HING-PU , f. m. {Hiß. mod.) c’eft le nom qu’on
donne à la Chine à un tribunal fupérieur qui réfide
auprès de l’empereur. Il eft chargé de la révifion de
tous les procès criminels de l’empire, dont il juge en
dernier reffort. Il a fous lui quatorze tribunaux fu-
balternes , qui réfident dans chaque province. Nul
Chinois ne peut être mis à mort fans que fa fentence
ait été lignée par l’empereur même, ce qui prouve
le cas que l’on fait à la Chine de la vie d’un homme.
HINGUET, {Marine.) Voyez Elinguet.
HING-WANG, f. m. {Hiß. nat. Minéralog.) nom
donné dans les Indes orientales à une efpece de réab-
gar , ou d’arfcnic rouge, dont on fait ufage dans la
Peinture & la Médecine. On dit qu’il fe trouve dans
le voifinage des mines de cuivre ; on le calcine à plusieurs
reprifes pour l’ufage intérieur, qui ne peut
cependant qu’être fort dangereux. Dans la Peinture
il donne un beau jaune orangé.
HINSBERG, {Géog.) petite ville d’Allemagne
dans le duché de Juliers.
HINSER , {Marine.) Voyez HlSSER.
H IO , {Géog.) ville de Suede dans la Weftrogo-
tie, fur le lac Vater, à cinq lieues fuédoifes de Falko-
ping. Long. 31 . $5. lat. 3y. {D. J.)
HIORING , {Géog.) petite ville de Dannemarck
dans le Jutland.
HIPHIALTES ou EPI ALTES, f. m. pl. {Mythol.)
c’ eft ainfi que les poètes grecs nommèrent certaines
divinités ruftiques , qu’ils fuppoferent être des ef-
peces de génies qui venoient coucher avec les hommes
& les femmes ; épialtes eft formé de ’vwietva y je
dors entre ; les Latins appelèrent ces prétendus génies
, incubes. Voyez INCUBES.
Je me reffouviens ici que Raoul de Prefles, qui
floriffoit en 1360, dans fon commentaire fur la cité
de Dieu de faint Auguftin, y parle ch, xxiij. liv. X V .
des efpéris qui apperent ès efiables , & des dyables épi-
caltes, que l’on nomme , ajoute-t-il, Vappêfan ; 'on
f econnoît fous le mot épicalte, les épicaltes des Grecs ;
quant au mot appéfart, il répond clairement au terme
italien il pefarvolo, qui lignifie le cauchemar, ou pour
parler en médecin, l’incube ; cette efpece d’oppref-
lïon accompagnée de pefanteur & de refferrement
qu’on éprouve quelquefois pendant le fommeil,
comme fi quelqu’un étoit fauté fur nous & nous em-
pêchoitde refpirer. Voyez C auchemar. {D . J.)
HIPPARIS, {Géog.jfnc.) riviere de Sicile, fur la
côte méridionale ; elle traverfe le lac nommé par les
anciens camarina palus, & par les modernes lago
di camarana ; cette riviere eft donc préfentement le
fiume di camarana. {D . J.)
HIPPARQUE, f. m. {Art milité) officier chez les
Athéniens qui commandoit leur cavalerie ; cette cavalerie
au nombre de deux mille huit cens chevaux
en tems de p a ix, étoit divifée en deux corps , qui
chacun commandé par un hipparque, comprenoit les
cavaliers de cinq tribus. On ne licencioit ces cavaliers
en aucun tems , & les hipparques avoient foin
de les exercer pour les tenir toujours en haleine.
On voit bien que le mot hipparque vient dcî-wwoç,
cheval, & «p*w, je commande. Nous appelions *px°ït
dit Ariftote , les hommes que leur miniftcre met en
droit de prononcer des jugemens, & , ce qui les ca-
rafterife plus particulièrement, de donnef, d’expédier
des ordres ; c’eft pourquoi les premiers magif-
trats d’Athènes fe nommoient Archontes. {D. J.)
* HIPPIATRIQUE, f. f. {Gramm.) c’eft la médecine
des chevaux j ce mot eft compofé de Wmm ,
cheval, & de tctTpoç, médecin. Cet art eft très-étendu,
& il eft d’autant plus difficile que l’animal ne s’explique
pas fur fes fenfations , & que quand la maladie
ne fe déclare pas par des fymptomes évidens, alors
le maréchal eft abandonné à fa feule fagacité. La
piedeçjjie du cheval , & en général celle des animaux,
fiippofedans celui qui l’exerce les mêmes qua*
lftés & les mêmes études que celle de l’homme. Un
bon traité d’hippiatrique n’eft donc pas l ’ouvrage
d’un efprit ordinaire ; pour s’en convaincre, on n’a
qu’à parcourir ce que M. Bourgelat en a publié dans
cet Ouvrage & dans fon Hippiatrique.
HIPPOCAMPE, f.m. {Mytk.) c’eft ainfi qu’on
appelle en Mythologie les chevaux de Neptune &
des autres divinités de la mer : cet animal eft fabuleux.
Pline fait mention fous ce nom d’un petit animal
, qui n’a rien de commun avec le cheval : c’eft
un infefte d’environ fix pouces de longueur.
HIPPOCENTAURE, f. m. {Myth.) monftre fabuleux
, qu’on feint avoir été demi-homme & demi-
cheval ; on donna ce furnom aux peuples de Thefla-
lie , qui entreprirent les premiers dans la Grece de
monter à cheval, enforte que leurs voifins crurent
d’abord que l’homme & le cheval ne faifoient qu’un
même compofé.
La fable dit que les centaures s’étant mêlés avec
des cavales , engendrerent les hippocentaures, rrionf-
tres qui tenoient en même tems de la nature de
l’homme & de celle du cheval ; mais comme de pareils
monftres n’ont jamais exifté , il eft vraiffem-
blable que lorfqu’on parloit d’un Theffalien, on le
nommoit hippios ou cavalier ; ces cavaliers dans
la fuite, pour montrer leur force & leur adreffe ,
s’exercèrent à fe battre contre des taureaux qu’ils
perçoient de leurs javelots, ouïes renverfoient en
les prenant par les cornes. Pline nous apprend que
non-feulement cet exercice étoit ordinaire aux Thef-
faliens qui en étoient les inventeurs, mais que Jules
Cefar en donna le premier fpe&acle aux Romains ;
il y a donc bien de l’apparence, qu’on ajouta en
parlant de ces Theffaliens au nom d 'hippios celui de
centaures ; & que de ces trois mots /•srurioç , KtVTcoy 9
retupoc, on compofa celui àéhippio-centaurc, cavalier
perce taureau.
Enfin ces cavaliers s’étant rendus redoutables par
leurs brigandages , on n’en parla que comme de
monftres, & à l’aide de l’équivoque on les nomma
des hippocentaures, confondant ainfi le cavalier avec
le cheval qui les portoit. Les poètes faifirent cette
idée ; on fait qu’ils profitoient de tout, pour donner
du merveilleux aux fujets dont ils parloient ; & rien
certainement ne reffembloit mieux au monftre , tel
qu’ils le dépeignoient, qu’un homme à cheval. Des
gens qui faifoient paffer les oranges pour des pommes
d’o r , les bergers déguifés pour des fatyres, &
les vaiffeaux à voile pour des dragons ailés, ne dévoient
pas faire difficulté dans le tems que l’ufage
de monter à cheval étoit nouveau, de traveftir des
cavaliers en hippocentaures.
Ce mot eft compofé de l<atsoç, cheval, xivrta , je
pique y & tuupoç y taureau , c’eft-à-dire , piqueur de
chevaux & de taureaux ; voilà tout le merveilleux
Amplifié. {D . J .)
HIPPOCRATIES, f. f. pl. (Antiq.) fête que les
Arcadiens célebroient en l’honneur de Neptune
équeftre , parce que les anciens croyôient que ce
dieu avoit fait préfent du cheval aux hommes ; c’eft:
pour cela qu’ils lui donnent fi fouvent le nom de
t'&'GFilOf y Î'GT'BIOÇ , î'IT'Sr/xÔç , iw&OKOVpiOÇ , lHr'WoS'pO[AtOÇ , Gc. ‘
Aufli pendant la durée des hippocraties, les chevaux
étoient exemts de tout travail ; on les promenoit
par les rues ou dans les campagnes doucement,
fuperbement harnachés, & ornés de guirlandes de
fleurs. Le mot eft grec ; compofé de i'nr^os, cheval,
& y.pctros y force. Au refte , c’eft ici la même fête que
les Romains célebroient fous le nom de confualia.
Voyez CONSUALES. ( D . J. )
I HIPPOCRATIQUE y adj. {Médecine.) on fe fert
de cette épithete pour défigner la doftrine médicinale.
qui fe trouve dans les ouvrages admirables
d’Hippocratë. Ainfi ort appelle médecine, hippocratique
la feience & l’art de conferver & de rétablir la
fanté, félon les principes & les réglés établis par ce
grand homme. Voyez Hippocratisme.
HIPPOCRATISME , f. m. {Medecine.) c’eft là
philofophie d’Hippocrate appliquée à la fcience des
Médecins, qui en fait le principal objet: c’eft la
doûrine hippocratique confidérée par rapport aux
moyens d’éloigner le terme de la vie humaine autant
qu’elle en eft fufceptible ; de prévenir de corriger
lès effets des accidens qui tendent à en abréger
le cours ; de conferver, de rétablir la difpofition naturelle
de tout animal à ne ceffer de vivre que par
une caufe qui-ne foit point prématurée , c’eft-à-dire
fans maladie, morte Jenili. Voyez V ie , Mort
MEDECINE.
C ’eft parce que cette philofophie a été portée
tout-à-coup par fon divin auteur, à un point de perfection
auquel la Medecine étoit bien éloignée d’avoir
atteint avant lu i, & qui, pour l’effentiel, n’a
enfuite prefque rien acquis de plus, que l’on a con-
ftamment, depuis plus de vingt fiecles, regardé *
Hippocrate comme l ’infti tuteur & prefque abfo-
lument comme l’inventeur de cet art lalutaire;
comme étant celui qui en a le premier recueilli
indiqué les principes enfeignés par la nature même
, & les a rédigés en corps de doCtrine, en les dé-
duifant des faits qu’une application infatigable &:
une expérience éclairée lui avoient appris à bien
obferver & à bien juger, foit en les comparant avéc
ceux qui lui avoient été tranfmis des plus célébrés
médecins quiTavoient précédé , foit en confirmant
les uns par les autres ceux qu’il avoit ramaffés pendant
le cours d’une longue vie qu’il avoit confacrée
au fervice de l’humanité, pour la lui rendre à jamais
utile par les monumens immortels qu’il lui a
laiffés de fes lumières & de fon zèle.
Ce célébré philofophe médecin,l’un des plus grands
hommes qui aient paru dans le monde,naquit dans l’île
de Coos , 1 une des Cyclades, environ 460 ans avant
J. C. la première année de l’olympiade Ixxx. félon
Soranus., 30 ans avant la guerre du Péloponnèfe;
félon d’autres auteurs, tels qu’Eufebe, Hippocrate
etoit plus ancien, & d’autres le font moins ancién.
On prétend qu’il defeendoit d’Efculape par Héracli-
de fon pere, & d’Hercule du côté de Praxithée fa
mere : il étoit par conféquent de la race des Afclé-
piades, nom que l’on donnoit aux defeendans du
dieu d’Epidaure, defquels il paroît qu’Hippocrate
fe glorifioit d’être le dix-huitieme.
Cet Efculape g re c , qu’il ne faut pas confondre
avec l’égyptien , eft le même dont Celfe & Galien
difent qu’il fut le premier qui rétira la Medecine
des mains du vulgaire & la rendit clinique ; c’eft-à-
dire qu il établit la coutume de vifiter lès malades
dans leurs lits : ce qui ne fe pratiquoit point aupa-
ravant. On confultoit les Médecins au coin des rues,
oîi ils fe tenoient toute la journée à cet effet. La
connoiffance de la Medecine s’étant, pour ainfi dire,
établie dans la famille des Afclépiades , & s’étant
confervée pendant plufieurs fiecles dans fes différentes
branches, elle y paffoit du pere au fils, & y étoit
véritablement héréditaire.
Mais Hippocrate ne fe borna pas à la tradition &
aux obfervations qu’il avoit reçues de fes ancêtres j
il eut encore pour maître dans l’étude qu’il fit de
bonne heure de la Medecine , Hérodicus qui eft un
de ceux auxquels on a attribué l’invention de la Me-
de<rn,!r..SYmnaftique. Voyez G ymnastique. Il fut
auiii difçiple de Gorgias frere d’Hérodicus, & félon
que ques-uns il le fut encore de Démocrite, comme
on le peut mférer du paffage de Celfe, lib. I . proem.
mais s 1 apprit quelque chofe de ce dernier , il y a
apparence qne^ce fut plutôt par les entretiens qu’il
eut avec lui lorfqu’il fut demandé par les Abdérî-
tains pour traiter ce philofophe leur compatriote*
que l’on croyoït en démence. On pourroit aufti pen-
1er qu’Hippocrate avoit fuivi Héraclitc , dont il
adopta entre autres chofes le principe fur le feu
qu’ils ont regardé Pun & l’autre comme étant l’élé*
ment de toute matière, d’où tout vient, & par le-*
quel tout s’eft fait. r
Les premiers Medeüns s'ëtant bornés fendant
plufieurs fiecles, dans la pratique de leiïr art, à ob‘
ferver avec grande attention les différehs phénomènes
de la faute & de la maladie, & à les comparer
entre eu x, pour en tirer leur indication fans fe
mettre en peine d’expliquer ce qui les produit • ils
s apphquoient en même tems à chercher le régime
le plus falutaire & les remedes les plus efficaces ;
fans entreprendre de rendre raifon des effets qur
s ennuvoient ; ils penfoient que des obfervationd
exaftes & des fecours expérimentés étoient beau,
coup plus utiles que tous les raifonnemens*
La famille des Afclépiades, qui, comme On vient
de le dire, ppuedoit, pour ainfi dire, en propre l’art
de guérir, n’avoit point eu d’abord d’autre manier«
de pratiquer, jufqu’à ce que, même avant Pythago-
r e , qui le premier a. introduit la Philofophie dans
la Medecine, environ quatre-vingts ans avant H ip.
pocrate, les Médecins prirent goût pour le fanatif-
rne & là fuperffition : pourfe difpenfer du foin pénible
qu exige l’obfervàtioii, ils avoient volontiers
recours aux charmes Sc aux.amtilettes ; fiiperfii(tiott
qui devint fort commune7 parmi les Pythagoriciens
qui ne laiffoient pas d’ailleurs, à l’exemple de leur
chef, de vouloir expliquer les caufes des maladies
Sc autres chofes de ce genre. Mais il eft vrai que
ces philofophes pour la plûpart, fe bornèrent à la
fimple théorie de la Medecine, & ne firent pas bearn
coup de mal. Mais un des plus fameux difciples de
Pythagore, le célébré Empédûcie, à qtii.le mont
Æthna fit payer cher fa ctiriofifé, fe mêla de pratiquer
: quelques autres de fa feàé commençdient à
fiuvre cet 'exemple, & leur pratique étoit accompa-
griee d e toutes les myftëriéufes cîfimeres de la phi-’
lofophie de leur maître.
^ C ’eft au milieu des brouillards de cette fauffe philofophie
, qu’Hippocrate travaillât à acquérir des
lumières qui dévoient le rendre le fondateur de la
vraie Medecine : mais, ce qui eft très-remarquable :
ni fes raifonnemens, ni fes obfervations, ni fes re-
niedës ri ont pas la moindre teinture de cette fiiper-
ftition philofophique qui régnoit de fon tems: fon
bon lens la lui fit méprifer, & lui fit fentir la néceflï-
té d’ôter l’exercice de l’art de guérir des mains de
ceux qui n’étoient que philofophes ; à quoi il travailla
de tout fon pouvoir & avec fuccès : ce qui a fait
dire qii’ii avoit féparé la Medecine de la Philofophie,
dont en effet 1 ne retint que ce qui poüyôit être
d une utilité reelle ; c eft-à-dire qu’il joignit avec fa-
geffe le raifonnement à l'expérience , en prenant
toujours celle-ci pour principe ; ce qu’aucun médecin
n’avoit fait avant lui. C ’eft pour cela qu’Hippo-'
erate a été regardé affez généralement par les anciens
comme le pere de la Medecine raifonnée, le
chef'des médecins dogmatiques j ce dont conviennent
aufti la plupart des modernes, avec Boerrhaa-
v e , fans avoir égard au fentiment de M. de Haller.
Cet auteur a pris à ce fujet occafion de s’expliquer
d’une maniéré peu favorable à notre refpe&able maître
, dans la note a. fur le §. xiij.. du commentaire fur
les inflitutions du célébré médecin de Leyde , qui cependant
faifoit tant de cas des écrits d’Hippocrate
qu’il a écrit, ex profejjo, un difeours à leur louange
{de commendando fludio Hippocratico interopufcula) *
il le reconnoiflbit, avec tout le monde, pour le véritable
inventeur de Tart de guérir, à plus jufte titr<*;
D d ij