* HOANGEIO, f. m. ([Ornith.) petit oifeaü qui fe
trouve dans le Chekiang à la Chine. On ne nous l’a
point décrit ; on nous apprend feulement que les
habit-ans le trempent dans leur vin de ris , &C en-font
un mets commun.
* HOANGEIOYU, f. m. {Ornith.) oifeau aquatique
de la province de Quantung à la Chine. En
été , il habite les montagnes ; en hiver , il fe retire
dans la mer où l’on le prend aux filets : fa chair paffe
pour fort délicate : fur le peu que l’on nous a tranf-
mis de fa defcription, il paroît que le hoangeioyu
eft amphibie, moitié poiffon, moitié oifeau.
HO ATCH É, f. m. (Hifl. nat. Commerce. ) c’eft le
nom que les Chinois donnent à une terre très-blanche
, extrêmement fine , douce, & comme favon-
neufe au toucher, qu’ils emploient feule à une porcelaine
dont on fait un très grand cas chez eux, &
qui eft plus eftimée que celle qui fe fait avec \ekaolin
& le petuntfé, qui font les ingrédiens de la porcelaine
ordinaire de la Chine. Par les échantillons
qui ont été apportés de la Chine , il paroît que le
hoatché n’eft autre chofe qu’une terre bolaire & ar-
' gilleufe très-blanehe , très-fine, douce au toucher
comme du fa von ; en un mot, qui a toutes les propriétés
& les caraâeres de la terre cimolée des anciens.
Voye^ Cimolée. En s’en donnant la peine,
on trouveroit en France & ailleurs des terres qui,
préparées convenablement, ferviroient avec fuccès
aux mêmes ufages. Voyeç L'article Porcelaine.
Les médecins chinois ordonnent dans de certains
cas le hoatché, de même que les nôtres ordonnent les
terres bolaires. (—)
HOBAL, f. m. (Myth.) idole des anciens Arabes.
On la voyoit entourée de 360 autres plus petites
, qui préfidoient à chaque jour de l’année. Mahomet
détruifit fon culte, dans la Mecque lorfqu’il
s’en fut rendu maître.
* H O B B I SM E , ou Ph^losohie d’Hobbes,
(Hifl. de la Philof. anc. & moderne.) Nous diviferons
cet article en deux parties ; dans la première, nous
donnerons un abrégé de la vie de Hobbes ; dans la
fécondé, nous expoferons les principes fondamentaux
de fa philofophie.
Thomas Hobbes naquit en Angleterre, à Malmef-
bury, le 5 Avril 1588 ; fon pere étoit un eccléfia-
ftique oblcur de ce lieu. La flotte que Philippe II.
roi d’Efpagne avoit envoyée contre les Anglois, &
qui fut détruite par les vents, tenoit alors la nation
dans une confternation générale. Les couches de la
mere de Hobbes en furent accélérées, & elle mit au
monde cet enfant avant terme.
On l’appliqua de bonne heure à l’étude ; malgré
la foibleffe de fa fanté, il furmonta avec une facilité
furp’renante les difficultés.des langues favantes,
& il avoit traduit en vers latins la Médée d’Eurypi-
d e , dans un âge où les autres enfans connoiffent à
peine le nom de cet auteur.
On l’envoya à quatorze ans à l’univerfité d’Ox-
ford., où il fit ce que nous appelions la philofophie;
delà il paffa dans la maifon de Guillaume Ca-
vendish, baron de Hardwick & peu de tems après
comte de Devonshire, qui lui confia l’éducation de
fon fils aîné.
La douceur de fon caraûere & les progrès de fon
éleve le rendirent cher à toute la famille, qui le
choifit pour accompagner le jeune comte dans fes
voyages. Il parcourut la France & l’Italie, recherchant
le commerce des hommes célébrés, & étudiant
les lois , les ufages, les coutumes, les moeurs,
le génie , la conftitution, les intérêts & les goûts
de ces deux nations.
De retour en Angleterre, il fe livra tout entier à
la culture des lettres & aux méditations de la Philofophie.
Il avoit pris en averûon & les chofes qu’on
enfeignoit dans les écoles, & la maniéré de les en-
feigner. Il n’y voyoit aucune application à la conduite
générale ou particulière des hommes. La logique
& la métaphyfique des Péripatéticiens ne lui
paroifToit qu’un tiffu de niaiferies difficiles ; leur
morale, qu’un fujet de difputes vuides de fens ; &
leur phyfique, que des rêveries fur la nature & fes
phénomènes.
Avide d’une pâture plus folide, il revint à la lecture
des anciens ; il dévora leurs philofophes, leurs
poètes , leurs orateurs & leurs hiftoriens : ce fut
alors qu’on, le préfenta au chancelier Bacon , qui
l’admit dans la locjété des grands hommes dont il
étoit environné. Le gouvernement commençoit à
pencher vers la démocratie ; & notre philofophe
effrayé des maux qui accompagnent toujours les
grandes révolutions , jetta les-fondemens de fon
lÿftème politique ; il croyoit de bonne-foi que la
voix d’un philofophe pouvoit fe faire entendre au
milieu des clameurs.d’un peuple rébelte.
Il fe repaiffoit de cette idée auffi féduifante que
vaine ; fie il é crivoit, lorfqu’il perdit, dans la per-
fonne de fon é le v e , fon proteéleur & fon ami : il
avoit alors quarante ans, tems où l’on penfe à l’avenir.
Il étoit fans fortune ; un moment avoit renverfé
toutes fes efpérances. Gervaife Clifton le follicitoit
de fuivre fon fils dans fes vo yag es , & il y confentit :
il fe chargea enfuite de l’éducation d’un fils de la
comteffe de Devonshire avec lequel il revit encore
la France & l’Italie.
C ’eft au milieu de ces diftraéHons qu’il s’inftrui-
fit dans les Mathématiques, qu’il regardoit comme
les feules fciences capables d’affermir le jugement ;
il penfoit déjà que tout s’exécute par des lois mécaniques
, & que c’étoit dans les propriétés feules de la
matière & du mouvement qu’il falloit chercher la
raifon des phénomènes des corps brutes & des êtres
organifés.
A l’étude des Mathématiques il fit fuccéder celle
de l ’Hiftoire naturelle & de la Phyfique expérimentale
; il étoit alors à Paris, où il fe lia avec Gaffendx
qui travailloit à rappeller de l’oubli la philofophie
d’Epicure. Un fyftème où l’on explique tout par du
mouvement & des atomes ne pouvoit manquer de
plaire à Hobbes; il l’adopta, & en étendit l’application
des phénomènes de la nature aux fenfations &
aux idées. Gaffendi difoit d’Hobbes qu’il ne connoif*
foit guère d’ame plus intrépide, d’efprit plus libre de
préjugés, d’homme qui pénétrât plus profondément
dans les chofes : & l’hiftorien d’Hobbes a dit du
pere Merfenne, que fon état de religieux ne l’avoit
point empêché de chérir le philofophe de Malmes-
bury, ni de rendre juftice aux moeurs & aux talens
de cet homme, quelque différence qu’il y eût entre
leur communion & leurs principes.
Ce fut alors qu’Hobbes publia fon livre du Citoyen
; l’accueil que cet ouvrage reçut du public, &
les coçfeils de fes amis, l’attacherent à l’étude de
l’homme & des moeurs.
Ce fujet intéreffant l’occupoit lorfqu’il partit
pour l’Italie. Il fit connoiffance à Pife avec le célébré
Galilée. L’amitié fut étroite & prompte entre
çes deux hommes. La perfécution acheva de refferrer
dans la fuite les liens qui les uniffoient.
Les troubles qui dévoient bien-tôt arrofer de fang
l’Angleterre , étoient fur le point d’éclater. Ce fut
dans ces circonftances qu’il publia fon Léviathan z
cet ouvrage fit grand bruit, c’eft-à-dire qu’il eut
peu de leêfeurs, quelques défenfeurs, & beaucoup
d’ennemis. Hobbes y difoit : « Point de sûreté fans
» la paix ; point de paix fans un pouvoir abfolu ;
» point de pouvoir abfolu fans lès armes ; point d’ar-
» mes fans impôts ; & la crainte des armes n’établira
» point la paix ? fi une crainte plus terrible que celle
n do
» de la mort excite les efprits. Or telle eft la crainte
» de la damnation éternelle. Un peuple fage com-
» mencera donc par convenir des chofes néceffaires
» au falut ». Sine pace impoffibilem effe incolumitatem;
fine imperio pacem ; fine arrnis imperium ; fine opi-
bus in unam manum collatis , nihil valent arma ; neque
metu armorum quicquam ad pacem proficere illos , quos
adpugnandum concitat malurn morte magis formidan-
dum. Nempe dum confenfum non f it de iis rebus quoe ad
félicitaient oeternam neceffarice credantur , pacem inter
cives eus non poffe.
Tandis que des hommes de fang faifoient retentir
les temples de la doélrine meurtrière des rois, diftri-
buoient des poignards aux citoyens pour s’entr’égorger
, & prêchoient la rébellion & la rupture du
paéle civile, un philofophe leur difoit : « Mes amis,
» mes concitoyens , écoutez-moi : ce n’eft point
» votre admiration,ni vos éloges que je recherche ;
» c’eft de votre bien, c’eft de vous-même que je
» m’occupe. Je voudrois vous éclairer fur des véri-
» tés qui vous épargneraient des crimes : je vou-
» drois que vous conçuffiez que tout a fes inconvé-
» niens , & que ceux de votre gouvernement font
» bien moindres que les maux que vous vous pré-
» parez. Je fouffre avec impatience que des hommes
» ambitieux vous abufent & cherchent à cimenter
» leur élévation de votre fang. Vous avez une ville
» & des lois ; eft-ce d’après les fuggeftions de quel-
» ques particuliers ou d’après votre bonheur com-
» mun que vous devez eftimer la juftice de vos dé-
» marches ? Mes amis, mes concitoyens, arrêtez,
» confidérez les chofes , & vous verrez que ceux
» qui prétendent fe fouftraire à l’autorité civile,
» ecarter d’eux la portion du fardeau public, & ce-
» pendant jouir de la v ille , en être défendus, proté-
» gés 6c v ivre tranquilles à l’ombre de fes remparts,
» ne font point vos concitoyens , mais vos enne-
» mis ; & vous ne croirez point ftupidement ce
>> qu’ils ont l’impudence & la témérité de vous an-
» noncer publiquement ou en fe c re t, comme la
» volonté du ciel & la parole de Dieu ». Feci non
eo confilio ut laudarer ,fed veflri caufâ, qui cum doclri-
riam quam ajfero , cognitam & perfpeclam haberetis ,
fperabam fore ut aliqua incommoda in re familiari,
quoniam res humana fine incommodo effe non poffunt,
aquo animo ferre , quam reipublicce flatum conturbare
malletis. Ut juflitiam earum rtrum, quas facere cogi-
tatis, non fermone vel concilio privatorum, fed legibus
civitatis metientes , non amplius fanguine veflro ad
fuam potentiam ambitiofos homines abuti pateremini.
Ut flatu preefenti licet non optimo , vos ipfos fru i,
quam bello excitato , vobis interfeclis , vel oetate con-
fumptis , alios homines alio faculo flatum habere refor-
matiorem fatius duceretis. Praterea qui magiftratui
civili fubditos fefe effe nolunt, onerumque publicorum
immunes effe volunt, in civitate tamen effe, atque ab eâ
protegi & vi & injuriis poflulant, ne illos cives , fed
hofles exploratorefque putaretis ; neque omnia quoe illi
pro verbo Dei vobis vel palam , vel fecretb proponunt,
temeré reciperetis.
Il ajoûte les chofes les plus fortes contre les parricides
, qui rompent le lien qui attache le peuple
à fon ro i, & le roi à fon peuple, & quiofent avancer
qu’un fouverain fournis aux lois comme un fim-
ple fujet, plus coupable encore par leur infraûion ,
peut être jugé & condamné.
Le citoyen & le Léviathan tombèrent entre les
mains de Defcartes , qui y reconnut du premier
coup-d’oeil le zele d’un citoyen fortement attaché à
fon roi & à fa patrie, & la haine d^ la fédition &
des féditieux.
Quoi de plus naturel à l’homme de lettres , au
philofophe, que les difpofitions pacifiques ? Qui eft
^elui d’entre nous qui ignore que point de pïulofo-
Tome F l l l f
phie fans repos, point de repos fans paix , point de
paix fans foumiffion au-dedans , 6c fans crédit au-
dehors ?
Cependant le parlement étoit di.vifé d’avec la
cour , & le feu de la guerre civile s’allumoit de
toutes parts. Hobbes, défenfeur de la majefté fou-
veraine, encourut la haine des démocrates. Alors
voyant les lois foulées aux piés , le trône chancelant
, les hommes entraînés comme par un vertige
général aux aûions les plus atroces, il penfa que la
nature humaine étoit mauvaife, & de-là toute fa
fable ou fon hiftoire de l’état de nature. Les circonf»
tances firent fa philofophie : il prit quelques acci-
dens momentanés pour les réglés invariables de la
nature , & il devint l’aggreffeur de l’humanité ôc
l’apologifte de la tyrannie.
Cependant au mois de Novembre 1 6 1 1 , il y eut
une affemblée générale de la nation : on en efpéroit
tout pour le roi : on fe trompa ; les elprits s’aigrirent
de plus en plus, & Hobbes ne fe crut plus en
fûreté.
Il fe retire en France , il y retrouve fes amis , il
en eft accueilli ; il s’occupe de phyfique , de mathématique
, de philofophie, de belles-lettres & de politique
: le cardinal. de Richelieu étoit à la tête du
miniftere, & fa grande ame échauffoit toutes les
autres.
Merfenne qui étoit comme un centre commun
où aboutiffoient tous les fils qui lioient les phtlofo-
phes entr’eux , met le philofophe anglois en cor-
refpondance avec Defcartes. Deux elprits aulfi
impérieux n’étoient pas faits pour être long-tems
d’accord. Defcartes venoit de propofer fes lois du
mouvement. Hobbes les attaqua. Defcartes avoit
envoyé à Merfenne fes méditations fur l’efprit, la
matière, D ieu , l’ame humaine, & les autres points
les plus importans de la Métaphyfique. On les communiqua
à Hobbes, qui étoit bien éloigné de convenir
que la matière étoit incapable de penfer. Defcartes
avoit dit : « Je penfe, donc je fuis ». Hobbes
difoit : « Je penfe, donc la matière peut penfer ». E x
hoc primo axiomate quod Cartefîus flatuminaverat, ego
cogito , ergo fum , concludebat rem cogitantem effe cor-
poreum quid. Il obje&oit encore à fon adverfaire
que quel que fût le fujet de la penfée, il ne fe pré-
fentoit jamais à l’entendement que fous une forme
corporelle.
Malgré la hardieffe de fa philofophie, il vivoit à
Paris tranquille ; & lorfqu’il fut queftion de donner
au prince de Galles un maître de Mathématique, ce
fut lui qu’on choifit parmi un grand nombre d’autres
qui envioient la même place.
Il eut une autre querelle philofophique avec
Bramhall, évêque de Derry. Il s’étoient entretenus
enfemble chez l’évêque de Neucaftle, de la liberté,
de la néceffité , du deftin & de fon effet fur les
aétions humaines. Bramhall envoya à Hobbes une
differtation manuferite fur cette matière. Hobbes y
répondit : il avoit exigé que fa réponfe ne fût point
publiée, de peur que les efprits peu familiarifés
avec fes principes n’en fuffent effarouchés. Bramhall
répliqua. Hobbes ne demeura pas en refte avec
fon antagonifte. Cependant les pièces de cette dif-
pute parurent, & produifirent l’effet que Hobbes
en craignoit. On y lifoit que c’étoit au fouverain
à preferire aux peuples ce qu’il falloit croire de
Dieu & des chofes divines ; que Dieu ne devoit
être appellé jufte, qu’en ce qu’il n’y avoit aucun etre
plus puiffant qui pût lui commander, le contraindre
& le punir de fa defobéiffance ; que fon droit
de régner & de punir n’étoit fondé que fur l’irréfifti-
bilité de fa puiffance ; qu’ôté cette condition , en-
forte qu’un feul ou tous réunis puffent le contraindre,
çe droit fe réduifoit à rien ; qu’il n’étoit pas plus la