culier, .qu’il caraûérife ainfi ; le calice de la fleur
eft oblong, tubulaire, d’une feule piece, découpé
à l’extrémité én cinq fegmens. La fleur eft compo-
fée femblablement d’un feul pétale, formant un long
tube cylindroïde, partagé en cinq quartiers dans
fon extrémité fupérieure. Les étamines font deux
courts filamens ; les anthères font petites, & cachées
dans le tuyau de la flèur. Le piftil eft compofé
d’un germe arrondi. Le ftile eft un filet de la même
longueur que les étamines. Le fruit eft une baie liffe,
rondelette, avec une loge qui contient deux graines
ovoïdes, allongées, couvertes d’un pédicule, convexes
d’un cô té , & applàties de l’autre.
M. de Tournefort compte quatorze efpeces de
jafmin, auxquelles il faut néceffairement ajouter le
caffier, ou l’arbre du Caffé, nommé par Commelin
jafminum arabicum, caflanece folio, flore albo, odora-
tifflmo , cujus fruclus cojfly in ojflcinis dicuntur nobis,
& dont la culture intéreffe tant de peuples. Mais
nous ne ferons ici que la defeription du jafmin ordinaire
de nos jardins, jafminum vulgatius , flore
albo.
C ’eft un arbriffeau qui pouffe un grand nombre
de tiges longues, vertes, grêles, foibles & pliantes,
lefquelles s’étendent beaucoup, & ont bëfoin d’être
foutenües. Elles font couvertes de feuilles oblon-
gues, pointues, liffes, crenelées, d’un verd obfcur,
rangées comme par paires le long d’une côté , qui eft
terminée par une feule feuille beaucoup plus grande
que les autres. Les fleurs blanches, petites, agréables
, d’une odeur douce, naiffent d’entre les feuilles
par bouquets, & en maniéré d’ombelles ; elles
forment un tuyau évafé par le haut, & découpé
en étoile, en cinq parties, & elles font portées fur
un calice fort court, ce qui fait qu’elles font fujet-
tes à tomber après leur épanouiffement. Chaque fleur
eft remplacée par une baie molle, ronde, verdâtre,
contenant deux femences ovoïdes & plates. Cet arbriffeau
fleurit aux mois de Juin & de Juillet ; & fes
charmantes fleurs, que l’air ne ternit jamais, exhalent
un parfum délicieux. (D . J. )
Ja sm in , ( Chimie.') les fleurs de jafmin font du
nombre de celles qui contiennent une partie aromatique
cni’on n’en peut retirer d’aucune manière par
la diftillation, mais qu’on peut fixer par le moyen
des huiles auxquelles elle eft réellement mifcible.
On choifit pour cette efpece d’extrafrion une
huile par expreflion abfolument inodore, & qui ne
foit point fujette à rancir, telle que l’excellente huile
d’o live , ou l’huile de ben. On ne fauroit fe fervir
potir cet ufage des huiles effentielles, & encore
moins des empyrèumatiques, parce qu’elles ont toutes
de l’odeiir. On y procédé par l’opération décrite
à l'article Be n , Hifl. natur. & Botan. Voyez cet article.
L’effence de jafmin de nos Parfumeurs n’eft autre
chofe que l’une ou l’autre de ces huiles chargées de
l’aromate du jafmin.
Si l’on veut faire paffer le parfum de cette effence
dans l’efprit-de-vin, il n’y a qu’à les battre enfemble
dans une bouteille pendant un certain tems : l’efprit
de vin ne touchera point à l’huile , & s’aromatifera
d’une maniéré très-agréable. ( b )
Ja sm in , en terme deBôutonnier, c’eft une chûte
de différens orhemens en franges , en paquets, en
fabots& en pompons, qui tombent d’une corniche,
&c. Pour plus grand enjolivement, on varie lés jaf-
mins en diverfes maniérés, enforte qu’une partie eft
en franges, une autre en affemblage de différens
ouvrages brillàhs pour faire contrafte. Voyt.^ Paq
u e t s , Pom po n s & Sa b o t s. On donne encore
zuxjafjuins le nom de chute, fans doute parce qu’ils
pendent de quelque endroit que ce foit.
JASPE? f, ui. (Hiß, nat, Litholog, ) ç’eft fe nofti
d’une pierre du nombre de celles qu’on appelle prb
cieufes. Elle eft très-dure, prend très-bien le poli '
donne des étincelles lorfqu’on la frappe avec de
l’acier; elle eft opaque à caufe de la groflîereté de
fes parties colorantes, fans quoi le jafpe ne différe-
roit en rien de l’agate, & l’on poùrrôit avec raifon
dire que le jafpe eft une agate non-tranfparente,
mêlée d’un plus grand nombre de parties terreftres
& groflieres. Cependant il y a des morceaux de
jafpe dans lefquels on trouve des taches ou veines
tranfparentes ; cela vient de ce que la matière qui
lui a donne l’opacité , n’a point également pénétré
dans toutes les parties de la pierre. Ce qu’il y a de
certain, c’eft que le quartz ou le caillou fait la bafe
du jafpe, ainfi que celle de l’agate, & que tout
caillou opaque & coloré qui prend le poli , doit
être regardé comme un véritable jafpe.
Il régné une grande variété de couleurs parmi les
jafpes; il y en a qui n’ont qu’une feule couleur, qui
eft ou blanche, ou brune, ou bleue, ou verte, ou
g r ife, &c. le jafpe rouge eft le plus ra re , & cela
dans différentes nuances ; d’autres font de plufieurs
couleurs différentes, tels font ceux qu’on nomme
jafpes fleuris, dans lequel on voit des couleurs jaunes,
rouges , grifes, blanches, &c. confufément répandues.
L’imagination desNaturalites a travaillé fur
ces fortes de jafpes, oii quelques-uns ont vû ou du
moins ont crû voir les figures les plus extraordinaires
, qui ne font fouvent rèpréfentaes que très-imparfaitement,
& que l’on ne peut regarder que comme
formées par le hafard pur, & par la difpofition
fortuite des couleurs & des veines qui s’y trouvent.
Les moindres accidens & les différentes couleurs
des jafpes leur ont fait donner des noms différens
par les anciens Naturaliftes ; c’eft ainfi qu’ils ont
nommé lapis pantherinus ou pierre de panthère, un
jafpe jaunâtre moucheté de rouge. Pline donne le
nom de grammatias à un jafpe dans lequel on voyoit
des taches ou des veines blanches, fans parler d’une
infinité d’autres noms qui ont été donnes aux jafpes
en faveur de différences qui ne font qu’accidentelles,
& qui ne changent rien à la nature de ces pierres.
Ces noms ne font donc propres qu’à charger
inutilement la mémoire : les vrais Naturaliftes ne
doivent s’embarraffer que de ce qui conftitue l’e f fence
d’une pierre, fans s’arrêter à des petites variétés
minutieufes. Si cependant quelqu’un vouloit
un détail fur les différentes dénominations données
au jafpe à caufe de fes différentes couleurs, il le
trouveroit dans Hill, hiftoire naturelle des fojjilesen
anglois.
Le jafpe fanguin eft v e r t , & rempli de taches
rouges comme du fang.
Le jafpe floride ou fleuri eft de plufieurs couleurs
différentes, comme nous l’avons déjà fait remarquer.
Le lapis lapilli eft un vrai jafpe d’un bleu plus ou
moins v if, parfemé de petits points brillans comme
de l’or. Voye{ La p i s .
Le caillou d’Egypte eft un vrai jafpe d’une couleur
brune, dans lequel on voit des accidens tout-
à-fait finguliers.
Le caillou de Rennes ou pavé de Rennes eft auflï
un vrai jafpe jaunâtre, ou d’un brun clair & rougeâtre.
La pierre que les Minéfalogiftes allemands nomment
hornflein ou pierre cornet, n’eft qu’une efpece
de jafpe mêlé d’agate, comme on verra à la fin de
de cet article.
Wallerius & quelques autres auteurs mettent auflï
le porphyre au rang des jafpes.
Quelques Naturaliftes mettent le jade au rang
des jafpes ; mais il y a des différences entre ces
deux pierres, Voye^ Jaûe.
.Quelques auteurs confondent mal-à-propos le
jafpe avec le marbre. La différence entre eux eft
très - feniïble : le premier donne des étincelles, Iorf-
qu’Oii le frappe avec lin briquet, & ne fe diffout
point dans les acides ; au liëii que le marbre s’y diffout
, & rié fait point feu lorfqù’on le frappe avec
le briquët.
Le jafpe fè trouve dans le fein de la terre par
maffes détachées de différentes grandeurs : des voyageurs
parlent d’un morceau de jafpe de neuf piés de
diamètre, qui fut tiré d’une carrière de l’archevêché
de Saltzbourg, & placé parmi le pavé d’une des
cours du palais impérial à Vienne en Autriche.
M. Gmelin , dans fon voyage de Sibérie, dit y
avoir v u , dans le voifinage de la'riviere d’Argun,
une montagne qui eft prelque entièrement compo-
fée d’un jafpe verd très-beau, mais extrêmement
mêlé de roche brute, de forte qu’il eft rare de trouver
des morceaux de trois livres exemts de gerfures
& de défauts. Le même auteur ajoute que quelquefois
on en a tiré des maffes qui pefoient un ou deux
piés ( le pié fait 33 livrés) ; mais ils fe fendoient à
l’air au bout de quelques jours, de forte qu’on ne
pouVoit point s’ën fervir pour faire des colonnes ,
des tables ou d’autres grands ouvrages. Voyeç Gmelin
, voyage de Sibérie.
On trouve aufîi des jafpes de différentes couleurs
en Bohème, en Italie, & dans beaucoup d’autres
pays de l’Europe ; mais on donne la préférence à
ceux des Indes orientales, parce qu’on les regarde
comme plus durs, ils prennent mieux le poli, les
couleurs en font plus vives.
On ne peut fe difpenfer de rapporter ici l’expérience
finguliere de Beccher fur le jafpe. Ce favant
chimifte mit du jafpe dans un creufet avec un mélange
convenable ( adhibitis requifitis) , pour le faire
entrer en fufion, il lutta le couvercle avec le creufet
; én donnant un feu violent, la matière fe fondit.
Quand le creufet fut refroidi, il l’ouvrit, '& trouva
que le jafpe a voit formé une maffe folide prefque
aufli dure que cette pierre étoit auparavant ; mais
elle avoit changé de couleur , 6c étoit devenue lai-
teufe & demi-tranfparente * comme une agate blanche
; mais les parois fupérieurs du creufet, c’eft-à-
diré , le couvercle & les côtés auxquels le jafpe n’a-
voit pu toucher pendant la fufion, étoient couverts
d’une couleur de jafpe parfaite, & il ne leur man-
quoit que la confiftence & la dureté pour reffem-
bler parfaitement à du jafpe poli ; mais cette couleur
n’étoit que légèrement attachée à la fuperficie.
D e cette maniéré Beccher a féparé la partie colorante
du jafpe, qu’il nomme fon ame, & l’a fublimée
par la violence du feu. Voye^ Beccher, Phyficafub-
ierranea ,. édition de 173g , page fl7 . Il y a lieu de
croire que Beccher joignit de l’acide vitriolique à.
fon jafpe pulvérifé; du-moins eft-il certain qu’en
verfant de l’huile de vitriol fur du jafpe en poudre,
& le mettant enfuite fous une mowffle à un feu médiocre
, toute la couleur du jafpe difparoît, & il refte
fous la forme d’une poudre blanche.
M. Henckel dans fa Pyrithologie, décrit unjafpe
très-fingulier qui fe trouve près de Freyberg en
Mifnie, dans un endroit qu’on nomme la carrière de
jafpe, ou de corail: on trouve. 1 . une couche de
fpath très-pefant, 20. au - deffous eft du cryftalde
roche ; ces deux couches n’ont qu’enyiron deux travers
de. doigt d’épaiffeur ; enfuite 3°. vient de l’a-
ïnethifte, 40. une nouvelle couche de cryftal, 5°;du
jafpe, 6°". du cryftal, 70. du jafpe, 8°. du cryftal, 90.
ou jafpe* iop. du cryftal. Chacune de ces huit dernières
couches n’eft fouvent, pas plus épaiffe qu’un
fil ; &c toutes enfemble ont à peine trois lignes d’é-
paifleur, & font cependant très-diftinfres. Il vient
ënfuite u ° . dujajpe d’un rouge clair,, ix ° . un jafpe
d’un rouge obfcur, i } ° . delà chalcédoine, 14°. du
Jafp e>1 5°- de la chalcédoine ; enfin on voit un quarré
compare & folide. Les fix ou huit dernieres couches
vont en augmentant au point que dans quelques
endroits le jafpe a plus d’un pouce d ’épaiffeur. Ces
couches font fi intimement liées, que la maffe de
pierre ou elles fe trouvent fe divifent plus aifément
félon fon épaiffeur, que fuivant la direfrion des couches.
C eft ce jafpe que les ouvriers des mines &
quelques naturalifles, pour fe conformer à leur lan-
gage , nomment hornflein, ou pierre de corne. Voyez
la Pyrit'ologie de Henckel. ( — ) x
Jaspe-AGATE, ( Hifl. nat.Lytkologie.) nom donne
par quelques naturaliftes à une efpece d’agate
dans laquelle fe trouvent quelques endroits entièrement
opaques qui font du jafpe. On en trouve des
pierres de cette efpece aux Indes orientales & occidentales,
ainfi qu’en différens pays de l’Europe, &
fur-tout en Italie, en Allemagne, &c. On regarde
celles d’Orient comme plus dures que celles d’Europe.
Voye^ Ja spe. ( — )
JASPE- camee , ( Hifl, nat. Lythologie. ) nom donné
par quelques auteurs à une pierre précieufe demi-
tranfparente, connue fur-tout des Lapidaires italiens,
mais qu’On ne voit guere parmi nous. Il eft
rare de la trouver grande ; elle eft compofée de zónes
ou dé couches affez Iàrges d’un beau blanc &
d’un beau verd, qui reffembte à celui de quelques
jafpes. On trouve, dit-on, cette pierre dans les Indes
orientales , & dans quelques endroits de l’Amérique
; les Italiens en font fort curieux ; ils la nom-
mentjafpi-cames , & s’en fervent comme des autres
camées i. pour y graver des figures en relief ou ea
creux, & pour contrefaire des antiques, métier qu’ils
entendent parfaitement bien. JW ? Hill, Hill. nat.
desfofflUs. ( - ) 9 J
Jaspe-o n yx , (Hifl. nat. Lythologie. ) quelques
naturaliftes donnent ce nom à une efpece de jafpe,
dans lequel il fe trouve des taches ou des veines
tranfparentes & de la couleur de la corne ou des
ongles, telle que l’onyx ; cela vient de ce que la partie
colorante qui a donné l’opacité à la pierre, n’a
pas également pénétré par-tout. Voye^ Ja spe. ( — )
Jaspe , ( Mat. med.') c ’eft un des corps dans lefquels
on a trouvé des vertus médicinales annoncées
par descaraûeres extérieurs; qu'unefignature; c ’eft
un médicament figné.. VoyesflSig n a t u r e . (Mat.
med.) & ces vertus font occultes, magnétiques,
aftrales. Én un mot, \e jafpe {pénalement celui qu’on
appelle fanguin, qui eft veiné de rouge ( c e qui eft
fa fignature), a la propriété confiante & infaillible
d’arrêter les pertes de fang, en le portant attaché à
la cuiffe. Boot, Sennert, & la tourbe des pharma-
cologiftes paracelfiftes l’affurent. Boyle lui-même
qui fait profeflion ouverte de pyrrhonifme fur les
merveilles de cet o rdre, n’a pas été affez incrédule
fur celle-ci. ( b )
* JASPER, v . aft. ( Peint. & Reluire. ) c’eft peindre
en jafpe. Les Relieurs jafpent la couverture &
même la tranche des livres. Pour cet effet, ils ont
un pinceau fait de racine dé chien-dent d’une moyenne
groffeur, avec lequel ils jettent la couleur qui eft
ou verte ou rouge, ou bleue, ou mêlée : il y a des
tranches marbrées. Ce travail occupe dès ouvriers
qui ne font rien de plus. Voye^Particle R e l iu r e .
JASPRIN, ( Géog. ) petite ville de la haute-Hongrie
, dans le comté de Peft, fur la riviere dé Za-
giwa.
JASQUE, ( Gépg. ) petite ville maritime de Per-
f e , fur un cap qui refferre le gplfe d’Ornius, dans la
province de Tubéran. Ce cap a 25 d. 3 j '. d ’élévation
, & eft éloigné d’Ormiis dé 30 lieuès ; il dépend
du gouverneur de Gomron. Voyc{ Thévenot, voyage
du Levant, ( D . J . )
m
I