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tenir fes forces, &c. ce qui eft l’indication vitale ; de
lui adminiftrerles divers remedes qui peuvent opérer
fa guérifon ; 6c c’eft là l'indication curative ; de
le préferver des maladies, ou des accidens dont il
eft menacé, ce qui conftitue l’indication prophylactique
; enfin d’adoucir, de modérer autant qu’il eft
poflïble les maux qu’on ne peut guérir radicalement,
ce qui fait l'indication palliative.
Un amas de matières crues , ou la préfence d’un
poifon dans l’eftomac, indiquent ou font indicans d’un
vomitif; l’ouverture d’un artere indique la ligature,
la compreffion , l’application de l’agaric, Oc. ce vomitif,
cet agaric, font indiqués par le poifon, par
l’ouverture de l’artere.
Nous n’entendons faire de ce petit nombre de prô-
politions qu’un article purement grammatical, expliquer
le langage de la Médecine en cette partie ;
car quant à l’art de lier les indications aux indicans,
& de les remplir par les indiqués particuliers les plus
convenables, ou comme l ’on s’exprime plus communément
l’art de faifir & de remplir les indications,
iln ’eft pas moins fondamental, moins univerfel que
l ’art meme de la Médecine, 6c il eft au moins exactement
la même chofe que la méthode de guérir proprement
dite, ou la partie de la Médecine appellée Thérapeutique.
Voyc{ T h ér apeu tiq u e. ( b )
INDICES, f. m. pl. ( Jurifprud. ) font des circonf-
tances en matière criminelle, qui font penfer que
I’accufé eft coupable du crime dont il eft prévenu ;
par exemple s’il a changé de vifage, & a paru fe troubler
lorfqu’on l’ a rencontré auffi-tôt après le délit;
s’il a paru s’enfuir ; fi on l’a trouvé les armes à là
main, ou qu’il y eût du fang fur fes habits ; ce font
là autant d’indices du crime.
Les contradictions même dans lefquelles tombent
les accufés, forment aufîi une efpece d’indice.
Mais tous ces indices, en quelque nombre qu’ils
foient, ne forment pas des preuves fuffifantes pour
condamner un acculé ; ils font feulement naître des
foupçons & plufieurs indices qui concourent, peuvent
être conlidérés comme un commencement de
preuve qui détermine quelquefois les juges à ordonner
un plus amplement informé, même quelquefois à
condamner l’accufé à fubir la queftion s’il s’agit d’un
crime capital ; ce qui ne doit néanmoins être ordonné
qu’avec beaucoup de circonfpeftion, attendu que
les indices les plus forts font fouvent trompeurs. On
en a vu des exemples bien fenlibles dans les affaires
de Lebrun 6c du fieur Langlade. Charondas , L IX .
ckap. /. rapporte aufli le cas d’un mari que la Cour
étoit fur le point de condamner à mort, comme ayant
tué fa femme, laquelle heureufement pour lui fut
alors repréfentée. ( A )
INDICTION , f. f. ( Littéral. & Chronolog. ) Yindiclion
eft en Chronologie un cercle de quinze années
juliennes accomplies. Il faut favoir que ce terme
a d’abord lignifié un tribut que les Romains per-
cevoient toutes les années dans les provinces , fous
le nom d'indiclio tributafia. Il eft vraifemblable que
ce tribut étoit levé pour la fubfiftance des foldats,
& particulièrement de ceux qui avoient fervi pendant
quinze ans la république. Quoi qu’il en foit,
lorfque l’état de l’empire romain changea de face
fous les derniers empereurs , on conferva le terme
indiclio, mais on l’employa fimplement pour marquer
une efpace de quinze années.
On chercheroit inutilement le tems où l’on commença
de fe fervir de Yindiclion dans ce dernier fens,
on l’ignorera toujours. Ceux qui difent que Conftan-
t in , après avoir aboli les jeux féculaires & vaincu
Maxence, introduiiit l’époque de Yindiclion au mois
de Septembre 3 1 1 , devinent fans doute, puifqu’ils
. pe peuvent pas en rapporter la preuve.
Qn n’a pas mieux démêlé l'origine ÔC le commcn-
I N D cernent de Yindiclion romaine, ou fi l’on veut pontificale
; ce fécond point d’hiftoire eft encore un
des plus obfcurs. Le P. Mabillon s’eft donné des
peines inutiles pour l’éclaircir, 6c Ducange n’ a pas
été plus heureux dans fon Gloffaire.
Ce qu’on fait de vrai, c’eft que les papes, après que
Charlemagne les eut rendus fouverains, commencèrent
à dater leurs a£les par l’année de Yindiclion, qui
fut fixée au premier Janvier 313 de l’an de J. C.aupa-
ravant ils les datoient par les années des empereurs ;
& enfin ils les ont dates par les années de leur pontificat
, comme le prouve le fynode que le pape Jean
X V . tint en 1998.
Aujourd’hui la cour de Rome, pour empêcher les
fauffetés qui pourroient fe commettre dans les pro-
vifions des bénéfices, dans les bulles & autres expéditions
, en y changeant les dates, a imaginé de les
multiplier, d’y en ajouter de petites aux grandes, 6c
d’y rappeller cinq ou fix fois la même date en plufieurs
maniérés, ce qui eft une précaution excellente
; car fi le fauffaire n’altere qu’une partie des dates,
il fera réfuté par toutes les autres, & s’il les altéré
toutes, il fera facile de découvrir fa fourberie, en
y regardant de près.
Les grandes dates de la chancellerie font l’année
courante de N. S. 6c celle du pape régnant. Les petites
dateS font les années courantes de Yindiclion ,
du nombre d’o r , & du cycle folaire.
Pour entendre la date de Yindiclion romaine actuelle,
il faut fe rappeller qu’elle a été fixée au premier
Janvier de l’an 313 de l ’ere commune, d’où il
fuit que l’an 311 avoit douze à?indiction, car divi-
fant 312 par 15 il refte 12 ; par conféquent on a fup-
pofé que le cycle de Yindiclion commencerait 3 ans
avant la naiffance de J. C . fupputation fiâive qui
n’a aucun rapport avec les mouvemens céleftes.
Maintenant donc fi vous voulez favoir le nombre
de Yindiclion romaine qui répond à une année donnée
ajoutez 3 à l’année donnée, divifez la fomme par 1 5,
ce qui refte après la divifion, fans avoir égard au
quotient, eft le nombre de Yindiclion cherchée.
Si l’on vous demandoit par exemple le nombre de
Yindiclion papale qui répond à l ’année 1700, vous
ajouterez 3 à 1700, vous diviferez la fomme de
1703 par 15 , le refte de la divifion donnera 8 , qui
eft le nombre de Yindiclion de l’an 1700.
De même pour trouver Yindiclion de l’an 17 5 9 ,0 a
ajoutera 3 à 1759 qui feront i7Ô2;on divifera 1 j6 z
par 1 5 , le refte de la divifion donnera 7 pour le nombre
de Yindiclion que l’on cherche ; même opération
à l’égard de toute autre année.
Uindiclion dans fon origine ne défignoit point,'
comme on l’a déjà dit, une époque chronologique. C e
mot vient du latin indiclio, qui lignifie dénonciation ,
ordonnance. Le tems de Yindiclion des empereurs romains
étoit celui où l’on avertiffoit le peuple de
payer un certain tribut, 6c cette indiction impériale
avoit lieu vers la fin de Septembre ou au commencement
d’Oûobre,parce qu’alors la récolte étant faite,
le peuple pouvoit payer le tribut ordonné, tributum
indictum. (D . J.)
INDIENNES, f. £ ( (Commerce. ) nom fous lequel
on comprend généralement les toiles peintes qui nous
viennent des Indes. Voye^_ l yarticle T oile pein te.
INDIENS, Philoso ph ie des , ( Hijl. de la Phi-
lofophie.') On prétend que laPhilofophie a paffé de la
Chaldée 6c de la Perfe aux Indes Quoi qu’il en foit,
les peuples de cette contrée étoient en fi grande réputation
de fagefie parmi les Grecs, que leurs phi-*
lofophes n’ont pas dédaigné de les vifiter. Pytha-,
gore, Démocrite , Anaxarque , Pyrrhon, Apollo-*
nius & d’autres, firent le voyage des Indes , & allèrent
converfer avec les brachmanes ou gymnofo* phiftes indiens*
I N D te s fages de l’Inde ont été appellés brachmanes de
Brachme fondateur de la fefte, & gymnofophiftes, ou
fagesqui marchent nuds , de leur vêtement qui laif-
foit à; découvert la plus grande partie de leur corps.
On les divil'e en deux fe&es, l’une des brachmanes,
& l’autre des famanéens ; quelques-uns font mention
d’une troifieme fous, le nom de P rapines. Nous ne
fommes pas affez inftruits.fur les caraûeres particuliers
qui les diftinguoient ; nous l'avons feulement
en général qu’ils fityoient la fociété des hommes;
qu’ils habitoient le fond des bois & des cavernes ;
qu’ils menoientla vie la plus auftere, s’abftenant de
vin & de la chair des animaux, fe nouriffant de fruits
6c de légumes, 6c couchant fur la. terre nuë ou fur
des peaux ; qu’ils étoient fi fort attachés à ce genre
de v ie , que quelques-uns appellés. auprès du grand
ro i, répondirent qu’il pouvoit venir lui-même s’il
avoit quelque chofe à apprendre d’eux ou à leur commander..
Ils fouffroient avec une égale confiance la chaleur
& le froid ; ils craignaient le commerce des femmes ;
fi elles font méchantes, difoient-ils , il faut les fuir
parce qu’elles.font méchantes ; fi elles font bonnes ,
d faut encore les fuir de peur de s’y attacher. Il ne
faut pas que celui qui fait fon devoir du mépris de la
douleur & du plaifir, de la mort 6c de la vie., s’ex-
pofe à devenir l’efclave d’un autre.
Il leur étoit indifférent de vivre ou de mourir, 6c
de mourir ou par le feu , ou par l’ea u , ou par le fer.
Ils s’affembloient jeunes & vieux autour d’iinemême
table ; ils s’interrogeoient réciproquement fur l’emploi
de la journée, & l’on, jugeoit indigne de manger
celui qui n’avoit rien dit, fait ou penlé de bien.
Ceux qui avoient des femmes les renvoyoient au
bout de cinq ans, fi elles étoient ftériles ; né les ap-
prochoient que deux fois l’année, & fe croyoient
quittes envers la nature, lorfqu’ils en avoient eu
deux enfans, l’un pour, elles, l’autre pour eux.
Buddas, Dandanis, Calanus & Iarcha, font les
plus célébrés d’entre les. Gymnofophiftes dont l’hif-
toire anciénne nous a confervé les noms.
Buddas fonda la fefte des Hyiobiens, les plus fau-
vages des Gymnofophiftes.
Pour juger de Dandamis, il faut l ’entendre parler
à Alexandre par la bouche d’Onéficrite, que ce prince
dont l’aâivité s’étendait à tout, envoya chez les
Gymnofophiftes.«Dites à votre maître que je le loue
n du goût qu’il a pour la fageffe, au milieu des affair
e s dont un autre ferait accablé; qu’il fuie la
» molleffe ; qu?il ne confonde pas la peine avec le
» travail, & puifque fes philofophes lui tiennent le
» même langage , qu’il les écoute. Pour vous 6c
» vos femblablès, Onéficrite, je ne defapprouve vos
» fentimens 6c votre conduite qu’en une chofe, c’eft
» que vous préfériez la lpi de l’homme à celle de
»> la nature, & qu’avec toutes vos connpiffahces
,» vous ignoriez que la meilleure demeure eft celle
» où il y a le moins de foins à prendre ».
■ Calanus, à quil’envoyé d?Alexandre s’adreffa, lorfque
ce prince s’avança dans les Indes, débuta avec
cet envoyé par ces mots. « Dépofe cet habit, ces
»fouliers, affxed-toi nud fur cette pierre, & puis
»> nous converferons ». Cet homme d’abord fi fier,
fe laiffa perfuader parTaxile de fuivre Alexandre ,
6c il en fut méprifé de toute la nation , qui lui reprocha
d’avoir accepté un autre maître que Dieu.
A juger de fes moeurs par fa mort, il ne paraît pas
quelles fe fuffent amollies. Eftimant honteux d’attendre
la mort, comme c’étoit le préjugé de fa fe&e,
il fe fit dreffer un bûcher, & y monta en fe félicitant
de la liberté qu’il alloit fe procurer. Alexandre touché
de cet héroïfme inftitua en fon honneur des combats
équeftres 6c d’autres jeux.
Tout ce qu’.on nous raconte d’Iarcha eft fabuleux.
I N D 675
Les Gymnofophiftes reconnoiffoient un Dieu fa-
bricateur&adminiftrateurdu monde,mais corporel:
il avoit ordonné tout ce qui e f t , 6c veilloit à tout.
Selon eux l’origine de l’ame étoit célefte ; elle
étoit émanée de D ie u , 6c elle y retournoir. D ieu re*
ce voit dans fon fein les âmes, des bons qui y féjour-
noient éternellement. Les âmes des méchans en
étoient rejettées 6c envoyées à différens fupplices.
Outre un premier D ieu , ils en adoraient encore
de fubalternes.
Leur morale confiftoit à aimer les hommes, à fe
haïr eux-mêmes, à éviter le mal, à faire le b ien, &
à chanter des hymnes.
Ils faifoient peu de cas des feiences & de la phi»
lofophie naturelle. Iarcha répondit à Apollonius,
qui l’interrogeoit fur le monde, qu’il étoit compofé
de cinq élémens, de terre, d’eau , de fe u , d’air 8c
d’éther. Que les dieux en étoient émanés ; que les
êtres compofés d’air étoient mortels 6c périftables ,
| 6c que les êtres compofés d’éther étoient immortels
6c divins ; que les élémens avoient tous exifté en
même tems ; que le monde étoit un grand animal
engendrant le refte des animaux ; qu’il etoit de nature
mâle & femelle, &c.
Quant à leur philofophie mor,ale., tout y étoit
grand & élevé. Il n’y avoit, félon eux, qu’un feul
bien, c’eft la fageffe. Pour faire le bien, il étoit in-*
utile que la loi l’ordonnât. La mort & la vie étoient
également méprifables. Cette, vie n’étoit que le com*
mencement de notre èxiftence. Tout ce qui arrive
à l’homme n’eft ni bon ni mauvais. Il étoit vil de
fupporter la maladie, dont on pouvoit fe guérir en
un moment. Il ne falloit pas palier un jour fans
avoir fait quelque bonne aétion. La vanité étoit la
derniere chofe que le fage dépofoit, pour fe pré-
fenter devant Dieu. L ’homme portoit en lui-même
une multitude d’ennemis. C ’eft par la défaite dç
ces ennemis qu’on fe préparait un accès favorable
auprès de Dieu.
Quelle différence entre cette philofophie 6c celle
qu’on profeffe aujourd’hui dans les Indes ! Elles
font infeôées de la do&rine de Xekia, j’entends de
fa do&rine efotérique ; car les principes de l’exoté-
rique font affez conformes à la droite raifon. Dans
celle-ci, il admet la diftinâion du bien 6c du mal;
l’immortalité de l’ame : les peines à venir ; des
dieux ; un dieu fuprême qu’ il appelle Amida, 6cc.
Quant à fa doftrine éfoterique., ç’eft une efpece
de Spinofifme affez mal entendu. Le vuide eft le
principe & la fin de toutes chofes. La caufe univer-
felle n’a ni vertu ni entendement. Le repos eft l’état
parfait. C’eft au repos que le philofophe doit tendre
, &c. Voyez les articles PH ILO SOPH IE en général,
Eg y p t ie n s , C h in o is , Ja po n n q is , & c.
* INDIFFÉRENCE , f. f. ( Gram & Philofophie
morale.') état tranquille dans lequel l’ame placée
vis-à-vis d’un objet, ne le defire, ni ne s’en éloigne,
6c n’eft pas plus affeftée par fa jouiffance qu’elle ne
le ferait par fa privation.
Vindifférence ne produit pas toujours l’ina&ion.
Au défaut d’intérêt 6c de goût, on fuit des impref-
fions étrangères, 6c Fon s’occupe de chofes, au
fuccès defquelles on eft de foi-même très-indifférent.
. . L’indifférence peut naître de trois fources, la nature
, la raifon & la foi ; 6c l’on peut la divifer en
indifférence naturelle, indifférence phifofophique, 6c
indifférence religieufe.
liindifférence naturelle eft l’effet d’un tempérament
froid. Avec des organes grofliers, un fang
épais, une imagination lourde, 00 ne veille pas. ;
on fommeille au milieu des êtres de la nature ; on
n’en reçoit que des imp,refilons languiffantes ; on 1 refte indifférent 6c ftupide. Cependant Yindifférencç
philofophique n’a peut-être pas d’autre bafe què
Yindifférence naturelle.