
5>g8 I R R
Inflexion. Et-moins on ,peut dire que ce fyfteme
eft l’ouvrage de la Phdolophie humaine, plus il y a
lieu d'affurer qu’il eft .impiré par la railon louverai-
ne , dont la notre n’eft qu’une table émanation &
une image imparfaite.
Que fuit-il de-là? Deux-confequencés importantes
: la première, c’eft qu’il y a dans^les langues
beaucoup moins d'irrégularités réelles qu’on n’a coutume
de le croire. La fécondé, c’eft que les irrégularités
véritables qu’on ne peut refufer d 'y reconnoi-
t r e , font fondées fur des raifons particulières, plus
■ urgentes fans doute que la raifon générale du ly-
ftème abandonné ; & par conféquent, ces prétendus
écarts n’en font àtt fond que plus réguliers ; parce
que la.grande régularité confifte à etre railbnnable.
Outre la liaifon néceffaire de ces deux conféquen-
ces avec le principe d’oit je les ai déduitesch acune
d'elles fe trouve encore, confirmée par des
preuves de fait.
i°. Il eft certain que le commun des Grammairiens
imagine beaucoup plus d'irrégularités qu il n y
en a dans les langues. Poyc^ La Minerve de Sanftius,
lib. I. cap. ix. vous y trouverez une foule de jioms
latins qui paffent pour être d’un genre au fingulier,
& d’un autre au pluriel, & qui n’ont cette apparence
d'irrégularité y que pour avoir été ufites dans les
deux genres : d’autres qui fembjent être de deux
déclinaifons, nç font dans ce cas , que parce qu’ils
ont été des deux, fous deux terminaifons différentes
qui les y affujettiffoient. Le fyftème des tems,
fur-tout dans notre langue, n’a paru a bien des gens,
qu’un amas informe de variatiôns dilcordantes, décidées
fans raifon & arrangées fans goût, par la volonté
capricieufe d’un ufage également aveugle.&
tyrannique. « En lifant nos Grammairiens, du l’au-
» teur d es jugcmens Jur quelques ouvrages nouveaux ,
„ tom. IX . pag. y g. & Juiv. il eft fâcheux de fentir,
» malgré foi, diminuer fon eftime pour la langue
» frariçoife , où l’on ne voit prefque aucune analo-
» gie ; où tout eft bifarre pour l’expreffion comme
» pour la prononciation, & fans caule ; ou 1 on
» n’apperçoit ni principes, ni réglés, ni uniformité ;
» où enfin, tout paroît avoir été ditté par un ca-
» pricieux génie ». Que ceux qui penfent ainfi fe
donnent la peine de lire Varticle T ems , & de voir
jufqu’à quel point eft portée l’harmonie analogique
de nos tems françois, & même de ceux de bien d’autres
langues. C ’eft peut-être l’un des faits les plus
concluans contre la témérité de ceux qui taxent
hardiment les ufages des langues de bifarrerie, de
caprice, de confufion, d’inconféquence, & de con-
tradiaion. Il eft plus fage de le défier de fes propres
lumières, & même de la fomme, fi je puis le dire,
des lumières de tous les Grammairiens, que de juger
irrégulier dans les langues tout ce dont on ne voit
pas la régularité. Il y a peut-être une méthode d’étudier
la Grammaire, qui feroit retrouver par-tout
ou prefque par-tout, les traces de l’analogie.
a®. Pour ce qui concerne les caufes àes irrégularités
qu’ il n’eft pas poflible de rejetter abfolument,
il eft certain que l’on peut en remarquer plulieurs
qui feront fondées fur quelque motif particulier plus
puiffant que la raifon analogique. Ici l’ufage aura
voulu éviter un concours trop dur de voyelles ou
de confonnes, ou quelque idée, foit fâcheufe, foit
malhonnête, que la rencontre de quelques fyllabes
ou de quelques lettres, auroient pu réveiller ; là
on aura craint l’équivoque, celui de tous les vices
qui eft le plus directement oppofé au but de la pa
role,quieftla clarté de l’énonciation. Prenons pour
exemple’le verbe latin fcro; fi on le conjugue régulièrement
au préfent, on aura feris, f t r it , feritis,
qui paroîtront autant venir de ferio que de fero :
comptez que les autres irrégularités du même verbe,
I R R 8c celles de tous les autres, ont pareillement leur*
raifons juftificatives. Ajoutez à cela qu’une irrégularité
une fois admil'e, les lois de la formation analogique
rendent régulières leS irrégularités fubiéquen-
tes qui y tiennent.
11 en eft fans doute des irrégularités de la formation
, comme de celles des tours 8c de la conftru-
élion ; ou elles n’en ont que l’apparence , ou elles
mènent mieux au bu^ de la parole que la régularité
riiêmé. Nous difons , par exemple-, f i je le vois
lui dirai j les Italiens difent f fe là vedrà, g lie lo dirb,
de même que les Latins, quemjîvidebo, id illi dicam.
Selon les idées ordinaires, la langue italienne & la
langue latine , font en réglés ; au lieu que la langue
françoife autorife une irrégularité, en admettant un
prélerit au lieu d’un futur. Mais fi l’on confulte la
lame Philolophie, il n’y a dans notre tour ni figure,
m abus; il eft naturel 8c vrai. Ce que l’on appelle
ici un futur, eft un prélent poftérieur, c’ eft-à-dire ,
uii tems qui marque la fimultanéité d’exiftence avec
une époque poftérieure au moment même de la
parole ; 8c ce tems dont fe fervent les Italiens 8c les
Latins, convient très-bien au point de vue particulier
que l’on veut rendre. Ce que l’on nomme un
préfent, l’eft en effet ; mais c’eft un préfent indéfini,
qui indépendant par nature de toute époque, peut
s’adapter à toutes les époques, 8c conléquemment
à une époque poftérieure , ians que cet ufage puiffe
être taxé CÜirrégularité, Poy*{ TeMS. Il ne s’agit
donc ici que de bien connoître la vraie nature des
tems pour trouver tout ces tours également réguliers.
En voipi un autre : f l vous y alle{ & que je le fâche ;
la conjonction copulative & doit réunir des phrafes
fembiables : -cependant le verbe de la première eft
à l’indicatif, amené par f i ; celui de la fécondé eft:
aü lubjonCtif, amené par que : n’eft-ce pas une irrégularité?
11 y a., j’en conviens, quelque chofe d’ir-
légutier ; mais ce n’eft pas, comme il paroît au premier
coup d’oe il, la difparité des phrafes réunies :
c’eft la fuppreffion d’une partie de la fécondé ; fup-
pléez l’elliple, Ôi tout fera en réglé : f i vous y alle{>,
& s’il arrive que je le Jacke. Ce tour plus conforme à
la plénitude delà conftruétion analytique, eft régulier
à cet égard ; maip il a une autre irrégularité plus
fâcheufe il préfente, au moyen du f i répété, les
deuxévenemens réunis, comme fimplement co-exi-
ftens ; au lieu que le premier tour montre le fécond
événement comme fuite du premier : voilà donc
plus de vérité dans la première locution que dans la
leconde , 8c conféquemftient plus de véritable ré-
| gularité. Ajoutez que l’expreflion elliptique en devient
plus énergique , & l’expreffion pleine plus
lâche , plus langumante, fans être plus claire. Que
de titres pour croire réellement plus régulière celle
qui d’abord le paroît le moins 1 (JS. E. R. M. )
Irrégulier , ( Gèomét. ) les corps réguliers font
ceux qui ne font point terminés par des furfaces
égales & fembiables. Voye{ C o r p s 6* S o l i -
D E S . ( £ )
Irrégulier , (Thlol. ) en termes de cafuiftes
eft un eccléfiaftique interdit, fulpens ou cenfuré ,
qui a encouru les' peines de droit, 8c qui eft inhabile
ou à pofféder un bénéfice, ou à exercer les
fondions facrées. Les eunuques, les bigames, les
enfans illégitimes , font déclarés irréguliers par les
canons. Le concile de Latran, fous Innocent III.
permit pourtant la difpenfe pour,ces derniers, quand
ils entreroient dans un ordre religieux. Les Grecs
n’ont pas fait cette diftinftion , & n’excluent point
les enfans illégitimes de l’état ecclefiaftique, comme
nous l’apprennent les patriarches Nicephore & Bal-
famon. Irrégulier? ( Fortification.) qui n’eft pas dans
lîU t es fermés ni 'défis les feglês Ordinaires, fiàye^ RÉGULIER
& R ègle»
On dit fortification irréguliere ; édifice irrégulier y
hgufëi f réguliere, Voye^ÉDÏFIGE, FORTIFICATION ,
Fig u r é , Ba st io n & Pl a g e . Ghambers.
ÎRRËguLïer , ( Mufique. ) eft le nom qu’on donne
:dànS le plein-chant aux modeis dont l’étendue eft
trop grande , Ou qui ont quelqu’autre irrégularité.
Ön nômmoit autrefois cadencé irréguliere , celle, qui
ne tottibôit pas fur une des cordes effentieilei du
ton ; mais M. Rameau a donné ce nom à une ca-
dence fort réguliere , dans laquelle la bafe londa-
talentâle monté de quinte ou defeend de quarte,
après un aécôrd de fixte ajoutée. K C adeNce. (dp
IRRÉGULIER , terme d'Architecture, fe dit datls
l’art de bâtif, des parties de l’Àrchiteéhire qui font
hors des proportions établies par les préceptes des
anciens & confirmées paf l’ufage; comme quand oh
donne neuf modulés de hauteur à une colonne dorique
; 8c onzè à la colonne corinthienne. Aufli-bien
que lprfqu’on néglige dans un édifice de faire les angles
extérieurs & les cotés égaux, comme dans la
plupart des anciens châteaux * où l ’on a affedé
fcette irrégularité fans y être obligé $ où par le feui
motif d’éclairer les dedans relativement à la diftribu-
tion , fans avoir égard à la décoration extérieure,
de maniéré qu’on vöyóit fréquemment dans les dehors
de petites croifées placées à côté des grandes *
de grands trumeaux avec des petits, &c.
Ir r ég u l ie r , pouls, ÇMedec. ) Voyez fous le
mót Pouls.
Irrégulier & Ir r ég u la r it é , ( Medec.) &
plus communément anomale ù anomalie, fe dit dé
la marche ou type de certaines maladies ; de certains
fymptomes infolites ou étrangers à une maladie
; ou enfin d’une maladie qui s ’éloigne elle-
inême par fa marche & par fes fymptomes ; du vrai
tara&ere, du genre auquel elle appartient, foye^ T y p e , Medecihey Malàdie & Symptôme. (.b)
* IRRELIGIEUX, adj. ( Gram. ) qui n’a point de
religion, qui manque de relpeft pour ies choies
faintes, 8c qui n’a4?nettant point de D ieu , regarde
la piété 8c les autres vertus qui tiennent à leur exif-
tence & à leur culte, comme des mots vuides de
fens.
On tl’eft irréligieux que dâhs la fociété dont on
èft membre ; il eft certain qu’on ne fera à Paris au*
Cun crime à Un mahométan de fon mépris pour la
loi de Mahomet, ni à Conftanfinople aucun crime
à un chrétien die l’oubli de fon culte.
II n’eh eft pas ainfi des principes moraux; ils
font les mêmes par-tout. L’ihobfervance en eft &
en fera repréhenfible dans 'tous lieux & dans fous
les tems. Les peuples font partagés en différens
cultes , .religieux ou irréligieux, félon l’endroit de
la furface de la terre où ils fe tranfportent ou qu’ils
habitent ; la morale eft la même par-tout.
C ’éft la loi univerlelle que le doigt de dieu a gravée
dans tous les coeurs.
C ’eft le précepte éternel de la fenfibilité 8c des be-
loins communs.
Il lie faut dône p*as eofîfondre l’immoralité & l’ir*
religion. La moralité peut être fans la religion ; 8c
la religion peut être, eft même louvent avec l'immoralité.
Sans étèiidre fes vues âti-dèlà de cette v ie , il y a
une foule de raifons qui peuvent démontrer à ua
homme , q te pour être heureux dans ce monde ,
fout b ienpefé, il n’y arien de mieux à faire que d’être
vertueux^
Il ne faut que du fens & de F expérience y pour fen-
fir qu’il n’y a aucun vice qui n’entraîne avec lui
quelque portion de malheur, & aucune vertu qui ne
ibit accompagnée de quelque portion de bonheur ;
î R È. qu'il eft împoffible que lé méchant foit tdut-à fait
heureux, 8c l’homme de bien ^qut-à-fait malheureux
; 8c que malgré l’intérêt & l’attrait du moment ;
il n a pourtant qu’urte conduite à tenir.
D irréligion, on â fait le mot irréligieux , qui n’eft
pas encore fort ufité dans fon acception générale.
IRREMEDIABLE, ( Gram, j) qui eft fans re-
xneaei
IRREMISSIBLE, ( Gram.') pour îequel il h’y â
point de remiffion , de pardon.
IRRÉPARABLE, ( Gram. ) qui ne fe peut réparer.
IRRÉPRÉHENSIBLE, ( Gramtn. ) où il n’y a
rien à reprendre.
IRRÉPROCHABLE, ( Granit ) à qui ou à quoi
on n’a rien à reprocher.
v IRRÉSISTIBLE, ( Gramm. ) à quoi on ne peut réc
lifter.
Tous ces termes font hégatifs, & l’oh trouvera
ce qu’ils comportent d’explication à leür acception
pofitive , R emede, Pa rd o n , Ré p a r a t io n , Re-
prçn dre, Reprocher , &c. V'oyt? ces mots'.
ÎRRÉSOLÜTIÔN , f. f. ( Grammy ^ état de l’a me
lorfqu’également aftèâée.par différens avantagés où
différens incon vëiiièns ; elle ne fait quel parti, prendre
dans une affaire; elle ôfcille fansceffe. Les hommes
irréfolus font à plaindre. Peu pénëtrans , ils n’or
fent s’en rapporter à leurs propres lumières; méfia
ns , ils craignent de fuivfe le côhfeil ou l’impul-
üori des autres. Je les comparerois volontiers Air le
chemin de la vie , à celui qui marche fur la crête du-r
ne montagne efearpée, entre deux précipices qu’iî
voit fans eeffe à droite & à gauche * & que la craihte
de tomber dans lJun fait pencher vers l’autre, d’oii
une même frayeur le rejette, & ainfi dé fuite, fans
pouvoir ni marcher droit 8c ferme, ni tomber. L’in-
réfolu ignore qüe le plus mauvais parti eft foüveht ce**
lui de n’en point prendre. Il tempbrife, & à force
de temporifer, le moment defe déterminer fe paffe*
8c le mal l’accable $ ou le bonheur lui échappe. Mais
fi i’irréfolution eft un état fâcheux pour l’irréfàlu,. c’eft
encore une qualité très-incommode pour lés autres*
On ne fait jamais à quoi s’en tefiir avec cettè forte
d’hommes-là, & ils vous font prefque toujours Ai*
bir la peine de leur défaut.
* IRRÉVÉRENCE, À f. ( Gramm. ) manque dé
vénération ; il ne fedit giiere que des chôfes faintes
& lacrées; On porté à l’églife une irtévérehee qü’oii
n’auroit point dans l’anti chambre d’un grand. Incrédule
ou croyant; il ne faut jamais parler avec irrévérence
des cérémonies 8c dü culte d’uh jieuplé cHet
lequel orivit ; fi l’ôn croit, Yirrévérence efi un blaf-
phèlne ; fi l’on rie croit pas ; c’eft Urie iridiferétiori
dangereufe* Eri quelque lieu du inonde que vous
foyez, reverez-en le fouverainSc le dieu, au moins
par le filence.
* IR RÉVOCABLE,adjeéï; (.Graniin.) qui rie peut
être révoqué. La loi qui condamne indiftinûemenfc
tous les êtres de la nature à paffer après urie courté
durée , eft néeeffaire 8c s’exécute d’une manière*
auffi générale qu’irrévocable. Irrévocable a encore Une
autre aceéption, & ilfigriifieqùi ne peut être rappel*
lé ; le paffé eft irrévocable.
IRRITABILIT É , f. fj (.Phyfiologie.) terme inventé
par Gliflon, & renouvellé dé nos jours par
le célébré M. Haller, pourdéfigrier un mode particulier
d’une faculté plus générale des parties organiques
des animaux, dont il fera traité fous le nOrri
8 f fenfibilité. ( f)
Ir r it a b il it é . Vayc^ Sen sibilité.
IRRITANT, adjeâ. ( Jurïfpmd. ) figriifie ce qui
caffe, annulle 8c rend inutile quelqae a£te ou clau-
fe , c’eft en ce fens que l’on dit un dëcret irritant f
une condition ou caule irritante. C A )