
quittent point leurs fleurs 6c leur verdure. Il y pleut
beaucoup tout le long de l ’année, 6c fouvent comme
fi l’on jettoit l’eau par un crible. On y trouve, quantité
d’huitres, & quelquefois des perles dans quel- ;
ques-unes. Ces huîtres croiffent fur des rochers à 4 ,
ç ou 6 braffes d’eau, attachées par de petites racines
comme les moules ; le dedans delà coquille eft plus
brillant que la perle même : Dampier dit que c eu
le feul endroit de la mer du Sud oîiil en ait vu. (D .J -) .
Isle-Jourdain , 1’ (Géogî) Cajlellum îclium ; petite
ville de France dans le bas-Armagnac avec titre
de comté. M. l’abbé de Longuerue n’a pas dédaigne
d’en faire l’hiftoire dans fa defcnption de la France ,
tom. I. pag. i$)7’ Long. 18. 46. lat. 43 .40. ( D .J .) Isle-Lo n g u e , (Géog. ) île de l’Amérique fep-
tentrionale fur la côte de la nouvelle Yorck. Elle
s’étend de l’oueft à l’eft, a environ cent mille de
tour & en plufieurs endroits huit à quatorze mille
de large. Son terroir eft excellent, 6c habite d’un
bout à l’autre; elle appartient aux Anglois, & l’on
y voit au printems les bois & le s champs fi garnis de
rofes 6c d’ autres fleurs, qu’ils égalent plufieurs jardins
d’Angleterre. ( D . J . ) . Isle de Jean Mayen , ( Géog. ) île de 1 Océan
feptentrional, au nord des îles de Féro-, au levant
du Groenland , vers le 71 deg. de lat. & le 13 de
long. Elle fut découverte en 1614 par Janfz Mayen ;
on la reconnoît par une haute montagne que l’on
voit de loin. ( D . J . ) Isles-nouvelles , {Géog.') on a donné ce nom
à des terres fituées par les 51 à 51 deg. de lat. méridionale,
environ 50 à 55 au nord-nord-eft du détroit
de. le Maire. On n’ a commencé à en avoir des
connoiffances certaines qu’en 1707 & 1708 par le
capitaine Poré de faint Malo ; il parcourut deux fois
cetre cô te, & trouva qu’elle pouvoit avoir 50 lieues ,
eft-fud-eft, 6c oueft-nord-oueft ; il eft à préfumer
que ce font les mêmes que le chevalier Richard
Hawkins découvrit en 1693 , étant à l’eft de la côte
déferte ou des Patagons, vers les 50 deg. de lat. méridionale
; j l fut jetté par une tempête fur une terre
inconnue , & courut le long de ces côtes environ 60
lieues. Ilparoît d’un autre côté que ces terres nouvelles
ne font pas les îles Sébaldes rangées en triangle
, & qui font féparées des îles nouvelles ou îles Ma-
lonines , comme M. de Lifle les nomme , au moins
de 7 à 8 lieues. Voyez fur les îles nouvelles la carte
de l’extrémité de l’Amériqueréduitepar M. Frezier ;
p.2.63 de fort voyage èt la mer du Sud. { D .J . )
Isle des Pins , ( Géog. ) île de l’Amérique fep-
tentrionale , au midi de Cuba, dont elle eft féparée
par un canal de 3 à 4 lieues de largeur , par le 295
deg. de longit. Vile des Pins n’a que 10 ou 12 lieues
de long , avec une haute montagne au -milieu gar*-
nie d’arbres, dont la plupart font inconnus-en Europe.
Les collines font couvertes de forêts de pins
hauts , droits, & affez gros pour fervir de grands
mâts à de petits bâtimens. On y trouve en quelques
endroits des tortues de terre & des cancres blancs &
noirs ; les alligadors & les crocodiles rodent beau*
coup autour de cette île. {D .J . ) f ' ' Isles Pisc ADO RE S , ou îles des Pêcheurs , (Géog.)
ce font plufieurs grandes îles défertes , fituées près
de Formofa, entre cette île & la Chine, à 23 deg.
ou environ de lat. feptentrionale, & prefque à la même
hauteur que le tropique du cancer. ( D.. J. ) ■ Isle de Q uelpaerts , ( Géog.) autrement apr
pellée F.ungma ; c’eft une île de la mer de Corée, au
midi de cetté péninfule , & placée par lés Hollan-
doisqui y firent naufrage en 1653 ,.par les 33 deg.
32 min. de lat. nord, 6c par M. Bellin entre les 153
& 1 5 4 de long, les mêmes Hollandois lui donnent
15 lieues- de circuit. ( D . J . ) cup-j :.- '-.ji Isle de R ésolution , { Géog. ) île de l’Amérir
qite feptehtrioriale, au 62. 33 4e variation nord-
oueft ; fa grandeur peut être de huit lieues eft 6c
oueft ; elle forme l’embouchure du détroit de Hud-
fon avec les îles Boutonnes. Les côtes de cette île ,
ainfi que celles de tout le détroit, font à pic 6c d’une
élévation prodigieufe. ( D .J . ) . ••
Isle-r o y a l e , {Géog.) autrefois nommée île die
Cap-Breton ; c’eft une île de l’Amérique feptentrionale
que la France poffede à l’entrée du golphe de;
S. Laurent, à 15 lieues de Terre-neuve, & féparée
de l’Acadie par un détroit d’une lieue de large ; elle
reffemble à un fer à cheval éerafé, & peut avoir 80
lieues de tour. Son terroir eft par-tout entrecoupé de
lacs ; on y trouve plufieurs bons ports. Elle eft d’un
grand avantage à caufe de la pêche de la morue cjui
le fait fur fes côtes ; Louisbourg, petite ville bâtie
fur une langue de terre qui forme un bon port fortifié
, en eft le chef-lieu. { D . J . )
Isles du V ent , ( Géog. ) les îles du vent nommées
par les Efpagnols îles Balovento , & connues
fous le nom d?Antilles, d'îles Caraïbes ou Cannibales4
ÔC Camercanes, font fituées dans l’Océan- près du-
golphe de la Trinité efpagnolof, s’étendant, en forme
d’arc depuis le-onzième degré de latitude au nord de
l’équateur, jufqu’au dix-neuvieme degre dans 1 eft-
nord-eft de faint Jean de Portorico ; leur longitude
étant eftimée 63 deg. 18 min. 45 fec. a l’occident
du méridien de Paris.
Lors de la découverte de ces îles par Chriftophe,
Colomb en 1492, elles étoient occupées par les Caraïbes
, qui depuis furent contraints de les abandonner
aux différentes nations qui les pofledent aujourd’hui
; ces fauyages fe retirèrent dans les îles de faint
Vincent & de la Dominique, où jufqu’à préfent ils
ont vécu en liberté.
Les François font maîtres des îles de Tabago, de
la Grenade 6c des Grenadins , de fainte Lucie , de
la Martinique , des Saintes de Marie Galande, de
la D efirade, des deux parties de la Guadeloupe , de
17/« de faint Barthélémy, de la moitié de faint Martin
6c de quelques autres petites îles. ^
Antigoa , Nieves, Montferrat, faint Chriftophe,'
la Barbade, la Barboude, la Redbnde 6c l’Anguille
j appartiennent aux Anglois. ^ \
Saint Euftache , partie de faint Martin & Saba
font fous la domination des Hollandois.
Les Danois fe font établis dans les îles de faint
Thomas , de faint Jean & de fainte-croix ; & leÿ
Efpagnols ont des prétentions fur une partie des
îles nommées les Vierges. ^
Les îles du vent étant expofées aux exceffives chaleurs
de la zone torride feroient inhabitables 9/ fi
deux fois le jour l’air n’étoit rafraîchi par des vents
d’eft qui régnent conftamment dans ce climat, excepté
depuis la fin de Juillet jufqu’au quinze du mois d’Oc-
tobre, tems auquel l’air eft fujet à de grandes variations
qui produifent fouvent d’horribles tempetes
nommées ouragans. Cette faifon qu’on appelle hivernage
fe termine ordinairement par des pluies abondantes
, auxquelles fuccedent dans plufieurs cantons
des fievres 6c des maladies opiniâtres.
Outre ces incommodités, les Antilles font fujettes
à de fréqueris tremblemens de terre. Cela n’eft point
furprenant, fi l’on confidere la nature du terrein formé
de très-hautes montagnes entrecoupées de vallons1,
de ravines 6c defalaifes efearpées, où l’on ap-
perçoit les couches de terre, de pierres & dé fable ;
le plus fou vent confondues & fans ordre, renfermant
à des profondeurs inégales plufieurs fortes de minéraux
, parmi lefquels on trouve une grande abondant
CC La quantité de foufre naturellement fublimé au
fommet des plus hautes montagnes & dans quelques
vallons, les laves, les eaux thermales, 6c les nom;
bfeux amas de pierres ponce, prouvent évidemment
,1’exiftence des volcans dont le pays eft intérieurement
dévoré.
Malgré Ces dangers les îles font extrêmement peuplées
& très-bien cultivées. Les habitans y joüilfent
entr’autres avantages du.plus beau ciel du monde ;
point d’hiver ni de frimats. Les montagnes en tout
tems font couvertes deverdure,& les valions arrofés
de rivières & de fources d’une eau pure qui eft très-
bonne dans beaucoup d’endroits. Les beftiaux y mub
tiplient à merveille ; la terre y produit des arbres d’une
enorme groflëur, dont le bois incorruptible s’emploie
aux ouvrages de charpente, de menuiferie &
de marqueterie; d’autres font propres à la teinture,
6c beaucoup portent d’excellens fruits. Lès bananes,
les patates , le magnoc & plufieurs autres racines ,
font la principale nourriture des habitans., qui re-
ceuiilent aufti beaucoup de riz & de maïs ; les plantes
tant potagères que médecinales naturelles au
pays , y font en abondance, & les exotiques s’y na-
turalilent parfaitement bien.
- Au®ollir des petites îles defertes, & dans les culs-
de-fac ou baies , la mer fournit 6c tortties & beaucoup
de bons poiflbns, dont les efpeces font inconnues
en Europe.
Les vaiffeaux qui font le commerce des Antilles
en rapportent beaucoup de fucre 6c de caffé, du coton
, delà caffe, du caret, du cacao, de l’indigo &
durocour. 0
Isles de dessous le v en t . Ce que l’on a dit au
lujet des îles du vent convient affez bien aux îles de
dejjous le vent. Celles-ci font beaucoup plus grandes
oc fituees à l’occident des premières , en fe rapprochant
du golfe du Mexique ; elles font au nombre de
quatre principales, dont Hifpaniola ou faint-Do-
mingiie fe trouve aujourd’hui partagée entre les
François & les Efpagnols ; ces derniers pofledent en
entier les îles de Cuba & de Portorico, & la Jamaïque
appartient aux Anglois.
O11 peut ranger au nombre des îles de dejjous le
ventxowx.es celles qui font fituées fur les côtes de Vé^
nezuela 6c de Ca rac, dont Vile de Curaçao occupée
par les Hollandois, eft une des plus renommée par
fon commerce avec les différentes nations qui fréquentent
ces parages, (M . L. R. )
> (Jardin. 6' Hydr. ) eft une langue de terre
çlevée dans l’eau & revêtue de murs ifolée de
tous côtés avec quelque puits qui y communiquent ;
les fontainiers en pratiquent au milieu des grandes:
pièces d’eau , ainfi que l’on en voit à Fontainebleau,
à Dampieres & autres lieux. ( K )
ISLEB, ( Geog. ) petite ville d’Allemagne dans le
cercle de la Haute Saxe, au comté de Mansfeld.
Long. 2C). ?.8.lat. 5 i. 46.
Islèb’ n’eft mémorable que pour avoir été le lieu de
la naiflance & de la mort de Luther ; je ne dirai rien
de fa v ie , M. Boffuet entre les Catholiques, Sec-
kendorf, Jean Muller, Chriftian Jtmcker & Bayle
entre les Réformés, vous en inftruiront complètement..
..
Mais M. de Voltaire va vous peindre, ou plutôt
je vais donner l’efquiffe du , tableau qu’il a fait*de
cette grande ré volution dans l’efprit& dans le fyftè-
me pplitique de l’Europe , : qui commença par un
moine auguftin.
« A peine eut-il pris 1,’habitdefon ordre à l’âge de
»22 ans , quefes lupérieurs;je chargèrent de prê-
» cher contre la marchandife .qu’ils n’avoient pu
»vendre. La querelle ne fut d’abord qu’entre les
» Auguftins & les Dominicains ; on ne préyoyoit
» pas qu’elle iroît jufqu’à détruire la religion romai-
» ne dans la moitié de l’Eut;ppè.
»Luther, après avoir décrie les indulgences, exa-
» mina le pou voir de celui q pilles donnoit aux Chréj
«tiensî t,tl coîrt du voile fut levé. Lesfleuples plu,
» éclairés-voulurent.-juger ce qu’ils avoient adoré i
»1 s requirent une reforme qui n’étoit pas poffible ;
»ilsXe leparerent- de 1 eglife. Ponr parvenir à cettl
»lciflion tl ne falloir qu’un prince qui la Ce-
-« coudât ; le vteux Frédéric élcfleur de Saxe • fur.
qui, à la mort dè
»Maximilien, eut le: courage de refitfer fembire •
»protégea Luther ouvertement. Cette révolution
» dans l eghfe eut un cours femblabieâ eelïespar qui
»Les peuples ont detroneLeurs fouverainsïïïjn pré.
» lenta des requêtes, on expofa des griefs ; on finit
»par renverfer le trône. Il n’y avoit point encore
» neanmoins de feparation marqttà , en fe moquant
» des;tndulgenees,,en demandantâcommunier avec
” , Pf“ ■ ,du Vln; en parlant intelligiblement ftif
» la jutîi icationuv fur le libre arbitre, en voulant
» abolir le monachifme; en offrant de prouver que
»1 Ecnture-fainte ne dit pasun mot du purgatoiïe ,
» Léon X . qui dans le fond méprifoit qfes chofes,
» fut obnge comme chef dePEglife, d’anathémati*
»LerSi Luther, & fes propofitions, Luther anathé-
» matife ne garda plus de mefure , il compofa Loti
»livre delucàptmudeSàk'kfic; ilexhortales prin»
» ces à fecouer le joug de Rome. On brûla fes livres,
» & Leon X , fulmina une nouvelle bulle contre lui
» Luther fit brûler la bulle du pape & les décrétales
b dansLapIaee publique de'Wittemberg, On voit par
» ce. trait fi c ’éttat un homme hardi ; mais on voit
» auffi qupLetpit déjà bien puiffant i dès-lors une
» partie de l’Allemagne fatiguée de là grandeur pon-
» tincale , embraffoit les intérêts du réformateur ,
» fans trop examiner lqs gpeftions de l-école qui fe
» multiplioient .tous les joùrSi n
» Les thèfes les plus vaines fe mêloient avec les
» plus profondes, tandis que les fauffes imputations
»les injures atroces, les anathèmes nourriffoient
» 1 anxmofité des deux partis. Les groffiertés du moi-
» ne auguftin , aujourd’hui fi dégoûtantes ne ré-
» voltoient point des efprits affez groflîers •’ Sc Llr-
» ther avec le ridicule d,’un ftyle bas, triomphoit
» dans ion pays de toute la politeffe romaine.
» Le théâtre de cette guerre de plume étoif chez
» les Allemans 6c chez les Suiffes, qu’on ne regar-
» doit pas alors pour les hommes de la terre les plus
» déliés, & qui paffent pour cireonfpefts. La cour
» de Rome favante & p olie, ne s’attendoit point que
» ceux qu elle traitoit de barbares pourroient, la bi-
» ble comme le fer à la main, lui ravir la moitié de
» l’Europe , & ébranler l’autre.
» Cependant Luther ayant pour ennemi fôn em-
» pereur,.le roi d’Angleterre., le pape, tous les évê-
» ques & tous les religieux, ne s’en étonna pas. Ca--
» che dans une fortereffe de Saxe, il brava l’empe-
» reur, irrita la moitié de l’Allemagne contre le fou-ï
» verain pontife ; répondit au roi d’Angleterre com-
I ^ e à fon égal, pofa, fortifia, étendit fon églife
» naiffante, & mourut le 18 Février 1 546, à 63 ans ,
» trois m ois, huit jours, regardé par fon parti com-
» me une illuftre réformateur de l’Eglife, 6c par les
» Catholiques romains comme un infigne héréfiar-
» que «.
Tes favans préfèrent les éditions qu’il a données
lui-fiiêmede fes oeuvres depuis 1517 jufqu’à fa mort,
à toutes les éditions poftérieures. (D . J . )
ISLEBIENS, f. m. pl. ( Théol. ) eft le nom que
1 on donna à ceux qui embrafferent les fentimens
d’un théologien luthérien de Saxe, appellé Jean
Agricola , natif d’Isleb „ diiciple & compatriote de
Martin Luther, avec lequel néanmoins il fe brouilla
pour les fentimens, parce qu’AgricoIa prenant trop
à la lettre quelques paroles de l’Apôtre faint Paul
touchant la loi judaïque , déclamoit contre la loi &