HOMOPHAGE, fubft. adj. (Gramm.) qui mange
de la chair crue. Ce mot eft compofé de «/xos, crud,
ÔC de <pàya , je mange. Prefque tous les peuples fau-
va»es font homophages. C ’eft un avantage qu’ils ont
fur nous, s’il eft v ra i, comme le prétendent les Médecins
, que les viandes crues fe digèrent plus aifé-
ment que les viandes cuites.
HOMOPHONIE, f. f. (Mufiq.) concert de plu-
fieurs voix qui chantent à l’uniffon ; & fi plufieurs
voix concertoient à l’o â a ve ou à la double o fta v e ,
cela fe nommoit félonM. Burette, antiphonie. Ho-
mophoniev'icnt de ô/xoc, tnfemble, & çovîi, voix. Vyyeç
Symphonie. (D. J.)
HOMORIEN Ju p it e r , (Littérat.) Homorien eft
un des furnoms que les Grecs donnèrent à Jupiter.
Polybe , hiß, tiv. II. après avoir parlé de la guerre
qui s’éleva entre les habitans de Crotone ôc ceux de
Sybaris, remarque que s’étant accordés , ils firent
bâtir à frais communs , un temple à Jupiter Homorien
, dans l’endroit qui féparoit leur domination. Il
ajoute qu’ils faifoient tous les ans des facrifices dans
ce temple , & qu’ils s’y affembloient toutes les fois
qu’ils avoient quelque différend à décider, ou quelque
affaire importante à régler.
Au refte Jupiter Homorien, ou Horien , Honjßrius,
Horius , Zivc ô/eopiof »d ôpioç, «toit le même que le
Jupiter Terminalis des Latins. Voyt£ Ju p it e r T er m
in a l , Ju p it e r La p is . (D . J .)
H OM O TO N E, adj. (Med.) öfiirovoe, homotonüs,
ce terme fignifie la même chofe qu’égal. Voye{ Egal ,
{Med.)
HOMUNCIONATES , f. m. pl. (Théolog.) nom
que les anciens donnèrent dans le iv. fiecle aux Orthodoxes
, parce que ceux-ci admettoient deux fubf-
tances & deux natures en J. C. Dicl. de Trévoux.
HOMUNCIONISTE, f. m. (Théolog.) eft le nom
que l’on donne aux fe&ateurs de Photin , que l’on
appelle auffi Photiniens. Voyeç PhotinïENS.
On appelle ainfi les Photiniens , parce qu’ils fou-
tenoient que J. C . n’étoit qu’un pur homme. Dicl.
de Trévoux. (G)
HOMUNCIONITES, f. m. pl. (Théolog.) les Ho-
muncionitts étoient des hérétiques dont le principal
dogme étoit que l’image de D ieu avoit été imprimée
furie corps de l’homme , & non pas dans fon ame,
dans la création du premier homme, lorfque Dieu
avoit dit, faciamus hominem ad imaginem & fimilitu-
dinem noflram. Genef. c. j . v. 2 6 . (G)
HONAN , ( Géog.) contrée d’Afie dans l’empire
de la Chine, dont elle eft la cinquième province ,
nu S. du fleuve jaune ; elle eft très-belle ôc très-fertile
; les Chinois l’appellent le jardin de la Chine. On
y compte huit métropoles , dont Caifung eft la première
, ôc Honan la fécondé. Long, de Caifung à
compter de Pékin, z. 54. lut. 3 5. 50. Long, de Honan,
7. 5, lat. 35. 38. (D . J.)
HONDREOUS , f. m. (Hiß. mod.) c’eft le nom
que l’on donne dans l’ifle de Ceylan aux nobles, qui
ainfi que par-tout ailleurs, fe diftinguent du peuple
par beaucoup de hauteur ôc d’arrogance. Ils ont le
droit de porter une robe qui defeend jufqu’à la moitié
de leurs jambes, de laiffer tomber leurs cheveux
fur leurs épaules, de porter l’épée au côté, ôc une
canne à la main ; enfin d’avoir la tête couverte d’un
bonnet en forme de mitre. Les plus qualifiés d’entre
•les hondreous font ceux dont le roi a ceint le front
d’un ruban d’or & d’argent; on le nomme mundiana.
11 n’eft point permis aux nobles de contraâêr des
alliances avec des perfonnes d’une tribu inférieure
à la leur ; ôc le fupplice le plus affreux que le roi inflige
aux filles des nobles qui lui déplaifent, eft de
les faire proftituer à des gens de la lie du peuple,
«qui font regardés comme abominables, & que l’on
exclud du droit d’habiter dans les villes«
HONDT LE , (Géog.) bras de mer ] qui s’eft introduit
dans les terres entre la Flandre ôc la Zélande
par l’embouchure occidentale de l’Efcaut ; ce n’étoit
qu’un canal dans fon origine en 980 , mais une
terrible inondation qui furvint en 1377 , ôc qui fub-
mergea plufieurs villages dans cet endroit, en fit u a
bras de mer tel qu’on le voit aujourd’hui. (D . J .)
HONDURAS, (Géog.) province de l’Amérique
feptentrionale dans la nouvelle Efpagno,, le long de
la mer du nord, ôc d’un golfe du même nom que la
province. Elle eft dans l’audience de Guatimala;
elle a ènviron 150 lieues de long , fur 80 de large ;
Chriftophe Colomb en fit la découverte dans Ion
quatrième voyage en 1 jo z ; Valadolide, autrement
dite Camayagua évêché, en eft la capitale. (D . ƒ .)
HONFLEUR, (Géog.) ville de France en haut©
Normandie dans le Lieu vin, avec un bon port,
haute juftice ôc amirauté ; cette ville s’appelle dans
les anciens titres , Honntfltu ôc Hunneflatum ; ce
nom, fuivant M. de Valois, notit. G ail.p. 241. vient
de hum , hameau, village , ÔC fleot ou fleat, qu’on
écrit wliet dans le Pays-Bas , & qui fignifie un petit
golfe de mer , un lieu fitué fur un golfe. D e Ham-
fieot, on a fait Honfieu , ôc à caufe de la conformité
avec le mot fleur qui eft connu, on a ajouté une r à
Honfieu. Elle étoit déjà connue dès l’an 1 zoo ; elle
; eft lur la rive gauche de la Seine, à 3 lieues du Hav
r e , à 5 lieues S. O. de Quilboeuf, 3 N. de Pont-
l’Evêque, 6. N. O . de Lizieux , 16. S. O . de Rouen,
4Z.N. O. de Paris. Long. /yd. 45 '. 1 y", lat. 49d. a JA.
■ ■ r . )
H O N GN E T T E ,f.f.(Sculpture.) çfpece de cifeau
pointu & quarré, fervant principalement aux Sculpteurs
en marbre. Voytç lcsPl. de Sculpt.
HONGRE , f, m. (Maréckalltrie.) c’eft le cheval
qu’on a privé des parties néceffaires à la génération,
par une opération qui confifte à lui ôter les tefti-
cules, ÔC qui s’appelle hongrtr. Voye\ les article*
C h ev a l & Ch â t r e r .
HONGRELINE, f. f. ( Gram. & mod. ) forte d’a-
juftement des femmes, fait en chemifette à grandes
balques. On prétend qu’il a été ainfi appellé, parce
que l’ufage en eft venu de Hongrie.
HONGRIE, (Géog. hifl.) vafte pays en Afie &
en Europe.
La Hongrie afiatique , ou la grande Hongrie, é toit
l’ancienne partie des Huns ou H ongrois, qui paffe-
rent en Europe vers la décadence de l’empire; M. de
Lille la met à l'orient de la Bulgarie en Afie ; ôc
comme la Bulgarie eft entre le Wolga ôc la montagne
de C a f , qui eft une branche de l’Imaiis des anciens
, la grande Hongrie eft entre cette montagne
ôc l’Irtifch, c’eft-à-dire entre les 85. & les 100. deg.
de longitude, ôc entre le 50. & le 55. deg. de latitude.
La Valaquie étoit au S. de la Hongrie ; ainfi
ces trois nations, les Bulgares , les Hongrois & les
"Walaques étoient voifins en Afie , comme ils.le font
en Europe.
La Hongrie en Europe eft un grand pays d’Europe
fur le Danube: foit que les Hongrois foient defeen-
dans des Huns , foit qu’ils n’ayent rien de commun
avec eux que de leur avoir luccéde, non contens
des terres qu’ils poffédoient à l’orient du Danube ,
ils le pafferent ôc s’établirent dans les deux Panno-
nies. ..p.
La monarchie hongroife comprenoit au commencement
du xjv. fiecle la Hongrie propre, la T ranfyl-
vanie, la Moldavie, la Valaquie, la Croatie , la
Bofnie, la Dalmatie ôc la Servie ; mais les progrès
qu’elle fit en accroiffement dans ces tems-là , ref-
fembloient à ceux de la mer qui quelquefois s’enfle,
& fort de fon lit pour y rentrer bientôt après. Les
fuccès des armes ottomanes ont prodigieulèment diminué
cette mooarçhie * des provinces entières
s’en font détachées , quoique, par le traité de paix
de Paffarowitz , l’empereur ait recouvré quelque
partie de la Valaquie , de la Bulgarie, de la Servie,
de la Bofnie & de la Croatie.
Le royaume à?Hongrie en Europe eft de nos jours
d’environ zoo lieues de long fur 100 de large ; il eft
borné au N. par la Pologne, O. par l’Allemagne,
E. Ôc S. par la Turquie européenne ; il renferme la
Hongrie propre, la Tranfylvanie Ôc I’Efclavonie.
La Hongrie fe divife en haute & baffe ; la haute 1
haute contient Z4 comtés , 1a baffe 14, & l ’Efclavo-
nie 7. Les principales rivières font le D anube, la !
S a v e , la Drave , la Teiffe, le Maros , le Raab , le V a a g , le Graan & la Zarwife ; elles font fort poif- j
fonneufes, mais Ieurs eaux, à l’exception de celles
du Danube , ne paffent pas pour être faines ; les
plus hautes montagnes font les monts Krapack, vers
la Pologne & la Tranfylvanie.
Le pays abonde en tout ce qui eft néceffaire ou
agréable à la vie , les pâturages y font excellens
jpour la nourriture des chevaux & des bêtes à corne ;
le vin y eft admirable , & le gibier très-commun ;
il y a des fontaines minérales, des mines d’o r , d’argent
, de cuivre, de fer, de plomb & de mercure :
la religion catholique y eft la religion dominante ;
mais les proteftans en grand nombre y font tolérés.
Il y a dans la Hongrie deux archevêchés ; Grate
ou Strigonie, dont l’archevêque eft primat du royaum
e , & Colocza. On y compte feize évêchés, dont
iix font fuffragans de Strigonie.
La langue hongroife eft un diale&e de l’efcla-
.vonne , & par conféquent elle a quelque rapport
avec les langues de Boheme, de Pologne & de Ruf-
fie. La langue latine eft auffi familière aux Hongrois.
Enfin la domination impériale a rendu la langue allemande
néceffaire à ce peuple ; c’eft même une chofe
remarquable, que prefque toutes les villes de Hon- \
grie ont deux noms, l’un Hongrois, l’autre Allemand ;
ce que ne doivent pas ignorer les étrangers qui fe
mêlent de faire des cartes géographiques de ce pays-
là. Long. 2ft-t.4y. latit. 46— 4 C).
Plufieurs écrivains ont publié l’hiftoire intéref-
Æante du gouvernement, des rois & des révolutions
de la Hongrie ; nous y renvoyons les leétèurs ; nous
«îous bornerons ici à quelques faits généraux, que
«îous crayonnerons d’après un grand maître.
La Hongrie fe gouvernoit autrefois comme la Pologne
fe gouverne encore ; elle élifoit fes rois dans
fes dietes ; le palatin de Hongrie avoit la mêfhe autorité
que le primat polonois , & de plus il étoit
juge entre le roi & la nation. Telle avoit été la
4>uiffance ou le droit du palatin de l’empire, du
maire du palais de France , du jufticier d’Arragon ;
dans toutes les monarchies l’autorité des rois commença
toûjours par être balancée.
Les nobles avoient les mêmes privilèges qu’en
Pologne, j ’entends d’être impunis, & de difpofer de
leurs fe'rfs. La populace étoit efclave, & l’eft encore
; la force de l’etat étoit dans la cavalerie com-
jpofée de nobles & de leurs fuivans ; l’infanterie étoit
un amas de payfans fans ordre, qui combattoient
dans le tems qui fuit les femailles jufqu’à celui de la
moiffon.
On fait que ce fut vers l’an 1000, que la Hongrie
teçut le chriftianifme ; le chef des Hongrois, Etienne
qui vouloit être ro i, fe fervit de la force & de la
religion. Le pape Silveftre II. ou fon fucceffeur, il
» ’importe guère, le gratifia du titre de roi, & même
de roi apoftolique. C ’eft pour avoir donné ce titre
dans une bulle, que les papes prétendirent exiger
des tributs de la Hongrie , & c’eft en vertu de ce
mot apoflohque que les rois de Hongrie prétendirent
donner tous les bénéfices du royaume. On voit
gu il y a des préjugés par lefquels les rois & les na-
■
lions fe gouvernent. Le chef d’une nation guer-
nere n’avou ofé. prendre le titre de roi fans la per-
million du pape. r
Dans le meme tems. les empereurs regardoient
la Hongrie compte un fief de l’empire., parce que
Conrad le Salique ayo« reçu un hommage & un
rrtbut du rot Pierre, qui monta fur le trône en 103 8.
Les papes de leur côté foûtenoient qu’i|s dévoient
donner cette couronne, parce qu’ils avoient les
premiers appellé du nom- de ro i, le chef de la na.
tionfongroife En n q o , l’empereur Rodolphe de
Hapsbourg donna l’mveRure de la Hongrie à fon
fils Albert d Autriche, comme s’il eût donné un de
fes fiefs ordinaires ; mats, en 1308, le pape Boni-
face VIII. donna ce royaume au prince Carobert,
nis de Charles Martel, foûtenu de fon parti ôc de
Ion epee. La Hongrie fous lui devint plus puiffante
que les empereurs , qui la regardoient comme un
bet ; Carobert réunit à fes états la Dalmatie, la
Croatie, la Servie, la Tranfylvanie, la Moldavie ,
provinces qui furent démembrées du royaume dans
la luite des tems.
L f fils de Cafobert, nommé lou is , accrut encore
la pumance de fon royaume ; il s’acquit une vraie
glotre , car il fut jufle & fit de fages lois. Ce prince
culüvoit la Géométrie & l’Aflronomie ; il proté-
geoit les autres arts: c’eft à cet efpritphilofophique
9 ra,re rs I faut attribuer l’abolition que lui
dut la Hongrie, des épreuves fuperftitieufes du fer
ardent & de 1 eau bouillante ; fiiperftitions d’autant
plus accréditées que les peuples étoient plus greffiers.
Un roi qui connoiffoit la faine raifon, étoit un
prodige dans ces climats : la valeur de Louis fut
égalé à fe? autres qualités ; fes fpjets le chérirent,
les etrangers I admirèrent ; les Polonois, fur la fin
de fa v ie , l’élurent pour .leur roi en 13.7.0, Il régna
heureufement 40 ans en Hongrie , & 1 z ans en Po-
: logne ; les peuples lui donnèrent le nom de Grand,
dont il étoit digne ; cependant il eft prefque ignoré
5nJ^uroPe > *Àn avoitpas régné fur des hommes qui
fuffent tranfinèttre fa gloire aux nations.
Il étoit fi aimé , qu après fa mort les Hongrois
durent en 13 8 z fa fille Marie, qui n’étoit pas encore-
nubile, & l’appellerent Marie-Roi, titre qu’ils ont
renouvellé de nos jours pour la fille du dernier empereur
de la maifon d’Autriche, Sigifmond époufa
Marie , fut à-Ia-fois empereur, roi de Boheme &
d’Hongrie ; mais en Hongrie , il fht battu par les
T u rc s, êe mis une fois en prifon par fes fujets révoltés
; en Boheme, il fut prefque toujours en guerre
contre les Huflites ; ôc dans l’empire , fon autorité
fut fans ceffe contre-balancée par les privilèges des
princes & des villes.
En 1438 , Albert d’Autriche , gendre d.e Sigifmond
, devint le premier prince de la maifon d’Autriche
, qui régna fur la Hongrie ; .mais, .quoique fon
régné ait été fort court, il fut la fource des divifions
inteftines , qui, jointes aux irruptions des Turcs
dépeuplèrent la Hongrie & en firent une des mal*
heufeufes contrées de la terre. La guerre civile
entre 1« peuples & les nobles qui. fifiv it les s
des Ladiflas & des Corvrns, affoiblit encore prodi-
gieufement ce royaume , il ne le trouva plus en
état de refifter aux Turcs ; f armée hongroife fut
entièrement détruite par celle de Soliman, à la cé-
lebre journée de Mokaîs en i çzfS. Leur roi Louis II.
dit le jeune, beau-frere de Charles V. y fut tué, &
Soliman vainqueur , parcourut tout ce royaume
defolé, dont al emmena plus de deux cens mille
captifs.
» En v a in , dit M. de Voltaire, la nature a placé
»dans ce pays des mines d’or & d’argent, ôc les
»vrais trefors des blés ôc des vins ; en vain elle y
* W * des hôrajoes robuftçs, bien faits { fpirituels I