Manéthon, fameux prêtre Egyptien, étoit natif
«le l’une ou de l’autre de ces deux villes ; il fleurif-
foit fous le régné de Ptolomée Philadelphe:, environ
300 ans avant J. C . Ilcompofa en grec l’ hiftoire
des X X X I . dynafties des dieux , des demi-
dieux, & des rois d’Egypte; ouvrage célébré qui
eft fouvent cité par les auteurs anciens. Le tems
, nous l’a ra v i, il ne nous en refte que quelques frag-
* mens tirés des extraits fecs de Jules l’Afriquain; on
les trouvera dans la chronique d’Eufebe, 8c dans
-Georges Syncelle. ( D . J . )
HELIOSCOPE, 1. m. terme d'Optique. C ’eft une
lunette à longue vue qui fert particulièrement à
obferver le foleil, & qui eft faite de telle forte, que
l’oeil n’en reçoit aucuns dommages. Cemoteftgrec,
compofé d’»A/«r, foleil, 8c mit'dlopai, video , fpeclo ,
je regarde , je confédéré.
Vhéliofcope n’eft autre chofe qu’une lunette, dans
; laquelle on a placé un verre enfumé pour empê-
, cher la grande lumière du foleil de bleffer l’organe.
. C ’eft du moins à quoi les meilleurs héliofcopes Te ré-
. duifent. (O )
HELIOTROPE , f. m. {Hifl. nat. Botan.) Les
^Botaniftes comptent au-moins dix efpeces à'héliotrope
; décrivons ici celle que Tournefort appelle
• héliotropium ntajus Difcoridis, qui eft la plus com-
| mune.
Sa racine eft fimple, menue, ligneufe, dure ; fa
.tige eft haute de neuf pouces 8c plus,femplie d’une
;moëlle fongueufe, cylindrique , branchue, un peu
v e lu e , 8c d’un verd blanchâtre en-dehors. Ses feuille
s font placées à l’origine des rameaux, 8c fur ces
;mêmes rameaux : elles font cotonneufes , ovalaires
, femblables à celles du bafilic, mais plus blanches
8c plus rudes, du refte de la même couleur que
la tige.
Ses fleurs naiffent au fommet des rameaux, fur
.de petites tiges, lefquelles font recourbées comme
la queue des fcorpions ; elles font rangées fymmé-
triquement, petites, blanches, d’une feule piece
.en entonnoir ; leur centre eft ridé en maniéré d’étoile
, & elles font découpées à leur bord, en dix
parties alternativement inégales.
Le calice eft couvert de duvet; il en fort un pi-
ftil attaché à la partie poftérieure de la fleur en*
maniéré de clou, 8c comme accompagné de quatre
. embryons qui fe changent en autant de graines, an-
guleufes d’un c ô té , convexes de l’autre, courtes,
&c cendrées.
Cette plante eft cultivée, parce qu’elle eft toute
d’ufage. Elle contient un Tel tartareux, de faveur
falée, accompagné de fel alkali vola til, qu’elle donne
dès le premier feu de la diftillation. Elle eft ré-
folutive , apéritive , 8c déterfive : elle paffe pour
réprimer les petites excroiffances de chair, & faire
tomber les verrues pendantes.
Uhéliotrope que les Botaniftes appellent ricino'ides,
ou tricoccum, eft connu des François fous le nom
de tournefol. Voye^ T ournesol. { D . J . ) Héliotrope, ( hijl. nat. Lithologie. ) pierre pré-
cieufe, demi-tranfparente, dont la couleur eft verte,
remplie de taches rouges ou de veines de la même
couleur ; ce qui fait que quelques auteurs la nomment
jafpe oriental ; mais la tranfparence de l’héliotrope
fait qu’on ne doit pas la regarder comme un
jafpe qui eft une pierre opaque. M. Hill prétend que
Vhéliotrope différé du jafpe , en ce que la couleur de
la première eft d’un verd mêlé de bleu, au lieu que
celle du jafpe eft d’un verd plus décidé. Peut-être
l’héliotrope eft-elle la même chofe que ce qu’on nomme
prime d'émeraude. U héliotrope fe trouvoit, fui-
. vant Pline, dans les Indes, en Ethiopie, en Afrique,
& dans l’ifle de Chypre ; il y en a auffi en Allemagne
8c en Bohème. Boeçe de Boot dit qu’il y en a
de fi grandes, qu’on en a fait quelquefois des pierres
à couvrir les tombeaux. Les anciens ont attribué
un grand nombre de vertus fabuleufes à cette pierre ;
ceux qui feront curieux de les fa vo ir , les trouveront
dans Pline, hiß. nat. livre X X X F ’I I . chap. x x . ( — )
HE LIX, en terme d'Anatomie , fe prend pour
tout le circuit ou tour extérieur de l’oreille de
l’homme. Voyeç Oreille.
La partie moyenne de l’oreille externe qui s’élève
autour de fa cavité, s’appelle anthelix. Foyt{ A n-
thelix.
HELLANODIQUES , f. m. pl. {hiß. anc.) officiers
qui préfidoient aux jeux facrés d ’01ympie,in-
ftitués lors du rétabliffement de ces jeux par. Iphi-
tus. Leur fonftion étoit de préfider aux jeux, de
donner des avertiffemens aux athlètes avant que de
les y admettre ; de leur faire enfuite prêter ferment
qu’ils obferveroient les loix ufitées dans ces je u x ,
d’en exclure ceux des combattans qui manquoient
au rendez-vous général, 8c fur-tout de diftribuer les
prix. On en appelloit fouvent de leurs décifions au
lénat d’Olympie, 8c fous les empereurs à l’agnofthe-
te ou fur-intendant des jeux. Ils entroient dans l’am-
phithéatre avant le lever du foleil, & une de leurs
fondions étoit encore d’empêcher que les ftatues
u’on érigeoit aux athlètes ne furpaffaflent la gran-
eur naturelle, de peur que le peuple qui n’étoit que
trop porté à décerner à ces athlètes les honneurs
divins, ne s’avisât en voyant leurs ftatues d’une
taille plus qu’humaine, de les mettre à la place de
celles des dieux. ( G )
HELLAS , ( Géog. anc.') Ce nom a plufieurs lignifications
différentes, qu’il ne faut pas confondre ;
tantôt il lignifie une ville particulière, tantôt un
petit canton de la Theffalie, tantôt une grande partie
de la Grece, diftinguée de l’Epire, de la Macédoine
, du Péloponnefe, &c. Mais pour éviter les
détails, je remarquerai feulement deux chofes : i ° .
que les noms à'Hellas & dHellerles, qui lignifient la,
Grece propre & les Grecs, ne fe bornèrent point là ,
8c qu’ils furent employés pour défigner toutes les
augmentations de cette Grece propre, comme la
Macédoine, 8c généralement tout ce que les Latins
ont entendu par le mot de Grece. 2°. Que quand
la Grece propre ou 1’Hellas, prit le nom d’Achaïe,
parce qu’elle étoit entrée dans là ligue des Achéens,
il faut en excepter l’Etolie, qui fit une ligue à part,
à laquelle fe joignirent les Acarnaniens. ( D . J . )
HELLEDA ou HELLIGEA, { Géog.) riviere de
Suede, dans la Gothie méridionale, qui fe jette dans
la mer Baltique dans la province de Blekingie.
HELLEBORE, { mat.med.) Voye%_ Ellébore.
HELLENES , f. m. pl. {H iß .) c’eft le nom que
les Grecs fe donnèrent en leur propre langue ; lé
fingulier de ce nom eft hellen, un grec. Mais Thucydide
conclud du filence d’Homere, qu’au tems de
la guerre de T ro ie , les Grecs n’a voient point de
nom générai qui défignât la nation grecque prifé
colleftivement, & que celui à’hellenes, employé
depuis dans ce fens, n’avoit point encore cette acception.
Il fe prenoit feulement pour les habitans
du pays d’Hellas, foit que ce pays fût une contréé
aux environs dè Dodone & du fleuve Achéloiis, où
que ce fut un canton de Grece dans la Theffalie, il
n’importe ; c’étoit un pays particulier de la Grece :
en effet, Homere diftingüe exaftement les Myrmi-
dons, les Hellenes les Achéens. Ainfi le fameux
paffage de D enys d’Halycarnaffe, qui a tant exercé
les critiques modernes , & qui ne confifte qu’en ces
trois mots , apyoXixu TraXaiTipct tXXnviKav , lignifie tout
Amplement, Argolica veflujliora funt Hellenicis les
Argiens font plus anciens que les Hdlenes. {D .J . ')
HELLENISME, f. m. ( Gram.) C ’eft un idiotif-
me g rec, c’eft-à-dire, une façon de parler exclufi-
vement
Vê'rftèüt Wopfe à la langue grecque, & éloignée des
lois générales du langage. Voyt{ Id io t ism e ; .C’eft
le feul iirüclt qui, dans l’Encyclopédie, doive traû
ter de ces façons de parler ; on peut en voir la rai-
Lon au mot Gallicisme. Je remarquerai feulement
ici que dans tous les livres qui traitent des élémens
de là lariguè latine, Yhellénifme y eft mis au nombre
des figures de conftruftion propres à cette langue.
.Voici fiir cela quelques obfervations.
i°. Cette maniéré d’envifager Yhellénifme* peut
faire tomber les jeunes gens dans la même erreur
qui a déjà été relevée à l’oecafion du mot gallicif-
tne ; faVoit que les hellénifmes ne font qu’en latin;
Maifc ils font premièrement 8c effentiellement dans
la langue grecque, & leur effence confifte à y être
en effet un écart de langage exclufivement propre
à cettë langue. C’eft fous ce point de vue que les
hellénifmes font envifagés 8c traités dans le livre intitulé
, Francifci Vigeri Rothomagenjis de pracipuis
gracié diclionis idiotifmis libellus. L’ordre des parties
d’orâifon eft celui que l’auteur a fuivi ; 8c il eft entré
fur les idiotifmes grecs, dans un détail très-utile
pour l’intelligence de cette langue* Dans l’édition
de Leyde 1742. , l’éditeur Henri Hoogeveen y a
ajoûtè pliifieurs idiotifmes, êc des notes très-favan-
tes & pleines de bonnes recherches*
a0. Ce n’eft pas feulement Yhellénifme qui peut
palier dans une autre langue , & y devenir une figure
de conftru&ion ; tout idiotifme particulier peut
avoir le même fort $ & faire la même fortune. Faudra
t-il imaginer dans une langue autant de fortes
de figures de conftruélion,. qu’il y aura d’idiomes
différens, dont elle aura adopté les locutions propres
? M. du Marfais paroît avoir fenti cet inconvénient
, dans le détail qu’il fait des figures dè çon-
ftruttion aux articles C o n stru ctio n & Figure :
il n’y cite Yhellénifme, que comme un exemple de
la figure qu’il appelle imitation. Mais il n’a pas encore
porté la réforme aufli loin qu’elle pouvoit &
qu’elle devoit aller, quoiqu’il en ait expofé nettement
le principe.
30. Ce principe eft, que ces locutions empruntées
d’une langue étrangère, étant figurées même
dans cette langue, ne le font que de la même maniéré
dans celle qui les a adoptées par imitation, &
que dans l’une comme dans l ’autre, on doit les réduire
à la conftruftion analytique & à l’analogie
commune à toutes les langues, fi l’on veut en faifir
le fens.
V o ic i, par exemple, dans Virgile {Æn. iv .)u n
hellènifme, qui n’eft qu’une phrafe elliptique :
Omnia Mercurio Jimilis, vocemque , coloremque ,
Et cri'nes jlavos , & membra decûra juventa.
L ’analyfe de cette phrafe en fera-t-elle plus lumi-
iieufe , quand on aura flottement décidé que c’eft
un hellènifme ? Faifons cette, analyfe comme les
Grecs mêmes l’auroient faite. Ils y aurpient fouf-
entehdu la prepofition.xetr« , ou la prépofition «srtpi .;
les Latins y fous-entendoient les prépofitions équi-
yalentQS fecundùm ou per: jimilis Mercurio fecundiim
omnia, & fecundum vocem, & fecundiim colorem , 6*
fecundiim crines jlavos, & fecundiim membra decota
juvetitot. L’ellipfe feule rend ici raifon de la conftru-
ttion ; & il n’eft utile de recourir à la langue grecq
ue , que pour indiquer l’origine de la locution,
quand elle eft expliquée.
Mais les Grammatiftes * accoutumés au pur matériel
des langues qu’ils n’entèndent que par une ef-
pece de tradition, ont multiplié les principes comme
les difficultés, faute de fagaçité pour démêler
les rapports de convenance entre ces principes , &
les points généraux où,ils fe réunifient. II. n’y a que
1$ coup d’oed perçant & sûr dç la Philofophie qui Jpmi }flU% *
puiffe àppercevoir ces relations & tes pblftts da
réunion, d’oli la lumière fe répand fur tout le fydè-
me grammatical, & diffipe tous ces phantômés dd
difficultés, qui ne.doivent fouVent lénr en fon cé
qu à la foiblelfe de l’organe dé ceux qu’ils effraient*
( E .R .M . ) .
HELLENISTES, iiib; m. plut. ( HIß. am . ) nord
qui paroît donné dans l’Ecriture-fainte , aux Juifs
d origine ou profélites établis en Gre ce, en Syrie;
& ailleurs. J *
Comme cé mot HMimjlà, fort oijfcur pàr lui-
même, fe trouve feulement dans le nouveau TeftaJ
ment ; les plus grands critiques du dernier lîecie , ont cherché avec foin quels gens. il. faut entendre
par les. HclUniftcs , dont il eft fait mention dans lei
. chapitres v j , ] M <i* j.* T 29, & x j ; f . 20, des
aftes des apôtres.
Scaliger penfe que ces Hdlènifles n’étôient autre
chofe que les Juifs d’Alexandrie; Heirifius. étèndant
ce terme beaucoup davantage, & avec raifon, doni
ne*C? ^„'tous ^es Juifs, qui parloient un grec'
mele d’hebraïfmes 8c de fyriacifmes j comme eft le
grec des Septante * qui ont traduit la Bible; 8c ces
fortes de Juifs lifoient cette traduttion dans. leurs
fynàgôgues. Suivant Saümaife, les Hdlènifles font
des Grecs profélytes du Judaïfme ; M. Simon penfé
a-peu-près de même, en diftinguant deux fortes dé
Juifs-j les Hébreux,. e’eft-à-dire, les habitans de la
Paleftine 8ç de la Chaldée, 8c les Hdlènifles , c’eft-
à-dire les Juifs qui parloient grec.
. Voffius me femble encore plus exatt ; il dit qué(
la nation juive s’étant partagée en deux fattions^'
avoit donné lieu par ce partage * aux deux noms de
Juifs 8c d Helleniflès; telon lu i, les Juifs étoient
ceux qui fouffroiejnt avec peine une domihätion 8c
des rites étrangers , 8c ce iont, ajoûte-t-il, les zélés
dont parle Jofephe., Les Hdlènifles au contraire , fé
prétdient volontiers au joug 8c aux ufages des
Grecs.
| Enfin, M. Fourmont eft perfuadé que les HtllènU
fies des chap. vj. 8c ix. des aftes des apôtres , font
les Hdlènifles Syriens de M. Simon 8c de Voffius *
lefquels fournis par les Grecs, s’acco.mmodoient de
leurs moeurs 8c de leurs coutumes : c’étoient-Ià ces
chrétiens profélytes, qui fe plaignoient des : Hébreux
, c’eft-à-dire, des Juifs de la Paleftine. « Alors
( dit le texte facré, aft. vj. yerf. i . ) le nombre de$
>> difciples fe multipliant, il s’éleva un murmuré.
» des Juifs Grecs, contf e ies Juifs Hébreux, de ce
» que leurs veuves fe voyoient mépriféès dans la
» difpenfation de ce qui fe donnoit chaque jour » ÿ
tyivtTo yopyuirfAoç ruiç eAAàwç’WP Trpoç twç îCpcttxç, 8cc«-'
Mais en même tems , félon M. Fourmont , les Hd~
lénifies du chap. xj. verf. 20. des aftes, ne font ni
des Juifs Hébreux, ni des Juifs Grecs ; loin de-là 9
ce font les Payens, les Gentils de G re ce, auxquels
la vifion de S. Pierre permettoit d’annoncer l’Evangile.
En effet, prefque tous les critiques fuppofenfc
dans leurs explications, que les Hellenifles des chap»
vj. 8c ix< des aftes, étoient les mêmes que ceux
dont il eft parlé dans le chap. xj ; cependant ils mé
paroiffent être , comme à M. Fourmont, dés gens
très-différens ; 8c pour s’en convaincre il faut liré
les trois chapitres entiers, 8c en fuivre l’efpritii
Mais l’embarras, la difficulté, c’eft. que le même
mot Hellènifles, E'AÀai'/ç-a/, eft donné aux uns com-*
me aux autres ; 8c nous n’avons ici pour nous éclai-s
rer, aucun autre paffage ni du texte facré, ni des
auteurs profanes, où fe trouve ce terme ; il a êtes
peut-être forgé par S. Lu c, qiii écrivoit à des gens
qui l’entendoient, 8c nous ne fommes pas de eé
nombre. { D .J . )
I HELLENISTIQUE, { Langue. ) Hiß. éccljfi