7 7 « INS Ce tribunal inique, inventé pour extirper I’héré-
-ïie, eft précifément ce qui éloigne le plus tous les
proteftans de l’Eglife romaine ; il eft pour eux un
-objet d’horreur. Ils aimeroient mieux mourir mille
•ibis que de s’y foumettre, & les chemifes enfou-
frées du faintoffice font l’étendard contre lequel on
les verra toujours réunis. De-là vient que leurs habiles
écrivains .proposent cette queftion : *< Si les
» pui’ffances proteftantes ne pour-roient pas fe liguer
» avec juftice pour détruire à jamais une jurildic-
-ÿ> tion cruelle fous laquelle gémit le Chriftianifme
» depuis ii vlong-tems ».
Sans-prétendre réfoudre ce problème , il eft permis
d’avancer, avec l’auteur de Yejprit des lois, que
fi quelqu’un dans la poftérité ofe dire qu’au dix*huitième
üecle tous les peuples de l’Europe étoient
;policés, on citera Yinquijition pour prouver qu’ils
'étoient en grande partie des barbares ; & l’idée que
l ’on en prendra fera telle qu’elle flétrira ce fiecle,
& portera la haine fur les nations qui adoptoient
encore cet établiffement odieux. (D . J.)
INQUOFFO,'f. m. {Hiß. nat. Botanf) plante d’A frique
, commune dans les royaumes de Congo &
d’Angola. Elle reflemble à la vigne-vierge , & produit
une grande quantité de petites grappes chargées
de grains, delà groffeur des grains de coriandre, mais
=qui ont le goût des grains de poivre. Les habitans
s’en fervent dans la cuifine , & leur trouvent même
plus de force qu’au poivre ordinaire.
* INRAMO, f. f. ( Commerce.) forte de coton en
anaffe & non-filé, qui fe tire du Levant & de l’Egypte
par la voie du Caire.
INSAG, f. m. {Omit, exot.) nom vulgaire que les
liabitans des îles Philippines donnent à une efpece
de perroquets communs dans leurs bois. Ces fortes
de perroquets ont tout le corps d’un beau verd luf-
t ré , 8c la tête d’un rouge v i f , éclatant. (D . ƒ.)
INSALITA, {H iß. nat.') Quelques naturaliftes
entendent par ce mot les corps étrangers au regne
minéral,qui étant renfermés fous terre, y ont été
pénétrés de quelques fels minéraux, tels font plu-
ueurs bois fofliles chargés de vitriol ou d’alun. On
prétend qu’on a trouvé dans les mines de fel qui font
près de Cracovie en Pologne, une poule .avec fes
oeufs pénétrée 8c comme pétrifiée par le fel. (—)
INS AND A , ( Hiß. nat. Bot. ) arbre d’Afrique,
-qui fe trouve abondamment au royaume de Congo.
On nous dit qu’il .reflemble beaucoup au laurier
d’Europe. Les Nègres mettent fon écorce en macération
, & en font une étoffe affez fine, dont les plus
opulens fe vêtiflent.
* INSATIABLE, adj. {Gramm.) qui ne peut être
aflouvi. Il fe dit au phyfique & au moral. Il y a des
maladies oh l’on eft tourmenté d’une faim infatia-
ble. Les pallions font infatiablcs.
INSCRIPTION, f. f. {Littéral. Antiq. Médailles.)
carafteres gravés fur le marbre ou le bronze, pour
perpétuer à la poftérité la mémoire de quelque événement.
La maniéré la plus ordinaire chez les anciens
peuples du monde, pour conferver le fou venir des
faits qu’ils regardoient comme mémorables, ëtoit
Tufage des monumens matériels. On fe contenta,
«lans les fiecles grofliers, pour y parvenir, de drëf-
tfer en colonnades des monceaux de pierres. Quand
Jacob & Laban fe réconcilièrent, dit la Genefe,
chap.xxxj. verf. 4S. le premier prit une pierre qu’il
érigea en forme de colonne, pour fervir de témoignage
de cette réconciliation ; les freres de Laban
prirent à leur tour des pierres, 8c en firent un monceau.
Jacob & Laban donnèrent chacun en leur
langue, à cet amas de pierres, le nom de monceau
d û témoignage, parce que ce monceau de pierres
I N S
devoit relier pour témoignage folemnel du traité
d’amitié qu’ils contractaient enfemble»
Xénophon rapporte, dans l’hiftoire de la fameufe
retraite des dix mille, que les foldats ayant vû le
Pont-Euxin, après avoir effuyé beaucoup de fatigues
& de dangers, élevexent une grande pile de
pierres, pour marquer leur joie , 8c laifler des vefti-
ges de leurs voyages.
Cependant ces pierres n’avoient rien qui montrât
qu’elles fignifioient quelque chofe, que leur po-
fition & leur fituation. Elles remettoient bien de-,
vant les yeux quelque événement, mais on avoit
befoin de la mémoire pour fe rappeller cet événement.
Dans la fuite, -on fit fenfément parler ces pierres
mêmes, premièrement en leur donnant des figures
qui repréîentoient des dieux, des hommes, des batailles
, & en faifant des bas-reliefs, où ces chofes
étoient dépeintes ; fecondement, en gravant defliis
des cara&eres ou des lettres qui contenoient des infcriptions
de noms.
Cette coutume de graver fur les pierres fe pratiqua
de toute ancienneté chez les Phéniciens & les
Egyptiens, d’où les Grecs en empruntèrent l’ufage
pour perpétuer la mémoire des événemens de leur
nation. Ainfi dans la citadelle d’Athènes, il y avoit,
au rapport de Thucydide, liv. VI. des colonnes où
étoit marquée l’injuftice des tyrans qui avoient ufur-
pé l’autorité fouveraine. Hérodote, liv. VII. nous
apprend que, par le decret des Amphiûions, on
érigea un amas de pierres avec une épitaphe en l’honneur
de ceux qui furent tués aux Thermopyles.
On fit plus avec le tems ; on écrivit fur des colonnes
& des tables les lois religieufes & les ordonnances
civiles.Chez les Juifs, le Décalogue & le Deu-.
téronomne furent infcrits fur des pierres enduites de
chaux. Théopompe prétend que les Corybantes inventèrent
l’art de dreflër des colonnes pour y écrire
les lois. Sans examiner s’il a tort ou raifon, cette
coutume prit faveur chez tous les peuples de la
G rece, excepté les Lacédémoniens, chez lefquels
Lycurgue n’avoit pas voulu permettre que l’on écrivît
fes lo ix, afin que l’on fût contraint de les favoir
par coeur.
Enfin, l’on grava fur le marbre, le bronze, le
cuivre 8c le bois l’hiftoire du pa ys , le culte des
dieux, les principes des fciences, les traités de paix,
les guerres, les alliances, les époques, les conquêtes,,
en un mot tous les faits mémorables ou inftruc-
tifs. ; Porphyre nous j)arle des infcriptions que les
Crétois poffédoient, & dans lefquelles fe lifoit la
cérémonie des facrifices des Corybantes. Evhéme-
ru s , au rapport de Laftance, avoit tiré fon hiftoire
de Jupiter & des autres dieux, des infcriptions qui
fe trou voient dans les temples, &r principalement
dans celui de Jupiter Triphylien. Pline raconte que
les aftronomes de Babylone écrivoient leurs oblèr-
vations fur des briques, & fe fervoient de matières
dures & folides pour conferver les opérations des
arts. Aremneftus , fils de Pythagore, félon le témoignage
de Porphyre, dédia au temple de Junon, une
lame d’airain, fur laquelle il avoit gravé les principes
des fciences qu’il avoit cultivés. Ce monument,
dit Malchus, avoit deux coudées de diamètre, &
contenoit fept fciences écrites. Pythagore, félon
l’opinion de plufieurs favans, apprit la Philofohie
des infcriptions gravées en Egypte fur des colonnes
de marbre. Il eft dit, dans le dialogue de Platon,
intitulé Hipparque, que le fils de Pififtrate fit graver
fur des colonnes de pierres des préceptes utiles aux
laboureurs.
Numa , fécond roi de Rome, écrivit les cérémonies
de fa religion fur des tables de chêne. Quand Tar-
quin révoqua les lois de Tullius, il fit ôter du forum
N I S
tomes les tables fur lefquelles elles avôïent été écrites.
On gravoit fur de pareilles tables , 8c quelquefois
fur des colonnes, les traités 8c les alliances.
Romulus montra l’exemple ; il avoit fait graver fur
une colonne le traité d’alliance qu’il eontra&a avec
ceux de Véïès; Tullus, celui qu’il fit avec les Sa-
bins ; & Tarquin, celui qu’il eut le bonheur de né-
gotier avec les Latins.
Sous les empereurs, on formoit les monumens
publics de lames de plomb gravées ? dont on com-
pofoit des volumes en les roulant. L’ade de pacification,
conclu entre les Romains 8c lés Juifs, fut
écrit fur des lames de cuivre, afin, dit Pline, que
ce peuple eût chez lui de quoi le faire fouvenir de
la paix qu’il venoit d’obtenir. T ite-L iv e rapporte
qu’Annibal dédia un autel fur lequel il fit graver,
en langue punique & greque , la defcription de fes
heureux exploits.
Thucydide ne parle que de colonnes de Grece
qui fe trouvoient dans les plaines d’Olinthe , dans
rifthme , dans l’Attique, dans Athènes, dans la Laconie,
dans Ampélie, 8c par-tout ailleurs , fur lefquelles
colonnes les traités de paix & d’alliance
étoient gravés. Les Mefleniens, dans les contefta-
tions qu’ils eurent avec les Lacédémoniens touchant
le temple de Diane Laménitide, produifirent l’ancien
partage du Péloponnèfe, ftipulé entre les defcen-
dans d’Hercule, & prouvèrent par des monumens
encore gravés fur les pierres 8c liir l’airain, que le
champ dans lequel le temple avoit été b âti, étoit
échu à leur roi. Que dis-je, toute l’hiftoire, toutes
les révolutions de la Grece, étoient gravées fur des
pierres ou des cojonnes; témoin les marbres d’Aron-
del, où font marquées les plus anciennes 8c les plus
importantes époques des Grecs ^monument incomparable,
&c dont rien n’égale le prix.
En un mot, le nombre des infcriptions de la Grece
& de^Rome fur des colonnes, fur des pierres, fur
des marbres, fur des médailles, fur des monnoies,
fur des tables de bois 8c d’airain, eft prèfque infini ;
& l’on ne peut douter que ce ne foient les plus certains
8c les plus fideles monumens de leur hiftoire.
Aufli, parmi toutes les infcriptions qui.font parvenues
jufqu’à nous , ce font celles de ces deux peuples
qui nous intéreffent davantage , & qui font les
plus dignes de nos regards. Les G recs, cherchant
euxvmêmes toutes fortes de moyens^pour mettre
leurs infcriptions à l’abri des injures du tems, en écrivirent
quelquefois les caraéferes fur la furface inférieure
d’un marbre, &c fe fervirent d’autres blocs de
marbre qu’ils avançoient par-deflus pour le couvrir
& le conferver.
Mais outre que les infcriptions de ces.deux peuples
font autant de monumens qui répandent la plus
grande lumière fur leur hiftoire, la nobleflë.des pensées,
la pureté du.ftyle, la brièveté, la fimplicité,
la clarté qui y régnent, concourent encore à nous
les rendre précieulès, car c’eft dans ce goût-là que
les infcriptions doivent être faites. La pompe & la
multitude des paroles y feroient employées ridiculement.
Il eft abfurde de faire une déclamation fur
une ftatue 8c autour d’une médaille, Jorfqu’il s’agit
d’aûions, qui étant grandes en elles-mêmes , & dignes
de pafler à la poftérité , n’ont pas befoin d’être
exagérées.
Quand Alexandre, après la bataille du Granique,
eut confacré une partie des dépouilles de fa victoire
au temple de Minerve à Athènes, on y mit
en grec poiir toute infcription : Alexander Philippi
fliu s , & Graciypxoeter facedemonioSy de barbaris AJia;-
ticis.
Au bas du tableau de Polygnote ,• qui repréfen-
toit la ville de Troie , il y avoit feulement deux
y ers de Simonide qui difoient : << Ppligupte de Thafe,
Tome V IU %
IN S 777 « fils d’Aglaophon, a fait ce tableau 9 qui rcprêfente
» la prife de Troie ». Voilà quelles étoient les infcriptions
des Grecs. On n’y cherchoit ni allufions ,
ni jeux de mots, ni brillans d’aucune efpece. Le
poète ne s’amufe pas ici à vanter l’ouvrage de Po-
lygnote ; cet ouvrage fe recommandoit aflez pai*
lui-même. Il fe contente de nous apprendre le nom
du peintre, le nom de la ville d’où il étoit, 8t celui
de fon pere, pour faire honneur à ce pere d’avoir
eu un tel fils, & à la ville d’avoir eu un tel citoyen.
Les Romains éleverent une ftatué de bronze à
Cornélie, fur laquelle étoit cette infcription ; « Cor-
» nelie, mere des Graçques ». On ne pouvoit pas
faire ni plus noblement, ni en moins de termes,
l ’éloge de Cornélie 8c l’éloge des Graçques.
Cette brièveté d:infcriptions fe portoit également
fur les médailles, où l’on ne mettoit que la
.date de l’aftion figurée, l’archonte, le confulat fous
lequel elle avoit été frappée, ou en deux mots le
fujet de la médaille.
| D ’ailleurs, les langues greque & latine ont une
cnergie qu il eft difficile d’attraper dans nos langues
vivantes , du moins dans la langue françoife, cjuoi-
qn’en dife M. Charpenrier. La langue latine femble
faite pour 1 es infcriptions, à caufé Je fes ablatifs ab-
folus, au lieu que la langue françoife traîne & languit
par fes gérondifs incommodes , 8ç par fes veç-
bes auxiliaires, auxquels elle eft indi.fpenfablement-
aflujettie, & qui font toujours les mêmes. Ajoutez,'
.qu’ayant befoin pour plaire, d’être fputenue, elle
n admet point la fimplicité majeftueufe du grec 8c
du latin.
Leurs epitaphes, efpeces ^infcriptions, fe reflen-
ioient de cette noble fimplicité-dç pqnfées 8c d’ex-*
preflions dont on vient de faire l’éloge. Après quelque
grande bataille, l’ufage d’Ath,ènes étoit de gra-
ver^une epitaphe générale' ppjLir^tpus ceux qui y
avoient péri. On connoit celle-q.u’Èurypide mit fuf
la tombe des Athéniens tués en Sicile : » Ici giflerçt
» ces braves foldats qui ont battUj huit fois les Sy-
» raeufains, autant de fois quç, Jps dieux ont été
» neutres ». '
Nqs infcriptions funéraires ne font, chargées ,• a-jii
contraire, que d’un vain étalage de, mots fquiLpeignent
l’orgueil ou la baffe flatene. On voit / on
montre à Vienne Yinfcription fuiy.3nte.du tombeau
de l’empereur Frédéric III. « Ci gitFrédéric III. em*
-» P?re.ur pieux, augiifte, fouverain de la Chrétient
é , ' r o i de Hongrie, de Dalma;tie,,, de Croatie,,
» archiduc d’Autriche », &c. cependant ce prince,
dit M. de Voltaire, n’étoit rien,mpjns que tout cela;
il n’eut jamais de.la Hongrie que. .la couronne lèmée
de quelques pierreries, qu’il garda toujours dans fon
cabinet fans les"renvoyer, ni à ion. pupille Ladiflajs
qui. en étoit ro i, ni à cepx que les Hongrois élurent
erifuite, & qui combattirent pontée,les Turcs. Il
poffédoit à peine la mpitié dq la. province.d’Autriche,
fes coufins avoient ie,refle quant au'titre
de fouverain de l a ‘Chrétienté,, il eft ailé de juger
s’il le mérito.it.. ,
g Les moines n’ont pas été. moins f idiçulesdansjcurs
infcriptions gravées à l’hopneur dé ieurîi/pndateurs;,
ou de leurs églifes. |eanrBaptifte Thiers ,,né à Chartres
en 1641, mortpn 1703 , & connu Pftr-quantité
de brochures, en fit une fanglante cpntse.petîé infi
criftion 8u couvent 4es;çprdejierg « à
» D ieu , & à S. François, tous'les deux crucifies
Outre que les infcriptions grecques 8c ropiaines font
exemptes de pareiIles,extra.vagances,eUés ne tendent
qu’à nou.s inftruire, de..faits dontles pjoindreS particularités
piquait notre cûriofité, Jûârlà yient qub
depuis la renajffançe des.Lettres.jpjes/fayans
çeflë de les raffçmbler de tou^s part?. Le recueil
4 F F f f f ' î j