546 I F eux de rafer ou de couper fa barbe, quelque peu
que ce fort. Ils ont certaines coutumes qui femblent
montrer qu’ils defcendent de quelque fefte de Chrétiens;
par exemple , dans leurs feftins l’un d’eux
préfente une taffe pleine de vin à un autre, & lui
dit : prenez le calice du fang de J. C. celui-ci baife
la main de celui qui lui prêtante la tafle, 6c la boit.
Hiclioh>de Trévoux. I F 1F , f. m. taxus, ( Hiß. nat. Bot. ) genre de plan-:
te à fleur compofée de fommeîs, qui , pour la plupart
, ont la forme d’un champignon ; cette fleur eft
Hérite, l’embryon devient dans la fuite une baie
concave faite en forme de cloche & pleine de fuç ;
elle renferme une femence. II y a de ces fruits qui
reffemblent à un gland, car ils ont une calotte qui
cmbrafle la femence. Tournefort, Inßit. rei kerb.
Voyc{ Plante.
I f , taxus, arbre toûjours verd, qui vient naturellement
dans quelques contrées méridionales de
l ’Europe ; mais par l’ufage que l’on en fa it , & la
contrainte où on l’aflùjettit, il ne paroît nulle part
que fous la forme d’un arbrifleau. Si cependant on
le laifle croître de lui-même, il prend une tige droite
, qui s’élèv e, groflit, 6c devient un moyen arbre.
Son écorce efl mince, rougeâtre, & fans gerfures à
tout âge ; fes feuilles font petites, étroites, affez
reflemblantes à celles du lapin, mais d’un verd
obfcur 6c trille. L’arbre donne au printems, aux extrémités
de fes jeunes rameaux, des fleurs mâles ou
chatons écailleux qui fervent à féconder fes fruits ;
ce font des baies molles, vifqueufes, 6c d’un rouge
v i f , dont chacune contient une femence.
Cet arbre eft très-robufte ; & quoiqu’il habite les
pays tempérés, on l’y trouve plus volontiers fur le
fommet des montagnes les plus froides, dans les gorges
ferrées & expofées au nord, dans des coteaux
à l’ombre, dans les lieux fecs & pierreux, dans les
terres légères & ftériles. Il peut venir fous les autres
arbres, & il eft fi traitable, qu’on le voit réuflir dans
tous les terreins oit on l’emploie pour la décoration
des jardins, & où il n’y a que l’humidité qui puiffe le
faire échouer.
L’i f fe multiplie aifément de femences, de boutures
ou de branches couchées. Le premier moyen eft
le plus lent, mais le meilleur qu’on puiffe employer
pour avoir des arbres forts 6c bien enracinés. Les
deux autres méthodes feroient préférables par leur
célérité , fi elles n’avoient l’inconvénient de donner
des plants défeéiueux, foit parce qu’ils font courb
es, ou qu’ils n’ont point de tige déterminée. La
graine de V if eft mûre au mois de Septembre, elle
refte ordinairement fur les arbres jufqu’en Décembre
; mais comme les oifeaux en font fort avides,
on court rifque de n’en plus trouver en différant
plus long-tems de la faire cueillir : il vaut donc
mieux faire cette récolte dans le mois d’Oâobre.
On peut la ferner fur-le-champ, ou attendre le printems
, ou bien l’autonne fuivante , ou même diffé-
rer jufqu’à l’autre printems. En prenant le premier
p a rt i, il en pourra lever quelques-unes au printems
fuivant ; mais le plus grand nombre ne lèvera qu’au
fécond printems, & il en fera de même des graines
que l’on aura femées dans les trois autres tems ; en-
forte qu’il faut que cette graine foit furannée pour
être affuré de la voir lever au bout de fix femaines.
Comme il n’y a prefque rien à gagner en la femant
immédiatement après qu’elle a été recueillie, il vaut
•encore mieux la garder pendant la première année,
dans de la terre ou du fable, en un lieu fec ; on épargnera
l’occupation du terrein, & la peine de le tenir
en culture. Si cependant on avoit intérêt d’accélé-
zer > A y a diflèrens moyens d’en venir à bout que
I F l’on pourra employer; il faudra où laiffer fuer
graines, ou les mettre en fermentation i.voye^ ce qui
a été dit à ce fujet à l’article H otix.
Il faut femer la graine d’i f dans un terrein frais 6c
léger, contre un mur expofé au nord. Bien des gen$
la fement en plein champ ; mais. il vaut mieux I9.
mettre en rayons, que l’on recouvrira d’un demi
pouce de terreau, fort léger ; cela donnera plus dç
facilité pour la culture. La première apnée les plants
s’élèveront à un pouce ; la fécondé, à environ trois
ou quatre pouces ; 6c la troifieme année, ils auront
communément un pié ; c ’eft alors qu’ils feront en
état d’être mis en pepiniere. Mais comme les racines
de cetarbre font,courtes , menues, en petite quarn
t ité , 6c à fleur de terre, il faut avoir la précaution
de tranfplanter les jeunes plants tous les deux ans,
afin, de les empêcher d’étendre leurs racines, & les
difpofer à pouvoir être enlevés avec la motte lorf-
qu’on voudra les placer à demeure : pendant le fé-r
jour qu’ils font à la pepiniere on les taille tous les
ans , pour les faire brancher & épaiflir , & on les
prépare ainfi à prendre les figures auxquelles on les
deftine.
Si on veut multiplier V if de branches couchées $
on doit faire cette opération au printems ; on fe lert
pour cela des branches qui fe trouvent au pié des
vieux arbres, 6c pour en affùrer le fuccès il faut
marcotter les branches en les couchant ; elles auront
de bonnes racines au bout de deux ans, & alors on
pourra les mettre en pepiniere. Si on prend le parti
de propager cet arbre de boutures,. il faut les faire
au mois d ’A v ril, par un tems humide, dans un ter-
rein frais & bien m euble, contre un m ur, à l’expor
fition du nord. Les plus jeunes branches font les
meilleures pour cet oeuvre ; le plus grand nombre
de ces boutures pouffera la première année, & annoncera
du fuccès ; mais la plûpart malgré cela
n'ayant point encore fait racine, ou n’en ayant que
de bien foibles , on les verra fe deffécher 6c périr
par le hâle du printems fuivant, fi on n’a grand
loin de les couvrir & de les arrofer : il ne faut s’attendre
à les trouver bien enracinés qu’après la troifieme
année, qui fera le tems de les tranfplanter en
pepiniere.
Par les précautions que l’on a confeillé de prendre
pour l’éducation de ces arbres durant le tems qu’ils
font en pepiniere, on doit juger qu’il ne faut pas
moins d’attention pour les tranfplanter à demeure,
6c c’eft fur-tout aux choix de la faifon qu’il faut
s’attacher. Le fort de l’hiver 6c le grand été n’y font
nullement propres ; tous autres tems font conyena*
blés , à l ’exception toutes-fois des commencemens
du printems , 6c particulièrement de ce tems fec *
v i f & brûlant, que l’on nomme 1 e haie de Mars. Ce
hâle eft le fléau des arbres toûjours verds ; c’eft l’intempérie
la plus à craindre pour les plants de ces arr
bres, qui font jeunes ou languiflans, ou nouveller
ment plantés. Les mois que l’on doit préférer pour
la tranfplantation de V if font ceux'd’Avril & de
Septembre, encore faut-il profiter pour cela d’ut»
tems doux, nébuleux 6c humide ; garantir les plants
du foleil en les couvrant de paille , & les arrofer
fouvent, mais modérément. Si cependant les ifs que
l’on prend le parti de tranfplanter font trop forts ,
il fera bien difficile de les faire reprendre avec toutes
les précautions poffibles » 6c les plants jeunes ou
moyens que l’on fera dans le cas d’envoyer au loin ,
doivent être enlevés avec la motte de terre , & mis
en manequin pour en aflurer le fuccès. L’i f eft un
arbre agrefte, fauvage, robufte ; dès qu’il eft repris
, il n’exige plus aucune culture.
Le bois de Vif eft rougeâtre, veineux & fléxible ,
très-dur, très-fort, 6c prefque incorruptible ; fa for
liditéle rend propre à cüfférens çuvrages de Menuic
1 F .
fér ié, il prend un beau p o li, & les- racines s’emploient
par lès Tourneurs 6c les Ébéniftçs.
Gn ne plante prefque jamais cet arbre, pour le
laiffer croître naturellement ; on ne l’emploie au
contraire que pour l’aflüjettir à différentes formes,
qui demandent des foins, 6c encore plus de goût.
L ’i/ n ’à nulle beauté, il eft toûjours verd, 6c puis
c’eft toiit ; mais fa verdure eft fi obfcure, fi trifte,
que tout l’agrément de cet arbre vient de la figure
que l’art liii impofe. Autrefois lès ifs envahiffoient
les jardins par la quantité de plants de cet arbre
qu’on y admettoit, 6c plus encore par les formes
voluminèufés & furchargées qu’on leur laiffoit prendre.
Aujourd’hui, quoique le goût foit dominant
pour les àrbriffeaux, on n’emploie V if qu’avec ménagement
, & on le retient à deux ou trois piés de
haut ; on le met dans les plates bandes des grands
jardins pour en interrompre1 Funiformité, 6c marquer
à l’oeil des intervalles fymétriques ; on le place
auffi entre les arbres des allées, autour des bolquets
d’arbres toûjours verds, dans :tes faites de verdure,
& autres pièces de décoration ; mais le meilleur
ufage que l’on puiffe faire de cet arbre , c’eft d’en
former dès banquettes ; dès haies de clôture ou de
féparation, & fur-tout de hautes paliffades; il eft
très-propre à remplir ces objets, par la régularité
dont il eft fufeeptible. Ces haies & ces paliffades
font d?unè forcé impénétrable, par l’épailieur qu’on
peut leur faire prendre; V if eft peut-être de tous les arbres celui quifouf-
fre la taillé avec le moins d’inconvénient, 6c qui
conferve le mieux la forme qu’on veut lui donner.
On lui voit prendre fous les cifeaux du jardinier des
figures fondes’, coniques, - lpirales, en pyramide,
en vafe , &c. le mois de Juillet eft le tems le plus
propre pour là taille de cet arbre.
Si l’on en croit la plûpart des anciens auteurs d’a-
griculturè, 6c quelques-uns des modernes, cet arbre
a des propriétés très-nuifibles ; le bois, l’écorc
e , lè feuillage, la fleur 6c le fruit, fon ombre même
, tout en eft venimeux , à ce qu’ils aflùrertt ; il
peut caufer la mort à l’homme , -à plufieurs animaux
quadrupèdes, 6c aux oifeaux : ils citent même quantité
de faits à cé fujet. Mais il paroît que cette malignité
fi exceffive doit être lur-tout attribuée à un
autre efpece d’i f , qui ne fe trouve que dans les contrées
méridionales de l’Europe, & qui a les feuilles
plus larges & plus luifantes que celles de l’efpece
que nous cultivons. M. E v elyn , dans fon Traité des
forêts, rapporte avoir vû à Pifé en Italie, de ceS ifs
à larges feuilles, qui rendoient une odeur fi forte &
fi aétive, que les Jardiniers ne pouvoient les tailler
pendant plus d’une demi - heure, fans reffentir un
grand mal de tête. Il eft très-certain que le fruit de
notre i f ne caufe aucun mal ; on a vû fouvent des
enfans & des animaux en manger fans aucun inconvénient
; bien des gens fe font trouvés dans le cas de
fe repofer, & même de dormir foits fon ombre, fans
en avoir reffenti aucun mal ; mais à l’égard des rameaux
, qui peuvent comprendre en même tems le
bois, la feuille 6c la fleur, il y a lieu de foupçonner
qu’il eft très-dangereux d’en manger : il y a lur cela
un exemple affez récent. Un particulier de Mont-
bard, en Bourgogne, ayant conduit fur un âne des
plantes au jardin du Roi à Paris, au mois de Septembre
1 7 5 1 , il attacha fon âne dans une arriéré cour
du château, où il y avoit une paliffade d’i f ; pendant
que le conducteur s’occupa à tranfporter dans les
ferres les plantes qu’il avoit amenées, l’animal, qui
étoit preffé de la faim, brouta des rameaux d’i f qui
etoient à fa portée, & lorfque Te cônduûeur revint
pour prendre fon âne 6c le conduire à l’écurie, il le
vit tomber par terre, & mourir fubitement, malgré
les feçours - d’un maréchal qui fut appelle fur-le-
I F R 547
champ , & qui reconnut par l’enflure qui étoit fur-
venue à l ’animal, 6c par d’autres indices, qu’il fal-
loit qu’il eut mangé quelque ehofe de venimeux.
Jean Bauhin dans lön hißoire des Plantes cite pareil
fait d’un âne mort fubitement, au village d’Obe-
rentzingen, pour avoir mangé de Vif ■
On ne connoît encore que deux variétés de cet
arbre; l’une, dont les feuilles font plus larges &
plus luifantes ; 1 autre , dont les feuilles font rayées
de jaune : celle-ci a fi peu d’agrément qu’on ne s’eft
point encore avifé de la tirer d’Angleterre, où la
curiofite pour les plantes panachées trouve plus de
partilans qu’en France. Les auteurs Anglois com
viennent que cette forte d’i f panaché n’a prefque
nulle beauté ; que pendant l’é té , qui eft le tems où
cet arbre pouffe vigoureufement, à peine apperçoit?
on la bigarrure, 6c qu’elle préfente plutôt une dé-
feCluofité qu’un agrément ; qu’il eft vrai qu’elle eft
plus apparente en hiver, mais qu’il faut beaucoup
de foin pour empêcher l’arbre de reprendre fon état
naturel.
If , ( Médecine. ) Diofcoride, G alien, Pline, presque
tous les anciens naturalises, & quelques modernes
, mettent cet arbre au rang des poifons ; nonr
feulement fes fruits, l’infufion ou la déco&ion de
fes feuilles 6c de fon bois, ont, félon ces. auteurs ,
une qualité affoupiffante & véritablement venimeux
f e , mais encore il eft dangereux de dormir à fon
ombre , 6c de s’occuper pendant un certain tems
continu à le tailler. Les naturaliftes modernes s'accordant
au contraire affez à abfoudre cet arbre de
ces qualités pernicieufes. Or-, comme les anciens
ont été beaucoup moins circonfpefts que les modernes
fur les affertions de ce genre; qu’ils ont moins
reconnu que ceux-ci les droits de l’expérience, il paroît
raifonnable de pancher vers le fentiment des
derniers, ( é )
If , l\île d ’ , Hpcea, ( Géog. ) île de France en Provence
, la plus orientale des trois qui font devant le
port de Marfeille. Le fort qui la défend paffe pour
un des. meilleurs de la mer Méditerranée ; ce n’étoit
auparavant qu’une place d'ifs, dont elle a gardé le
nom. ( D . J. )
IFR AN , ( Géog. ) ou UFARAN félon Dapper ,,
& OFIN félon d’autres, canton d’Afrique fur la côte
de l’Océan, au fud-oueft du royaume de Maroc,dans
le pays des Lucayes. Il y a dans ce canton quatre
villes murées, bâties par les Numides, à une lieue
l’une de l’autre ; le terroir donne beaucoup de dattes
, 6c renferme quelques mines de cuivre. Les ha-
bitans font tous Mahométans, & n’admettent point
de lupplices par leurs lois ; quelque crime qu’on ait
commis , la. punition la plus févere fe borne au ban-
niffement, 6c cette peine fuffit pour contenir dans le
devoir. ( D. J. )
I G
* IGBUCAMI, f. m. ( Hift. nat. Bot. ) arbre du
Bréfil, dont le fruit eft femblable à là pomme, mais
plein de petits grains, qu’on ordonne dans la dyffen-
terie. L’Igbucami eft commun dans le gouvernement
de S. Vincent.
* IG C IG A , f . m. ( Hiß. nat. Bot. ) arbre du Bréfil
qui produit un maftic odorant, 6c dont l’écorce
pilée rend une liqueur blanche qui s’épaiflit & fort
<i’encens. On fait une emplâtre, de cette liqueur,
qu’on applique fur les parties affeélées d’humeurs
-froides.
■ Il y a un autre arbre de la même claffe, qu’on
appelle igraigeica ou maßic dur; fa réfine eft tranf-
parente comme le verre. Les fauvages s’en fervent
pour blanchir leurs vaiffeaux de terre, H ici. de Trévoux.