Prefque toute la côte méridionale eft bornée par
une chaîne de montagnes, qui enferme une vafte
région prefque inaccelfible ; c’eft entre cette chaîne
8c la mer, que fe trouve le pays deKadoevang, qui
cft fournis à l’empereur ; mais cet empereur même
ne régné que par la proreâion que lui donne la compagnie
; à plus forte raifon peut-elle compter fur les
vaffaux de cet empereur. De plus elle ne doit rien
craindre des peuples qui font entre la mer 8c les
montagnes au midi de l’île ; en un mot, elle a par
tout la fupériorité territoriale, 8c finalement ce qui
lui affure la poffelfion de la grande Java, c’eft la
conquête qu’elle a fait de l’île de Madura, qui lui
eft affurée par un traité conclu en 17 15 , 8c exécuté
jufqu’à ce jour.
L’île de Java en renferme plùfieurs autres ; elle
cft traverfée par diverfes grandes montagnes, &
coupée par quantité de rivières ; elle produit beaucoup
de riz ; on y recueille du poivre, du gingembre
, des oignons, de l’ail ; elle abonde en fruits,
cocos, mangues,citrons, concombres, citrouilles,
bananes, pommes d’o r , &c. On n’y manque ni de
drogues, ni de gommes, ni d’épiceries ; on y a trgs-
abondamment des bêtes domeftiques & fauvagcs ,
des boeufs, des vaches, des brebis, des chevres, &
même des chevaux ; la volaille, les paons, les pigeons
, les perroquets y multiplient à fouhait.
Les lieux inhabités font peuplés de tigres, de ri-
nocéros, de cerfs, de bufles, de fangliers, de fouines
, de chats fauvages, de civettes, de ferpens ; 8c
les rivières ont des crocodiles très-dangereux pour
ceux qui s’y baignent, ou qui fe promènent fur le
rivage fans précaution. Quelques montagnes de l’île
font des volcans, qui jettent bien loin des cendres ,
des flammes, & de la fumée.
La religion des Javans eft la mahométane, que
leur a porté un arabe, dont le tombeau eft en grande
vénération dans le pays. Lés Européens y profeflent j
comme en Hollande, la religion réformée : Valentin
qui a féjourné long-tems dans cette île , en a publié
en hollandois la defcription la plus exafte, mais
trop diffufe, & compilée fans ordre ; l’article qu’en
a donné M. de la Martiniere, ne laiffe rien à délirer.
La grande île de Java gît ès-quart de fud-eft, près
de l’île de Sumatra, entre le 113 & le 134 d de Long.
& entre le fixieme d de lat. fud pour fa partie la plus
feptentrionale, 8c 8 d. 30 pour fa partie la plus
méridionale.
La petite Java s’appelle autrement Vile de Ba li,
& eft fituée à TE. de l ’île de Java; elle n’a que
douze iieues d’Allemagne de circuit : on remarque
au fud de cette île un grand cap très-haut.
Le cap du nord gît par les 8 d. 30'. de Lat. fud ;
l’île de Bali eft très-peuplée ; fes habitans font idolâtres
, noirs, & ont des cheveux crépus ; le pays
abonde en coton, en riz , en gros & menu bétail,
& en chevaux de la plus petite race ; les fruits les
plus communs, font des noix de coco, des oranges,
& des citrons, dont on voit des lieux incultes & des
bois tous remplis ; la mer y eft des glus poiffonneu-
fes ; le prince de Bali exerce fur fes fiijets un empire
abfolu ; fon île eft une rade commune pour les vaif-
feaux qui vont aux îles Moluques, à Banda, Amboi-
n e , Macaffar, Timor, 8c Solor ; ils viennent tous
relâcher ici pour y prendre des rafraîchiffemens, à
caufe de l’abondance & du bon marché des denrées ;
la ville capitale de l’île porte aufîi le nom de Bali.
{P>. J - ) W Ê Ê Ê
JAVARIS, f. m. ( Hifi. nat. Zoologie.) animal
quadrupède affez femblable au fanglier, qui fe trouve
dans quelques parties de l’Amérique ; fes oreilles
font très-courtes, & il n’a prefque point de queue ;
fon nombril eft fur le dos ; il y a de ces animaux qui
font tout noirs ; d’autres font mouchetés de blanc ;
ils ont un cri plus defagréable que celui du cochon ;
leur chair eft afl'ez bonne à manger ; ils font difficiles
à prendre, parce que, dit-on, ils ont fur le dos une
ouverture par où l’air entre 8c rafraîchit leur poumon
, ce qui fait qu’ils peuvent courir long-tems
fans fe fatiguer ; d’ailleurs ils font armés de fortes
dents ou défenfes.
JA VA R T , f. m. ( Marcchallent. ) c’eft une petite
tumeur qui fe réfoud en apoftume au bourbillon,
& fe forme au paturon fous le boulet, 8c quelquefois
fous la corne : le javart nerveux eft celui qui
vient fur le nerf, & javart encorné, celui qui vient
fous la corne. Il faut defloler le plus fouv.entun cheval
qui a un javart encorné, 8c lui couper le tendon.
Voyei D ES S O LER. Diclionn. de Trévoux.
JAVEAU, f. m. ( Jurifprud. ) terme ufité en matière
d’eaux 8c forêts , pour exprimer une île nouvellement
formée au milieu d’une riviere par allu-
vion ou amas de limon 8c de fable. Voyt{ l'ordonnance
des eaux & forêts, lie, I. art. jv . { A )
JAVELINE, f. f. ( Art milit. ) on appelloit ainfî
une efpece de demi-pique dont les anciens fe fer-
voient. Elle avoit cinq piés & demi de long, 8c
fon fer avoit trois faces aboutiffantes en pointe ; on
s’en fervoit à pié 8c à cheval : cette arme eft encore
en ufage parmi les cavaliers arabes, ceux du royaume
de Fez 8c de Maroc. Elle a environ huit piés de
longueur ; le bois va un peu en diminuant depuis le
milieu jufqu’au talon, où il y a une efpece de rebord
de plomb ou de cu ivre, du poids d’une demi-livre ;
la lance d’un grand pié de long très-aiguë & très-
' tranchante, de deux pouces ou environ dans fa plus
grande largeur, avec une petite banderolle fous le
fer. Les Maures fe fervent de cette javeline avec-
une adreffe furprenante ; ils la tiennent à la main
par les bouts des doigts & en équilibre; 8c le poids
qui eft à l’extrémité du talon fait que le côté du fer
eft toujours plus long que vers le talon ; ce qui fert
à faire porter le coup plus loin.
M. le chevalier de Folard prétend qu’on ne peut
rien imaginer de plus redoutable que cette arme
pour la cavalerie. Le moyen, dit-il, d’aborder un
efcadron armé de la forte, qui au premier choc jette
tin premier rang par terre, 8c en fait autant du fe-.
cond , li celui-ci veut tenter l’avanture, chaque cavalier
étant comme alluré de ‘tuer fon homme ; car.
il porte fon coup de toute la longueur de fon arme
en le levant droit fur les étriers. Il fe baille & il s’étend
jufques fur le cou de fon cheval, & porte fon,
coup avec tant de force & de roideur, qu’il perce
un homme d’outre en outre, avant qu’il ait eu le
tems de l’approcher, 8c il fe releve avec la même
légèreté 8c la même vigueur pour redoubler encore«
Le lancier n’avoit qu’un coup à donner, & ce coup
n’étoit jamais fans remede, l’ennemi pouvant l ’éviter
en s’ouvrant ; mais rien ne fauroit rélifter contre
la lance des Maures, qui charge par coups redou~
blés , comme l’on feroit avec une épée. Comment«
par Polybe, par M. le chevalier Folard.
* JAVELLE , f. f. ( Ecqn. rujliq. ) c ’eft la quantité
de blé, d’avoine, de feigle, ou d’un autre grain
qui fe moiffonne, que le moiflonneur peut embraffer
avec fa faucille 8c couper d’une feule fois : ’on ra-
maffe les javelles, 8c l’on en forme des gerbes.
Gn appelle avoines javelles , celles dont le grain
eft devenu noir 8c pefant par la pluie qui les a mouillées
en javelles. De javelle, on a fait le verbe javel-
lcr : javeller, c’eft mettre le grain en javelle, pour
le faire fécher ; il faut laiffer javeller le blé pendant
trois ou quatre jours : dans les faifons pluyieufes
le blé eft plus long-tems à javeller.
JAVELOT,
J. JAVELOT , f. ni. jaculus , acomias, ferpens, fa-
gittaris t {H’ft- nac'') ce ferPent a été ainfi nommé ,
parce qu’étant monté fur les arbres, il s’élance de
branche en branche > & même d’un arbre à l’autre,
& qu’il tombe comme un trait fur les animaux &
■ même fur les hommes qui font aux alentours ; il eft
li prompt qu’on l’a aufli appellé ferpent volant i on dit
■ qu’il fe porte d’un feul faut à la diftance de vingt coudées
; on.lui a aufli donné le nom de cenckrias, afpis-
acontias, & c . Il y a différentes efpeces d'acontias ;
Bellon en trouva un dans l’île de Rhode qui avoit
trois palmes de longueur, il n’étoit pas plus gros que
le petit doigt ; fa couleur étoit cendrée, tirant fur le
blanc de lait ; il avoit le ventre tout blanc & le cou
noir j deux bandés noires s’étendoient fur toute la
longueur du dos jufqu’à la queue ; il étoit parfemé
de taches noires pas plus grandes que des lentilles,
8c entourées d’un cercle blanc. On trouve des ferpens
acontias en Afrique, en Egypte, en Norvège,
8c dans quelques îles de la Méditerranée. Mathiole a
dit qu’il y en avoit en Sicile & en Calabre, mais on
en doute, il faudrait favoir li le ferpent que les habitans
de ces pays appellent faettone eft un acontias ;
on prétend que ces lèrpéns ont un venin qui produit
des effets plus violens que le venin de la vipere. Bellon,
Aldrovande, Jonfton. Voyt{Se r pe n t .
Ja v e l o t , ( Art milit.') efpece de dard, dont fe
fervoient les anciens, & particulièrement les véiites
ou troupes légères des Romains. Il avoit pour l’ordinaire
deux coudées de long 8c un doigt de grofi-
feur. La pointe étoit longue d’une grande palme, &
fi amenuifée, dit Polybe , qu’au premier coup elle
fe fauffoit, ce qui empêchoit les ennemis de la renvoyer.
Ja v e lo t , {Art milit.) efpece de petite pique qui
s’élançoit fans le fecours de l’a r c , c’eft-à-dire par
la force feule du bras. Le javelot étoit plus court
que la javeline ou demi-pique, dont les anciens fe
fervoient tant à pié qu’à cheval. Voye^ Armes des
R o m a in s.
Ja v e lo t , ( Gymnafl. athlétiq.) efpece de dard
que l’on lançoit contre un but dans les jeux agonifli-
ques, & celui qui le lançoit le plus près du but étoit I
vittorieux à cet égard. Le javelot dont fe fervoient
les Pentathles , le nommoit et^oroptv;& 1 chez les Grecs, exercice s’appelloit ukovtiov ; c’étoit un des cinq-
qui compofôient le pentathle , fuivant l’opinion la
plus commune ; les quatre autres étoient la courfe,
le faut, le difque & la lutte. Dans la fuite des tems,
on y admit le pugilat, en retenant néanmoins le
nom depentathle confacré par un long ufage. Voyez P e n t a t h l e . {D . J . )
J AVER, ( Géog. ) ville d’A llemagne, capitale d’une
province conlidérable de même nom, dans la baffe
Silelie, avec une citadelle 8c une grande place environnée
de portiques ; elle eft à 5 lieues S. E. de
Schweidnitz, 12 S.O.deBreflaw, 35 N. E. de Prague.
Long. 3 4. f . lat. 60. SC. (D . J .)
* JAUFFNDEIGRA , f. m. {Hiß. ) nom du troi-
fieme mois des Iflandois, il répond à notre Mars •
c’eft le mois de l’équinoxe du printems. Jaujfndeigra
nuinudar fignifie mois cquinocliaL
JAUGE, f. f. {Gram. & A rt.) c’eft en général un
inftrument dont on fe fert pour connoître la quantité
de quelque qualité phyfique , telle que la longueur
, la largeur , la profondeur, le nombre , la
confiftence, &c. d’où l’on voit qu’il doit y avoir un
grand nombre de jauges. Il y a
La jauge a déterminer la capacité des vaiffeaux,
celle qui donne le nombre de pintes , de pouces
^’•C' tlu u n muid contient de liquide. Voyt[ fa
conftruâion & fon ufage au mot Ja u g e . On dit la
ligne de jauge ; c’eft le trait marqué fur le bâton ou
la verge de jauge. VoyCi le même article.
Tome V I I I .
Ja u g e facile pour les vaiffeaux envuidange)
tels que tonneaux , feuillettes , &c. Pour commencer
l’opération , il faut avoir j indépendamment du
modèle qu’On voit Planche de Matliématique, Une
verge de fer ou'de bois fur laquelle les poucesfoient
marqués. Cette verge fert à mettre dans la pièce
dont on veut favoir combien il y a de * pots débités.
Pour prendre la hauteur de pouces, non-compris l’é-
paifleur du bois à la bonde , que la piece-n de diamètre
^ en laiffant tomber perpendiculairement par
.e bondOn cette verge dans la piece jufque an fond ;
; cette verge fert en même tems à voir combien ilfefte
de polîtes marquant mouillant dans ia pièce.
^ Cela pofé & bien compris, il faut préientement
tacher d e s’expliquer plus clairement fur l’ufage aue
l’on fait du triangle de jauge. Voy e^\zs figurés ^ L *
Avant que d’aller plus avant, il faut lavoir que
les lignes tranfverfales du triangle ne font d’aucun
autre ufage que pour conduire, l’échellç des pouces
toujours lur une ligne droite & égale, n’y ay ant que
les lignes diamétrales de hauten bas du triangle en
le plaçant en forme d’equerre-, qui comptent; je
dis, en le plaçant en forme d'équerre pour faire'
comprendre ce que j ’eutends par lignes diamétrales
; c a r , pour opérer, le triangle doit être couché,
a-plat, le plus grand côté en-haut.
Je fuppofe à préfent une piece marquée de la coti-f
tinence de 186 pots, telle mefure que l’on voudra;
qui a 15 pouces de diamètre à la bonde non-compris'
1 epaiffeur du bois à ladite bonde ; reftentà 8 pouces
marquansmouillans. Il faut trouver combien ccs
8 pouces forment de pots reftans dans la piece.
Pour y parvenir , on cherche fur l’échelle des
pouces (qui eft la même que cette réglé de papief
divifée en trente-deux parties égales) le nombre 25,
qui eft la quantité de pouces, que la piece a de dia-^
métré à-fa Inonde ; je mets ce nombre 25; paralelle-
ment du côté vis-à-vis fa première ligne du triang
le , & de 1 autre côté qui eft le nombre premier de
cette échelle des pouces, vis-à-^vis la dernière ligne
du triangle qui eft le nombre 100. Lorfqueje fuis
parvenu à rendre cès deux nombres de poueds juf-
tes ; favoir j le nombre 25 vis-à-vis la première ligne,
8c le nombre premier vis-à-vis la derniereligne
du triangle, je vois combien de lignes fur le triangle
me donne le nombre 8 de mon échelle des pouces $
lequel nombre 8 eftles 8 pouces reftant mouillant
dans la piece. Je trouve qu’il me donne 16 lignes fur
le triangle , pour-lots je multiplie la continende de
ma piece qui eft de 186 pots ; par cette quantité de
lignes que donne le triangle, c elb-à-direpar 26. La
multiplication faite, j’en retranche les deux dernières
figures. Les deux premières figures font là quantité
de pots reliante dans la piece , & les deux dernières
retranchées font autant de centaines parties
4’un pot en fus des entiers.
Exemple. La piece contient 186 Pottelle
relie à huit pouces marquant mouillant
de liqueurs , lefquels 8 pouces me
donnent fur le triangle 2.6 v'£nes-
Multiplication
les deux dernieres figures retranchées de
l’addition, relie 48 pots 6e pots. 48j36
100
Preuve. La piece ayant 1$ pouces de diamètre à
la bonde, 8c ne reliant qu’à 8 pouces mouillant, il
y a 17 pouces vuides.
Je pofe l’échelle de pouces, comme ci-deffus, fur
* Le pot ou le lot contient à-peu-pFès deux bouteilles ou
pintes de Paris. Ooo