les fait circoncire : on les tient dans la foumiflion là
plus fervile; ils font châtiés féverement pour les
moindres fautes par les eunuques qui veillent fur
leur conduite ; ils gémiffent pendant 14 ans fous ces
fortes de précepteurs , & ne fortent jamais du ler-
rail, que leur terme ne foit fini.
On partage les ickoglans en quatre chambres bâties
au-delà de la falle du divan : la première qu’on appelle
la chambre inférieure y eft ordinairement de 400 icho-
glans t entretenus de tout aux dépens du grand-fei-
gneur, & qui reçoivent chacun quatre ou cinq^ af-
pres de paye par jour, c’eft-à-dire, la valeur d environ
fept à huit fols de notre monnoie. On leur en-
feigne fur-tout à garder le filence, à tenir les yeux
bailles, Ô£ les mains croifées fur l’eftomac. Outre
les maîtres à lire & à écrire, ils en ont qui prennent
foin de les inftruire de leur religion, &c principalement
de leur faire faire les prières aux heures ordonnées.
# x
Après fix ans de cette pratique, ils partent a la fécondé
chambre avec la même pa ye, & les mêmes
habits qui font allez communs. Ils y continuent les
mêmes exercices, mais ils s’attachent plus particulièrement
aux langues : ces langues font la turque,
l ’arabe, & la perlienne. A mefure qu’ils deviennent
plus forts, on les fait exercer à bander un arc, à le
tirer, à lancer la zagaie , à le fervir de la pique, à
monter à cheval, & à tout ce qui regarde le manèg
e , comme à darder à cheval, à tirer des fléchés
en-avant, en arriéré, & fur la croupe, à droite &
à gauche. Le grand-feigneur s’amufe quelquefois à
les voir combattre à ch eval, & récompenfe ceux
qui paroiffent les plus adroits. Les ickoglans relient
quatre ans dans cette clalïe , avant que d’entrer dans
la troifieme.
On leur apprend dans celle-ci pendant quatre ans,
de toutes autres chofes, que nous n’imaginerions
pa s, c’eft-à-dire, à coudre, à broder, à jouer des
inftrumens, à rafer, à faire les ongles, à pfier des
velles & des turbans, à fervir dans le bain, à laver
le linge du grand-feigneur, à dreffer des chiens &
des oifeaux; letout afin d’être plus propres à fervir
auprès de fa hauteffe.
Pendant ces 14 ans de noviciat, ils ne parlent entre
eux qu’à certaines heures ; & s’ils fe vifitent quelquefois,
c’eft toujours fous les yeux des eunuques -,
qui les fuivent par-tout. Pendant la nuit, non-feulement
leurs chambres font éclairées ; mais les yeux
de ces argufr, qui ne ce fient de faire là ronde, découvrent
tout ce qui fe pâlie. De fix lits en fix lits,
il y a un eunuque qui prête l’oreille au moindre
bruit. -
On- tire de la troifieme chambre les pages du trê-
for ,& ceux qui doivent fervir dans le laboratoire,
oîi l’on prépare l’opium , le forbet, le caffé , les cordiaux*
~&p les breuvages délicieux pour le ferrail.
Ceux qui ne paroiffent pas allez propres à être avancés
plus-'près de la perfonne dùfuitan, font renvoyés
avec une petite récompenfe. On les fait entrer
ordinairement dans la cavalerie, qui eft aulîi la
retraite de ceux qui n’ont paS le-don de perfévé-
rançe ; Car la-grande contrainte & les coups de bâton
leur font bien fouvent p.alfer la vocation Ainfi
la troifieme chambre’eft réduite à environ 200 ichor
-glàns ,-aiidieü que la première étoit de 400.
La quatrième chambre n’eft que de 40 perfennes,
bien éprouvées dans les. trois; premières piaffes; leur
paye^ft double, & va'jufqù’à neuf ou dixafpres par
jour. Onfes babille de fatin, de brocard, ou tTétoile
d’o r , - & ceTont propr efirenf les gentils:hornmes dé
la chafflbfléi Ils peuvent fréquenter tous les officiers
du palaiç ; mais le fultân eft leiir idole ; car ils font
dans i’-âg£propre à ’fôiVpirér après les honneurs. Il y
en a quelques-uns qui ne "quittent le prince , que
Iorfqu’il entre dans l’appartement des dames, confine
ceux qui portent fon fahre, fon manteau, le pot
à eau pour boire, Sc pour faire les ablutions, celui
qui porte le forbet, & celui qui tient l’étrier quand
la hautefte monte à cheval, ou qu’elle en defcend.
C ’eft entre ces quarante ickoglans de la quatrième
chambre, que font diftribuées les premières dignités
de l’empire, qui viennent à vaquer. Les Turcs
s’imaginent que Dieu donne tous les talens & toutes
les qualités néceffaires à ceux que le fultan honoré
des grands emplois. Nous croirions nous autres, que
des gens qui ont été nourris dans l’efclavage, qui
ont été traités à coups de bâton par des eunuques
pendant fi long-tems, qui ont mis leur étude à faire
les ongles, à rafer ", à parfumer, à fervir dans le
bain , à laver du linge, à plier des veftes, des turbans
, ou à préparer du forbet, du caffé, & autres
boiffons, feroient propres à de tous autres emplois
qu’à ceux du gouvernement des provinces. On penfe
différemment à la cour du grand-feigneur ; c’eft ces
gens-là que l’on en gratifie par choix & par préférence
; mais comme ils n’ont en réalité ni capacité ,
ni lumières , ni expérience pour remplir leurs char-»
g es , ils s’en repofent lur leurs lieutenans, qui font
d’ordinaire des fripons ou des efpions que le grand-
vifir leur donne, pour lui rendre compte de leur
conduite, & les tenir fous fa férule. (D . J .)
ICHOREUX , EUSE, a d j.( terme de Chirurgie. )
on appelle ichoreufe, l’humeur féreufe & âcre qui
découle de certains ulcérés. Les parties exangues i
telles qiiéles ligamens, les membranes, lesaponé-
vrofes, les tendons, ne fourniffent jamais une fup-
puration vraiment purulente ; les ulcérés qui affe-
ftent ces parties donnent un pus ichoreux, une efpe-
ce de fanie : ce mot vient du grec hùp, ichor, finies 9
fanie, ou férofité âcre.
On tarit la fource de l’humeur ichoreufe dans les
plaies des parties membraneufes & aponévrotiques,
par l’ufage de l’efprit de térébenthine. Ce médicament
deffeche l’extrémité des vaiffeaux qui fournit
rickor. Lorfque dans la piqutire d’une aponévro-
fe ou d’un ligament, les matières ichoreufes & âcres
feront retenues derrière, elles y produifent des ac-
cidens qu’on ne fait ceffer ordinairement qu’en fai-
fant une incifion pour donner une iffue à ces matières
; l’incifion eft d’ailleurs indiquée pour arrêter les
fuites funeftes de l’étranglement que l’aponévrofe
enflammée fait fur les parties qu’elle embraffe. Voye£
G a n g r e n é .
Si'le pus eft ichoreux par le défaut de reffort des
chairs relâchées & fpongieufes d’un ulcéré, les re-
medes déterfifs corrigent ce vice ; l’indication particulière
peut déterminer à les rendre cathérétiques
ou anti-putrides. V'oye^ D é t e r s if . Les chairs molr
laffes d’un cautere forment quelquefois un bourrelet
pâle dont il ne fort qu’un pus ichoreux. On applique
ordinairement de l’alun calciné pour détruire
les chairs excédentesv Je me fuis fervi -avec fuccès
dans ce cas de la poudre de feammonée & de rhubarbe;,
j’en ai même chargé une boule de cire pour
mettre à la place du pois. La vertu de ces médica-
merns ranime les chairs, j & produit un dégorgement
purulent : ces bons effets montrent la jufteffe de l’idée
des anciens fur la qualité des remedes déterfifs
qu’ils appelloient lespurgatifs des ulcérés. ( JT)
1CHOROIDE, f. M ( Mtdtcine.') moiteur, fueur,
dite thalfaine , & fémblable à la fanie que rendent les
ùlcerés.
ICHTYODONTES- , f. f. ( Hiß. nat, ) nom donné
par quelques auteurs aux dents de poiffons que
l’ort trouve répandues dans l’intérieur de la terre ,
telles que les gloffopetres ou dents <ie‘ lamies, lés
crapatidittës, orc. ( — )
• ICHTYOLITES, f, f. ( Hiß. nat. Lythologie.^ noht
générique donné par quelques naturaliftes à toutes
les pierres dans lefquelles on trouve des empreintes
de poiffons, ou à toutes les parties de poiflons pétrifiées
, telles que des têtes, des arrêtes, des verre
bres, des dents, &c. En un mot, le nom àüichtyo
lite peut s’appliquer à toutes les pierres qui renfer
ment des poiffons ou quelques-unes de leurs parties
Le mont Bolca, près de V érone, fournit un granc
nombre de pierres chargées des empreintes de poli
fons; on en trouve auflï en Allemagne dans le voi
finage d’Abenfleben, d’Eifleben, de Mansfeld, d’O
fterode, ainfi que dans le dtiché de Deux-Ponts
Voye^ Pie r re s , Em pr e in t e s , Pé t r if ic a t io n s ,
m B
ICHTHYOLOGIE, f. f. {Hiß. hat.) la fcience
qui traite des poiffons, ces animaux aquatiques qui
ont des nageoires, & qui n’ont point de piés.
L’affaire de 1’Ichthyologie eft premierement de
diftinguer toutes les parties des poiffons , par leurs
noms propres ; fecondement, d’appliquer à chaque
poiffon fes noms génériques & fpécifiques , c’eft-à-
dire ceux qui conftituent fon genre & fes efpeces ;
troifiemement d’expofer quelques-unes des qualités
particulières de l’animal.
Le naturaüfte qui s’applique à cette étude, doit
d’abord connoître les parties externes & internes du
poiflon , pour rapporter à fa propre famille tout
poiffon étranger ou inconnu qui s’offre à fes yeux ;
de forte qu’au moyen de fes marques caraftérifti-
ques, il puiffe découvrir fon efpece & l’afligner au
genre de la famille à laquelle il appartient. Enfuite,
par des observations fubféquentes , il tâchera de
lavoir le lieu de l’habitation du poiffon dont il s’agir
, fi c’eft l’eau douce, falée, courante ou dormante
; item fa nourriture végétable ou animale , &
de quelle forte ; fon tems, fa maniéré de multiplier
& de faire des petits. Ces dernieres particularités
veulent être jointes très-brièvement à la defcriprioiï
des parties du poiffon ; car les difeours étendus à cet
égard font plûtôt une charge qu’une inftruftion ju-
dicieufe. La vraie méthode des genres & des efpe*
•ces, eft la principale fin dç l’Hiftoire naturelle«
.On divife communément les poiffons en trois
çlâlïes, les cétacés,les cartilagineux & les épineux.
Les cétacés font ceux dont la queue eft parallele à
l ’horifon, quand le poiffon eft dans fa pofture naturelle
: les cartilagineux font ceux dont les nageoires
qui fervent à nager font foûtenues par des cartilages
a la place des rayons offeux qui foûtiennent les nageoires
dans les1 autres poiffons, qui ont par tout le
çorps des cartilages au lieu d’os. Tels font les cara-
ifteres des deux premières claffes de poiffons. Tous
\e$ poiffons qui ont leurs nageoires foûtenues par
des rayons offeux , qui ont leur queue placée perpendiculairement
& non horifontalement, & qui
ont des os & non des cartilages , fe nomment poiffons
épineux,
Les poiffons cétacés font rangés par les derniers
écrivains de l’Hiftoire naturelle, fous le nom latin
de plagiuri. Ils s’accordent en plufieurs chofes avec
les animaux terreftres ;& on les diftingue les uns des
autres par les cara&eres qui fervent à la diftinôion
des quadrupèdes , particulièrement par les dents. La
ftrufture générale de ces poiffons, c’eft la même
dans tons ; leur feule différence confifte dans les
dents & le nombre des nageoires. C ’eft donc des
dents & des nageoires feules qu’on tire proprement
les cara&eres génériques des plagiuri, ou poiffons
cétacés.
Les poiffons cartilagineux different feulement les
uns des autres, par la forme de leur corps, & le
nombre de.trous de leur ouie, le nombre de leurs
p^geoirçs, là figure & la pofition de leurs dents.,
xqui dans les cétacés conftituent les cara&eres générîqnes,
Varient fi fort dans les Cartilagiftétiÿ, qttë cëlâ
s’étend jufques fur les di ver lès efpeces du même
genre : ainfi les diftinélions des genres des pôiffonà
cartilagineux, iie peuvent être tirés que de leurs
figures & du nombre des trous de leurs ouies«
Les caratteres des deux claffes des poiffons qu^ort'
nomme cétacés & cartilagineux, font aifés à trouver;
mais les carafteres des épineux demandent plus de
foins, & ne s’offrent pas fi promptement aux yeux.
L’etendue de cette claffe & la grande reffemblanee
qui fe trouve entre plufieurs genres différens, ne
facilitent pas l’entreprife qui confifte à les diftinguer
les uns des autres. Quoique ce foit une réglé générale
, que les carafteres génériques des poiffons
doivent être pris de leurs parties extérieures ; cependant
dans les cas où ces parties extérieures different
elles-mêmes en nombre, en figure & en proportion
, il eft néceffaire que les carafteres primitifs
du genre foient tirés des parties qui font les moin9
variables de toutes, les plus particulières au genre
de poiffon dont il s’agit, en même tems qu’elles font
les moins communes aux autres genres. Il faut beaucoup
d’attention & de capacité à l’ichthyologifte
pour difeerner folidement ces carafteres ; & après uil
mûr examen, il trouve que les parties qui lui fem-
bloient d’abord les plus propres à les établir , font
quelquefois celles qui y conviennent le moins en
réalité«
La forme des nageoires & de la queue du poiffon
peut paroître un des carafteres effentiels pour fonder
la diftinftion générique ; néanmoins une recherche
approfondie, démontre que ces deux chofes ne font
ici d’aucun fervice. Preîque toutes les efpeces de
cyprini, genre fondé fur des carafteres naturels &
invariables, ont les nageoires pointues à l’extrémité,
& offrent des queues fourchues. Si on eût fait de ces
deux chofes les carafteres de ce genre de poiffon, on
en eût exclus la tenche & autres qui lui appartiennent,
quoiqu’elles aient des nageoires obtufes & des
queues unies. D ’ailleurs il y a plufieurs genres différens
de poiffons, dans lefquels les nageoires & la
queue font entièrement femblables, comme la perche
, le maquereau, le congre. On prétendra peut-
être que les nageoires & la queue peuvent au-moins
paffer pour des marques collatérales de diftinftion :
mais cette idée même n’eft pas fuffifante, parce que
ces marques font communes à plufieurs genres de
poiflons.
La forme du dos, du v entre, & de toute la figure
du corps confidéré en longueur & largeur, femblent
encore des carafteres effentiels ; mais ils ne |e font
pas davantage pour établir les diftinftions des genres.
Le dos, dans quelques cyprini, eft un peu pointu
, comme dans la carpe ordinaire, tandis qu’ il eft
convexe dans prefque tous les autres. Ce feul fait
écarteroit l’idée de la forme du dos, comme propre
à conftiiuer un caraftere générique.
Le ventre de la plûpart des poiffoiis du même
genre eft applati dans la partie antérieure, & s’élève
en maniéré de fillon entre les nageoires du ventre &
l’anus : cependant dans la tenche tout le corps eft
applati de la tête à la queue. Ajoûtez que la figure
générale du corps en grandeur & en largeur, varie
fingulierement dans les cyprini de différentes efpeces,
dont quelques-uns ont le corps plat, & d’autres rond.
' La tête , la bouche, les y e u x , les narines & les
autres parties de la tête, font plus fixes, & par con*
féquent d’une grande importance pour conftituer
les diftinftions des genres entre les poiffons. Cependant
comme les mêmes figures font communes à
plufieurs efpeces également, elles fervent plûtôt à
diftinguer les ordres, les claffes & les familles des
poiffons ,que leurs genres. Ainfi les poiffons nommés
dupe«, les cotti, les eoregoni, les fcprpan» des