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Le cinquième f in , de la pureté de la confcience
'<& de la reûitude de la volonté.
Selon eux, point de métempfycofe; il y a une
»me univerfelle qui anime tout, dont tout émane,
Sc qui abforbe tout ; ils ont quelques notions de
Spiritualité ; ils croient l’éternité du monde ; ils
célèbrent la mémoire de leurs parens par des Sacrifices;
ils ne reconnoiffent point de dieux nation-
naux ; ils n’ont ni temple ni cérémonies religieufes :
s’ils fe prêtent au culte public, e’eft par efprit d’o;
béiffance aux loix ; ils ufent d’ablutions & s’abftien-
nent du commerce des femmes dans les jours qui précèdent
leurs fêtes commémoratives ; ils ne brûlent
point les corps des morts, mais ils les enterrent
comme nous ; ils ne permettent pas feulement le
fuicide, ils y exhortent : ce qui prouve le peu de
cas qu’ils font de la vie. L ’image de Confucius eft
dans leurs écoles. On exigea d’eux au temps de l’extirpation
du Chriftianifme, qu’ils euffent une idole ;
Elle eft placée dans leurs. foy ers , couronnée de
fleurs & parfumée d’encens. Leur feûe fouffrit beaucoup
de la perfécution des chrétiens, & ils furent
obligés de cacher leurs livres. Il n’y a pas long-tems
qu’un princejaponois, appellé Sifen, qui avoit pris
du goût pour les Sciences & pour la Philofophie,
fonda une académie dans fes domaines , y appella
les hommes les plus inftruits, les encouragea à l’étude
par des récompenfes ; & la raifon commençoit
à faire des progrès dans un canton de l’empire, lorf-
que de vils petits facrificateurs qui vivoient de la
fuperftition & de la crédulité des peuples, fâchés
du difcrédit de leurs rêveries, portèrent des plaintes
à l’empereur & au dairo , & menacèrent la
nation des plus grands defaftres,fi l’on ne fe hâ-
toit d’étouffer cette race naiffante d’impies. Sifen vit
tout-à-coup la tyrannie eccléfiaftique & civile
conjurée contre lu i, & ne trouva d’autre moyen
d’échapper au péril qui l’environnoit, qu’en renonçant
à lès projets, & en cédant fes livres & fes
dignités à Ion fils. C ’eft Kempfer même qui nous
raconte ce fait , bien propre à nous inftruire fur
l’efpece d’obftacles que les progrès de la raifon doivent
rencontrer par-tout. Voye{ Ba yle, Bruker,
Poffevin; &c. Voyez aujji les articles In d ien s, C h in
o is & Eg y p t ie n s .
JAPPER, v . n. ( Gramm.') C ’eft le cri des petits
chiens. Les gros chiens aboient, les petits chiens
jappent, le renard jappe.
JAPU, ou JUPUJUBAjf. m. ( Ornithol. exot.)
oifeau du Brefil de la clalfe des pic-verds. Tout foi»
corps eft d’un noir luifant, ayec une grande moucheture
jaune fur le milieu de chaque àîle, & une
rayure femblable près du croupion. On admire l’a-
xlreffe & la délicateffe avec laquelle il forme fon
nid qui pend à l’extrémité des branches d’arbres.
R a y , Ornitholog. p. f)8. (D . J. )
JAPYGIE, f. f. Japygiay ( Géog. ancienne)y ancienne
contrée d’Italie dans la grande Grece. Elle
eft nommée indifféremment par les Auteurs, Japi-
gie.y JÆtJfapie, Pincétie, Salentint, P ouille, & Calabre.
Voyez Hérodote, lib. l l l . chap. cxxxviij. lib. 1111.
£hap. Ixxxxjx. lib. VIII. chap. clxx. Strabon, lib.
V I. & Pline, liv. V. chap. xj. La terre d’Otrante
■ fait une partie de l’ancienne Japygie.
Japyx, fils de Dédale, donna fon nom à ce canton
de l'Italie méridionale qui formoit proprement
l’ancienne Pouille & la MeJfapie. M. de Lille dans
fa carte de l’ancienne Italie, compte pour la Japygie
les deux parties de la Pouille, favoir la Daunienne
.& la Pencétienne» Antoine Galatceus, médecin, a
publié un livre exprès, fort rare & fort favant, de
la fituation de la Japygie, de fitu Japygice. Bafileæ,
155$!, in-1 î . (D . J .)
JA P YX , {Géog. anc.) c’ e.ft-là le .nom de l’oueftnord
oueft, quand il foufle de la pointe orientale de
l’Italie. On l’a confondu mal-à-propos, & M. Datier
entr’autres, avec le corits des Latins & Yargefi-
tés des Grecs. Le vent régionaire, nommé japyx ,
étoit favorable à ceux qui s’embarquoient à Brindes
pour la Grece ou pour l’Egypte, parce qu’il foufloit
toujours en pouppe jufqu’au deffous du Péloponnefe;
voilà pourquoi Horace, Uv. I. ode 3 , le fouhaite au
vaiffeau qui devoit porter Virgile fur les côtes de
l’Attique :
Ventorumque régnât pater
Obfiriclis a lis , preeter japyga ,
N avis, qutz tibi credit uni
Debes Virgilium ; finibus Alticis
Reddas incolumen, precor ,
Etferves anima dimidium me a. (D . J . )
JAQUE l e , ou la JAQUE, {Art milit, ) étoit
autrefois une efpece de. jufte-au-corps qui venoit au
moins jufqu’aux genoux, que Nicot définit ainfi :
Jaq u e , habillement de guerre renflé de coton.
Ces jaques è toient bourés entre les toiles ou l’étoffe
dont ils étoient compofés. Ils s’appelloient aufli
gambefions ou gambefon, Voyez Gambes ON.
JAQUEMART,!, m.(ancienterme demonnoyage.)
c’étoit un reffort placé au premier balancier ; on le
croyoit capable de relever la vis du-balancier. C ’eft:
ce que l’expérience a démontré faux.
On a donné le même nom à ces figures placées à
certains horloges, oit elles frappent les heures avec
un marteau qu’elles ont à la main.
JAQU E T TE , f. f. ( Gram. mod. ) c’eft le vêtement
des enfans ; il confifte en un jupon attaché à
un corps. On dit aufli la jaquette d’un capucin. En
général on appelle jaquette tout vêtement d’enfant
ou de religieux , qui defeend jufqu’aux piés, fous
lequel le corps eft nud , & qui ne couvre pas un autre
vêtement.
JAR ou J IAR, f. m. (Hiß. anc.) mois des Hébreux
qui répond à notre mois d’Avril. Il étoit le huitième
de l’année civile, Sc le fécond de l’année fainte, ÔC
n’avoit que vingt-neuf jours.
Le dixième de ce mois les juifs font le deuil de la
mort du grand-prêtre Heli & de fes deux fils Ophni
& Phinées. Ceux qui n’ont pu faire la pâque dans le
mois de Mian, la font dans le mois de Jar, & d e plus
on y jeûne trois jours pour l ’expiation des péchés
commis pendant la pâque.
Le dix-huitieme jour les Juifs commençoient la
moiffon du froment trente-trois jours après la pâque.
Le vingt-troifieme ils célèbrent une fête en mémoire
de la purification du temple , faite par Judas Macchabée,
après qu’il en eut chaffé les Syriens. Le
vingt-neuvieme ils font mémoire de la mort du prophète,
Samuel. Diction. delaBib. (G )
JARANNA, (Géog.) fortereffe de l’empire ruflien
dans la province de Daurie, habitée par les Ton-
gu fes , nation tartare. C’eft près de cet endroit qu’on
‘ prend les plus belles zibelines.
JARARA , f. m. coaypitinga, ( Ophiolog. exot. )
ferpent d’Amérique affez femblable à notre vipere européenne
, & non moins dangereufe par fon venin.
(D .J .)
Jarar a, Epheba, f. m. (Ophiol. exot.) nom d’une
efpece de ferpent d’Amérique , de couleur brune
marquetée d’une belle rayure rouge, ondée , &
qui décourt en forme de chaîne fur toute l’étendue
du dos. Ra y, Syn. Anim. pag. 33 o. (D . JA
JARARACA ou JARACUCU, f. m. (Hiß. nat.)
efpece de ferpent d’Amérique ; il eft vivipare & produit
un très-grand nombre de petits ; on en a trouvé
treize dans le corps d’une femelle. Il a entre deux
& trois piés de longueur ; fes dents font très-grandes
ôc longues çoijime celles des autres ferpens vetiïmeux;
elles font cachées dans les gencives, &
contiennent une liqueur jaunâtre quine fort que lorf-
qu’il mord. Sa morfure eft fi dangereufe, qu’on en
meurt en vingt-quatre heures. R a y , Synopfis anim.
JARDIN , f. m. (Arts.) lieu artiftement planté &
cultivé, foit pour nos befoins, foit pour nos plaifirs.
On a compofé les jardins , fuivant leur étendue,
de potagers pour les légumes , de vergers pour les
arbres fruitiers, de parterres pour les fleurs, de bois
de haute-futaie pour le couvert. On les a embellis
de terraffes, d’allées, de bofquets , de jets-d’eau ,
de ftatues , de boulingrins, pour les promenades ,
la fraîcheur, & les autres appanages du luxe ou
du goût. Aufli le nom de jardin fe prend en hébreu
pour un lieu délicieux, planté d’arbres ; c’ eft ce que
défigne le mot de jardin d'Eden. Le terme grec ria-
petJ'tTtroc, paradis, fignifie la même chofe. Delà vient
eucore que le nom de jardin a été appliqué à des pays
fertiles, agréables & bien cultivés ; c ’eft ainfi qu’A-
thénée donne ce nom à une contrée de la Sicile auprès
de Palerme ; la Touraine eft nommée 1 e jardin
de la France par la même raifon.
Il eft quelquefois parlé, dans l’Ecriture-fainte, dès
jardins du ro i, fitués au pié des murs de Jérufalem.
Il y avoit chez les J uifs des jardins confacrés à Vénus,
à Adonis. Ifaïe y chap. j , verf 23 » reproche à ce peuple
les fcandales & les a&es d’idolâtrie qu’il y com-
mettoit.
L’antiquité vante comme une des merveilles du
monde, les jardins fufpendus de Sémiramis ou de
Babylone. Voyez Ja rd in de Ba by lo n e.
Les rois de Perfe fe plaifoient fort à briller par la
dépenfede leurs jardins ; & les fatrapes, à l’imitation
de leurs maîtres, en avoient dans les provinces
de leur diftriél, d’une étendue prodigieufe , clos de
murs, en forme dépares, dans lefquels ils enfer-
moient toutes fortes de bêtes pour la chaffe. Xéno-
•phon nous parle de la beauté des jardins que Phar-
nabafe fit à Dafcyle.
Ammien Marcellin rapporte que ceux des Romains
, dans le tems de leur opulence, étoiênt, pour
me fervir de fes expreflions , infiar villarum, quitus
vivaria includi folebant. On y prifoit entr’autres pour
leur magnificence, les jardins de Pompée, de Lucul-
le , & de Mecene. Ils n’offroient pas feulement en
fpeôacle au milieu de Rome des terres labourables,
des viviers, des vergers, dès potagers, des parterres
, mais de fuperbes palais & de grands lieux
de plaifance , ou maifons champêtres faites pour
,s’y repofer agréablement du tumulte des affaires.
Jamqüidem, dit Pline , liv. 19. ch. 4. hortorum nomi-
ne , in ipfd urbe , delicias, agros , villafque pofiîdent.
Le même goût continue de regner dans Rome moderne
, appauvrie & dépeuplée.
Ce fut Cn. Marius, dont il refte quelques lettres
à Cicéron , & qu’on nommoit par excellence l'ami
d'Augufle, qui enfeigna le premier aux- Romains le
rafinement du jardinage, l’art de greffer & de multiplier
quelques-uns des fruits étrangers des plus recherchés
& des plus curiftux. II in trodu it aufli la
méthode de tailler les arbres & les bofquets dans
des formes régulières. Il pafla la fin de fes jours
dans un de ces lieux de plaifance de Rome, dont
nous venons de parler, où il employoit fon tems &
fes études au progrès des plantations, aufli bien qu’à
rafiner fur la délicateffe d’une vie fplendide & luxu-
rieufe, qui étoit le goût général de fon fiecle. Enfin
il éc rivit, fur les jardins & l’agriculture, plufieurs
livres mentionnés par Columelle & autres auteurs
de la vie ruftique qui parurent après lui.
Les François fi long-tems plongés dans la barbarie
, n’ont point eu d’idées de la décoration des jardins
ni du jardinage, avant le fiecle de Louis XIV.
Ç ’eft fous ce prince que cet art fut d’un côté créé ,
perfe&îonrte par la Quintinie pour l’utile , & par le
Nôtre pour l’agréable. Arrêtons-nous à faire connoî-
tre ces deux hommes rares.
Jean delà Quintinie, né près de Poitiers en i6r 6»
vint à Paris s’attacher au barreau , & s’y diftingua ;
mais fa paflion pour l’Agriculure l’emporta fur toute
autre étude ; après avoir acquis la théorie de l’art ,
il fit un voyage en Italie pour s’y perfectionner, &
de retour il ne fongea plus qu’à joindre la pratique
aux préceptes. Il trouva , par fes expériences , ce
qu’on ne favoit pas encore en France, qu’un arbre
tranfplanté ne prend de nourriture que par les racines
qu’il a pouffées depuis qu’il eft replanté, & quï
font comme autant débouchés parlefquelles il reçoic
l’humeur nourricière de la terre. II fuit delà qu’au
lieu de conferver les anciennes petites racines, quand
on tranfplanté un arbre, il faut les couper, parce,
qu’ordinairemenc elles fefechent & fe moififfent.
La Quintinie découvrit encore la méthode de tail*
1er fruétueufement les arbres. Avant lui nous ne fon-
gions , en taillant un arbre, qu’à lui donner une
belle forme, & le dégager des branches qui l’offuf-
quent. Il a fu , il nousaenfeigné ce qu’il falloit faire
pour contraindre un arbre à donner du fruit, & à
en donner aux endroits où l’on veut qu’il en vienne ,
même à le répandre également fur toutes fes branches.
Il prétendoit, & l’expérience le confirme, qu’uri
arbre qui a trop de vigueur ne pouffe ordinairement
que des rameaux & des feuilles ; qu’il faut réprimée
avec adreffe la forte pente qu’il a à ne travailler que
pour fa propre utilité ; qu’il faut lui couper de certaines
groffes branches, où il porte prefque toute fa
fè v e , & l’obliger par ce moyen à nourrir les autres
bi anches foibles & comme délaiffées, parce que ce
font les feules qui fourniffent du fruit en abondance.
Ainfi la Quintinie apprit delà nature,
Des utiles jardins l'agréable culture.
Charles II. roi d’Angleterre, lui donna beaucoup
de marques de fon eftime dans des voyages qu’il fit
à Londres. Il lui offrit une penfion très confidérable
pour fe l’attacher; mais l’efpérance de s’avancer pouc
le moins autant dans fon pays, l’empêcha d’accepter
ces offres avantageufes. Il ne fe trompa pas; M. Col-
berg le nomma dire&eur des jardins fruitiers & potagers
de toutes les maifons royales ; & cette nouvelle
charge fut créée en fa faveur.
André le Nôtre, né à Paris en 1625, mort en
1700, étoit un de ces génies créateurs, doué par la
nature d’un goût & d’une fagacité finguliere, pour
la diftribution & l’embelliffement des jardins. Il n’a
jamais eu d’égal en cette partie, & n’a point encore
trouvé de maître. On vit fans ceffe éclore, fous le
crayon de cet homme unique en fon genre, mille
compofitions admirables, &nous devons à lui feul
toutes les merveilles qui font les délices de nos maifons
royales & de plaifance.
Cependant depuis la mort de ce célébré artifte 1
l’art dèfon invention a étrangement dégénéré parmï
nous, & de tous les arts de goût, c’eft peut-être celui
qui a le plus perdu de nos. jours. Loin d’avoir
enchéri fur fes grandes & belles idées, nous avons
laiffé tomber abfoiument le bon goût, dont il nous
avoit donné l’exemple & les principes ; nous ne fa-
vons plus faire aucune de ces chofes, dans lefquelles
il excefloit, des jardins tels que celui des Thuilleries 9
des terraffes comme celle de Saint-Germain en L a y e,
des boulingrins comme à Trianon, des portiques
naturels comme à Marly, des treillages comme à
Chantilly, des promenades comme celles de Meu-
don , des parterres du T ib re , ni finalement des parterres
d’eau comme ceux de Verfailles,