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•ou en fubfti tuant une chofe qui avoit des qualités
'Semblables à la place d’une autre. La première efi-
pece forma l’hiéroglyphe curiologique, & la fécondé ,
Y hiéroglyphe -tropique c la lune, par exemple, étoit
quelquefois repréfentée par un demi-cercle, Sc quelquefois
par un cynocéphale. Le premier hiéroglyphe
eft curiologique, & le fécond tropique ; ces fortes
de hiéroglyphes étoient d’ufage pour divulguer ; pref-
q ue tout le monde en connoiffoit la Signification dès
la tendre enfance.
La méthode d'exprimer les hiéroglyphes tropiques
par des propriétés fimilaires, produifit des hiéroglyphes
fymbôliques, qui devinrent à la longue plus ou
moins cachés, & plus ou moins difficiles à comprendre.
Ainfi l’on reprèfenta l’Egypte par un crocodile
, & par un encenfoir allumé, avec un coeur
deffus. La (implicite de la première représentation
donne un hiéroglyphe fymbolique affez clair ; le rafi-
nement de la derniere offre un hiéroglyphe fymboli-
que vraiment énigmatique.
Mais auffî-tôt que par de nouvelles recherches, on
s’avifa de compoferles hiéroglyphes d’un myftérieux
a'ffemblage de chofes différentes, ou de leurs propriétés
les moins connues, alors l’énigme devint inintelligible
à la plus* grande partie de la nation. Audi
quand on eut inventé l’art de l’écriture , l’ufage des
hiéroglyphes fe perdit dans la fociété, au point que
le public en oublia la lignification. Cependant les
prêtres en cultivèrent précieufement la connoiffan-
ce , parce que toute la fcience des Egyptiens fe
trouvoit confiée à cette forte d’ecriture. Les favans
n’eurent pas de peine à la faire regarder comme propre
à embellir les monumens publics, où l’on continua
de l’employer ; & les prêtres virent avec plai-
ï i r , qu’infenfiblement ils relteroient Seuls dépofitai-
fes d’une écriture qui confervoit les fecrets de la
religion.
Voilà comme les hiéroglyphes , qui dévoient leur
ftaiffance à la nécelfité, & dont tout le monde.avoit
l’intelligence dans les commencemens, fe changèrent
en une étude pénible, que le peuple abandonna
pour l’écriture, tandis que les prêtres la cultivèrent
avec foin, & finirent par la rendre Sacrée. Voyelles
articles ÉCRITURE , & ÉCRITURE des Egyptiens.
Mais je n’ai pas tout dit ; les hiéroglyphes furent
la foürce du culte que les Égyptiens rendirent aux
animaux , & cette Source jetta ce peuple dans une
efpece d’idolâtrie. L’hiftoire de leurs grandes divinités
, celle de leurs rois, & de leurs législateurs, fe
trouvoit peinte en hiéroglyphes, par des figures d’animaux
, & autres représentations ; le fymbole de
chaque dieu étoit bien connu par lès peintures &
les Sculptures que l’on voyoit dans les temples, &
fur les monumens confacrés à la religion. Un pa- i
reil fymbole préfentant donc à l’efprit l’idée du
dieu, & cette idée excitant desfentimens religieux,
il falloit naturellement que les Egyptiens dans leurs
prières, fe tournaffent du côté cle la marque qui fer-
voit à le reprélénter.
Cela dut fur-tout arriver, depuis que les prêtres
égyptiens eurent attribué aux caraâeres hiéroglyphiquesy
une origine divine, afin de les rendre encore
plus refpeâables. Ce préjugé qu’ils inculquèrent
dans lès âmes, introduifit néceffairement une
dévotion relative pour ces figures Symboliques ; &
Cette dévotion ne manqua pas de fe changer en adoration
direâe, aufli-tôt que le Culte de l’animal vivant
eût été reçu. Ne doutons pas que les prêtres
n’ayent eux-mêmes favorifé cette idolâtrie.
Enfin , quand les caraâeres hiéroglyphiques furent
devenus facrés, les gens Superstitieux les firent graver
fur des piètres précieufes, & les portèrent en
façon d’amulete & de charmes. Cet abus n*eft guère
plqs ancien que le culte du dieu Séraphis, établi
H I E fous les Ptoiomés : certains chrétiens natift d*Egÿp»
t e , qui avoient mêlé plufieurs fuperftitions payent
nés avec le Chriftianifme, font les premiers qui firent
principalement connoître ces fortes de pierres,
qti’on appelle abraxas ; il s’en trouve dans les cabinets
des curieux , & on y voit toutes fortes de caractères
hiéroglyphiques.
Aux abraxas ont l'uccedé les talifmans, efpece de
charmes, auxquels on attribue la même efficace, &
pour lefquels on.a aujourd’hui la plus grande eftime
dans tous les pays fournis à l’empire du grand-fei-
gneur , parce qu’on y a joint comme aux abraxas,
les rêveries de l’Aftrologie judiciaire.
Nous venons de parcourir avec rapidité tous les
changemens arrives aux hiéroglyphes depuis leur origine
jufqu’à leur dernier emploi ; c’eft un fujet bien
întereffant pour un philofophe. Du fubftantif hiéro-
glyphe, oil â fait l’adjeétif hiéroglyphique. {D . J .)
HIEROGRAMMATÊE, fub. mafe. ( H,fi anc. )
nom que les anciens Egyptiens donnoient aux prêtres
qui préfidoient à l’explication des myfteres de
la religion & aux cérémpnies.
L e s hierogrammatées inventoient & écrivoient les
hiéroglyphes & les livres hiéroglyphiques, & ils
les expliquoient auffi-bien que toute la doârine de
la religion. Si l’on en croit Suidas, ils étpient aufîi
. devins} au-moins il rapporte qu’un hiero'grammatée
prédit à un ancien roi d’Egypte qu’il y auroit un
ifraëlite plein de fageffe, de vertu &c de g loire, qui
humilieroit l’Egypte.
Ils étoient toujours auprès du roi pour l’aider de
leurs lumières & de leurs confeils ; ils fe fervoient
| pour cela de la connoiffance qu’ils avoient dès affres
& des mouvemens du c iel, & de l’intelligence des
livres facres, o irils s’inftruifoient eux-mêmes de ce
quil y. avoit à faire. Ils étoient exempts de toutes
les charges de l’état; ils en étoient les premières
pèrfonnes après le ro i, & portoient même aülfi-bien
que lui une efpece de feeptre en forme de foc de
charrue;-ils tombèrent dans le mépris fous l’empire
des Romains. Dictionnaire de Trévoux, f G )
HIEROLOGIE, fub. fèm. ( Gra/n.) difeours fur
les chofes facrées ; il lignifie aulîi bénédiction. Vhié-
rologie chez les Grecs & chez les Juifs, eftpropre-
ment la bénédiâion nuptiale.
HIÉROM ANTIE, f. f. f Antiq. ) iipop.av\ ua, nom
général de toutes les fortes de divinations qu’on ti-
roit des diverfes chofes qu’on préfentoit aux dieux,
& fur-tout des viâimes qu’on offroit en facrifice.
D ’abord on cçmmença de tirer des préfages de leurs
^ parties externes, de leurs mouvemens, enfuite de
! leürs entrailles, & autres parties internes ; enfin , de
la flamme du bûcher dans lequel on les confumoif*(
jP|!g vint jufqu’à tirer des conjeâures de la farine ,
desgareaux, de l’eau, du v in , &c. J’apprends tout
cela, mais plus au long dans les Archceol. greq. de
Potter , lib. ÎI. cap. xiv. tom. I. p. 2 / a. ( D . J. )
HIEROMËNIÊ, f. m. {Antiq.) itpo/xtivict, nom
donne au mois dans lequel on célébroit les jeux Né--
meens ; c étoit le même mois que le Boedromion dè9
Athéniens, qui répondoit au commencement de no-
tremois de Septembre. Voye^ Mois des G re c s .
jg HIERÔMNÉMON , f m. {Antiq. ) itpopnpor
c’eft-à-dire, préfident des faerifiees, ou gardien des
archives facrées. .
Les hierontnémons étoient des députés que les villes
de la Grece envoyoient aux Thermôpyles, pour
y prendre féance dans l’affemblée des amphiâyons,
& y faire la fonâion de greffiers facrés. Ils étoient
particulièrement chargés de tout ce qui aypit rapport
^Ja religion ; e’étoit eux feuls qui payoient la
depenfe^, & qui prenoient le foin des fàcrifiçës pu-^
blics qu’on faifoit pour la çonfervation ie tçute la
H I E Grece en général. Auffi la première attention de
Yhieromnémon à fon arrivée aux Thermôpyles, étoit
d’offrir conjointement avec les pylagores, un facri-
fice folemnel à Gérés, divinité tutélaire de ce lieu.
Quand l’affemblée des amphiftyons fe tenoit à Delphes
, Apollon Pythien, & Minerve la Prévoyante,
recevoient à leur tèms le même hommage des députés
dont nous venons de parler.
Ordinairement chaque ville amphiétyonide n’en-
voyoit qu’un hieromnémon & un pylagore 'à l’aflem-
blée ; mais cette réglé générale n’a pas laiffé de. fouf-
frir quelquefois des exceptions ; cependant il paroît
que quelque nombre qu’ils fulfent de députés, ils
n’étoient comptés que pour deux voix par rapport
aux fuffrages.
Uhieromnénon qu’on de voit députer au cqnfeil
des amphiétyons, s’élifoit par le fort, & le tems de
fa députation expiré, il étoit obligé de même que
les pylagores de venir rendre un compte exaâ à
leurs concitoyens de tout ce qu’ils avoient fait pendant
la tenue de ces états généraux de la Grece.
Foyei Py l ag o r e .
Ce compte fe rendoit verbalement & par des
mémoires d’abord au fénat, & enfuite au peuple ; le
même ufage fe pratiquoit à l’égard des autres am-
ba(fadeurs ou envoyés.
Une des prérogatives éminentes de la dignité des
hieromnémons , à l’aflemblée des amphiâyons, étoit
le droit dont ils jouifîbient de recueillir les fuffrages
& de prononcer enfuite les arrêts ; ils avoient
encore l’honneur de préfider à Eaffemblée, parce
qu’ils préfidoient aux faerifiees du dieu tant à Delphes
qu’aux Thermôpyles. Le nom de Yhitromnémon
étoit inferit à la tête des decrets des amphiâyons,
& l’on comptoit.les années par les différens hieromnémons
, de même que les Romains comptoient les
leurs par les ddFérens confulats. Les Byzantins
comptoient auflrleurs années par les magiftrats qui
portoient chez eux le nom à’hiromnèmonsenfin,
un grand privilège des hieromnémons , c’eft que c’é-
toit à eux qu’appartenoit le droit de convoquer l ’af-
femblée générale des amphiâyons, que les Grecs
appelaient îny.Xnha àpjtptmuéym ; ils de voient rédiger
par écrit tout ce qui fe délibéroit dans cette compagnie
, & ils étoient les gardiens nés de ces aâes imp
o r ta i. {D . ƒ .)
HIEROMNÉMON, f. m. {Littér.) nom d’une
pierre que les anciens employoient dans la divination
, & qu’ils appelloient encore erolythos ou am-
phicomé; comme ils ne nous en ont laiffé aucune
defeription , nous ignorons quelle pierre c’iétoit, &
d’oîi ils la tiroient; mais nous fommes tout confo-
lés decetteignorance. { D . J .)
HIÉROPHANTE , f. m. ( Antiq. ) hpopdnMc Ifa-
crorum antifies , fouverain prêtre de Cérès chez les
Athéniens.
U hiérophante étoit à Athènes un prêtre d’un ordre
très-diftingué ; car il étoit prépofé pour enfeigner
les chofes facrées & les myfteres de Cérès, à ceux
qui vouloient y être initiés.; & c ’eft de-là qu’il pre-
noit fon nom. On lui donnoit aufîi le titre de prophète
; il faifoit les faerifiees de Cérès, ou uniquement
par rapport à elle ; il étoit encore le maître
d’orner les ftatues, des autres dieux, & de les porter
dans les cérémonies rèligieufes. Il avoit fous lui
plufieurs officiers qui l’aidoient dans fon miniftere,
& qu’on nommoit exégetes , c’eft-à-dire, explicateurs
des chofes facrées.
Eumolpe fut le premier hiérophante que Cérès fe
choifit elle-même pour la célébration de fes myfte-
■ res, c eft-à-dire, que ce fut lui qui le premier y pré-
fida & les enfeigna. Cet Eumolpe, félon Athénée,
fut le chef d’une des plus célébrés familles d’Athènes,
qui feule eut la gloire de donner fans difçomi-
H ï G *07 huation tin hiérophante aüx Eleufinieris, tarit que le
temple de Cérès fubfifta parmi eux. La durée de cô
facerdoce a été de douze cens ans ; & ce quilerend
encore plus mémorable dans la feule famille des
Eumolpides, c’eft que celui qui étoit une fois revêtu
de la dignité hiérophante , étoit obligé de paffer
toute fa vie dans le célibat, comme nous l’apprenons
de Paufanias dans les Corinthiaques , de l’ancien
Scholiafte de Perfe fur la cinquième fatyre dé
ce poëte, & finalement de S. Jérome.
Ce mot hiérQphante, eft compofé de îtpoç, facré *
& de tpalu , j e montre , je mets en lumière. ( D . J . )
HIËROPHANTIE, fub. fém. {Antiq. ) onappel-
loit hiéropkantics chez lès Athéniens, des femmes
confacrées au culte de Cérès, & qui avoient quelques
fonâions fous les ordres de l’hiérophante ; mais
une hiérophantie n’étoit point la femme de ce louve»
ram prêtre, puifqu’il étoit dans l’obligation de vivre
toujours danÿle célibat, comme nous l ’avons remarqué.
( D. J. )
HIEROSCOPIE , f. f. {Divinàt. ) efpece de divination
qui cpnfiftoit à confidérer les viâimes , 8t
tout ce qui ajrBjvoit durant le facriflee. Voye^ Sa*
cri fi ce & Victime. Ce mot vient de npes, facré 9
& <r;u7ncc, je confédéré. Diction, de Trévoux.
H1ESMES ou EXMES, ( Géog. ) bourg de France
en Normandie, autrefois chef-lieu d’un comté
de grande étendue, appellée YHiémois ou. Y Emois;
ce bourg eft fur une montagne ftériie, à 4 lieues: de
Séez,3ô O. de Paris. M. Huet prétend que les Ofif-
m i, dont parle. C éfar, étoient les peuples cYHiê-
mes, qu’il écrit Hiefmes ; mais les Ofilmiens étoient
à l’extrémité de la baffe-Bretagne. Long. i j . j <£,
lat. 48. 46. {D . J . )
HIGHAM-FERRERS , {Géog.) ville à marché
d’Angleterre, en Northamptonshire; elle- envoie
deux députés au Parlement, & eft à 17 lieues N.
deLondres. Long. i& S S . la t.tiz . 18. {D . J .)
HIGHLANDERS, fub. mafe. {G éog .) oumon-
tagnards d’Ecoffe; ils font proprement defeendus
des anciens Calédoniens, & il y a eu parmi eux
moins de mélange d’étrangèrs , que parmi les Low-
landers , qui habitent le plat' pays d’Ecoffè. Il faut
lire la defeription que Boëce & Buchanan font des
anciennes moeurs, de la force, & de la bravoure de
ces gens-là. Lèur poftérité qui occupe encore aujourd’hui
lesmontagnes & les îles d’Ecoffe, a retenu
beaucoup des coûtumes & de la maniéré de v ivre
de leurs peres. {D . J . )
HIGMORE, (a:ntre , corps d’) cet anatomifte
d’Oxford enAngleterre>a donné au public un ouvrage
fur le corps humain intitulé, Difquifitio anatomica,
'Hug. i(x3o fo l. c’eft-à-dire, Difquifîtion anatomi-
( que é dans laquelle il a fuivi la circulation du fang
jufques dans les plus petites parties du corps. On
appelle corps déHigmore, la partie du tefticule entre
4 i ’épididime & le tefticule, où fe réuniffent'tous les
vaiffeaux fecrétoires ; & on donne aufîi le nom d'antre
d'Higrnore , au finus maxillaire.
HIGUERO,.fub. mafe. {Hijl.nat. Bot an.) grand
arbre d’Amérique, qui croît fur-tout dans la nouvelle
Efpagne ; le bois en eft dur & compaâe, &
reffemble à celui du citronnier. On en fait des va fes
à boire & d’autres uftenfiles de ménage ; les Indiens
mangent de fon fruit qui eft rond, femblable
à une courge, ôc qui en a le goût ; il eft rafraîchif-
fant.
HILARIES , f. f. pi. .{Antiq.) hilaria , orurn ; fête
qui fe célébroit à Rome tous les ans avec beaucoup
de pompe & de réjouiffançe , le huitième avant les
calendes d’A v r il, c ’eft-à-dire le 25 Mars, en l ’honneur
de la mere des dieux.
Pendant la durée de la fête, qui étoit de plufieurs
jours t il y avoit tyeve de tout deuil & cérémonies