rentes que nous en avons néceffairement des idées
toutes différentes, & conféquemment il ne peut jamais
y avoir m M M quelque dénomination
que ce foit, entre une fubftance 6c un mode.^
^ Videntité qui fonde la concordance eft donc
ticé du fujet, préfenté d’une maniéré vague & indéfinie
dans les adjeûifs & dans les verbes, & dune
maniéré précife & déterminée dans les noms & dans
les pronoms. Ces deux mots, pour me fervir^du
môme exemple, meus liber, ne prefentent pas à 1 e(-
prit deux objets divers ; meus exprime un être quelconque
qualifié par la propriété de m’appartenir,
6c liber exprime un être déterminé qui a cette propriété
: la concordance de meus avec liber, indique
que le fujet aftuel de la qualification exprimée par
1 adjeftif m eus, eft l’être particulier détermine par
le nom liber : m eus, par lui-même, exprime un fujet
quelconque ainfi qualifié; mais dans le cas préfent,
il eft appliqué au fujet particulier liber ; & dans un
autre, il pourroit être applique à un autre fujet, en
vertu même de fon indétermination. La concordance
indique donc l’application du fang vague d’une
efpece au fens précis de l’autre ; & 1 'identité, fi j o-
fe le dire , trés-phyfique du Iujet énoncé par les deux
efpeces de mots , fous des afpe&s différens.
Peut-être y a-t-il en effet peu d exactitude à dire
, l'identité phyfique de l'adjectif avec le fubjlantif,
comme a fait M. du Marfais , parce que l'adjeâif
& le fubftantif font des mots abfolument différens,
& qui ne peuvent jamais être un même & unique
mot : l'identité n’appartient pas aux différens fignes ^
d’un’même objet, mais à l’objet défigné par diffé-'
rens fi°nes. 11 me femble pourtant que l’on pourroit
regarder l ’expreffion de M. du Marfais comme un
abrégé de celle que la jufteffe métaphyfique paroît
exiger ; mais quand cela ne feroit point, ne faut-il
donc avoir aucune indulgence pour la première ex-
pofition d’un principe véritablement utile & lumineux
? Et un petit défaut d’exaétitude peut-il empêcher
que M. du Marfais n’ait à le glorifier beaucoup
d’être l’auteur de ce principe ? M. Fromant lui-même
ne doit guère fe glorifier d’en avoir fait une cen-
fure fi peu mefurée & fi peu jufte; je dis ,J ip eu ju f
te , car il eft évident que c’eft pour avoir mal compris
le vrai fens du principe de Y identité, qu’il eft
tombé dans l’ïnconféquence qui a été remarquée en
un autre lieu. ^oye^GENRE. A rt. de M. B e a u z è e .
I D E S , LES , f. f. plur. ( Calendrier romain. )
id u s, u u m , ce terme étoit d’ufage chez les Romains
pour compter & diftinguer- certains jours du
mois ; on fe fért encore de cette méthode dans la
chancellerie romaine, & dans le calendrier du bréviaire.
Les ides venoient le treizième jour de chaque
mois , excepté dans les mois de Mars, de Mai, de
Juillet & d’O â o b re , où elles tomboient le quinzième
, parce que ces quatre mois avoient fix jours
devant les nones, & les autres en avoient feulement
quatre.
On donnoit huit jours aux ides ; ainfi le huitième
dans les mois de M ars, Mai, Juillet & Oûobre, &
le fixieme dans les huit autres, on comptoit le huitième
avant les ides , & de même en diminuant juf-
qu’au douze ou au quatorze, qu’on appelloit la
veille des ides, parce que les ides venoient le treize
ou le quinze, lelon les différens mois.
Ceux qui veulent employer cette maniéré de dater
doivent encore favoir que les ides commencent
le lendemain du jour des nones, & fereffouvenir
qu’elles durent huit jours : or les nones de Janvier
étant le cinquième dudit mois , on datera le fixieftie
de Janvier, octavo idus Januarii, huit jours avant
les ides de Janvier ; l’onzieme Janvier fe datera ter-
fio idus , le troifieme jour avant les ides ; & le treizieme
idibus Januarii, le jour des ides de Janvier ; fi
c’eft dans les mois de Mars, de Mai, de Juillet 6c
d’Oélobre , où le jour des nones n’eft que le fept,
on ne commence à compter avant les ides que le
huitième jour de ces quatre mois ., à caufe que celui
des ides n’eft que le quinze.
Pour trouver aifément le jour qui marque les dates
des ides dont fe fert la chancellerie romaine ,
comme nous l’avons dit ci*deffus, il faut compter
combien il y a de jours depuis la date jufqu’au treize
, ou au quinze du mois que tombent les ides, félon
le nom du mois , en y ajoutant une unité , &
l’on aura le jour de la date. Par exemple , fi la lettre
eft datée quinto idus Januarii , c’eft-à-dire le
cinquième jour avant les ides de Janvier, joignez
une unité au treize, qui eft le jour des ides de ce
mois, vous aurez quatorze, ôtez-en cinq, il reftera
neuf ; ainfi le cinquième avant les ides eft le neuf de
Janvier. Si la lettre eft datée quinto idus Julii, qui
eft un mois où le jojur des ides tombe le quinze, joignez
une unité à quinze, vous aurez feize ; ôtez-en
cinq, il refte onze ; ainfi le cinquième avant les ides
de Juillet, c’eft le onzième dudit mois.
On obfervera la même méthode quand on voudra
employer cette forte de date ; par exemple, fi
j’écris le neuf Juillet, depuis le neuf jufqu’à feize
il y a fept jours ; ainfi je date feptimo idus Julii, le
feptieme jour avant les ides de Juillet. Voye^ Antoine
Aubriot, Principes de compter les kalendes , ides & ■
nones.
Le mot ides vient du latin idus, que plufieurs dérivent
de l’ancien tofean iduare, qui fignifioit divifer,
parce que les ides partageoient les mois en deux parties
prefqu’égales. D ’autres tirent ce mot d'idulïum,
qui étoit le nom de la viélime qu’on offroit à Jupiter
le jour des ides ; mais peut-être aufli qu’on a donné
à la viûime le nom du jour qu’elle étoit immolée.
Quoi qu’il en fo i t , la raifon pour laquelle chaque
mois à huit ides, c’eft que le facrifiee 1e faifoit toû-
jours neuf jours après les nones , le jour des nones
étant compris dans le nombre de neuf.
Enfin, pour obmettre peu dç çhofe en littérature
fur ce fujet, nous ajouterons que les ides de Mai
étoient confaerées à Mercure ; les ides de Mars paf-
ferent pour un jour malheureux, dans l’idée des
partifans de la tyrannie, depuis que Çéfar eut été
tué ce jour-là ; le tems d’après les ides de Juin étoit
réputé favorable aux noces. Les ides d’Août étoient
confaerées à D iane, & les efclaves les chommoient
aufli comme une fête. Aux ides de Septembre on
prenoit les augures pour faire les magiftrats, qui
entroient en charge autrefois aux ides de Mai, &
puis aux ides de Mars, qui furent tranfportées finalement
aux ides de Septembre. ( D . J. )
IDIOCRÀSfi. r f. f. ( Méd. ) on entend par ce
mot la nature, l’efpece, leca raâ ere, la difpofition,
le tempérament propre d.’une çhofe, d’utne fubftance
animale, minérale ou végétale.
IDIOME, f. f. ( Gram. ) variété* d’une langue
propres à quelques, contrées ; d’où l’on voit qu'idiome
eft lÿnonyme à dialecte ; ainfi nous avons Y idiome gaf-
con, Y idiome provençal, Ÿ idiome champenois : on
lui donne quelquefois la même etendue qu’à langue.
Servez - vous de Y idiome que vous aimerez le
mieux, je vous répondrai.
* IDIOMELE, f. ro. ( Théolog. ). certains verfets
qui ne font point tirés de l’Ecriture-fainfe, & qu’on
chante fur un ton particulier dans l’office divin fui-
vant le rit grec. Le mot idiomele vient de ié'ioy , pro-
pre, particulier , & de /j.tïcç, chant.
IDIOPATHIE, f. f. ( Méd. ) /JWaôwtt, proprius
ajfectus : c’eft un terme de Pathologie, employé pour
diftinguer la maladie qui affeéle une partie quelconque
, qui.ne dépend pas du v ice d’une autre partie,
palcé quê la caufe phyfique de cette àffeétion à fôn
liège là où fe manifefte la léfion des fondions.
Ainfi l ’apoplexie eft idiopathique lorfqn’elle dépend
d’une hémorrhagie ; d’uri épanchement de fan«*
qui fe forme daii's les ventricules du cerveau.
La pleuréfie eft une maladie idiopathique, lorsqu'elle
a commencé par un engorgement inflammatoire
dans la plevre même;
On entend ordinairement par idiopathie la même
chofe que par protopathie ; primarius affeclus , & on
attache à tes deux termes un fens oppotë à ceux de Sympathie & de deutéropathie. Voye^ M A LA D IE , Sy m p a t h ie .
IDIOPATHIQUE, ( Patholog. ) iS'ioTtaAix.oç, mot
dérivé du grec ; il eft formé de iSioç, qui fignifie/vo-
Pre , oL Trctboç, pajjion , affection , maladie ; c’eft comme
fi on difoir maladie propre -; fon fens eft parfaitement
conforme à fon étymologie ; on l’ajoute comme
épithete aux maladies dont la caufe eft propre à
la partie où l’on obfèrve le principal fymptome. Il
ne faut qu’un exemple pour éclaircir ceci ; on appelle
line phrénélie idiopathique lorfque la caufe, le
dérangement qui excite la phrénéfie, eft dans le cerveau
; ces maladies font par-là bppolées à celles
qu’on nommeJympathiques, qui font entraînées par
une efpece dé lympathie* de rapport qu’il y a entre
les différentes parties ; ainfi un délire phrénétiqîie
occafionné par la douleur vive d’un panaris, par
l’inflammation du diaphragme; eft cenlé fympathi-
quë ; l’affedlion le communique dans ce dernier cas
par les nerfs ; on voit par-là qu idiopathique ne doit
point être confondu avec ejjentiel , 6c qu’il n’eft
point oppofe à fymptomatique, la même maladie
pouvant être en même-t pathique. Article de M. MeEmNs UfyR rEoTp.tomatique & idioIDIOSYNGRASE,
1. t. ( Médec. ) particularité
.de tempérament ; iS'tûmiyy.fueta., mot compofé de
iS'ios , propre-, ow ; avec $ 6c xpa<nç ; mélange.
. Comme il paroît que chaqüe homme a fa fanté
propre , & que tous les corps différent entr’eux ,
tant dans les lôlides que dans les fluides ; quoiqu’ils
foient fains chacun ; on a nommé cette conflitution
de chaque corps, qui le fait différer des autres corps
aufli fains , idiojyncrafe , & les vices qui en dépendent
paffoient quelquefois pour incurables ; parce
qu’on penlbit qu'ils exiftoient dès les premiers inf-
tans de la formation de ce corps ; mais nous ne pouvons
point attribuer toujours à une difpofition inn
é e , ces maladies des vaiffeaux & des vifeeres trop
débileSk
Une fille de qualité élevée dans le luxe , là mol-
leffe & le repos, a le corps fbible & Ianguiflant ;
.une payfanne en venant au monde, femblable à
cette fille de condition, s’accoutume au travail dès
fa plus tendre jeunefle , devient forte & vigotireu-
fe ; la débilité de la première, & les maladies qui
en reluItent, font donc prifes mal-à-propOs-pour
des maladies innées , car on ne fâuroit croire quels,
changemens on peur produire dès l’enfance dans ce
qu on appelle d ordinaire tempérament particulier ;
cependant quand cette idiojyncrafe exifte , il faut y
avoir un grand egard dans l’ulage des remedes , fans
quoi l’on rifque de mettre la vie du malade en danger.
Hippocrate en a fait i’obfervation , confirmée
parl’expérience de tous les tems & de tous les lieux.-
* IDIOT , ad/. (GrammY) il fe dit de celui en qui
un défaut naturel dans les organes qui fervent aux
operations de l ’entendement eft fi grand , qu’il eft
incapable de combiner aucune idée, enforte que là
Par.°ft ^cet égard plus bornée que celle de
la bote. La différence de Y idiot 6c de i’imbécille con-
ulte, ce me iëmble , en ce qu’on naît idiot, 6c qu’on
devient imbecilie. Le mot idiot vient de thamn. qui
Tome FU I , ^
Sgrtifié'hbmàipamtulUr ; c|ni s’eft renfermé dâns uns
vie retirée , loin des affaires du gouvernement ; c’eft-
a-dire celui que nous appellerions aujourd’hui un
Jager. Il y a eu ün célébré myftique qui prir par mo-
c.eft|e la qualité d’idiot; qui lui Convenôit beaucoup
plus qu il ne penfoit.
IDIOTISME ; fubft. mafe, ( Gràmm. ) c’eft une
façon de parler éloignée des ulâges ordinaires , ou
des lois generales du langage, adaptée au génie pro-
pre .d une langue particulrere. R.-SS®, fu u liu r ii.
propre rarutülur c y f t Un terme général doht on
■ m m m " fag? à. 1 eg.afd de t« “ « les langues; un
rJwsfme p ' c , iatm, françois^ 6-c. C ’eft leYeul terme
que 1 onpiufleétliplMerdans bien desodeafions*.
nojiK-ne poüVWs dire qu’Migctpte efpagnol, portu-
g‘us ’ Iurc » f c- ^ ais a l'égard de plufieurs lauoues
| a.™"sd es“ ots fpécifiquesrubdrddnnéiàceluî
d liioufmc & nous d.ions angUafmc, anünfmt, cdù.
'V>'“ ‘ ’t^ “UW nc > germani/me ; héhnûfmi i hdUmfmc .
_ launifrttc , iStc. J
Quand je dis qu’un id:oûfnu eft une façon de parler
adaptée au gente propre d’un langue parimuliere.
c P°“ r faire corn prendre que o’eft plutôt un effet
marque du génie caraftériftique de, qette langue .
q.i ur.e locution încomtminicab-e H au t autre idlo-
H ÿm w e .o h à coutume de le B B entendre. Les
nc2S r®. , "?e lanêue peuvent paffer aifément dans
ime autrgipiu fi, a g e elle quelque affinité ; & toutes
tes langues en,ont plus ou félon les différens
degrés de nation q u n 'y a'o,, qu’t! y a e,. entré les
peuples qui les parlent ou qui les ont parlées. Si l’i-
talien , l’efpàgnol 6c le françois font entés ■ une
meme langue onginelle, ces trois langues auront
apparemment chacune à part leu: à idiotJmes pàrtlcu-
!!erJ ’ P f f ^ue, c.f langues différentes ; mais
il elt difficile qu elles h’aient adopté toutes trois quelques
idiot f mes de la langue qui fera leurfource commune
, & il ne fero:t pas étonnant de itou ver dans
toutes trois des ctlticifmtï. Il ne ferbit pas plus' merveilleux
dé trouver des idiotifmes de l’une des trois
dans l’autre , à caufe des liaifons de voifinagé, d’iii-
térêts politiques , de commerce, de religion , qui
fubfiltent depuis long-tems entre les peuples qui les
parlent ; comme on n’eft pas furpris de rencontrer
desarabifmes dans l’efpagnol, quand on fait l’hiftoire
de la longue domination des Arabes en Èfpagne. Per-
fonné n’ignore que les meilleurs auteurs de la latinité
font pleins tfhellénifmes : & fi tous les littérateurs
conviennent qu'il eft plus facile de traduire du grec
que du latin en françois , c’eft que le génie de notre
langue apptbche plus de celui de la langue greque
que de celui de la langue latine , 6c que.notre langage
eft prefqué un htJ,Unifme continuel.
Mais une preuvé remarquable de la communicabilité
des Lngiies qui paroiflent avoir entre elles le
moins d’affipité, c’eft qu’en franÇois même nous hé-
braiTons. C ’eft nn hébraïfme connu que la répétition
d’un adjeclif bu d’ith adverbe ,.qiie Ion veut élever
au fens^que l’on nomme communément fuperlatf.
Voye{ Amen & S u p e r l a t if . Et le fuperlatif le
plus énergique fe marqubit en hébreu parla triplé
répétition du mot: de là le triple kirie eteifon qu<*
nouS chantons dans nos églifes', pour donner plus dé
force à notre invocation ; & le triple faftciùs pouf
mieux peindre la profonde adoration des elprirs cé-
leftes. Or il eft vraiffemblable que notre trh t formé
du latin ffcj , ri’a été introduit dans notrè langue ,
que tqftîmé le/ymbole de cetre trip'e répétition,
très-lainr , terfanclus y ç>\)fanctus,fancl.us'.,fqncius s
& notre ufage.de lier très^au mot pofitif paç un, tiret ■
eft tomlé fans doute fur l’intention de faire fentir que
cette addition eft purement matérielle, qu’elle n’empêche
pasTünité du mot, mais qu’il doit êtrerépéié
trois fois, ou du-.nioins qu’il faut y attacher le fèiu
R r r ij