7 5 4 I N J de injuriis, & au code celui defamofis libdlis. ( A ) ,
In ju r e , T o r t ,fynon. le tort trouble dans la i
poffefiion des biens ou de la réputation ; il attaque ;
la propriété. L’injure impute des défauts , des cri- j
mes, des vices, des fautes ; elle nie les bonnes qua- '
lités; elle attaque la perfonne. L’homme jufte ne i
fait pas de tort ; l’ame élevée ne fe permet pas l’injure
; la grande ame pardonne le tore, & oppofe à ;
Y injure■ la fuite de fa vie.
INJUSTE ( l’ , ) Droit naturel, aCtion contraire i
à la volonté du Créateur, & que la raifon defap- j
prouve. Voye^ Juste ( le , ) Droit naturel.( D . J .')
INJUSTICE, f. f. ( Dyoit naturel. ) violation des j
droits d’autrui ; il n’importe qu’on les viole par ava- j
r ic e , par fenfualité, par^un mouvement de colere, ;
ou par ambition, qui font autant de fources intarifla-
bles des plus grandes injufiiees ; c’eft le propre au
contraire de la juftice, dé rélifter à toutes les tentations
par le feul motif de pe faire aucune breche
aux lois de la fociété humaiqe. Voye^ Ju st ic e .
On conçoit néanmoins qu’il y a plulieurs degrés
â.'injufiiee, & l’on peut lesèvaluer par le plus ou le
moins de dédommagement qu’on caufe à autrui :
ainft les allions où il entre le plus d'injufiiee ; font
celles qui troublant l’ordre public, nuifentàun plus
grand nombre de gens.
Hobbes prétend que toute irÿufiicc envers les
hommes fuppofe des lois humaines , & ce principe
eft très-faux ; ca r , quoique les maximes delà droite
raifon, ouJes lois naturelles, foient des lois de Dieu
feul, ,ellesfont plus que .fuffifantes pour donner à
l’homme un vrai droit de faire ce que la raifon lui
diète , comme permis de Dieu. Une perfonne innocente
, par exemple, a droit à la confervation de fa
v ie , à l’intégrité de fes membres, aux alimens né-
ceftaires ; &* fans toutes ces chofes, elle ne pour-
roi t pas contribuer à l’avancement du bien commun
: ainfi on lui feroit certainement une criante
injufiiee de lui ôter la v ie , de lui retrancher quelque
membre, parce que toute atteinte donnée aux droits
d’autrui, eft une injufiiee, quelle que foit la loi humaine,
en vertu de laquelle on a acquis ces droits. m tm I , ,INN ( l’ , ) Gcog. les anciens l’ont nommé Ænusy
ou (Enus , riviere d’Allemagne, qui prend fa fource
au pays des Grifons, arrofe dans fon cours la ville
d’Infpruck, & lui donne fon nom , coule entre la
Bavière & le T iro l, fe joint enfuite à la riviere de
Saltz, ferpente enfin vers le Nord, jufqu’à ce que
rencontrant le D anube, elle fe perd dans ce fleuve,
entre Paffau & Inftadt : on appelle lnnthaly la vallée
■ où- elle coule. ( D. J. )
* INNÉ, adj. (Gram. & Philofoph. ) qui naît avec
nous ; il n’y a üinné que la faculté de fentir & de
penfér ; tout le refte eft acquis. Supprimez l’oeil, &
vous fupprimez en même tems toutes les idées qui
appartiennent à la vue. Supprimez le nez, & vous
fupprimez en même tems toutes les idées qui appartiennent
à l’odorat ; & ainfi du goût, de Fouie ', &
du toucher. Or toutes ces idées & tous ces fens fup-
primés, il ne refte aucune notion abftraite ; car c’eft
par le fenfible que nous fommes conduits à l’abftrait.
Mais après avoir procédé par voie de fuppreflion,
fuivons la méthode contraire. Suppofons line malle
informe, mais fenfible ; elle aura toutes les idées
qu’on peut obtenir du toucher ; perfectionnons fon
organifation; développons cette malle, & eh même
' tems nous ouvrirons la porte aux fenfations & aux
connoiflances. C’eft par l’une & l’àütre de ces méthodes
qu’on peut réduire l’homme à la condition
de l’huitre, & élever l’huitre à la condition de l’homme.
Vyyeç ce qu’il faut penfer des idées innées aux
articles Inné & Idée.
INNÉE AT A , ( Gcog, ) petite ville d’Ecoffe, ca-
I N N
pitalè de la province d’Argyle ; elle eft fur lé bord
du lac Gilb, qui communique avec la baie , qu’ôn
appelle Lock fin. Sa pofition eft à 14 lieues N. Ô.
d’Edimbourg, 112 N. O. de Londres. Long. 12. 15
la t.S e . 32. (D . J . )
INNERKITH1NG , ( Gcog. ) port de mer de l’E-
coffe méridionale dans le golfe de Forth, à trois
lieues'N. O. d’Edimbourg, ro i N. O. de Londres.
Long. 14. 3 S.,lut. 5fi-. zà . ( D . J. )
INNERNESS , Innernium, ( Gcog. ) Cambden dit
•Ne s sum adeognominem fiuvium , ville de l’Ecoffe
-feptentrionale, capitale d’une contrée de même nom
avec un port. C ’eft une ville commerçante ; les rois
d’Ecoffe y faifoient autrefois leur réfidence dans le
château qui eft bâti fur une colline. Elle eft à l’embouchure
de la Nefs, à 34 lieues d’Edinbourg, 130
lN. O . de-Londres. Long, 13. 58. lat. 5y. 3 G. (D . J.)
* INNOCENCE , f. f. ( Gram. ) il n’y a que les
âmes pures qui puiffent bien entendre la valeur de
ce mot. Si l’homme méchant concevoit une fois les
charmes qu’il exprime, dans le moment il devien-
droit homme jufte. Uinnocence eft l’aflemblage de
toutes les vertus, l’exclufion de tous les vices. Qui
eft-ce qui parvenu à l’âge de quarante ans avec
Yinnocence qu’il apporta en naiflant, n’aimeroit pas
mieux mourir, que de l’altérer par ;la faute la plus
légère ? Malheureux que nous fommes, il ne nous
refte pas allez d [innocence pour en fentir Je prix i
Méchans, raffemblez-vous , conjurez tous contre
elle, & il eft une douceur fecrette que vous ne hii
ravirez jamais. Vous en arracherez des larmes^ mais
vous ne ferez point entrer le defelpoir dans fon
coeur. Vous la noircirez par des calomnies ; vous
la bannirez de la fociété des hommes ; mais elle s’en
ira avec le témoignage qu’elle fe rendra à elle-même,
& c’eft vous qu’elle plaindra dans la folitude où vous
l’aurez contrainte de fe cacher. Le crime réfift'e à
l’afpeû du juge ; il braye la terreur des tourmens ; le
charme de Yinnocence le trouble, le defarme, & le
confond ; ç’eft le moment de fa confrontation avec
elle qu’il redoute ; il ne peut fupporter fon regard ;
il ne peut entendre fa voix ; plufieurs fois il s’eft
perdu lui-même pour la fauver. O innocence ! qu’êtes
vous devenue ? Qu’on m’enfeigne l’endroit de
la terre que vous habitez, afin que j’aille vous y
chercher : fitis arida pofiulat undam, & vocat rtnda
Jîtim. Je n’attendrai point au dernier moment pour
vous regretter.
INNOCENT, adj. ( Jurifprud. ) eft celui qui n’eft
point coupable d’un crime. L’accufé pour prouver
fon innocence, peut dema nder d’être admisà la preuv
e de fes faits juftificatifs ; mais on ne l’y admet
qu’après la vifite du procès. '
Il n’eft pas d’ufage dans le ftyle ordinaire de déclarer
innocent , celui contre lequel il n’y a pas de
preuve qu’il foit coupable , on le renvoyé abfous,
ou on le décharge de l 'accufation ; ce qui fuppofe fon
innocence ; car lorfqu’il y a quelque doute, on met
feulement hors de cour.
Cependant le Roi ayant pardonné au prince de
Condé qui avoit pris les armes contre lu i, au lieu
de lettres de grâce lui accorda des lettres àyinnocenta
tion , voulant par-là efFacer toute idée de crime.
Voyt{ A b o l it io n , Gr â c e , Pa r d o n , Rémission;
( A )
INNOCËNS ( les , ) f. m. pl. ( Théolég. ) eft le
nom d’une fête que l’on célébré en mémoire des en-
fans qu’Hérode fit maflacrer.
On faifoit autrefois des danfes dans les églifes le
jour de la fête des innocens, & l’on y repréfentoitv
des évêques en dérifion de la dignité épifcopale ; ou
comme d’autres leprétendent avec pjus de vraiffem-
blance , en l’honneur de l’innocence de l’enfance.
Voycç E p is c o pu s P u erokum. Ces danfes furent
I N N défendues par un canon du concile de Cognac, tenu
en 1260. Malgré cesdéfenfes, les abus fubfifterent
encore long-tems, & ne furent totalement abolis,
du-moins en F rance, qu’après l’annee 1444, ou les
doCteurs de Sorbonne écrivirent à ce fujet une fort
belle lettre adreffée à tous les évêques du royaume.
* INNOMBRABLE,, adj. ( Gram.') qui ne fe peut
nombrer. L’acception de tous ces termes indéfinis
varie dans l’efprit des hommes : pour un fauvage
qui ne peut pas compter jufqu’à cinquante, Y innombrable
commence au-delà de ce nombre. ,,
* INNOMINATI les , ( Hiß. littéraire. ) académiciens
établis à Parme fous cette dénomination.
INNOMINÉ, adj. en Anatomie, nom de différentes
parties du corps humain, auxquelles les Anato-
miftes n’avoient point dçnne de nom.
La glande innommée y y.oyet[ L a c r ym a l .
Les os innominés, voye^ Hanche & Iles.
Les nerfs innominésy T r ijum au x ?
INNOVATION , f. f ( Gouvernement politique. )
nouveauté , ou changement important qu’on fait
dans le gouvernement politique d’un état, contre
l’ufage & les réglés de fa eonftitution.
Ces fortes d’innovations font toujours des difformités
dans i’or,dre politique. Des lois, des coutumes
bien affermies, & .conformes au génie d’une
nation, font à leur place dans l’enchaînement des
choies. Tout eft fi bien lié , qu’une nouveauté qui
a des avantages & des defavantages, & qu’on fub-
ftitue fans une mûre iconfidération aux abus cour
rans, ne tiendra jamais à la tiffure d’une partie ufée,
parce qu’elle n’eft point affortie à la pieçe.
Si le tems vouloir s’arrêter , pour donner le loifir
de remédier à fes rayages. . . . Mais e’eft une roue
qui tourne avec tant de rapidité; le moyen de réparer
un rayon qni manque , ou qui menace 1 . . . Les révolutions que le tems amene dans le cours
de la nature, arrivent pas-^-pas ; il faut donc imiter
çette lenteur pour les innovations utiles qu’on peut
introduire dans l’état ; car il ne s’agit pas ici de celles
de la police d’une ville particulière.
Mais fur-tout, quand on a befpin d’appuyer une
innovation politique par des exemples, il faut les
prendre dans les tems de lumières, de modération,
de tranquillité, & non pas les chercher dans les
jours dp ténèbres, de trouble, & de rigueurs. Ces
enfans de la douleur & de l’aveuglement font ordinairement
des monftrçs qui portent le defordre, les
malheurs, & la defolation. (D . / . )
INNTHAL , ( Géog. ) c’eû-à-dire la vallée £ Inn,
contrée d’Allemagne dans le T iro l, arrofée par la
riviere d’Inn ; Inlpruck en eft la capitale. (D . J . )
INOBSERVANCE, ou INOBSERVATION, f .g
(Gram.) mépris, négligence, infraction des lois
ou réglés préfentes. On dit Yinobfervation des çom-
mandemens de l’Eglife, Yinobfervation du carême ,
X'inobfervance des conûitutions d’un état.
INOCULATION, f. f. (Chirurgie y Medecine, Morale
f Politique.) ce nom lynonyme à'infertion, a
prévalu pour défigner l’opération par laquelle on
communique artificiellement la petite vérole, dans
la vue de prévenir le danger & les ravages de cette
maladie contractée naturellement.
. Hifioire de /’inoculation jufquen i? 5 <). On ignore
Forioine de cet ufage, dont les premiers médecins
arabes font peut-être les inventeurs. Il fubfifte, de
tems immémorial, dans les pays voifins de la mer
Cafpienne, & particulièrement en Circalîie, d’où
lesTurçs & les Perfans tirent leurs plus belles efcla-
ves. La Motraye, voyageur françois, l’y a vû pratiquer
en 1711. Ç ’eft de-là vraiffemblablement que
cette coutume a paffé en Grece, en Morée & en
Dalmatie, où elle a plus de 100 ans d’ancienneté.
Spn époque n’a point de terme fixe en Afrique , fur
I N O 755
les côtes de Barbarie, fur celles du Sénégal, ni dans
l’intérieur du continent, non plus qu’en A fie, en divers
endroits de l’Inde, particulièrement à Bengale,
.enfin à la Chine, où elle a reçu une forme particulière.
Elle a été anciennement connue dans quelques
parties occidentales de l’Europe, fur-tout dans la
principauté de Galles en Angleterre ; le do&eur
Schwenke l ’a trouvée établie parmi Je peuple en
1 7 1 1 , dans le comté de Meurs & le duché deCle-
ves en Weftphalie. Bartholin en parle dans une lettre
imprimée à Copenhague en 1673. On en trouve
des veftigçs dans quelques provinces de France, &
particulièrement en Périgord.
Il y a .plus de 8.0 ans que,Y inoculation fut apportée
.pu renouvellée à ConftantinopLe par une femme
de Theffalonique, .qui opéroit encore au commencement
du fiecle préfent,à peu-près de lamême maniéré
qu’en Circaflîe. Cette femme & une autre gre-
que de Philippopolis a voient inoculé très-h eureufe-
ment dans la même capitale plulieurs milliers de
perfonnes. Emmanuel Timoni & Jacques P ilarini,
de la même nation, l’un premier médecin du grand-
feigneur, l ’autre qui l’a voit été du czar Pierre, tous
deux dofteurs en l’univerlité de Padoue, Sc le premier
en celle d’Oxford, témoins l’un & l’autre pendant
plufieurs années des fuccès confia ns des deux
greques, adoptèrent cette pratique, & la firent con-
noître dans le refte de l’Eurppe. Timoni, par divers
écrits latins publiés dans les tranfaclions philo-
fophiques au mois de décembre. 1713 , dans les aCtes
des Sa vans de Leipfick en 1 7 14 , dans les éphémé-
rides des curieux de.la nature en 1 7 1 7 , dont l’ùh
eft rapporté par la Motrayé à la fuite de fon voyage.,
comme l ’ayant reçu du même Timoni au mois
de Mai 1712 ; i& Pilarini, par un petit ouvrage latin
imprimé à Venife en 1715. Antoine le Duc, autre
médecin grec, né à Coriftantinople, où lui-même
avoit été inoculé, foutint une theîe en faveur de
Y inoculation à Leyde en 1722, en recevant en cette
univerfité le bonnet de do&eur, & publia une dif-
fertation fur la même matière. Tous attellent unanimement,
qu’ils n’ont jamais vu dkiemple d ’un
inoculé qui ait depuis repris la petite vérole.
Dès le mois de Février 17 1 7 , M. Boyer, doyen
aûuel de la faculté de Paris, dans une thefe foute-
nue à Montpellier, avoit ofé dire & prouver, qu'il
était plus à propos d'exciter par art une petite verolt
bénigne , que d'abandonner à la nature une affaire de
cette conféquence dans un cas où cette tendre mere fem•
bloit fe conduire en marâtre , &C.
•La même année, Iadi Vbrfley Montague, ambaf-
fadriçe d’Angleterre à la Porte ottomane , eut le
courage de taire inoculer à Conftantinople fon fil«
unique, âgé de fix ans, par Maitland fon chirurgien
, & depuis fa fille à fon retour à Londres en
1721. Alors le college des Médecins de cette v ille
demanda que l’expérience fût faite fur fix criminels
condamnés à mort. Après l’heureux fuccès de cette
tentative, & d’une autre.fur cinq enfans de la pa-
roiffe de S. James, la princeffe de Galles fit inoculer
à Londres, fous la direâion du doCteur Sloane, fes
deux filles y l’une depuis reine de Dannemarck, &
l’autre princeffe de Heffe-Caffel, & quelques an»
[ nées après le feu prince de Galles à Hanovre. Mais
tgndis que les doCteurs Sloane,, Fuller, Broady ,
Sehadwel, que l’évêque de Salisbury & plufieurs
autres doCteurs en Medecine & en Théologie convoient
la v ie de leurs enfans à Y inoculation t un rfie-
decin obfcur & un apoticaire la décrioicnt dans
leurs écrits, & un théologien prêchoit que c’étoit
une invention du diable qui en avoit fait le premier
effai fur Job. Le doCteur Arbuthnot, fous le noûi de
Maitlandy réfuta le premier par un écrit très-fort
& très-mefuré. Le. mépris & le filence répondirent
au théologien fanatique.