Le poids de 45 livres que pefoient les deux mâchoires
qui formoient la tête de l'hippopotame du
Sénégal, dont parle M. de Jufîieu, fa longueur de
deux pies, fa hauteur d’un pié quatre pouces du
côté de l’occiput, & fa largeur d’un pié & demi du
même côté, marquoient que l’animal étoit prodi- !Ü . I H H A en juger parfon apparence extérieure, fa tete
doit reffembler en quelque façon au fquelete de la
tête d’un cheval, à la différence que le mufeau en
eft plus évafé, les narines plus ouvertes, & que les
mâchoires font terminées de chaque côté par deux
groffes protubérances, dans lefquelles font pratiqués
les alvéoles des fix dents de devant.
La figure de la mâchoire inférieure quadfe affez
bien à celle de la fupérieure par fa largeur en-devant
, qui eft de huit à neuf pouces, fur fix de hauteur;
mais cette mâchoire eft plus maffive que la
fupérieure, parce que les fix plus groffes & plus fortes
dents de cet animal, y font prefque obliquement
inférées dans des alvéoles très-profonds.
De ces fix dents, les deux du milieu qui tiennent
lieu d’incifives, font horifontales, cylindriques,
cannelées, maflives, d’un pouce & demi de diamètre
, de quatre pouces de long, & de fix de racine.
Celles de la mâchoire fupérieure auxquelles elles
fe rapportent, n’ont au contraire pas plus d’un demi-
pouce de longueur apparente, & trois de racine,
fur neuf lignes de diamètre ; les deux latérales répondant
à chacune des deux longues dents de la mâ-
chire inférieure, & qui tiennent encore lieu d’incifives
, ne font longues au-dehors que d’un pouce &
demi, fur un demi-pouce de diamètre.
Les deux dents plus confidérables , placées chacune
à une des extrémités du devant de la mâchoire
inférieure, en maniéré de défenfes, font courbées en
demi-cercle, de même que celles du fanglier, & ont
chacune cinq pouces de faillie, fur huit de racine,
qui eft très-oblique ; leur forme approche du triangle
, dont chaque côté a environ un pouce & demi.
Celles auxquelles elles répondent, qui font également
courbées & cannelées, n’ont qu’un pouce de
faillie, & fix de racine. Ces quatre dents des extrémités
des mâchoires, tiennent la place des racines,
& font par leur jon&ion du côté qui eft applati,
l’office de véritables cifoires ; celles qui les fuivent
féparées de ces dernieres par un efpace de trois
pouces, & arrangées aux deux côtés du fond de
chaque mâchoire, font les molaires au nombre de
huit ; les plus groffes ne faillent que d’un demi-pouc
e , & en ont un & demi d’étendue.
Toutes les dents de Y hippopotame font très-dures,
& peuvent faire du feu comme les pierres à fufil
quand on les frappe avec du fer ; peut-être en jettent
elles quand l’animal les frappe les unes contre
les autres ; & c’eft en ce ca s , ce qui a pu donner lieu
à quelques auteurs, d’affurer que Yhipopotame vo-
miffoit du feu.
Il eft furprenant que cet appareil terrible de dents
placées dans une gueule, dont l’ouverture eft antérieurement
de plus de deux piés, ne réponde qu’à
un gofier qui n’a pas quatre piés de circonférence ;
ce qui prouve que quelque vorace que foit cet animal,
qui eft dépeint dans des bas-reliefs antiques ,
ayant-dans la gueule un crocodile, ne pourroit l’avaler
, fuppofé qu’il s’en nourriffe, qu’après l’avoir
bien mâché.; mais il n’eft pas moins difficile de concilier
avec la forme de ces mêmes dents, l’ufage que
-Pline & les anciens donnent à Yhippopotame de fè repaître
de blé dans les champs voifins du Nil.
A l’égard du.pié, il eft du genre de ceux qui ont
des doigts ; fa forme eft très-maffive, car dans l’éta
t deffeché de celui qu’a vû M. de Jufîieu, la plante
(étoit encore de neuf pouces de longueur , fur trois
& demi de îafgeur. Les doigts au nombre de quatre
, font fort courts, n’ayant tout au plus avec l’ongle
, qui en occupe prefque la moitié, & qui les termine,
que deux pouces de longueur fur un de largeur.
La folidité, la pefanteur, la dureté, & la couleur
des dents canines de la mâchoire inférieure de cet
animal, donnent lieu de croire qu’on pourroit en
tirer aujourd’hui des ufages pour les arts de Sculpture
& du Tour. Peut-être doit-on mettre la maniéré
de travailler ces dents, dans le nombre des chofes
pratiquées par les anciens, & qui ont échappé à
notre connoiffance. Au-moins le peut-on conjecturer
par ce que rapporte Paufanias dans fes Archaïques
, d’une ftatue d’or de Dindymene, vénérée par
les Proconéfiens, & dont la face étoit formée d’une
de ces dents. Ce trait montre qu’elles fe travailloient
alors comme celles de l’éléphant, & que la matière
en étoit plus précieufe, non-feulement comme étant
moins commune, mais encore par des qualités qui
rendent cette forte de dents préférable à l’ivoire ;
elle n’eft point fujette aux inconvéniens de fe caffer,
facilement, de s’égrainer, & de jaunir.
Ce mérite a déterminé les ouvriers qui travaillent
à faire des dents artificielles, à choifir celles
de Y hippopotame préférablement à toute autre, fan9
avoir aucune connoiffance de leur origine ; l ’expérience
nous apprend combien les dents artificielles,'
qui font faites avec les canines de cet animal \ font
au-deffus de celles qu’on peut tirer de quelque animal
que ce fo i t , non-feulement par leur folidité
mais encore par la durée de leur couleur qui approche
de celui de l'émail de nos dents.
C ’eft donc là le feul ufage connu qu’on puiffe tirer
des dents de Yhippopotame ; car tout ce que les
anciens & les modernes nous difent de leurs vertus
pour arrêter leur fang, détourner la crampe, guérir
les hémorrhoïdes , & mille autres fadaifes de
cette efpece qu’on lit dans Bartholin, Hocchftetter,'
les Ephémerides des curieux de la nature, ainfi que
dans les livres de voyages ; tout ce la , dis-je, eft fi
pitoyable , qu’on en feroit furpris fi l’on ignoroit
jufques où s’étend le génie fabuleux de la plupart
des hommes.
Je n’ai trouvé dans Marmol, dans Wormius, dans
Thevenot, que des contrariétés fur la defcriptiom
qu’ils nous donnent du cheval de riviere ; on ne
peut les croire n i les uns, ni les autres. Vofîius, dans
fon traité latin de Yidolatrie , a raffemblé tout ce qui
a été dit fur Yhippopotame , & c’eft bien là un affem-
blage de toutes fortes de contes.
Bocharddans fon Hiéro^oïcon, & après lui Ludolf
dans fon hifloire d'Ethiopie , ont prétendu que Yhippopotame
eft le béhémoth de Job, ch. xl. v. 10. mais
ils ont fait là-deffus des recherches & une dépenfe
d’érudition bien inutiles : on ignorera toujours ce que
c’eft que le béhémoth de Job , & ceux qui croient
que ce mot défigne plutôt Y éléphant qu’aucun autre
animal femblent les mieux fondés en raifon. Peut-
être encore que le mot hébreu béhémoth fignifie feulement
en général toutes fortes de bêtes d’une grandeur
énorme ; enfin les defcriptions que j’ai lu de cet
animal dans l’hiftoire générale des voyages, fe con-
tredifent, & font prefque toutes également fauffes.'
L’étymologie du mot hippopotame n’exercera point
les critiques ; il eft clairement formé de îmroçf cheval,
& voTet/xoç, fleuve ; ainfi hippopotame fignifie cheval
aquatique ; il feroit plus naturel de dire hippotame ,
mais il porte en latin dans tous les auteurs le nom
hippopotamus, par exemple dans Aldrovand, de quad.
digit. 18z. Gefner, de quad. digit.483. Charleton,
exerc. 14. Jonfton de quad. 76. R a y , fynops animal
113. M onti, Exot. 5. Pellon, de aquat. 25. &c.
Il faudroit du moins conferver à cet animal le feul
nom d’hippopotame, pour ne le pas confondre avec
ttiïè efpece d’infeôe de mer qué les latins homment
hippocampus 1 & que nous appelions très-impropre-:
ment cheval marin, (J?. J . ) '
HIPPOS, f. m. ( Med, ) c’eft le nom fousjlequel
Maître-Jan défigne une maladie des yeux, qui côn-
fifte dans un mouvement continuel dé ces organes;?
qui ne peuvent pas? fe fixer & font d’une iriftàbi-vj
Jiré qui ne ceffe point ; ce que ;cet auteur attribue'
à ce que le flux des efprits animaux jfe fait inordiné-,
ment dans les mufcles des yeux, mais fans violence ;■
ce qui diftingue le cas de celui des conyulfions dans.
ces mêmes organesi
Cette maladie vient fouvent de nàiffance r, &t
alors elle eft incurable ,.parce qu’elle eft l’effet d’une
conformation vicieufe des organes qui fervent à.
mouvoir les yeux ;• ou elle eft un accident desffié-
vres ardentes ^dans.ce cas, elle eft. un fort mauvais'
ligne, qui? annonce un grand embarras dans le cer-
veaü. Voye^ Convulsion , YEUx./'oytfç Xh Traitè.
dès maladies de l ’eeil de Maître-Jan.
HIPPURIS $;f. m. (Med. ) , d’/'OE-'aroç, equui\
hippuris ; -c’eft un, terme que l’on trouve employé
dans les oeuvres d’Hippocrate ( Epid. lib. VLI.\\
par lequel il ip^arpît vouloir défigner une forte de
fluxion longue & opiniâtre , qui fe. forme dans les,
aînés ou fur les, parties génitales de ceux qui vont
trop fouvern &-trop long-tems;à cheval ; il fe,mble,
suffi que cet auteur veuille, indiquer une foibleffe;
©u quelqu’aùtfé incommodité de cette nature , qui
provient de. la -même eaufe-dans ces mêmes parties .*
c ’eft le fensque donne au mot hippuris, Foëfius , dans
Ion ouvrage, intitulé, (Economia Hippocraùs : on peut
le confulter fur ce fujet. Voyè{F Aine, Fluxion , oiblesse.
HIPPURITES j f. m. pl. ( Hifl. nat. Lithoi. ) nom
que les Naturaliftes donnent à une efpece de corail
cannelle ou fillonné à fa furface , & qui reffemble à
la prefle qui s’appelle hippuris en latin ; il eft cofn-
polé de plufieurs cylindres, qui s’emboitent les uns
dans les autres, de maniéré que la partie pointue de
l’un s’ajufte dans la partie concave ou creufe de l’autre
, ce qui formecomme des articulations ou jointures.
Il eft rare de trouver des hippurites entiers
dans le fein de la terre ; on n’en trouve que des frag-
mensou articulations féparées. Wallerius en compte
neuf efpeces différentes qui varient pour la figure;
il les nomme hippuriti corallini. Voye? la Minéralogie
de Wallerius , tome IL p. 38. & JJ'. Les hippurites
font communs en Gothie.
Il y a des auteurs qui ont donné le nbm d’hippurites
à des pierres, dans lefquelles on a cru trouver
de la reffemblance avec une /elle de cheval. (rO
HIRARA, f. m. ÇZoolog.) animal du Bréfil, qui
reffemble, dit-on, beaucoup à l’hyene : il eft tacheté
de blanc, de noir &cde brun : il vit en troupe; il fe
nourrit de miel ; s’il rencontre un guefpier ou une
ruche ; il fouille, il perce ; quand il a ouvert un trou,
il y conduit fes petits , & il ne mange que quand
j l s font raffafiéSi
HIRCANIE, f. f. ÇGéog. ) province de l’empire
des Perlés, renfermée dans le pays des Parthes ; elle
l ’avoit au midi, la Médie au couchant, la Margiane
au levant, & la mer Cafpienne au nord. Zadracarta
Ec Adrafpe en étoient les capitales : c’eft aujourd’hui
le Tabariftan ou Mazanderan. Cette contrée étoit
renommée pour fa fertilité.
V«eo yiea^ pCrehmeivèrree g. randeur, la meme que
Hircus , terme d'Anatomie, partie de l’oreille ex-
terne , ou cette éminence qui eft proche des tempes
& lur laquelle il vient du poil. Ce mot eft latin, &
fignifie chevre ou bouc. Dicl. de Trévoüx.
- HIRONDË , ( queue d' ) Art méchan, c’eft Tome FU I .
iihe fcfrte d’affemblage qui prend fön nom de fa forme
ÿ'zïïez femblable à celle de la queue de l’hirondelle^
, qtfon appelloit autrefois & qu’on appelle
encore dans quelques endroits hironde. Il y a des
ouvrages de fortifications formés de deux angles
fàiliknsiaux deux extrémités, & d’un angle rentrant
dans fon centre avec flancs non paralleles, maia-fe
rapprochant l’un de l’autre éii allant vers la.place ;
qui portent lemême.nonw , ; ■
tie *d eHsItRroMpEai nyfs., mfu. r( Hlef lt.o nec cdléef:.l'a) qlua epllree moinè rceh panarte
tfoeurts dl’easn ttimenphaei.n s qui le fuivent ; & auxquels' elle Voye^ Tropàins.
HIRONDELLE, fub. fém. ( Hift. nat. O mit hol.,')
hïrundo domeflisa, Willughbi a décrit une hirondelle
femelle qui pefoit à peine line once ; elle a voit près
de fept pouces de: longueur depuis le bec jnfqit’à 1 extrémité de là queuë:, & un pié* d’envergure. Le
bec étoit noir en-dehors & noirâtre.emdèdans-, large
& applati près de la tête ^ & pointu par.;lë,bout;
la langue & le palais avoienr unë couleur jaunâtre;
les piés étoient courts & noirâtres ;-la tête, le cou;
le dos .& le croupion, ont une belle couleur bleue
foncée & pourprée ; il y a fur le devant de la tête
& à Fendroit du menton une tache rougeâtre; la
gorge eft de la même couleur que le cou ; la poitri-
ne » le ventre & les petites plumes du deffous dé
l’aîle fönt çle couleur blanchâtre, mêlée de quelques
légères teintes de rouge; la queue eft fourchue
& compofée dë douze plumes qui font noires , à
l’exception dès deux du milieu, qui ont des tachés
blanches ; il y a dans chaque aîle dix-huit grandes
plumes qui font noirâtres, mais les petites ont une
belle couleur bleue»
Les couleurs des hirondelles varient ; il y en a de
toutes blanches ; on ne lait pas encore bien.certai-
neinent où ces oifeaux. pàflent l’hiver. Willughbi
étoit porté à croire qu’ils alloient dans les. pays
chauds, tels que l’Egypte & l’Ethiopie; il trouyoit
moins de vraiffemblance à ce qu’ils fe retiraflent
& fe tinffent cachés dans des,creux d’arbres, dans
des fentes de rochers , ou dans l’eau fous la glace. Hirondelle de Rivage, hirundo riparia : c’eft
la plus petite des hirondelles ; elle différé du martinet
( Payez Martinet. ) en ce qu’elle n’a pas le
croupion, blanc, ni les piés revêtus de plumes : elle
niche dans des trous für les rivages. Hirondelle de Mer, hifundomarina, Aldro-
vande> Cet pifeau a moins de rapport avec les Az-
rondelles > qu’avec des oifeaux d’autre genre. Il e ft,
félon Aldrovande , beaucoup plus gros qu’une hirondelle
, & il a les jambes plus longues ; le ventre
eft blanchâtre ; la ,tête ; les aîles & le dos font roux ;
les aîles & la queue font très-longues comme dans
les hirondelles noirâtres en-deffus & brunes en-def-
fous ; la queue eft fourchue ; le bec eft fort & noir ;
l’ouverture de la bouche eft grande & rouge ; il y
à une bande noire qui s’étend de chaque côté depuis
l’oeil prefque jufqu’à la poitrine comme un
collier; les piés font très-noirs. Willughbi, Ornith.
voyez Oiseau.
HHirondelle De Mer, voyez Poisson volant. irondelle , ( Mat. med. ) les jeunes hirondelles
font fort célébréës dans la paffion hyftérique*
les convulfions & les accouchemens difficiles ; mais
les effets ne répondent pas à cette célébrité. On les
fait entrer dans une eau diftillée compofée , à laquelle
elles donnent leur nom & rien de plus. Voye£ * Eaux distillées.
Le nid d’hirondelle paffé pour fpécifique appliqué
extérieurement dans l’efquinancie ; cette vertu eft
encore précaire ; la fiente d'hirondelle n’eft pas plu,s
difeuffive, ni plus obcotcante que celle d’un autre
oifeau. (A )
E e ij