( G&bgi ) ville deferte de l’Amérique feptentrionale,
dans la nouvelle Efpagne, au diocèfe de Guaxaca.
Elle eft fur une montagne, à zo lieues N. E. d?An-
tequera. Long. z8 o J . lat. ty. j j . (Z ? ./ .)
ILLIMITÉ, adj. ( Gram. ) qui n’a point de limite.
Il eft relatif au tems Sc à l’elpace. On dit un tems illimité,
un efpace illimité: il l’eft aufli à la puiffance.
II n’y a point de puiflance légitime Sc illimitée fur la
terre ; il y a même un fens très-raifonnable dans lequel
on peut dire que celle de Dieu ne l’eft pas ; elle
efl bornée par l’eflencedes chofes. Les notions que
nous avons de fa juflice font immuables : oit en ferions
nous , s’il en étoit autrement ? (Dépendant on
ne peut être trop circonfpeft lorfqu’il s’agit d’élever
fes idées jufqu’à un être d’une nature aufli différente
de la nôtre ; il ne faut pas s’attendre dans ces com-
paraifons, à une conformité bien rigoureufe. Mais,
voulons-nous vivre Sc mourir en paix , faifons def-
cendre notre juflice jufqu’à la fourmi, afin que celui
qui nous jugera , rabaiffe la fienne jufqu’à nous.
ILLINOIS, f. m. pl. ( Géog. ) peuples lauvages
de rAmériquefeptentrionale,dansIa nouvelle Franc
e , le long d’une grande riviere d.u même nom.
Cette riviere des Illinois, qui vient du nord-eft,
ou eft-nord-eft, n’eft navigable qu’au printems ; elle
a plus de cent lieues de cours, qui va au lud-quart*
fud-eft, & fe décharge dans leMiflipipi, vers le 39
deg. de latitude.
Le pays des Illinois eft encore arrofé par d’autres
grandes rivières ; on lui donne cent lieues de largeur
, & beaucoup plus de longueur, car on l’étend
bien loin le long du Miflipipi. Il eft par-tout couvert
de vaftes forêts, de prairies Sc de collines. La campagne
Sc les prairies abondent en byfons, vaches ,
cerfs, & autres bêtes fauves , de même qu’en toute
forte de gibier, particulièrement en cygnes, grues,
outardes & canards.
Les arbres fruitiers peu nombreux, confiftent principalement
en des efpeces de néfliers, des pommiers ,
Sc des pruniers fauvages, qu’on pourroit bonnifier
en les greffant ; mais les Illinois ignorent cet a r t , ils
ne fe donnent pas même la peine de cueillir le fruit
aux arbres, ils abattent les arbres pour en prendre le
fruit.
Dans un fi grand pa ys , on ne connoît que trois
villages, dont l’un peuplé de huit ou neuf cent Illinois
, eft à plus de 50 lieues du fécond.
Les Illinois vont tout nuds depuis la ceinture ;
toute forte de figures bifarres , qu’ils fe gravent fur
le corps, leur tiennent lieu de vêtement. Us ornent
leur tête de plumes d’oifeaux, fe barbouillent le
vifage de rouge, & portent des colliers de petites
pierres du pays de diverfes couleurs. Ils ont des tems
de feftins & de danfes, les unes en figne de réjouif-
fance, les autres de deiiil ; ils n’enterrent point leurs
morts, ils les couvrent de peaux, Sc les attachent
à des branches d’arbres.
Les hommes font communément grands , & tous
très-leftes à la courfe. La chaffe fait leur occupation,
pour pourvoir à leur nourriture, à laquelle ils joignent
le blé d’inde ; & quand ils en ont fait la récolt
e , ils l’enferment dans des creux fous terre, pour
le conferver pendant l’été. Le refte du travail regarde
les femmes Sc les filles ; ce font elles qui pilent
le blé, qui préparent les viandes boucannées,
qui conftruifent les cabanes, Sc qui, dans les courtes
néceflaires , les portent fur leurs épaules.
Elles fabriquent ces cabanes en forme de longs
berceaux, Sc les couvrent avec des nattes de jonc
plat, qu’elles ont l ’adreffe de coudre enfemble très-
artiftement, & à l’épreuve de la pluie. Elles s’occupent
encore à mettre en oeuvre le poil des byfons
ou boeufs fauvages, à en faire des facs & des
peintures. Ces boeufs font bien diffçrças de ceux
d’ÊufOpe ; outre qu’ils ont une grofle boite lur le doÿ
vers les épaules, ils font encore tout couverts d’une
laine fine , qui tient lieu aux Illinois de celle qu’ils
tiréroient des moutons , s’ils en avoient dans leur
pays.
Leur religion confifte à honorer une efpece de
génie qu’ils nomment Manitou, & q u i, félon eu x,
eft maître de la vie & d e la mort. Voye^ M an itou *
Je ne confeille pas au le&eur qui fera curieux d’autres
détails, de les prendre dans le P. Hennepin, ni
dans la relation de l’Amérique du chevalier T o n ti,
ouvrage fup jjofé ; mais il y a quelque chofe de mieux
fur les Illinois ; c’eft une lettre du P. Gabriel Ma-
reft, Jéfuite millionnaire, qui eft inférée dans/ei?*-
cueil des lettres édifiantes ,tom. X I . { D . J. )
ILLOCK., f Géog. ) petite ville de la baffe-Hongrie
dans l’Efclavonie. Elle eft fur le Danube , à z.
lieues de Peterwaradin, 8 S. E. d’Iffek , 30 N. O. de
Belgrade. Long. 3y, 45. lat. 45. g o . { D . J . )
ILLUMINATION, f. f. ( Gram.) c’eft l’aûion d’un
corps lumineux qui éclaire, ou la paflîon d’un corps
opaque qui eft éclairé ; il fe dit au fimple & au figuré.
Au fimple , de la maniéré dont nos temples lont
éclairés à certains jours folemnels ; des lumières que
le peuple eft obligé d’entretenir la nuit fur fes fenêtres
, lorfque quelque événement important Sc heureux
l’exige ; Sc de celles dont les faces des grandes
maifons font décorées, dans les mêmes circonftan-
ce s , ou dans quelques fêtes particulières. Nos ar-
tiftes fe font fouvent diftingués par le goût dans ce
genre d’artifice, qui confine à imiter des morceaux
d’architecture & autres objets, par un grand non¥-
bre de lumières fymmétriquement diftribuées. Au figuré,
on appelloit autrefois le facrement de baptême
l’illumination, Sc nous nous fervons de la même
expreflïon, pour défigner ces infpirations d’en-
haut, que quelques perfonnes privilégiées ont éprouvées.
La foi eft un don Sc une illumination de l’Ef-
prit-faint.'
Il l um in a t io n s , fe dit en Peinture de figures^
ou autres objets peints fur des corps tranfparens ,
comme le v e r re , la gafe, le papier , la toile , &cm
derrière lefquels on met des lumières qu’on ne voit
point, Sc qui font appercevoir les objets repréfen-
tés. On s’en fertdans les décorations de théâtre,;
dans celles des fêtes publiques, & on en fait de toutes
couleurs.
ILLUMINÉ, adj. pris fubfi. ( Théolog. ) c’eft le
nom que l’on donnoit anciennement dans l’Églife à
ceux qui avoient reçu le baptême. Voye^ Ba p t êm e ,
Ce nom leur venoit d’une cérémonie du baptême ,
qui confiftoit à mettre dans la main du néophite qui
venoit d’être baptifé, un cierge allumé, fymbolè
de la foi Sc de la grâce qu’il avoit reçu par ce facrement.
Foye{ CATHÉCUMENE. Dictionnaire de Trévoux.
Illuminé , nom d’une feéle d’hérétiques qui s’élevèrent
en Efpagne, vers l’an 15 75 , que les Ef-,
pagnols appelloient Alambrados.
Leurs chefs étoient Jean de Dillapando, originaire
de l^le de Ténérif, & une carmélite appellée Catherine
de Jéfus. Ils avoient beaucoup de compagnons
& de difciples, dont la plupart furent pris par l’In-
quifition, Sc punis de mort à Cordoue ; les autres
abjurèrent leurs erreurs.
Les principales erreurs de ces illuminés étoient
que , par le moyen de l’oraifon fublime à laquelle
ils parvenoient, ils entroient dans un état fi parfait,
qu’ils n’avoient plusbefoin ni de l’ufage des
facremens, ni des bonnes oeuvres; Sc qu’ils pou-
voient même fe Iaiflër aller aux a&ions les plus infâmes
fans pécher. Vjyer le Dictionnaire de Trévoux.
La fe&e des illuminés tnt renouvellée en France ,
en 1634, Si les Guerinets, difçiples de Pierre Gué;
rin s’étant joints à e u x , ne firent qu’une feule
fefte fous le nom d'illuminés ; mais Louis XIII les
fit pourfuivre fi vivement, qu’ils furent détruits en
peu dé tems.
Les principales erreurs de ces illuminés étoient,
que Dieu avoit révélé à l’un d’eu x, nommé Frère
Antoine Bocquet, une pratique de foi Sc de vie fur-
éminente , inconnue Sc inufitée dans toute la chrétienté.
Qu’avec cette méthode on pouvoit parvenir
en peu de rems au même degré de perfe&ion que
les SS. & la bienheureufe Vierge, q ui, félon eu x ,
ri’avoient eu qu’une vertu commune. Ils ajoûtoient,
que par cette vo ie, on arrivoit à une telle union
avec D ieu, que toutes les aâions des hommes en
étoient déifiées ; qu’étant parvenus à cette union,
il falloit laiflfer agir Dieu feul en nous, fans produire
aucun aéle. Que tous les doâeurs de l’Eglife n’avoient
jamais fçu ce que c’étoit que dévotion ; que
faint Pierre étoit un homme fimple, quin ’avoit rien
entendu à la fpiritualité, non plus que faint Paul ;
que toute l’Eglife étoit dans les ténèbres & dans
l’ignorance fur la vraie pratique du Credo ; qu’il étoit
libre de faire tout ce que di&oit la confcience ; que
Dieu n’aimoit rien que lui-même ; qu’il falloit que
dans dix ans leur doûrine fût reçue de tout le monde
, Sc qu’alors on n’auroit plus befoin de prêtres,
de religieux, de curés, d’évêques , ni autres fupé-
rieurs eccléfiaftiques. Sponde. Vittorio Siri.
Les Freres de la Rofe-Croix ont aufli été appellés
illuminés. Voye£ R ose-C r o ix .
ILLUSION, f. f. {Gram. & Littéral.) c’eft le
menfonge des apparences , Sc faire illujion, c’eft en
général tromper par les apparences. Nos fens nous
font illujion, lorlqu’ils nous montrent des objets où
il n’y en a point ; ou lorfqu’il y en a , & qu’ils nous
lés montrent autrement qu’ils ne font. Les verres de
l’Optique nous font illujion de cent maniérés différentes
, en altérant la grandeur, la forme, la couleur
& la diftance. Nos pallions nous font illujion
lorfqu’elles nous dérobent l’injuftice des adions ou
des fentimens qu’elles nous infpirent. Alors l’on
croit parce que l’on craint, ou parce que l’on délire
: Yillufion augmente en proportion de la force
du fentiment, Sc de la foibleffedela raifon ; elle flétrit
ou embellit toutes les jouiffances ; elle pare ou
ternit toutes les vertus : au moment où on perd les
illujions agréables, on tombe dans l’inertie & le dégoût.
Y-a-t-il de l’enthoufiafme fans illujion ? Tout
ce qui nous en impofe par fon é c la t , fon antiquité,
fil fauffe importance , nous fait illujion. En ce fens,
ce monde eft un monde d'illujions. Il y a des illujions
douces Sc confolantes, qu’il feroit cruel d’ô-
ter aux hommes. L’amour-propre eft le pere des il-
lujions ; la nature a les fiennes. Une des plus fortes eft celle du plaifir momentané, qui expofe la femme
à perdre fa vie pour la donner ; Sc celle qui arrête
la main, de l’homme malheureux, Sc qui le déter-
ipine à vivre. C ’eft le charme de Yillujion qui nous
aveugle en une infinité de circonftances, fur la valeur
du facrifice qu’on exige de nous, Sc fur la frivolité
de la récompenfe qu’on y attache. Portez mon illujion
à l’extrême, Sc vous engendrerez en moi l’admiration
, le transport , l’enthoufiafme, la fureur Sc
le fanatifme. L’orateur conduit la perfuafion ; Yillujion
marche à côté du poëte.L’orateur & le poète font
deux grands magiciens, qui font quelquefoisles premières
dupes de leurs preftiges. Je dirai au poëte dramatique
: voulez-vous me faire illujion,que votre fu-
jet foit fimple, Sc que vosincidens ne loient point
trop éloignés du cours naturel des chofes; ne les
multipliez; point ; qu’ils s’enchaînent Sc s’attirent ;
méfiez-vous des#circonftances fortuites, Sc fongez
fur-tout au peu de tems & d’efpacc que le genre vous
accorde.
-ILLUSOIRE, adj. m. & f. ( Jurifprud. ) fe dit de
quelque convention ou difpofition, qui eft conçue
de maniéré que l’bn peut s’en jo u e r , c’eft-à-dire
l’éluder, Sc faire qu’elle demeure fans effet, comme
fi on ftipuloit qu’un homme, notoirement infolva-
ble, payera après fe mort. ( A ) 1L LU STK A T I, f. m. pl. ( Hiß. litter. ) nom d’une
académie ou fociété littéraire, établie à Cafal en
Italie. ^Elle a pris pour emblème le foleil & la lune,
avec 1 infeription , lux indeficiens : on ignore cependant
ce que cette lumière a produit.
ILLUSTRE , I L L U S T R A T IO N , S’ILLUSTRER
, ( Gramm. ) un homme illußre eft celui qui a
mérité l’eftime Sc la confidération générale de fa nation
, par quelque qualité excellente. On peut naître
d’une maifon illußre, & n’être qu’un homme ordinaire
, Sc réciproquement. Plutarque a écrit la vie
des hommes illufires, grecs & romains. La maifon
de Bourbon eft la plus illußre en Europe. On lit dans
le Dictionnaire de Trévoux, Cicéron a été le plus
illußre des orateurs de fon tems, Virgile le plur illußre
ùes poètes: je ne fais fi ces deux phrafesfont
d’une grande pureté ; il eft certain que le mot illuf-
tre ne fe dit pas aufli-bien en pareil cas que le mot
grand. Cicéron a été le plus grand des orateurs de
fon tems ; Virgile le plus granddes poètes. Un peintre
, un ftatuaire, un muficien, peut s'illufirer dans
fon art. Illußre s’applique rarement aux chofes ,
Sc je n’aime pas, les rois d’Egypte ont été ceux qui
ont laiffé de plus illußres marques de leur grandeur.
Il fe prend toujours en bonne part: unfcélératn’eft
point illußre; il eft fameux, il eft infigne. Les écrivains
hardis fe jouent de toutes ces petites nuances.
ILLUSTRE, adj. ( Littérat. ) en latin illufiris , titre
autrefois des plus honorables.
Il y avoit dans la décadence de l’ empire trois titres
d’honneurs différens, qu’on accordoit aux perfonnes
qui fe diftinguoient furies autres par leur naiffance ,
ou par leurs charges. Le premier étoit illufiris, le fécond
, clarißimus, Sc le troifieme fpectabilis ; mais
illufiris marquoit une prééminence eflentielle, de-
forte qu’il fe donnoit feulement aux confuls, Sc aux
grands officiers de l’empire.
Nos rois même dans la première & fécondé race
fe trouvoient honorés du titre d'illufiris, ou d’illufier.
Parmi ce grand nombre d’aftes anciens que Doublet
a recueillis dans fon hiftoire de l’Abbaye de faint
Den is, il y en a plufieurs , où Dagobert joint à la
qualité de roi de France, celle de vir illufltr. Chil-
péric , Pépin Sc Charles I. ont cru ajouter un nouvel
éclat à celui de roi, par l’épithete d’homme illußre.
Les maires du palais, après avoir ufurpé peu
à peu l’autorité fouveraine, s’arrogèrent aufli la même
qualification. Mais Charlemagne devenu empereur
, ayant dédaigné ce titre , il pafla tout de fuite
aux comtes , Sc aux grands feigneurs du royaume ,
dans les lettres que fes fucceffe.urs leur adreffoient.
On endécoroitfemblablement les évêques Sc les abbés
de haute confidération ; enfinil eft tombé de mode
, Sc s’eft changé en fuperlatif dans le feul ufage
de la cour de Rome, qui donne le titre de feigneurie
illußrißimeaux nonces, aux archevêques, évêques,
& principaux prélats romains. {D . J .)
ILLUTATION, f. f. ( Médec. ) c’eft l’aaion d’enduire
quelque partie du corps de boue. On fe fert
pour cet effet de là boue des eaux thermales, que
l ’on a foin de renouveller lorfqu’elle eft feche, à def-
fein d’échauffer, de deffécher, Sc dedifeuter, dans
le cas de rhumatifme, de douleur feiatique , &c.
ILLYRIE L* {Géog. anc.) en latin lllyricum dans
Pline, Sc il foulèntend le mot folum, en grec Illyris
dans Ptolomée, Sc Illyria dans Etienne le Géographe
; contrée de l’Europe qui, félonies diyers tems,