JA SSl, f. m. (Hijl. nat.') poiffon q ui, fuivant M.
'Gmelin Te trouve abondamment dans quelques rivières
de Sibérie; il dit que c’eft le même poiffon
que Gefner appelle rutilus ou rubellus.
JASSUS , ou JASUS, (Géog. «se.) ville d’Àfiê
'dans la Carie ; Polybe dit qu’elle étoit fituée fur la
-côte d’Afie , dans le golfe qui eïl terminé d’un côté
par le temple de Neptune Tur le territoire des Milé-
fiens, 6c de l’autre côté par la ville des Mindiens.
Tline en parle aufli deux fois, Vrv. IX . thap.viïj. La
^notice de ’Hiéroclès qui la met entre les villes épif-
•copales de la Ca rie, l’appelle ïcuras ; t:’ eft préfènte-
mnt Askem-Kaléfi. Vùyt{ Askem-K àLÉSI.
Chérille poëte g rec , éfoit natif de Jafe ; il fe rendit
célébré par fon poëme fur la viâo ire , que les
Athéniens remportèrent contre Xerxès ; 6c cet ouvrage
leur parut fi beau , qu’ils lui donnèrent une
pièce d’or pour chaque vers. C ’eft ainfi qu’Ottavie
-récompenfa Virgile, pour l’éloge de Marcellus qu’il
■ avôit placé avec tant d’art dans le V I . livre de l’Enéide.
Nous connoiffons cet éloge de la plumé du
cygne de Mantoue, 6c nous ne celions de l’admirer;
mais le tems nous a envié la piece de Chérille qui
lui fit tant d’honneur; il ne nous relie que quelques
courts fragmens des vers du poëte de Carie.
< D - J )
JASTlEN,adj. ( Mufique. ) ell en Mufique le nom
qu’Ariftoxene & Alypius donnent à ce m ode, que
ia plupart des autres auteurs appellent ionien, foye^
Modes. (>£)
JASWA-MOREWÀIA, ( Medecine. ) c’êll ainfi
que les Ruffiens nomment une maladie épidémique
fort contagieufe qui paroît être la pelle ; elle fe fait
fentir affez fréquemment en plufieurs endroits de la
Sibérie , & fur-tout dans la ville de T a ra , près des
bords de La riviere d’Irtifch, & chez les Calmou-
qués. Le mot ruflien morefiwie lignifie ptfle, & jaf-
Wa. lignifie bubon : cependant cette maladie diffère
de celle à qui nous donnons ce nom. Cette contagion
attaque tout le monde fans diftinâion d’âge ni
de fexe, les chevaux eux-mêmes n’en font point
exempts ; elle s’annonce par une tache blanche ou
rouge qui fe place fur une des parties du corps, &
au milieu de cette tache on dit qu’il y a fouvent un
petit point noir. Cette tache ou tumeur ell entièrement
dépourvue de fentiment ; elle ell dure & s’élève
un peu au-deffus du relie de la peau ; elle augmente
en peu de tems, 6c en quatre ou cinq jours
elle acquiert la groflèur du poing 6c a toujours la
même dureté & la même infenfibilité. Le malade
éprouve durant ce tems une grande laffitude, &une
foif extraordinaire ; il perd entièrement l’appétit,
ell toujours affoupi ; il lui prend des étourdiffemens
aufli-tôt qu’ il fe tient debout ; il fent un ferrement
confidérable de la poitrine ; enfin, il a de la difficulté
à refpirer ; fon haleine devient puante ; il pâlit
ou jaunit ; il éprouve de grandes douleurs intérieurement
; il fe retourne 6c change perpétuellement
de fituation, 6c la foif va toujours en augmentant.
Quand tous ces fymptomes font fuivis d’une fueur
abondante, c’ eft un ligne que la mort approche, 6c
les perfonnes robuftes périflènt ordinairement le dixième
ou onzième jour ; les plus délicates ne vont
pas fi loin. Ceux qui font attaqués de cette maladie
ne fe plaignent que de douleurs de tête tant qu’elle
dure ; on ne remarque aucun changement fur la langue
, aucune conftipation, ni rétention d’urine, 6c
la tête demeure faine jufqu’au dernier moment.
Aufli-tôt qu’un tartare apperçoit une de ces tachés
fur fon corps, il v a trouver un cofaque, qui
n’eft ordinairement qu’un médecin de beftiaux; il
arraché la tache avec fes dents jufqu’au fang, oii il
enfonce dans le milieu une aiguille 6c la tourne en-
déflous en tous fens-, 6c continué à la détacher ainfi
jufqu’à ce que le malade fente fon aiguille; après
quoi il achevé de l’arrachèr âvec les dents : il nrôU
che enfuite du tabac, 6c lé ïàupoudre d’ùn peu dé
fel ammoniac ; il appliqué ce mélange fur la plaie ^
oc recouvre le tout d’un emplâtïe, ou bien il fe contente
de la bander; il renouvelle le tabac & le fel
ammoniac toutes les vingt-quatre heures, jufqu’à
la guérifôn parfaite, qui le fait âu bout de deux j
cinq ,'ôu fept jours, fuivant le degré de dureté, 6c la
grahdeur de la taché ou du bubon : il n’y a pas lieu
ae craindre qtte lés autres parties du corps prennent
la contagion. Là partie affligée reprènd fà couleur
naturelle, & la plaie Te cicatrife. Le régime qu’on
fait obier ver aù'nfaladè cônfifte à le tenir dans un
endroit obfcur, a 1 empeCher de boire ; ou fi on le lui
permet, ce n’ell que du petit-lait aigri ; les autres
boiffons lui font interdites : on lui défend aufli les
fruits à filiques, 6c toute nourriture fujette à fermenter;
on lui permet lé pain trempé dans lé petit-lait,
du bouillon de poulèt, des raves ; mais toute viande
eïl regardée comme nuifible. On a remarqué que la
chair qui eïl au-deflous de là tache qu’on a enlevée .
eïl bleuâtre. ’
Cette maladie fe manifefie dans les chevaux à-
peu près par les mêmes fymptomés, excepté que la
tache ou le bubon font beaucoup plus confidérables ;
fouvent leur foif eïl fi ardente, qii’ils fe noyent dans
les rivières à force de boire. Quand ôn s’apperçoit
à tems qu’ils font attaqués de cette maladie, on ouvre
le bubon avec itn couteau, Ou bien on y enfoncé
jufqu’au v i f un fer rouge. Ce bubon fe forme fur
toutes les parties du corps du cheval, mais fur-tout
fur le poitrail, & fur les parties de la génération :
on laiflè manger très-peu l’animal durant la cure;
les vaches font moins fujettes à cette contagion que
les chevaux, & le s brebis encore moins que les vaches.
M. Gmelin, dont nous avons tiré le détail
qui précédé, obferve qu’on ne fe foüviënt point d’a-
Voir jamais éprouvé la vraie peïle en Sibérie, Foyer
Gmelin, voyage de Sibérie, Ce favant voyageur dit
avoir eu occafion de traiter Un homme du pays at-
raqué de la même maladie : la tache ou la tumeur
lui etoit venue au menton ; 6c comme après avoir
eu recours au remede ufité par les Cofaques, il négligea
de faire autre chofe ; M. Gmelin voyant qué
lé cas étoit preffant, eut recours au* remedes les
plus violens ; il commença par faire à la plaie des
ïcarifications profondes ; il arrêta le fang avec dé
l’eau de-vie, faute d’autre chofe; il répandit für la
plaie du précipité rouge, & mit par-deffus un emplâtre
émollient, pour exciter la fuppuration, & lui
fit prendre intérieurement en quatre prifes quatre
grains de mercure doux à trois heures de diftance :
de cette maniéré, il le tira d’affaire 6c fit difparoître
les fymptomes qui menaçoient fa vie. Gmelin,
voyage de Sibérie . tome 1V. de l'édition allemande.
( - ) I
IATRALIPTE, f. m. ( Gymn, milit. & medic. )
un iatralipte dansïa première lignification , étoit un
officier particulier du gymnafe, dont l’emploi fe bor-
noit à oindre les athlètes pour les exercices athlétiques
; on le nommoit autrement aliptés, alipte.
Enfuite le mot iatralipte, défigna un médecin , qui
traitoit les maladies par les friétions huileufes un
médecin oignant, icnpetxtiirrtfç, mot compofé de ia-
tpoçf médecin, & dteitpa ,/« oins j cette méthode de
traitement s’appella 'utrpaXumUn, iatroliptique. Ce
fut, au rapport de Pline, AV. X X IX . ch .j. Prodicus
natif de Sélymbria, & difciple d’Efculape , qui mit
ce genre de medecine en ufage.
On fait que dans le tems des Romains, l’application
des huiles, des Onguens, des parfums liquides
, dont on fe fervoit avant &• après le bain, oc-
cupoit uo grand penibre de perfonnes. Alors ceux
qui enfeignoient l’art d’admimïlrer ces onguens ou
ces huiles aux gens en fanté, fe firent à leur tour
appeller iatraliptes, 6c établirent fous eux en hommes
& en femmes, des manieurs ou manieufes de
jointures pour affouplir les membres, traclatores, 6c
traclatrices ; des dépileurs 6c des dépileufes, alipila-
rii 6c tonfirices; enfin, des perfonnes de l’un 6c dé
l’autre fe x e , pour oindre le corps des différentes
huiles, onguens, 6c parfums néceffaires, unctores,
& unclrices ; j’ai déjà dit quelque chofe de ces divers
offices, aumot G y m n a s t iq u e (médicinale. ) V
le. ( D . J . )
IATRIQUE , f. f. ( Med. ) îcetp/x», iatrice , medica;
c’eft une épithete du mot grec Ttuvn, ars, qui eïl
fous-entendu : enforte qu’elle eïl employée comme
fubïlantif, pour lignifier l ’art ou la fcience de la
Medecine.
C’eft dans le même fens, que le mot iecrfls eïl
fynonyme de medicus , médecin : ainfi on dit ïater,
archiater , poliater , chimiater , philiater , pour medicus
, protomedicus, medicus publicus, medicus chi-
micus, medicina Jludiofus , c’eft - à - dire, médecin ,
premier médecin, médecin praticien , médecin chimi-
Jle, étudiant en Medecine. Voye{ MEDECINE , MEDECIN.
Le terme grec U-rp/y.» eïl encore employé quelquefois
, pour fignifier un médicament, comme le
mot françois medecine a aufli deux acceptions : par
l’une il fignifie l ’art de guérir ; par l’autre, une purgation
ou un purgatif; puifqu’on dit prendre une
medecine, dans le même fens , que fe purger : Sc
même dans quelques provinces le peuple appelle'
toute forte de remede une medecine. V?yei P u r g a t
io n , P u r g a t if , Méd ic a m e n t , R em ed e. .
* JATTE; f. f. ( Art mèckaniq. ) vaiffeau rond ,
fait d’une piece de bois creufée au tour, qui fert à la
cuifine, à la vendange, & à une infinité d’autres
nfages dans le domeftique*& dans les atteliers.
Ja t t e , Ag a t h e , G a t t e , f. f. (Marine.) c’eftune
enceinte de planches mifes vers l’avantdu vaiffeau,
qui fervent à recevoir l’eau qui entre par les écu-
biers, lorfqû’eliè eïl pouffée par un coup de mer , ce
qui donne facilité de la vuider. Voye^ G a t t e .
( ZJa) t t e , ou Gir a n d o le po u r l’e a u , ( Artificier.
) l’artifice dont il s’agit, eïl femblable aux roues
de feu appellées girandoles, fi on le confidere feulement
par fon effet ; mais il en diffère en plufieurs
chofes dans la conftruftion.
i° . Dans fa*fituation qui eïl horifontale, au lieu
que les roues à feu font ordinairement pofées verticalement,
pour qu’elles foient mieux expofées à la
vûe.
2°. Leur révolution ne fe fait pas fur un eflieu fixe
, mais fur une bafe flotante fur l’eau.
3°. Son centre n’eft pas vuide de feu comme les
girandoles, mais rempli d’artifice.
4°. Ce qui tient lieu de roue n’eft qu’un plateau
de planche taillé en polygone, d’autant dé côtés
qu’on y veut mettre des fufées pour le faire tourner
plus, ou moins long-tems, ce qui en détermine
aufli le diamètre. Suppofons , par exemple, qu’on
veuille y employer huit fufées de la groflèur de celle
qu’on appelle de partement, le plateau aura quatorze
à quinze pouces de diamètre, on en creufera les
bords en cavet ou demi-canal d’environ un pouce
de diamètre, pour y attacher & arranger tout autour
les fufées volantes qui doivent lui donner le
mouvement, dans le même ordre & les mêmes précautions
que pour les girandoles, affujettiffant leurs
ligatures par des clous plantés dans le bois fur lef-
quels on fait paffer la ficelle.:
Le milieu du plateau pourra être percé d’un trou
affez grand pùur y faire entrer un pôt à-fett, ou quel-
qu’autre artifice, comme on voit à la figure.
Pour fupporîer cet o&ogone ainfi équippé, 6c lui
donner le pivot fur lequel il doit tourner ; on fait
faire un plat de bois creu x, rond , fait au tour ,
d’un diamètre beaucoup plus petit que le plateau ;
fon fônd extérieur doit être convexe en hémifphé-
roïde applati. Mais parce que le mouvement lui fait
aufli changer de place , ôn peut , pour le rendre
moins errant , ajouter fous le milieu un cône ren-*
verfé, lequel formant un pivot plus profond dans
l’eau, affujettira mieux le pirouettement de la giran•*
dole. Ce plat ou bafîin fera cloué fous le plateau de
rouage, 6c gaudronné le long de fes joints & fur
toute fa furface , pour le rendre impénétrable à
l’eau. Voye%_ nos Planches d'Artificier*
Ja t t e , terme de Pafiementicr Boutonnier, eïlunô
eïpece de fébille à prefî’oir trouée par le milieu, 6c
placée à la renverfe fur quatre piés de bois. C’efi:
fur cette jatte que les Paffementiers Boutonniérs fabriquent
avec des fufeaux les gros cordons de foie,
de fleuret, de fil, &c. qui fervent à faire des guides
de- chevaux de carroffe, à fufpendre des Iuïlres à
attacher aux bras des cochers pour les faire arrêter
quand on v eut, 6c à bien d’autres ufages, &c. Voyet
dans nos Planches de PASSEMENTIER Bo ÙTONNIER
un ouvrier travaillant â la jatte : la jatte en particulier
, favoir la jatte nue, 6c la jatte chargée d’ouvrage.
J AU , voye{ DofeÉE.
JA V A , ( l’Isle de ) Géog. nom de deux îles de
la mer des Indes, dont l ’une eïl appellée la grande
Java y 6c l’autre la petite Java, ou B ali.
La grande Java a au N. G. l’île de Sumatra , dont
elle eïl féparée par le détroit de la Sonde, au N. les
îles deBanea & de Bornéo, au N. E. l’île de Madura
, à l’E. celle de B a li, 6c au S. la mer des Indes,
qui la fépare de la terre d’Endraght, ou de la Concorde.
Les anciens ont connu l’île de Java, c’eft la lafiâ
«Tïau, Jaba diu de Ptolomée : ce mot diu, qui dans
le langage des Indiens, veut dire une île, nous fait
connoitre que l’île de /ava -portoit déjà le même
nom qu’aujourd’hui du tems de cet auteur, 6c c’eft
une chofe bien remarquable. Ptolomée ajoute, que
Jaba diu, fignifie l'île de ÜOrge , 6c l’on fait qu’il y,
vient très-bien, quoique les naturels du pays, y cultivent
le riz par préférence, s’étant accoutumés à
cette nourriture, de même que les étrangers qui
viennent l’habiter.
Ilfemble queleshabitans de Bornéo ayent les premiers
découverts cette île ; du-moins ils y ont eu
un grand hameau, mais elle eïl au pouvoir des Hol-
lahdois, qui en 16 19, ont établi le centre de leur
commerce à Batavia. Cependant ils ne font pas les
uniques fouverains de l’île ; elle a fes rois & fes
peuples qui font alliés de la compagnie ; cette compagnie
poffede la côte du Nord, oit elle a bâti de
très-bonnes fortereffes pour fa défenfe ; la côte méridionale
eïl occupée par des peuples indomptés,
6c indépendant , dont le plus puiffant eïl lejoura*
pati; l’intérieuf^du pays eïl fous la domination d’un
empereur appellé le Mataram , qui fait fa réfidence
à Cartafoura.
L’île de Java comprend le royaume de Bantam ,
le royaume de Jacatra ou de Batavia, la province
de Karavang qui appartient en propre à la compagnie,
le royaume de Tfieribom qui eïl confidérable ;
Ion roi eft indépendant du Mataram, 6c allié des
Hollandois. On trouve enfuite le pays de T ag a l,
où font dé vaftes campagnes de riz, le petit royaume
de Greffic qui a fon roi particulier le meilleur
ami des Hollandois, & le pays de Diapan*