
il ; f; lîlr !?.
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ne font point hiérarques; mais Bellarmin, Gerfoti,
Petrns Aurelius , faint Jérome, 82 d’autres peres de
l’églife ont eu fur ce point des fentimens très-dif-
férens. | . .
Ne pourroit-on pas croire que ceux qui ont droit
d’afîifîer dans un eoncile & d’y donner leur v o ix ,
font néceffairement dans la hiérarchie , ou du nombre
de ceux qui ont part au gouvernement eccle-
fiaftique, foit qu’ils foient de droit divin ou non ?
Ne faudroit-il pas avoir égard aufîi aux ordres
qui conférés impriment un caraftere ineffaçable, 82
ne permettent plus à celui qui l’a reçu de paffer dans
un autre état ?
Quoiqu’il en foit, fans prétendre décider les quef-
tions qui appartiennent à une hiérarchie aufîi fainte
& aufîi refpeôable que celle de l’Eglife de Jefus-
Chrifî , nous allons expofer Amplement quelques
idées propres à les éclaircir.
Jefus - Chrift a inflitué l’apoftolat. Des auteurs
prétendent que l’Eglife a enfuite diftribué l’apofîolat
en plufieurs degrés qu’ils regardent en conléquence
comme d’inftitution divine ; ont-ils raifon ? ont-ils
tort ? Voyeç APÔTRES.
D ’autres ne font d’accord ni fur ce que Jefus-
Chrift a inftitué, ni fur ce que fes fuccefleurs ont
inftitué d’après lui. Ils veulent que la ceremonie
qui place le fimple fidele dans l’ordre hiérarchique
foit un facrement, & comptent autant de facremens
que de degrés hiérarchiques.
Il y en a qui foutiennent que la confécration des
évêques n’eft point un facrement ; parce que, di-
fent-ils , l’évêque a reçu dans la prêtrife toute la
puilfance de l’ordre. Cependant entre les pouvoirs
fpirituels d’un évêque 82 d’un prêtre, quelle différence
! Voye^ Evêques.
Frappés de cette différence , 82 conlidérant fur-
tout que l’épifeopat conféré le pouvoir d’adminif-
trer le facrement de l’ordre & d’élever à la prêtrife ;
pouvoir que le prêtre n’a pas, même radical, comme
celui de confefler & d’abfoudre fans permifîion en
cas de néceflité ; la plûpart foutiennent que l’épifco-
pat eft d’un autre ordre que la prêtrife, voy. Prêtre,
& que le facre épifcopal eft un facrement. Voye1 Evêque.
Aucuns n’ont fait cet honneur à la tonfure ni à
la papauté , quoique la tonfure tiré le chrétien du
commun des fideles pour le placer dans l’état ecclé-
fiaftique , 62 qu’elle méritât bien autant d’être un
facrement que la cérémonie des quatre moindres
qui conféré au tonfuré le pouvoir de fermer la porte
des temples, d’y accompagner le prêtre 82 de porter
les chandeliers; pouvoir qui n’appartient pas tant à
l’ordonné, qu’un fuiffe, un bedeau, oit un enfant de
choeur ne puifle le remplacer fans ordre ni facre-
ment. Voye{ Tonsure & Tonsuré.
Mais la papauté à laquelle on attribue tant de
prérogatives, & qui en a beaucoup , a-t-elle moins
befoin d’une grâce folemnelle que la fonûion de pré-
fenter les burettes 82 de chanter Fépître ou l’évangile
? Jefus-Chrift s’eft-il plus expliqué en faveur
du foudiaconat que du pontificat ? A-t-il dit à quelqu’un
de fes difciples : Chante{ dans les calices le temple, ejfuye1 les? Voye,^ c Domme il a dit à Pierre : Paiffe^ mes ouailiacre
& Soudiacre.
Mais fi l’Eglife a pu partager l’apoftolat en plufieurs
degrés, 82 étendre ou reftreindre le facrement
de l’ordination ; ne l’a-t-elle pas encore de changer
cette divifion , & de fe faire une autre hiérarchie ?
Qu ’eft-ce qui lui a donné le pouvoir d’établir, &
lui a ôté celui de changer ?
Mais fon ufage a-r-il été invariable ? Qu’eft-ce
que les cardinaux d’aujourd’hui ? Que font devenus
les chorévêques d’autrefois qui avoient, félon le
concile dé Nicée, le pouvoir de conférer les moin-
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dres , & qui, laiflant le féjour des villes, formoient
dans les campagnes comme un ordre ou échelon mitoyen
entre la prêtrife 82 l’épifcopat.f^qy^CHORÉ-
v ê q u e.
Cet ordre a été fupprimé de la hiérarchie par le
pape Damafe ; mais pefez bien la raifon que ce
pape en apporte. « Il faut, dit- il, extirper tout ce
» qu’on ne fait pas avoir été inftitué par Jefus-
» Chrift, tout ce que la raifon n’engage pas à fiiain-
» tenir ; & l’on ne voit que deux ordres établis par
» Jefus-Chrift , l’un des douze apôtres , 82 l’autre
» ^des foixante 82 dix difciples ». Non amplius quam
duos ordines inter difcipulos Domini effe cognovimus ;
id eß y duodecim apoßolorum 6* feptuaginta difeipu-
lorum : undè iße tertius proeeßeric funditàs ignoramus,
& quod ratione caret exùrpari necejfe eß. Seâ . 6. c. 8.
Chorefpif.
Mais fi l’on fuivoit ce principe du pape Damafe,
quel renverfement n’introduiroit-il pas dans la hiérarchie
eccléfiaftique ? On n’y laifleroit rien de ce
qui n’eft pas de l ’inftitution de Jefus-Chrift , ou de
la nécefîité d’un bon gouvernement ; or Jefus-Chrift
a-t-il donné la pourpre ou le chapeau à quelqu’un
de fes difciples ?
Dire que lorfqu’on ne fait précifément quand une
chofe a commencé d’être établie ou d’être crue, elle
l’a été dès la première origine ; c’eft un raifonne-
ment tout-à-fait faux, & on ne peut pas plus dangereux.
On obje&era peut-être à la divifion du pape Damafe
de la hiérarchie en deux ordres, que les apôtres
ont inftitué des diacres ; mais il eft évident que cette
dignité ne fut créée que pour vaquer à des fondions
purement temporelles. Les diacres faifoient diftri-
bution des aumônes 62 des biens que les fideles
avoient alors en commun , tandis que les diacon-
nefîes de leur côté veilloient à la décoration & à la
propreté des lieux d’affemblée : quel rapport ces
fondions ont- elles avec la hiérarchie ?
Dans l’examen de ce fujet, il rte faut pas confondre
te gouvernement fpirituçl, l’établilfement, la
propagation 82 la confécration du chriftianifme avec
le fervice temporel. Ce n’eff pas à ceux qui fongent
à accroître les revenus de l’églife, à les gérer, 82 à
les partager, que Jefus-Chrift a dit : Ecce ego mitto vos
ßcut mißt me Pater.
Il n’y a que les premiers qui foient les vrais membres
de Jefus-Chrift. Il en eft l’inftituteur. Il n’y a
rien à changer à leur hiérarchie. Il n’y a point d’autorité
dans l’Eglife qui ait ce droit ; ni Pierre, ni
Paul, ni Apollon ne l’ont pas , nec addes nec mi nues.
Ce qui part de cette fonree, doit durer fans altération
jufqu’à la fin des fiecles. Les autres font
d’inftitution eccléfiaftique créés pour l’adminiftra-
tion temporelle 82 le fervice de la fociété des chrétiens
, félon la convenance des Iienx, des tems 6c
des affaires. On les appellera, félon eux, minißres
de l ’Eglife.
L’origine de leurs pouvoirs 82 de leurs fonâionâ
ne remonte pas jufqu’à Jefus - Chrift immédiatement
; l’autorité qui les a créés peut les abolir ; elle
l’a fait quelquefois, 6c elle l’a dû faire.
Les apôtres ne prépofèrent des diacres 3c des ad-
mirnftrateùrs qu’à l’occafion du mécontentement 6c
des plaintes des Grecs contre les Hébreux ; trop
chargés des occupations temporelles, ils ne pou-
voient plus vaqtfêfàux fpirituelles. Le fervice d’économe
comrtïençoit à nuire à l ’état d’apôtre : non
tequum eß nos derelinquere vetbum Dei & minißrare
menßs.
Quoi qu’il en foit de toutes ces idées, je les fou-
mets à l’examen de ceux qui par leur devoir doivent
être plus verfés dans la connoiffance de l ’histoire
de l ’Eglife 6c de fon hiérarchie.
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HLERÉ DE COLOQUINTE , ( Pharmacie. )
Voye{ C o l o q u in t e .
HIERES , ( Géog.) en latin Olbia Arect, ville de
France en Provence, au diocefe de Toulon : fon terroir
6e les environs, font délicieux pour la bonté 8c
la beauté des fruits ; mais fon port qui lui fefoit aujourd’hui
d’une grande refloiircè , s’eft comblé depuis
long-tems, 6c la mer s’eft retirée plus de deux
mille pas ; cette ville eft à 5 lieues de Toulon, 179.
S. E. de Paris. Long. 23 d. 48 '. h ", lat. 43 d. y
WSè
Maflillon, dit M. dé Voltaire, « né dans la ville
» d’Hieres en 1663 , prêtre de l’Oratoire, évêque de
» Clermont, le prédicateur qui a lé mieux connu
» le monde, plu§ fleuri que Bourdaloue, plus agréa-
» b le , 8c dont l ’éloquencé fertt l’homme de cou r,
» l’académicien 6c l’homme d’efprit, de plus philo-
» fophe modéré 8c tolérant, mourut en 1J4X0. Ses
fermons 6c fes autres ouvrages qui confiftent en
Difcours Panégyriques , Otaifons funèbres , Conférences
eccléfaf iques , ôcc. ont été imprimés en quatorze
volumes in -12. (D . J .y HièRES Us îles d’y ( Géog. ) infula Areaturfi, îles
de France fur la côte de Provence ; il y en a trois,
Porquerolles, Pôrt-Croz, 6c l’île du Titan ; lésMar-
feillois les ont habitées les1 premiers , ils les nommèrent
Stoeckades. ( D . J. )
HIÉROCERYCE, f. m. ( Liiièr. ) chef des hé-
raults facrés dans les myfteres de Cerès ; fa fonûion
étoit d’écarter les profanes, 6c toutes les péiffônneS
èxclufes dé Iâ fêté par les loix ; d’avertir les initiés
de ne prononcer què des paroles convenables à
l’objet de là cérémonie, ou de garder un ftlence
refpefliueux ; enfin de récitef les formules de l’ini-
fiation.
Vhiéroceryce repréfentoit Mercure, ayant dés ailes
fur le bonnet, 6c la v e rg e , le caducéye à la main,
én un mot tout l’appareil que les poètes donnent à
ce dieu.
C e facerdoce étoit perpétuel, mais il n’impofoit
point là loi du célibat : on peut même fortement
préfumer le contraire par l’exemple du Dadouque ;
ainfi, félon toute apparence , la loi du célibat né
regardoit que Y hiérophante f e u l à caufe de l’excellence
de fon miniftere.
Au refte, la dignité Vhiéroceryce appartenôit à
une même famille ; c’étoit à celle des Céryces descendue
de C é ry x , dernier fils d’Eumolpe, 8c qui pat
conféquent étoit une branche des Eumolpides,quoique
ceux qui la compofoient donnafîenf Mercure
pour pere à Céryx ; mais c’étoit fans doute parce
que ce dieu protégeoitla fon&ion de héraut, héréditaire
dans leur fiimille. ( D . J. )
HIÉROGORACES, f. m. pl. ( Antiq. ) certains
miniffres de Mithras , ç’eft-à-dire du foleil, que léS
Perfes adoroient' fous ce nom. Le mot hièro'cctraces
lignifie corbeaux facrés, parce que les prêtres du
foleil portoient des vêtemens qui avoient quelque
rapport par leur couleur, ou d’une autre riiâniére ,
à ces oifeaux dont les Grées en conféquence leur
donnèrent le nom. ( D . / . )
HIÉROGLYPHE, f. m. (Arts antiq. ) écriture en
peinture ; c’eft la première méthode qu’on a trouvée
de peindre les idées pâf des figüres. Cette invention
imparfaite , défeftueufe , propre aux fiecles
d’ignorance , étoit de même efpece que celle des
Mexiquains qui fe font fervi de Cet expé'dièîif, faute
de connoître ce que nous nommons des lettres ou
des caracleres.
nierogiyphes , afin de cacher au peuple leS ptof
îecrets de leur fcience. Le P. Kircher en partie
* tait de cette erreur le fondement dè fôh g
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théâtre hiéroglyphique, ouvrage dans lequel il n’a
ceffé de courir après l’ombre d’un fonge. Tant s’en
faut que les hiéroglyphes ayent été imaginés par les
prêtres égyptiens dans des vues myflérieufes, qu’au
contraire c’eft la pure néceflité qui leur a donné
naiffance pour l’utilité publique ; M. Warburrhon
j? démontré pat dex preuves évidentes, oit l’érudition
8e la philofophie marchent d’un pas égal.
Le* hiéroglyphes ont été d’ufage chez toutes les
nations pour conferver les penfées par des figures,
& leur donner un être qui les tranfmit à la poftérité
Un concours univerfel-ne peut jamais être regardé
comme uné Alité, foit de l’imitation, foit du hazard'
ou de qüelque événement imprévu. Il doit être
fans dbute cOnfidéré tomme la voix uniforme de
. > parlant aux conceptions grofîîerès de^
humains. Les Chinois dansT’oriertt, les Mexiqüain^
dàns l’occident? , les Scythes dans le nord, Fes Indiens,
l'es Phéniciens-, les Ethiopiens , les Etruriens
ont tous fuivi la même maniéré d’écrire, par peinture
ÔC paT hiéroglyphes ; 62 lés Égyptiens n’ont pas
éû vraiflemblablement une pratique différente des
autres peuples.
En effet-, ils employèrent leurs hilroglyb.es à dévoiler
niremenr leurs lo ix , leurs réglemens , leurs
ufàges , leur hiffoire , en un mot toüt ce qui avoif
du rapport? aux matières civiles. C ’eft ce qui paroît
par les obélifques , par le témoignage de Proclus,
& par le détail qu’en fait Tacite dans fés Annales y
liv. I I . ch, lx.^ au fujet du voyage de Germanicu's
en Egypte. C ’eft cé que prouve encore la fameufé
mfeription du temple dé Minerve à Sais, dont il eft
tant parlé dans l’antiquité. Ün enfant, un vieillard,
un faucon, un poiflon, un cheval-marin, férvoient
à exprimer cette fentence morale : « Vous tous qui
» entrez dànsTe monde 62 qui en fortez, fâchez què
dieux haiffent l’impudence ». Ce hiéroglyphe
étoit dans le veftibüle d’un temple public ; tout le
monde le lifoit, 8c l’entendoit à merveille.
R notis refte quelques rtionumens de ces premiers
effais gtofliers des1 c araser es égyptiens dans lés hiéroglyphes
d’HorapolIb. Cet auteur nous dit entr’autres
fâits , que ce peuple peignoir les deux pies
d’un homme dans l’eau, pour lignifier un foulon^,
& vite fumée qui s’élevoit d'ans les airs , pour d‘èfi-
gner du feu.
Ainfi les befoins fécondés de rinduftrié imaginèrent
l’art de s’exprimer : ils prirent en main le
crayon ou le cifeau , 62 traçant fur lé bois, ou les
pierres dés figures auxquelles furent attachées des
fignificariorts particulières , ils dbnïïéferit en quelque
fa çoïï la vie à ce bois, à céspiérVés, & parurent
les avoir dôüés dü don de la parole. Là repréfentà-
tiond’un enfant, d’uri-Vieillard , d’ iîtt animal, d’uné
plante , de la fiim'ée ; Celle d’un ferp'ent replié en
cercle, un oe il, une main , qiielqüé àltfrë partie du
corps, un inftrumfcnt propre à-la güérre ou aux arts,
devinrent autaht d’è'xp‘rél!iohs, d’imâges, ou, fi l’on
v eu t, autant de mots qui, mis à la‘ filitel’ùn de l’autre
, formèrent un difcours fuivi.
Bien-tôt les Egyptiens prodiguèrent par-tout les
hiéroglyphes : leurs colonnes , leurs obélifques, les
murs dé leurs temples, de leurs pàlâîs , 62 de leurs
fépültures;, en furent fur charges. S’ils érigeoient
une ftàtuë à uii homme iilüftre, dès fymbôlés tels que
iiôusTés:avons indiqués, oti qui leur étoient analo^
gués, taillés fur la fta'tüë même , én'fràçôiënfl’hi-
ftoire. De femblablês caraSeres peints fiir les momies
, rtiettoieht chaque' famillé en état de recori-
ïïoîtrë Ié'côrps de fes artcêtres ; tant' dé mbnumens
deviriferit lès dép'ôfitâirés dès côitrioifîa'ncés des
Egypfièh's'.
Ils émproÿeirent la méthôde hiéroglyphique dç
dèuxfàçbhè, ôu en*mettant la partie1 pô'ür le tout,