoi la connoiffançe
en appartient auffi aux juges royaux , même contre
les eccléfiaftiques qui en font prévenus. Voyez
Vordonnance du g o Août
Les hérétiques, font incapables de pôfféder des
bénéfices : Yhéréfie où tombe le bénéficier.fait va-r
quer le bénéfice de plein droit, mais non pas ipfo
facto ; il faut un jugement qui déclare le bénéficier
hérétique.
Les feigneurs & patrons déclarés hérétiques font
exclus des droits honorifiques dans les églifes , 6c
incapables de jouir du droit de patronage.
On. n’admet plus auffi les hérétiques à aucun office«
où il faut une information des vie & moeurs du
' récipiendaire.
Sur Y héréfie, voyez les textes de droit cités par
Brillon au mot HÉRÉSIE ; les loix eccléfiaftiques de
Héricourt, part. I , chap. xxiv. Voye^ auffi ce qui
eft répandu dans les mémoires du clergé. { A )
HÉRÉTICITÉ , f. f. ( Grdm. & Théolog. ) imputation
bien ou mal fondée d’une doélrine hérétique.
On dit Yhéréticité d’un livre , Yhéréticité d’un auteur
, Yhéréticité d’une propofition, ou ce qui la
rend hérétique.
HÉRÉTIQUE, adj. f. m. ( Morale.') Un hérétique
, dans le fens propre du mot , eft un homme
qui fait choix d’une opinion , d’une feéte, bonne
ou mauvaife. Dans le fens ordinaire, ce terme
défigne toute perfonne qui croit ou foutient opiniâtrement
un fentiment erroné fur un ou plufieurs
dogmes de la religion chrétienne. Voyc{ Hérésie.
Nous n’avons pas deffein de démontrer ici combien
eft déteftable le principe qui permet de manquer
de foi aux hérétiques ; ceux qui adopteraient
cette maxime odieufe, s’il s’en trouve encore dans
le monde , feroient incapables de toute lumière &
de toute inftruérion.
Nous ne nous arrêterons pas non-plus à prouver
l’injuftice de la haine que certaines gens portent
aux hérétiques ; nous aimons mieux tâcher de rectifier
leur façon de penfer par celle des gens éclairés
& refpeélables dans l’Eglife, & nous ne leur citerons
pour direâeurs que Salvien & faint Auguftin.
Voici comme s’exprime fur les fe&ateurs d’une des
premières héréfies , je veux dire fur les Ariens
mêmes , le digne & célébré prêtre de Marfeille,
qu’on furnomma le maître des évêques, & qui dé-
ploroit avec tant de douleur les déréglemens de
fon tems, qu’on l’appella le Jérémie du v. fiecle.
« Les Ariens ( dit-il ) font hérétiques , mais ils
» ne le favent pas ; ils font hérétiques chez nous ,
» mais ils ne le font pas chez eux ; car ils. fe croient
» fi bien catholiqués , qu’ils nous traitent nous- i
» mêmes d’hérétiques. Nous fommesperfuadésqu’ils
» ont une penfée injurieufe à la génération divine ,
» en ce qu’ils difent que le fils eft moindre que le
» pere. . Ils croient eux , que nous avons une opi-
» nion injurieufe pour le pere , parce que nous
» faifons le pere & le fils égaux : la vérité eft de
» notre c ô t é , mais ils croient l’avoir en leur fa-
» veur. Nous rendons à Dieu l’honneiir qui lui eft
»> dû , mais ils prétendent auffi le lui rendre dans
» leur maniéré de penfer. Ils ne s’acquittent pas
» de leur devoir , mais dans le point même où
*» ils manquent , ils font confifter le plus grand
» devoir de la religion. Ils font impies, mais dans
» cela même ils croient fuivre la véritable piété.
» Ils fe trompent donc ; mais par un principe
» d’amour envers Dieu , & quoiqu’ils n’ayent pas
» la vraie f o i , ils regardent celle qu’ils ont em-
» braffée comme le parfait amour de Dieu. Il n’y
» a que le fouverain juge de l’univers qui fâche
v comment ils feront punis de leurs erreurs au
» jour du jugement. Cependant il les fupporte pa-
» tiemment, parce qu’il voit que s ’ils iont dans
» l’erreur, ils errent par un mouvement de piété ».
Salvianus de Gubernat. Dei, lib, V. pag. iS q & jJ)
de l’édit, de Paris 1645 » publiée par M. Baluze.
Ecoutons maintenant faint Auguftin fur les hérétiques
Manichéens , fon difeours n’eft pas moins
beau. « Nous n’avons garde ( leur dit-il^ de vous
» traiter avec rigueur ; nous laiffons cette con-
» duite à ceux qui ne favent pas quelle peine il
» faut pour trouver la vérité , & combien il eft
» difficile de fe garantir des erreurs. Nous laiffons
» pette conduite à ceux qui ne favent pas combien |
» il eft rare & pénible de s ’élever au-deffus des fan- |
» tômes d’une imagination groffiere par le calme
» d une pieufe intelligence. Nous laiffons cette
» conduite à ceux qui ne favent pas quelle diffi-
» culté il y a à guérir l ’oeil de l’homme intérieur,
» pour le mettre en état de voir fon foleil..........
» Nous laiffons cette conduite à ceux qui ne fa-
» vent pas quels foupirs & quels gémiffemens il
» faut pour acquérir quelque petite connoiffance
» de la nature divine.. . . Pour m o i, je dois vous
» lupporter comme on m’a fupporte autrefois, Ôc
» uler envers vous de la même tolérance dont on
» ufoit envers moi lorfque j’étois dans l’égarc-
» ment........... 0
, Le latin eft d’une grande pureté.. Illi in vos fte-
viant, qui nefciunt, cum quo labore verum inveniatur
y & quam difficile caveantur errores.........Illi in
vos foeviant, qui nefciunt.. . . I lli in vos foeviant........
C eft dans lepitre contra T pi fl. Manichcei, cap. I I .
& IIJ , pag. y 8 & je , } tom. V I , édit. Bajil, ri,28.
Si faint Auguftin s’eft quelquefois écarté de fa morale
, ce n’eft pas ce que j’examine, il fuffit que
j expofe fes fentimens d’après lui-même.
Enfin , je renvoie tous ceux qui feroient portés à
haïr ou à approuver les violences contre les hérétiques
, à l’école du philofophe de la Grèce , qui
remercioit les dieux de ce qu’il étoit né du tems
de Socrate. Platon difoit « que la feule peine dûe
» à un homme qui er re , eft d’être inftruit ».
En effet, ce qui prouve invinciblement combien
1 on doit fupporter les errans en matière de religion
, c’eft que leur erreur peut avoir pour principe
une louable inclination de s’éclairer, qui mal-
heureufement ne fe trouve pas foutenue de toute
la capacité, de toute l’attention & de toute l’étendue
d’efprit néceffaire.
Il eft donc honteux de décrier jufqu’au ftyle &
aux vertus memes des hérétiques. On a employé
cette rufe odieufe, de peur que de l’eftime de leurs
perfonnes, on ne paffite à celle de leurs ouvrages,
& du goût de leur maniéré d ’écrire , à celui de
leurs opinions. Mais n’y a-t-il pas de meilleures
voies pour apprendre aux hommes à féparer le
bon du mauvais ? A rius, a-t-on dit autrefois, avoit
un fond d’orgueil incroyable qui le rongeoit, fous
l’apparence de la plus grande modeftie : eh d’où
fçavoit-on qu’il avoit tant d’orgueil, s ’il en mon-
troit fi peu ?
La défenfe de la vérité ne tire aucune gloire
de tous ces fortes de moyens. Elle n’eft pas plus
heureufe en mettant en ufage les noms injurieux
d hérétiques & dlhétérodoxes , qu’on fe rend réciproquement
; outre que fouvent l’homme du monde
, qui eft le plus dans l’erreur , en charge avec
zèle celui qui penfe le plus jufte, & qui a le plus
travaillé à s ’éclairer.
Je ne déciderai point la queftion s’il faut permettre
la leâure des livres hérétiques : je demanderai
feulement, aü cas qu’on défende cette lefture, fi
on renfermera dans la défenfe les livres des orthodoxes
qui les réfutent. Si les orthodoxes, dans leurs
réfutations , rapportent, comme ils le doivent, les
argumens des hérétiques dans toute leur force, il paraît
qu’il vaudrait tout autant laiffer lire les ouvrages
des hérétiques. Si les orthodoxes manquent à
cette juftice & à ce devoir en fait de critique, ils fe
deshonorent par leur peu de fincérité, & ils ^rahif-
fent la bonne caufe par leur défiance. (Z>. J.) Hérétiques négatifs , (Théol.) dans le langage
de l’inquifition , font ceux qui étant convaincus
d’héréfie par des preuves dont ils ne peuvent
nier l’évidence, demeurent fur la négative, font
profeffion ouverte de la religion catholique , & déclarent
l’horreur qu’ils ont pour l’héréfie dont on
les accufe. Voye{ Inquisition. (G )