naturelles internes, fans y avoir trouvé rien d*ef-
fentiel, qui fût différent des parties naturelles des
autres femmes. Ce petit corps rond, caverneux, fi
fenfible, qui eftfituéà la partie antérieure de la vulv
e , a prelque toujours fait qualifier à’hermaphrodites
, des filles, qui par un jeu de la nature, avoient
ce corps allez long pour en abufer. Le même Co-
lumbus, dont nous venons de parler, a vû une Bohémienne
> qui lui demanda de retrancher ce corps,
& d’élatgir le conduit de fa pudeur, pour pouvoir,
difoit-elle, recevoir les embraflemens d’un homme
qu’elle aimoit.
' Vhermaphrodite negre d‘Angola, qui a fait tant de
bruit à Londres, au milieu de ce fiecle, étoit une
femme qui fe trouva dans le même cas de la Bohémienne
de Columbus ; & ce cas eft moins rare dans
les pays brûlans d’Afrique & d’Afie , que parmi
nous.
La fameufe Marguerite Malaure eut paffé pour
une hermaphrodite indubitable, fans Saviard. Elle vint
à Paris en 1693 , en habit de garçon, l’épée au côté,
le chapeau retrouffé, & ayant tout le relie de l’habillement
de l’homme ; elle croyoit elle-même être
hermaphrodite; elle difoit qu’elle a voit les parties naturelles
des deux fexes, & qu’elle étoit en état de
fe fervir des unes & des autres. Elle fe produifoit
dans les affemblées publiques & particulières de
médecins & de chirurgiens, & elle fe Iailfoit examiner
pour une légère gratification , à ceux qui en
avoient la curiofité.
Parmi ces curieux quil’examinoient, il y en avoit
fans doute plufieurs, qui manquant de lumières fuffi-
fantes pour bien juger de fon état, fe laifferent entraîner
à l’opinion la plus commune qu’elle leur inf-
piroit, de la regarder comme une hermaphrodite. Il
y eut même des médecins & des chirurgiens d ’un
grand nom, qui affurerent hautement qu’elle étoit
réellement telle qu’elle fe difoit être, & juftifierent
par leurs certificats, que l’on peut avoir acquis beaucoup
de réputation en Médecine & en Chirurgie,
fans avoir un grand fonds de connoiffanees folides,
& de véritable capacité.
Enfin, M. Saviard fe trouvant pfefque le feul
homme de l’art qui fût incrédule, fe rendit aux pref-
fantes follicitations que lui firent fes confrères de
jetter les y eux , & d’examiner ce prodige en leur
préfence. 11 ne l’eût pas plûtôt v û , qu’il leur déclara
que ce garçon avoit une defeente de matrice ; en
conféquence, il réduifit cette defeente , & la guérit
parfaitement. Ainfi l’énigme inexplicable d’herma-
phrodifme dans ce fujet, fe trouva développé plus
clair que le jour. Marguerite Malaure, rétablie de
fa maladie, préfenta au roi fa requête très-bien
écrite, pour obtenir la permiflion de reprendre l’habit
de femme, malgré la fentence des capitouls de Tou-
loufe, qui lui enjoignoit de porter l’habit d’homme.
Concluons donc, cpxefhcrmaphrodifmc n’eft qu’une
chimere, & que les exemples qu’on rapporte à'hermaphrodites
mariés, qui ont eu des enfans l’un de
l’autre, chacun comme homme & comme femme ,
font des fables puériles, puifées dans le fein de l’ignorance
& dans l’amour du m erveilleux, dont on
a tant de peine à fe défaire.
Il faut pourtant demeurer d’accord, que la nature
exerce des jeux fort étranges fur les parties naturelles,
& qu’il a paru quelquefois des fujets d’une
conformation extérieure fi bifarre, que ceux qui
n’ont pu en développer le véritable genie, font en
quelque façon excufables.
En 1697, M. Saviard, que je viens de nommer,
accoucha une femme à terme de deux jumeaux vi-
vans, dont l’un ne vécut que huit jours, & l’autre
fut mis aux enfans trouvés à caufe de la fingularité
de fon fexe.
L4uh de ce$ enfans fituée à l’endroit ordinaavioreit auvneec vleer gglea nbdî ediél cfobufrvtieéret** au-deflfus duquel le prépuce renverfé formoit un
bourrelet. Cette verge n’avoit point d’urethre; il
n’y avoit par conféquent aucune perforation à l’extcroérmpsit
céa dvue rgnleaunxd ;& e ldlee sn t’éégtouimt efonrsm orédei nqauier edse ;s &de cuexs
c&oc rapcsc céalévreartneeuursx. avoient auffi leurs mufdes éreéleurs
Son ferotum étoit fendu en maniéré de vulve ;
& au-bas de cette fente, il y avoit un trou que l’on
auroit pû prendre pour un vagin; l’urine fortoit par
cette ouverture ; il y avoit autour de petites éminences
rougeâtres, que l’on pouvoit prendre pour
les caroncules myrtiformes. On voyoit au-deffous
un repli de la peau, qui pouvoit paffer pour ce que
l’on appelle la fourchette dans les femmes ; & il y
avoit à côté d’autres rides, que l’on pouvoit regarder
comme des veftiges de nymphes. Enfin, dans
chaque côté du ferotum ainfi fendu, l’onfentoit bien
diftinéfement un tefiicule. Les parties génitales intérieures
étoient difpofées comme dans les mâles ; &c
comme il n’y avoit aucune apparence de matrice, ni
de fes dépendances, il réfulte que c’étoit un fujet mâle
dont la fituation de l’urethre étoit changée par un
défaut de conformation, qui l’auroit rendu incapable
d’avoir des enfans. Son frere jumeau qui fut mis
aux enfans trouvés, mourut fix femaines après fa
naiflance ; & c’eft dommage que nous n’ayons pas
la defeription de fes parties naturelles.
M. Saviard vit encore l’année fuivante un fécond
enfant d’une femme qu’il accoucha à terme, qui
avoit à-peu-près les mêmes défauts à fes parties génitales,
que le précédent. Son urethre étoit fendue,
depuis l’extrémité du gland, jufqu’à la racine de la
verge ; Ge qui féparoit le ferotum en deux bourfes ,
oû chacun des tefticules étoit contenu. Le prépuce
renverfé au-deflus du gland, fornloit un bourlettout
femblable au fujet dont on vient de parler ; & l’ure-
thre fortoit par un trou qui étoit à la racine de la
ve rg e , à l’endroit où eft fitué l’urethre des femmes.
11 s’ertfuit de-là, que ce fujet auroit été pareillement
incapable de génération. J’ai choifi ces deux
faits de Saviard feulement, parce qu’on peut compter
fur fon témoignage.
Feu M. Petit, médecin de Narçmr, à qui les Ana-
tomiftes doivent beaucoup d’obfervations importantes
fur le cerveau, fur l’oe il, & fur les nerfs, en
à donné une très-curieufe dans l'Hifl. de l'acad. des
Scienc. artn. tyzo j fur un hermaphrodite intérieur,'
qu’on me pafle ce terme. C ’étoit un foldat, qui ayanc
été blefle , mourut à z i ans à ^hôpital de Namur ;
le chirurgien major qui l’ouvrit, par la feule curiofité
du caraâere de fa blefliire, fut bien furpris de
ne point trouver les tefticules dans le ferotum ; cependant
il les trouva dans le bas-ventre, mais avec
une efpece de matrice ou de vagin, & la forte d’appareil
de parties de la génération qui eft dans les
femmes. Cette efpece de matrice étoit attachée au
col de la v eflie, & par fon embouchure perçoit l’urethre
entre le col &c les proftates. Du corps de
cette matrice partoient de côté & d’autre deux cornes
ou trompes qui s’attachoient à deux ovaires féminins
, ou fi l’on v eu t , tefticules mafeulins, petits,
mous, & qui avoient chacun leur épidydime, &
leurs vaifleaux déférens.
Enfin, on a v u , on a peint, on a gravé une hermaphrodite
qui parut à Paris aux yeux du public en
1749. Elle etoit alors âgée de 16 ans, n’avoit point
eu fes réglés, n’avoit aucune apparence de gorge
naiflante, ni les hanches auflî élevées, qu’il auroit
convenu au corps d’une fille de fon âge : je dis fille ,
parce qu’elle avoit été baptifée du fexe féminin ; car d’ailleurs Paré, dans fon traité des MonJlres? ch. y if
p&*. 101S , rapporte l ’hiftoire de trois flijets qui
avoient étébaptifés •& élevés pour filles, & dont
(es parties de l’homme fe développèrent à l’âge de
puberté,
• Quoi qu’il en foit, la verge de Marie-AnneDrouart,
ç’étoit fpn nom, recouverte de fon prépuce, garnie
dHin peu de poil à la racine, avoit fon gland & deux
çorps caverneux ; ma.is.le canal de i’urethre y man-
quoit pour le paflage de l’urine ; le prépuce laifloit
une ouverture, qui approchoit de la vulve d’une
femme. Cette ouverture fe terminoit en-bas par un
repli allez femblable à la fourchette, avec un petit
bouton, tel que celui qui fe trouve dans les jeunes
vierges. Au-defliis de ce bouton étoit le trou du
canal de l’urethre, lequel canal étoit fort court.
L’ouverture de là vulve étoit très-étroite, & admèt-
toit avec peine l’intromiflion du petit doigt ; on n’y
voyOit point de caroncules myrtiformes , ni d’apparence
de tefticules, foit dans les aînés,foit dans ce qui
tient lieu de ferotum ; en un m ot, ce fujet n’avoit &
n’aura , s’il vit encore, la puiflance d’aucun fexe.
Voilà les feuls faits autentiques de ma connoif-
fence fur la maniéré la plus étonnante, dont la lia- j
ture fe joue dans la conformation des parties de la
génération. Je fai que plufieurs écrivains ont publié
des traités exprès fur les hermaphrodites. Tel eft
Aldrovandus, dans fon livre de Monjlris, Bononioe,
<642 ,fo l. Cafpar Bauhin, de Hermaphroditis ; Op-
penheim, 1614 , in-8°. Jacobus Mollçrus , de Cor-
nuùs & Hermaphroditis, Berolini, / y 08 * in-40. Du-
v a l , traité de F Accouchement des femmes. &c des Hermaphrodites
9 Rouen, 16 i z , in-8°.
J’ai parcouru tous ces écrits en pure perte, ainfi
que les queftions Medico-legales de Zacchias, Spon-
danus, ad annum 1478, num. zz . Bonaciolus,
conformatione foetus ; les nouvelles littéraires de la
mer Baltique, année 1704, par Loffhagen, &c au-
ttes femblabJes, dont je ne confeille la leûure à per-
fonne. Je recommanderai feulement le difeours de
Riolan fur les hermaphrodites, dans lequel il prouve
qu’il n’y en a point de vrais. Mais, ce qui vaut encore
mieux, c’eft l’ouvrage publié dernièrement à
Londres par M. Parfons, & qu’on auroit dû nous
traduire en françois ; il eft intitulé Parfons’s Mecha-
nicalt and Critical Enquiry into the nature o f hermaphrodites
, London , 1741 ,in-8°. L’auteur y démontre
favamment & brièvement, que l’exiftence des
hermaphrodites n’eft qu’une erreur populaire. (D . ƒ.)
H e r m a p h r o d it e , (Mythol.)fils de Mercure &
de V énus, comme l’indique fon nom. Ce jeune homme
doué de toutes les grâces de la nature, à ce que
prétend l’hiftoire fabuleufe, fut éperduement aimé
de la nymphe Salmacis, dont il méprifa la tendreffe ;
elle l’apperçut un jour qu’il febaignoit dans une fontaine
de la Carie , & l ’occafion lui parut favorable
pour fatisfaire fon amour : mais le coeur de cet ingrat
refta glacé ; & dans le défefpoir où étoit la nymphe
, de ne pouvoir faire pafler jufqu’à lui une partie
du feu qui la confumoit, elle invoqua les dieux , &
leur demanda que du-moins leurs deux corps ne fuf-
fent jamais féparés ; fa priere fut écoutée, & par une
étrangé métamorphofe, ils ne devinrent plus qu’une
même perfonne. Ovide peint ce changement en ces
mots,
Nec feemina dici,
Nec puer ut poffent, neutrumque , 6* utrumque yi-
dentur.
Le fils de Vénus obtint à fon tour, que tous ceux
qui fe laveroient dans la même fontaine éprouve-
foient le même fort.
L explication de cette fable n’eft pas facile ; on
lait feulement qu’il y avoit dans la Carie , près de
n,V1 6 ^’Haly carnaffe , une fontaine célébré , où
s humaniferent quelques barbares qui étoient obli-
! p a y venir puifer de l’eau aulfi-bien que les Grecs
1 ™„C? T erC\ <Ilî 1S CU,-ent ayec ceux’ci IeS rendit
non-feulement plus polis, mais leurinfpira le goût H “ *c.de cette nation voluptueufe,; & c’eft peut-
C t r e d i t Vitru ve, ce qui peut avoir donné à cette
fontame la réputation de faire changer de fexe. Au
très i f l W T 6/ xqU ‘m p 0 t K Ia rai^ n f la fable eft MÊÊUMSMÊÊÊÊÊÊÊH
compofee de Mercure & d’Apollon, repréfenmnt ud
jeune homme avec les fymboles de l ’une & de 1W
î y i ’ (D J.) P C3d“Cée ’ avet rarc * 1*
HERMATHENE' f .f . figure «mblématique
, repréfentant fur une même bafe , Mercure
cettf-tA^thlrn*ts.’, fui va‘u "t lTa re Mmianreqruvee d,de oCnictel'êrnono m' g6tec
° n coT olt que des <fem»es miTes fur dés pié’s ouari
res repréfentent ces deux divinités dont fious’ par-
lons, par leurs attributs ; par exemple’, le coq tous
1 atgrette les ailerons fur le cafqué ; un fein d \omt
I B •’ la. H ’ deflënent Mercure ; le cafque S i I egtde . dévoilent Minerve, M. Spon a donné’ quel-
ques reprefenta fions d hermathenes , dans fes recher-
ckes d antiquités. On y voit pag. 08 la fnrmo A* ■
I I g H ladîgure d'e PaUa^arméÊ
d un cafque ^d’une pique & H bouclier: •
Il etoit allez ordinaire de faire des fêtes, & des
faenfices communs à ces deux divinités, parce q ui
1 une prefidoit à 1 éloquence , & l’autre ï lafci'ence
& que 1 éloquence fans érudition , n’ eft qu’un f o i
mfruéhieux, comme le favoir fans l’art de le mettre
au jour , eft un tréfor fouvent inutile. Il appartenoit
aux Grecs d avoir leurs lycées parés à’hermathenes -
W B R m B Cicéron d’en vouloir oïner fa mai!
fon de Tufculum ; quidquid ejufdcm generîs hàbtbis
ecnvOlt-il à Attiras , H dulitdvtris miture.. . . quod
ad me de hermathenâ feribis , Jingulart infane L n s
gymnajti9per mihi gmeun.ft, iujmanda-tofenfufte -
enhn ayant reçu cette, hermaekou du choix d’Atti!
eus, il en fut enchanté,; , hcrmaikma tua me yaide de.
ledat, lui ecnviMl pour l ’en remercier.
Triftan dans fon Eomm. hifli lom. -n a fait vraver
une médaillé fort linguliere des Triumvirs, H H
d un cote leurs t foistetes, & au revers uneherma-
t/tene , devant laquelle eft un autel entouré de fer-
pens, qui s elevent au-deffus, & derrière une aigle
romaine ou legionaire ; mais Triftan ne s’eft pas
montre bien habile, en prenant le bufte pour le dieu
Terme., & en fuppofant conféquemment, qu’il Ce
trouvoit ici trois divinités repréfentées.
Tout ce qu’on appelle hcrmathene ; 'hcrdmpollon ,
hermanubis^ , htrméraclt, herm'harpocrate , & c . font
des piés-d’eftauxquarrés ou cubiques, portant l’em-
bleme de Mercure , avec la tête d’une àmre divinité
feulement, & l’én en polfede encore plufieurs
■ ■ ■ B cependant H penferois volontiers
avec M. Middleton , que les têtes des deux divinités
ont ete quelquefois jointes enfemble fnr le mê-
me pilallre, & regardant de différenscôtés, comme
nous le voyons dans quelques figures antiques, que
nous appelions toutes aujourd’hui indiftinélement
du nom de janus. (D . ƒ.) i
j m’ (f'hronolog.') fe fécond mois
de 1 annee des Thebains & des Béotien*.-/! étoit de
trente jours comme les autres-,-&-répondoit à notre
mois d Odlobre. C ’étoit auflî le fécond de l’année
thébaine , mais il répondoit à notre mois de No-«
vembre.
Hermees , f. f. pl. (Antiq.) fêtes en l’honneur dfr
Mercure, dont le nom grec étoit kermès; on les célébrait
avec différentes cérémonies, dans le Péio'
ponnefe, en Béôtie , en C re te , & ailleurs. Pendant
la célébration de ces fêtes- dans l’iflî de Crete les