i i 4 H I P à quoi on doit ajouter les variations inévitables,
fuite de l ’incorre&ion des copies multipliées. On
peut consulter fur les mots obfcurs les Di&ionnaires
interprétatifs qu’en ont donnés Erotien & Galien ,
que l’on trouve à la fuite de plufieurs des commentaires
fur Hippocrate, tels que ceux de'Foëfius 6c
de Mercurial.
On ne rapportera pas ici tout ce que les critiques
ont dit touchant la diftinûion des véritables écrits
d’Hippocrate d’avec les faux ou les fuppofés : on
remarquera feulement qu’il y en avoit plufieurs de
fufpe&s dès le tems d’Erotien 6c de’Galien entre
ceux dont ils rapportent les titres. Quelques-uns
de ces ouvrages étoient déjà attribués en ce tems-là
aux fils d’Hippocrate, les autres à fon gendre , ou à
fon petit-fils, ou à fes difciples, 6c même à quelques
philofophes fes prédeceffeurs ou fes contemporains.
Pour s’éclaircir à fond fur ce fujet, on peut conful-
ter avec fatisfaftion le jugement qu’en a porté Mercurial
entr’autres auteurs qui en ont traité.
En général, on ne peut ici qu’indiquer les four-
ces oit il faut puifer pour apprendre à connoître
YHippocratifme, & ce qui y a rapport : les bornes de
cet ouvrage n’ont pas même permis de donner un
abrégé de cette admirable doûrine, qui, pour qu’elle
foit fufceptible d’être bien faille, ne doit point être
expofée imparfaitement ; d’ailleurs la meilleure maniéré
d’étudier Hippocrate eft de l’étudier lui-même
dans fes oeuvres, dont l’édition la plus eftimée eft
celle de Foëfius, en grec 6c en latin. On peut en
trouver un précis, tant hiftorique que dogmatique,
qui paffe pour être très-bien fait, dans l’hiftoire de
la Medecine de le Clerc. L’auteur du difeours fur
l’état de la Medecine ancienne & moderne, que l’on
a traduit de l’Anglois, en a aufli donné une idée
allez exaâe. On a beaucoup tiré de ces deux ouvrages
pour la matière de cet article.
Il doit paroîfre bien furprenant à ceux qui favent
combien eft fondé tout ce qui vient d’être dit fur
l ’excellence 6c la réputation de la doftrine d’Hippocrate
, qu’il ne fe trouve qu’un très - petit nombre
d ’auteurs qui ayent fenti la néceflité , pour l’avancement
de l’a r t , & qui fe foient fait un devoir de
marcher fur les traces du feul vrai maître que la nature
avoue pour Ion interprète. Sydenham, Baglivi
& Boerhaave font prefque les feuls, & fur-tout le
premier ( qui a été nommé par cette raifon Y Hippo-
trace anglois ) , qui ayent paru véritablement convaincus
de l ’importance & de l’utilité de YHippo-
tratifme dans la théorie 6c la pratique de la Medec
in e, & qui ayent agi en conféquence à l’égard
d’une do&rine dont l’expérience 6c la raifon n’ont
jamais difeoritinué dans aucun tems, dans aucun
lieu, de confirmer les principes 6c l’autorité, parce
qu’elle n’eft fondée que fur l’obfervation la plus
exafte des faits conftamment vérifiés pendant une
longue fuite de fiecles.
HIPPOCRENE, f. f. ( Gèogr. anc. ) c’eft-à-dire,
la fontaine du cheval Pégafe , & dans Perfe Caballi-
■ nus fo n s , fontaine de Grece dans la Béotie. Pline,
liv. IV . chap. vij. nommant les fontaines qui étoient
dans cette province, dit : OEdipodie ,j Pfamathé,
D irc é , Epicrane, Aréthufe, Hippocrene, Aganippe
6c Gargaphie.
AJ Hippocrene, fi vantée par les poëtes de tout
pa ys, & dont il fuffit d’avoir bû pour faire d’excel-
lens vers, étoit fur le penchant de l’Hélicon ; cependant
Paufanias, qui a décrit avec un détail extrême
jufqu’aux moindres ftatues que les anciens avoient
érigés fur cette montagne, ne fait aucune mention
de l’Hippocrene, quoiqu’il parle de l’Aganippe, fontaine
fur la gauche quand on alloit dans le bois ,
fohtaire, particulièrement confacré aux Mufes.
H I P HIPPODROME, f. m. ( Htft. anc J) lieudeftiné
chez les Grecs aux courfes de chevaux ; le mot l’indique,
Wfljrof, cheval, 6c S'fop.tç, place publique où l’on
court.
Les Romains ne firent que latinifer le mot S'pôfxoç
en dromus : celui qui chez eux avoit le foin de tenir
la place nette 6c dégagée, étoit nommé procurator
dromi, comme on le voit dans, cette defeription citée
par Gruter.
AJhippodrome étoit compofé de deux parties : la
première, plus longue que l’autre, étoit une ter-
rafle faite de main d’hommes, 6c la fécondé étoit
une colline de hauteur médiocre.
Comme les courfes de chevaux avoient rarement
lieu dans les tems héroïques, 6c qu’on n’en faifoit:
qu’à l’occafion de quelque événement remarquable,
on choififfoit, pour les faire, des places d’autant
plus fpacieufes que ces places demeuroient dans le
commerce ordinaire des hommes, 6c qu’on pouvoit
toujours également les cultiver : ce ne fut plus la
même chofe dans les tems poftérieurs, quand les
jeux devinrent périodiques. Les lieux oii on les cé-
lebroit, furent confacres, comme les jeux mêmes,
à des divinités ou à des héros ; & par cette raifon,
on ne leur donna que l’étendue néceflaire, quoique«
d’ailleurs on ne voulût rien diminuer de l’appa—
rat des courfes que les anciens avoient imaginées,
mais l’on fixa à quatre ftades (chaque ftade étoit
de 1x5 pas) la longueur des places que l’on deftina
aux courfes des chars 6c des chevaux, 6c que cette.'
deftination fit nommer hippodromes.
Cette longueur de quatre ftades eft celle que Plutarque
donne à Yhippodrome d’Athènes, ce qui ne
laifle guere de doute fur la longueur des autres hippodromes
, parce que fi le ftade fimple, comme on’
en convient, fut par-tout .la mefure de la courfe à>
p ié , il dut aufli, quatre fois répété, fervir dans toute
la Grece de mefure pour les courfes à cheval, &
pour celles des chars. Un ancien grammairien donne
un ftade de large à Yhippodrome d’Olynipie ; 6c dès.
qu’une fois nous reconnoiflons que la longueur de
toutes les places deftinées aux courfes des chars fut
la même dans la Grece, rien ne nous empêche de
croire qu’elles eurent toutes aufli la même largeur. •
Les hippodromes avoient une grande enceinte qui
précédoit la lice au bout de la carrière. A l’un des
côtés de la place étoient les fiéges des direûeurs des£
jeux près de la barrière qui fermoit la lice ; de forte-
que c’étoit toujours en s’arrêtant devant ces lièges»
qu’on terminoit la courfe, 6c qu’on étoit couronnée
L a borne de Yhippodrome s’appelloit en grec vtW«,
de vxxnsta, pungo , parce que les .chevaux y étoient
fouvent blefles, & ttp/aâ, parce que c’étoit la fin de'
la carrière, 6c le terme de la courfe. Homere a
peint cette borne fi defirée par les athlètes dans le
vingt-troifieme livre de l’Iliade, 6c Virgile nous ap-.
prend qu’il falloit, après y être parvenu, tourner,
autour, & longos circumfleclere curfus ; peut-etre,.
parce qu’on décrivoit plufieurs cercles concentriques
autour de la borne, en approchant toujours de
plus en plus, en forte qu’au dernier tour on la rafoit
de fi près qu’il fembloit qu’on y touchât.
Quoi qu’il en foit, il s’agifloit, pour ne fe pas
brifer, d’ufer de beaucoup de. dextérité dans cette
occafion ; 6c comme le péril devenoit plus grand,
en approchant de la fin de la carrière, c’étoit fur-
tout alors que les trompettes faifoient entendre leurs
fanfares pour animer les hommes 6c les chevaux ;•
car cette borne étoit le principal écueil contre lequel
tant de gens eurent le malheur d’échouer.
L’enceinte qui précédoit Yhippodrome, & qui étoit
comme le rendez-vous des chars 6c des chevaux, fe
nommoit /W-aptV/ç ; elle étoit à Olympie, en parti-'
culier, une des çhofes des p|us dignes de la Grecç.
H I P C lé é tü s g ran d ftatüaire 6c grand architefte, en
avoit donné le déflein;
Cette place avoit quatre cens piés de long ; large
à fon entrée, elle fe rétrécifloit peu - à - peu vers '
Yhippodrome, où elle fe terminoit en éperon de navire
; M. l’abbé Gédoin en a fait graver la repréfen-
tation dans une planche qu’il a jointe à fon élégante
îradu&ion de Paufanias. On y voyoit dans toute fa
longueur, à droite 6c à gauche, des remifes, fous i
lefquelles fe rangeoient les chars & les chevaux chacun
dans celle que le fort lui avoit alïïgnée ; ils y
demeuroient quelque tems renfermés par de longues
cordes tendues d’un bout à l’autre : un dauphin s'abattait
dé deflus la porte qui cOndüifoit à Yhippodrome;
les cordés qui fermoient les remifës, s’abal-
toient aufli, 6t lès chars en fortant de chaque cô té,
alloient en deux filés occuper leurs places .dans la
carrière, ou ils fe rangeoient tous fur une mêmé
ligne, 6c avoient tous à peu - près le même efpace
à parcourir.
Il s’agit à préfent de déterminer la forme de Yhippodrome.
C’étoit un quarré long, à l’extrémité duquel
étoit la borne, placée au milieu de la largeur,
dans line portion d’un quarré beaucoup plus petit;
o u , fi l’on v eu t, dans un <rtyp.a. antique renverfé,
qui la reflerroit tellement, que foit à c ô té , foit derrière
, il n’y pouvoit palier qu’un feul char de front.
L ’exa&itude d’Homere ne lui a pas permis de fup-
primer deux remarques aflez légères ; l ’une, que le
terrain de Yhippodrome étoit uni , 6c l’autre , qu’on
devoit fur-tout prendre garde à bien applanir les
environs de la borne ; mais une troifieme obferva-
îion plus importante que nous lui devons, 6c qui ré-
fulte aufli de la defeription de Sophocle, c ’eft qu’à
la fuite du terre-plain de Yhippodrome regnoit une
tranchée d’une pente douce qui le terminoit dans
fa largeur ; cette tranchée étoit abfolument nécef-
faire dans le cas où l’un des chars viendroit à fe
brifer contre la borne, autrement cef accident au-
roit mis fin à la courfe.
Ceux qui fe trouvoient à la fuite du char brifé,
defeendoient alors dans le folle ; & en le parcourant,
du moins en partie, ils faifoient le tour de la
borne de l’unique maniéré qui leur fût poflible. Ceux
qui n’étant pas aflez maîtres de leurs chevaux, ou
n’ayant pas bien dirigé leurs courfes vers la borne,
étaient emportés dans/sette tranchée, regagnoient
le haut le plûrôt qu’ils pouvoient ; mais ils étoient
expofé sà le laifler enlever, par ceux qui les fui-
voien t, l’avantage qu’ils avoient eu fur eux dans la
plaine ; c’eft pour cela qu’on tâchoit de modérer
les chevaux, 6c d’employer toute fon adrefle pour
enfiler jufte la borne.
Les hellanodices, qui diftfibuoient le prix au vain*
queur, étoient afîis à l’une des extrémités de Yhippodrome
, à côté de l’endroit où fe terminoit la courfe»
Toute l’enceinte de la lice étoit fermée par un mur
à hauteur d’appui, ou par une fimple barricade, le
long de laquelle fe rangeoit la foule des fpeÔateurs.
Les monumens qu’on érigeoit dans les hippodromes
n’y apportaient que des décorations, & point
de changemens, étant toujours placés aux extrémités.
Il y en avoit un dans le ftade d’Olympie qu’on
difoit être le tombeau d’Endymion, mais il étoit
dans l’enceinte qui précédoit Yhippodrome. C ’ètoit
aufli à la fortie de cette enceinte qu’on voyoit un
autre monument, auquel une folle lùperftition attri-
buoit îa propriété de troubler & d’épouvanter les
chevaux, & qu’on nommoit par cette raifon tara-
xippus : mais ce trouble, cette épouvante, avoit
une caufe naturelle ; il eût été difficile que de fiers
courtiers ne s’agitaflent pas en paffant de deffous
des remifes 6c d’une cour étroite dans un lieu fpa-
Sjeuix, ou la vue de ce monument, érigé en face de
H I P ii5 la pofïd, les frappoit d’abord, & dafts Iéqiiéi on les
contraigriOit de tourner fur les côtés.
II ne faut pas juger des hippodromes dé IaGrecé
par le cirque de Rome, aU milieu duquel On avoit
érigé des obelifquèS & dos autres mOnumenS, parce
que le cirque différoit des hippodromes dans fon ufagè
autant que dans fa difpofition générale. Le nombre
de ceux qui couroient à la fois dans le cirque étoit
détermine , d’où vient que Domitien y donna cent
Courfes de chars en un jour, 6c cette différence pouvait
feule eh amener-plufieurs autres; C e que nous
difons du cirque de Rome , convient également à
I hippodrome de Conftantinople, 6c même à celui
d Athènes, tel que l’a vu M. l’abbé Fourmont ; ce
qui montre qu’on fit quelques changemens dans ce
dernier, pour y obferver les mêmes Ioix que dans
la capitale de l’empire.
Au refte j on ne peut qu’être frappé des dangers
de la courfe des chars dans Yhippodrome, fur-tout
quand il s ’agifloit de faire fix fois le tour de la bor-
n e ; de plus, avant que d’y arriver, la courfe en
char etoit une fuite de dangers continuels ; non feu-
lement Orefte périt à cetfe borne fatale ; mais au
milieu de cette même courfe, les chevaux mal embouchés
d’unEniane l’emportent malgré lui, & vont
heurter le char d un Barcéen ; les deux chars font
froifles » & letirs condüâeurs rie pou vant foutenir
un fi rude ch oc, font précipités fur la place.
Cependant, ceux qui s’expofoient à ces dangers*
les envifageoient bien moins que la gloire qui en
étoit le prix; l’honneur qu’ils en retiroient, étoit
proportionné à la grandeur & à la multiplicité des
périls ; 6c Neftor ne craint pour un. fils qu’il aime
que la feule honte, au cas. qu’il ait le malheur de brifer
fon char, 6c de bleffer fes chevaux. (Z>; ƒ.)
. Hippodrome de Constantinople, (.Antiq.y
cirque que l ’empereur Sévere commença, & qui ne
fut achevé que par Cônftantin ; il fervdit pour les
courfes.de chevaux, & pour les principaux ipeéla-
cles. Ce cirque, dont la place fubfifte toujours, a
plus de 400 pas de longueur fur 100 pas de largeur*
II prit le nom d hippodrome fous les empereurs grecs ;
6c les Turc s, qui l’appellent atmêidan, n’ont prefque.
fait que traduire le nom de cette place en leur-
langue , car at chez eux fignifie un cheval, 6c mil-
dan unéplace.
Les jeunes Turcs ; qui fé piquent d’adreffe , s.’afr
fembloient autrefois, à l’atméidan un jour de la fe-
maine, au fortir de la mofquée, bien propres 6c bien
montés , .fe partageoient en deux bandes, 6c s’exer-
çoient-dans ce cirque,à des efpeees deeourfes, où*;
comme les anciens défalteurs, ils paflbient par deffous
le ventre de leurs chevaux, 6c fe remettoient
fur la felle avec une adreffe étonnante ; mais ce qui
parut plus fingulier à M. deTournefort, ce fut d’en
voir quit, renverfés fur la croupe de leurs chevaux
courans à toute bride, tiroient une fléché, & don-
nôient dans l’un des fers de derrière de leur même
cheval»
L’obélifqüe de granîque ôu de pierre thébaïque
dont les hiftoriens ont. parlé, étoit encore élevé
dans l’atméidan âu commencement de ce fiecle;
c’eft, ditM. deTournefortyune pyramide à quatre
coins d’utie feule piece, haute d’environ 50 piés ,
terminée en pointe., chargée d’hiéroglyphes ; les
inferiptioris greques & latines qui font à fa bafe
marquent que Théodofe la fit; élever. Après qu’elle
eut refté long-tems à térre, les machines même que
l’on y employa pour la mettre fur pié font repréfen-
tés dans un bas-relief, & l’on ;voit dans un autre la
repréfentation de Yhippodrome, tel q.u’il é toit, lorf-
qu’on y faifoit les courfes chez les. anciens»
A quelques pas de - là font les refies d’un autre obélifque, ( colof us fruüilïs') à quatre faces bâti