240 H O B H O B
pour un tems , il le faut tant que le danger & la
préfence de l’ennemi durent.
Il n’y a qu’un moyen de former une puiflance
commune qui fafle la fécurité ; c’eft de réligner fa
volonté à un feul ou à un certain nombre.
Après cette rélignation, la multitude n’eft plus
qu’une perfonne qu’on appelle la ville , la fociété,
ou la republique.
La fociété peut ufer de toute fon autorité pour
contraindre les particuliers à vivre en paix entre
e u x , & à fe réunir contre l’ennemi commun.
La fociété eft une perfonne dont le confentement
& les paftes ont autorifé l’aâ ion, Sc dans laquelle
s’eft confervé le droit d’ufer de la puiflance de tous
pour la confervation de la paix & la défenfe commune.
La fociété fe forme ou par inflitution, ou par
acquilition.
Par inflitution, lorfque d’un confentement unanime,
des hommes cedent à un feul, ou à un certain
nombre d’entre eux , le droit de les gouverner, &
vouent obéiffance.
On ne peut ôter l ’autorité fouveraine à celui qui
la poffede, même pour caufe de mauvaife adminif-
tration.
Quelque chofe que fafle celui à qui l’on a confié
l’autorité fouveraine, il ne peut être fufpeét envers
celui qui l’a conférée.
Puifqu’ii ne peut être coupable, il ne peut être
ni jugé, ni châtié, ni puni.
C ’eft à l’autorité fouveraine à décider de tout ce
qui concerne la confervation de la paix & fa rupture
, & à prefcrire des réglés d’après lefquelles chacun
connoiffe ce qui eft lien, 8c en jouiffe tranquillement.
C ’ eft à elle qu’appartient le droit de déclarer la
guerre, de faire la paix, de choifir des miniftres, Sc
de créer des titres honorifiques.
La monarchie eft préférable à la démocratie, à
l’ariftocratie, Sc à toute autre forme de gouvernement
mixte.
La fociété fe forme par acquilition ou conquêtes,
lorfqu’on obtient l’autorité fouveraine fur fes fem-
blables par la force ; enforte que la crainte de la
mort ou des liens ont fournis la multitude à l’obéif-
fance d’un feul ou de plulieurs.
Que la fociété fe toit formée par inflitution ou
par acquilition, les droits du fouverain font les mêmes.
L’autorité s’acquiert encore par la voie de la génération
; telle eft celle des peres fur leurs enfans.
Par les armes ; telle eft celle des tyrans fur leurs
efclaves.
L ’autorité conférée à un feul ou à plulieurs eft
auffi grande qu’elle peut l’être, quelque inconvénient
qui piaffe réfulter d’une réfignation complette ; car
rien ici bas n’eft fans inconvénient.
La crainte, la liberté Sc la nécefîité qu’on appelle
de nature & de caufes, peuvent fublifter enfemble.
Celui-là eft libre qui peut tirer de fa force Sc de fes
autres facultés tout l’avantage qu’il lui plaît.
Les lois de la fociété circonfcrivent la liberté ;
mais elles n’ôtent point au fouverain le droit de vie
& de mort. S’il l’exerce fur un innocent, il peche
envers les dieux ; il commet l’iniquité, mais non
l’injuftice : ubi in innocentent exercetur , agit quidern
inique y & in deum peccat imperans , non vero injulih
agit. J
p n conferve dans la fociété le droit à tout ce
qu’on ne peut réfigner ni transférer, Sc à tout ce qui
n eft point exprime dans les lois fur la fouveraineté.
Le filence des lois eft en faveur des fujets. Manet
libertas circa res de quibus leges Jilent pro fummo po-
tejlatis imperio.
. . n : ---- o . ivuverain que
tant qu il lui relie le pouvoir de les protéger. Obi**
gatio civium erga eum qui fummam habit poteftatem
tandem nec diutius permanere intelligitur, quant manet
potentia cives protegendi.
Voilà la maxime qui fit foupçonner Hobbes d’avoir
abandonné le parti de fon roi qui en étoit réduit
alors à de telles extrémités, que fes.fuiets n’en
pouvoient plus efpérer de fecours.
Qu’eft-ce qu’une fociété ï un aggrégat d’intérêts
oppoles ; un fyfteme ou par l’autorité conférée à
un leul ces intérêts contraires font tempérés Le
fyftème eft régulier ou irrégulier, ou abfolu ou fnh
ordonne, &c.
Un minillre de l’autorité fouveraine eft celui oui
agit dans les affaires publiques au nom de la nnif
fance qui gouverne, & qui la repréfente. P
La loi civile eft une réglé qui définit le bien &
le mal pour le citoyen ; elle nfoblige point le fouverain
: Hdc imperans non tenetur.
Le long ufage donne force de loi. Le filence du
fouverain marque que telle a été fa volonté.
Les lois civiles n’obligent qu’après la promulga-
La raifon inftruit des lois naturelles. Les lois y -
viles ne font connues que par la promulgaiiim
Il n’appartient, ni aux doHeurs ni aux philofophes
dinterpréter les lois de la nature. C’eft l’affaire du
louverain. Ce n’eft pas la vérités mais l’autorité qui
tait la loi : Non veritas, fed aucloritas facit legem
L ’interprétation de la loi naturelle eft un juge-
ment du fouverain qui marque fa volonté fur un cas
particulier.
C ’eft ou l’ignorance, ou l’erreur, ou la paflion1
qui caufe la tranfgreflion de la loi Sc le crime. *
Le châtiment eft un mal infligé au tranfgr'efleur
publiquement, afin que la crainte de fon fopplice
contienne les autres dans l’obéiflance.
Il faut regarder la loi publique comme la con-
foience du citoyen : Lex publica civi pro confcientia
Jubeunda.
Le but de l’autorité fouveraine , bu le falut des
peuples, eft la mefure de l’étendue des devoirs du
fouverain : Irhperantis officia dimetienda ex fine, qui
eft falus populi.
Tel eft le fyftème politique d’Hobbes. Il a divifé
fon ouvrage en deux parties. Dans l’une, il traite
de la fociété civile, & il y établit les principes que-
nous venons d’expofer. Dans l’autre, il examine la
fociété chrétienne, & il applique à la puiffance éternelle
les mêmes idées qu’il s’étoit formées delà puif-
fance temporelle. r
Caractère d Hobbes, Hobbes avoit reçu de la na-'
ture cette hardiefle de penfer, & ces dons avec lef-
quels on en impofe aux autres hommes. Il eut un
efprit jufte & v afte, pénétrant & profond. Ses fen-
timens lui font propres j & f a philofophie eft peu
commune. Quoiqu’il eût beaucoup étudié, & qu’il
fu t , il ne fit pas aflez de cas des connoiflances ac-
quifes. Ce fut la fuite de fon penchant à là méditation.
Elle le cpnduifoit ordinairement à la découverte
des grands reflorts qui font mouvoir les hommes.
Ses erreurs même ont plus fervi au progrès de
l’efprit humain, qu’une foule d’ouvrages tiflus de vérités
communes. H avoit le défaut des fyftémati-
ques ; c eft de generalifer les faits particuliers, &
de les plier adroitement à fes hypothèfes ; la leôure
de les ouvrages demande un homme mûr & cir-
confpea. Perfonne ne marche plus fermement, &
n elt plus confequent. Gardez-vous de lui pafler
fes premiers principes, fi vous ne voulez pas le fui-
y[ft Par'*?ut *1 foi plaira de vous conduire. La
philofophie deM. Roufleau de Genève, eftprefque 1 inverfe de celle de Hobbes. L’un croit l’homme de
la
H O B ïk ùàlure boh^Sc l’autre le croit méchant. Sélon le
philofophe de Genève, l’état clé nature eft un état
de paix; félon le philofophe de Malmesbury, c*èft
tin état de guerre. Ce font lès lois & la formation
de la fociété qui ont rendu l’hpnimë meilleur, fi
l’on én croit Hobbes; Sc qui l’ont dépravé, fi Bon
èn croit M. Roufleau. L ’un étoit né aii milieu dii
tumulte & des fa&ions ; l’autre vivoif dans le mond
e , & parmi les fa vans. A,utres tems, autres cir-
conftànces, autre philofophie. M. Roufleau eft éloquent
Sc pathétique ; Hobbes fe c , auftere Si rigoureux.
Celui-ci voyoit le trône ébranlé, fes citoyens
armes les iins contre les autres, Sc fa patrie inondée
de farig par les fureurs du fariatifme presbytérien,
Sc il avoit pris en avérfion le dieu, le miniftre
& les autels. Celui-là voÿbit des hommes verfés
dans toutes les connoiflances, fe déchirer, fë haïr,
fe livrer à leurs pallions, ambitionner là cofifidé-
ration, la richeffe, les dignités, Si fé conduire d’une
iîianiere peu conforme aux lumières qu’ils avoieilt
acquifes, Sc ii méprifa îà fciencé & les favans. Ils furent
outrés tous les deux. Entre le fyftème de l ’un
& d e l ’autre, il y en a un autre qui peut-être eft
le vrai : c’eft que, quoique l’étàtde Uéfpece hurriaine
foit dans une vicilütude perpétuelle, fâ bonté Sc fa
méchanceté font les mêmes ; fon bonheur Sc foii
malheur circonfcrits par des limités qu’elle ne petit
frarichir.Tous les avantages artificiels fe coifipenfent
par des maux; tous les mâux naturels pat des biens.
Hobbes, plein de confiance dans fon jugement, phi-
iofophad’après lui-même. Il fut honnête homme,
îlijet attache à fort rô i, Citoyeii z é lé , homme fim-
p le , droit, ouvert & bienfaifant. Il eut des amis &
des ennemis. Il fut loué & blâmé fans mefure ; la
plupart de ceux qui ne peuvent entendre fon ilom
fans frémir, n’ont pas lu & ne font pas en état de
lire une page de fes ouvrages. Quoi qu’il en foit du
bien ou du niai qii’on eh penfe, il a laiffé la face
du monde telle qu’elle étoit. Il fit peu de cas de la
philofophie expérimentale : s’il faut donner le nom
de philofophe à un faifeur d’expériences, difoit-il,
le cuifinier, le parfumeur, le diftillateur font donc
des philofophes. II méprifa Bayle, & il en fut mé-
prifé. Il acheva de rénverfer l’idole de l’école que
Bacon avoit ébranlée. Oïl lui reproche d’avoir introduit
dans fâ philofophie des termes rtoüveaux ;
mais ayant une façon particulière de confidérer les
chofes, il étoit impoflible qu’il s’en tînt aux mots
reçûs. S’il ne fut pas athée, il faut avouer que fon
dieu différé peu de celui de Spinofa. Sa définition
du méchant me paroît fublime. Le méchant de Hobbes
eft un enfant robufte : malus eft puet fobuftus. *
En effet, la méchanceté eft d’autant plus grande
qlie la raifon eft foible, & que les paflïons font for-
tes. Suppofez qtt’ün enfant eut à fix femaines l’imbécillité
de jugement de fon âg e, & les paflïons &
la force d’un homme de quarante ans, il eft certain
qu’il frappera fon pere, qu’il violera fâ mère, qu’il
étranglera fa nourrice, & qu’il n’y aura mille fécü-
nté pour tout ce qui l’approchera. Donc la définition
d Hobbes eft fauffe, ou l’homme devient bon à mefure
qu’il s’iriftruit. On a mis à la tête de fa vie
l’épigraphe fuivante ; elle eft tirée d’Ange Politieh.
Qui nos damnant y hiftriones funtmaximiy
Nam Curios Jimulant & bacchanalia vivant* Hi funt precipul quidam clamofiy levés, Cucullati y lignipedes , ciricli funibus , Superciliojî , incurvi- cervicum pecus ,
Q « î , quod ab aliis habitu ■ jjyiefque vultu vendunt fan&c lciumltoun idaisft entiuntÿ enjuramjibi quamdam & tyrannidem occupant, ravtdamquc plebem territant minaciis.
« H g B philofophiques d’Hobbes, il
H O B 241
ÿarié/ d’il!tres do,it i! n’eft Pas «»«-à objet de
r B H O B E R E A U , fubluieà I fi H xac ) difeau de proie, dont Willughbi a décrit
une fiemeiw qtuperott neuf onzes ; elle avoit un
pie de longueur depuis l’extrémité dit bée iufqu’au
bout de,la qiieué, & environ deux piés & denit
d envergure. Le bec reffemble à celui de la creirellè-
.ibauneicouleurbleuâtre, excepté à fa,bafe qttieft
blanchâtre ; la membrane qui la recouvre en paf-
^ Pa,uPleres auffi dé couleur
| B î y j ux une W È B Ê Ê È Ë È i
les plumes du deffus de la tête ont .les côtés hoirs-
“ ' l “ 9™ extérieur de couleur de maron ; le cou
rouffâtre ; le A m & le deftiis des ailes ont une ebu<-
leur brune noirâtre; le noir domine fur lebrun air
milieudu dos & dans les grandes plumes des ailes,
& le brun eft le plus, apparent fur les petitès plumes
des ailes & fur le croupion. Le menton & la norefc
ont une couleur jaunâtre*, il y a dé chaque côté
deux taches blanches ; dont l’une s’étend depuis Ik
bonchojnfqua lagorge, & feutre dèpuis l’occiput
aufli jüfqu à la gorge. Le bas - ventre eft roux &
1 elpace qui fe trouve entre le bas'-ventre & lit
gorge eft couvert de lpliitnés noirâtres sdans le milieu
St blanches fur les bprds. Les ciiiiTes font ronfle
s , ce ont des taches.noires plus petites que celles
de la poitrine. Chaque aile a vingt quatre grandes
plumes; don: ia fécondé eft la plus longue : eliesonc
toutes des taches trai-.iVeri'ales blanches & noirés
fur leurs barbes intérieures. Les petites ,plumes du
deffous des ailes font noires, & ôiït des taefies blanches
& rondes. La queue a einqpouces.de longueur
& douze plumes * les deux du milieu finit les plus
longues. Les pattes, les piés & les doigts ont une
meme, couleur jaune ; les ongles font'noirâtres. Les
alouettes font la rproie la plus ordinaire du haube.
reau. Willug. Omit.
HOBLERS o« HOBILERS, fi m. pi. (Hifî. mod.J
etoiént autrefois des gens demeurant fur les côtes
qui étoient obligés de tenir un cheval p rêt, en cas
de quelque invafion, afin d ’en donner avis.
C ’étoit auffi le nom qu’on donnoit à certains chevaliers
irlandois, qui fervoient dans la cavalerie
légère. (G)
HQBRO , ( Giog. ) petite ville de Danemarck ,
avec un port dans la partie feptentrionale du Jut-
lande.
HOBUS, f. m. ([Hift. nat.Botan.") efpece de prunier
des Indes occidentales , qui eft fort grand St très-
touffu. La prime qu’il porte n’eft point fort charnue
, & reffemble à celle qu’on nomme prune de
damas. Elle devient jaune en mûriffant, & renferme
un noyau très-dur ; le goût en eft agréable, mais un
peu aigre , & ce fruit eft plein de filets. Quelques
gens regardent ces prunes comme une efpece de
mirobolans. Lés Indiens font une eau aromatique
avec les fommités des rameaux de l’arbre &
avec leur écorce ; elle eft, dit-on, propre à ramméf
lorfqu’on eft fatigué : le fruit a la propriété de fortifier
l’eftomac , & cependant de lâèher le ventre.
Lorfqu’on rompt la racine, il en fort une eau qui eft
ttès-bônhe à boire.
H O C , f.m. (Jeux.y ce jeu a deux noms, le hbc
maçarin Sc le hoc de lion i il fo joue différemment ;
mais comme le premier eft plus en ufage que l’autre
, flous ne parlerons ici que de lui.
Le hoc mazarin fe joue à deux ou trois perfonnes;
dans le premier cas, on donne quinze cartes à chacun
; & dans le fécond, douze. Le jeu eft comparé
de toutes les petites.
Le roi leve la dame, & ainfi des autres, fuivaht l
l’ordre naturel & ordinaire des cartes.
p e «®. «we efpese ft’amtigu, puifqu’il eft mêlé