ment que ceux qui l’emploient au-de-là de S. Valle-
r y , plus avant vers la mer. Les premiers frappent
fur une petite ancre le bout de leur filet, qu ils jettent
de leur bateau , au milieu de la riviere. D e-la
ils le filent jufqu’au bord ; à l’extrémité oppofèe, au
bout de la piece oit eft frappée l’ ancre , ils mettent
une grofle pierre ou cabliere' à une braffe au plus du
rivage ; & comme il ne refte alors pas allez d eau
dans le lit pour faire flotter le filet de toute fa hauteur
, il fe replie & forme une efpece de ventre, ou
de foliée, ou de poche. ;
Ils frappent encore & fur la tête du ret amarree a
l’ancre, & fur la cabliere une bouée ou un petit
barril ; ils reconnoiffent ainfi l’étendue du filet qui bat
la riviere, la foliée ou poche expofée au courant.
Lorfque le jet eft ainfi établi, les pêcheurs au nombre
de trois ou quatre dans un bateau , hommes &
femmes , voguent avec leurs avirons , à quelques
cent braflesau-deflus du filet, vont & viennent, refoulant
la marée vers le filet, chantant, faifant le
plus de bruit qu’ils peuvent, criant, fiflant, &
frappant fur le bord du bateau. D ’autres cependant
fe mettent à l’eau, la battent, l’agitent avec leurs
avirons ou de petites perches. Le poiflon s’élève du
fond oit il eft enfoui, fuit le courant, & va le jetter
dans la foliée du filet qu’on releve de tems en tems
du côté de la cabliere, par la ligne de la tete & du
pié du j e t , dont on n’emploie à cette pêche qu’une
feule piece. Le poiffon pris, on replace le file t, &
l’on continue la pêche jufqu’à ce que la maree montante
la fafle ceffer.
Les pêcheurs conviennent que leur pêche n’enfe-
roit pas moins bonne, fans le fracas qu’ils font ; il
eft d’habitude: mais la précaution d’agiter l ’eau
eft néceflaire pour faire fortir le poiflon.
II y a encore un filet du nom de je t , qui différé
peu du coleret, fur-tout lorfqu’on le traîne. Sédentaire
, il eft fixé à des pieux , traverfant toute une
riviere, une gorge , un bras. Les pêcheurs battent
l’eau , & le poiflon renfermé dans l’enceinte du fer à
cheval que le filet forme, va s’arrêter dans fes mailles
qui font de deux pouces. Il e ft, comme les autres,
plombé par le bas, & garni de flottes de liège par le
haut.
Jet , chérie Plombier , c’eft un petit entonnoir de
cuivre , qui eft à un des bouts du moule à fondre
les tuyaux fans foudure , & par lequel on verfe le
métal fondu dans le moule. Voyt\ Pl o m b ie r . Voyc{
nos Planches de Plomberie.
Jet , ([Jurifprudence.) fur mer fe dit lorfque pour
foulager le navire, on eft obligé de jetter une partie
de fa charge.
On entend aufli quelquefois par ce terme deje t,
la contribution que chacun des intérefles au navire
doit fupporter pour le jet qui a été fait en mer.
Suivant l’ordonnance delà Marine , /. I I I . tit. 8.
fi par tempête, ou par chafle d’ennemis ou de pyra-
tes , le maître du navire fe croit obligé de jetter en
mer une partie de fon chargement, il doit prendre
l’avis des marchands & principaux de fon équipage ;
& fi les avis font partagés, celui du maître & de l’équipage
doit être fuivi.
Les uftenfiles du v a ifle au ,& autres chofes les
moins néceflaires , les plus pefantes & de moindre
prix, doivent êtrejettées les premières, ôc enfuite les
marchandifes du premier pont ; le tout cependant
au choix du capitaine, &C par l’avis de l’équipage.
L’écrivain doit tenir regiftre des chofes jettées à la
mer. Au premier portoïilè navire abordera, le maître
doit déclarer devant le juge de l’amirauté, s’il y
en a , finon devant le juge ordinaire , la caufe pour
laquelle il aura fait le jet. Si c’eft en pays étranger
qu’il aborde, il doit faire fa déclaration devant le
çonful de la nation françoife. Après l’eftimation des
marchandifes fauvées,& de celles qui ont été jettées}
la répartition de la perte fe fait fur les unes & fur les
autres, & fu r la moitié du navire & du fret au marc,
la livre.
Les munitions de guerre & de bouche, ni les
loyers & hardes des matelots ne contribuent point
au j e t , & néanmoins ce qui en a été jetté eft payé
par contribution fur tous les autres effets.
Gn ne peut pas demander de contribution pour le-
payement des effets qui étoient fur le tillac > s’ils font
jettés ou endommagés par le j e t , fauf au propriétaire
fon recours contre le maître j & néanmoins ils contribuent
s’ils font fauvési • •
On ne fait pas non plus de contribution , pour rai-
fon du dommage arrivé au bâtiment, s’il n’a été fait
exprès pour faciliter le jet.
Si le je t ne fauve pas le navire, il n’y a lieu à
aucune contribution, & les marchandifes qui peuvent
être fauvées du naufrage, ne font point tenues
du payement ni du dédommagement de celles qui
ont été jettées ou endommagées.
Mais fi le navire ayant été fauvé parle je t fit. continuant
fa route vient à fe perdre, les effets fauves du
naufrage, contribuent au jet fur le pié de leur valeur,
en l’état qu’ils fe trouvent, déduftion faite des frais
dufauvement.
L’ordonnance de la Marine contient encore plu-
fieurs autres réglés pour la contribution qui fe fait
à caufe du jet. ( A )
Jet , terme de Fauconnerie , petite entrave que les
fauconniers mettent au pié de l’oifeau ; on le nom-,
me autrement l'attache d'envoi ou de réferve.
JETIJEUCU, f.m. (Hifi.nat. Bot.') plante du Bré-
fil, dont la racine a beaucoup de rapport'avec celle
du Méchoacan. Sa longueur eft celle d’une rave ordinaire.
C’eft un purgatif : écrafée & mélée avec du
v in , cette racine guérit la fievre. Les Portugais la
font aufli confire avec du fucre ; on dit qu’elle a le
défaut de donner une grande altération.
JETSCH, ( Géog.) ville de Tartarie fur les bords
du Dnieper, où réfide le chef des Cofaques de Za-,
porow.
JETTÉ , f. m. (Danfe.) c’eft un pas qui ne fait que
partie d’un autre. Voye^ C o u p é d u m o u v em e n t
6* T o m b é . Un jetté feul ne peut remplir une mefu-
re ; il en faut faire deux de fuite pour faire l’équivalent
d’un autre pas. Il fe lie aifément avec d’autres.
Comme ce n’eft que par le plus ou le moins de force
du coup de pié que l’on s’élèv e, ce pas en dépend
pour le faire avec légèreté.
Eft-il queftion de le faire en avant ? je fuppofe
que l’on ait le pié gauche devant, & le corps pofé
deflus, la jambe droite étant prête à partir dans le
moment que l’on plie fur la jambe gauche , la droite
s’en approche en fe relevant ; ce qui fe fait par la
force du pié gauche, qui en s’étendant vigoureufe-
ment, vous rejette fur la droite ; & lorfque vous
vous relevez en tombant fur la pointe du pié droit,
vous finiflez le pas en pofant le talon. On en peut
faire plufieurs de fuite d’un pié comme de l’autre, en
obfervant la même repie.
Je t t e s en C h a sse , terme de Danfe; il fe dit des
pas formés de la maniéré qui fuit.
Le corps étant pofé fur le pié gauche, on plie défi-
fus ; on pafle par-devant la jambe droite qui eft en
l’air en l’étendant ; & lorfque l’on fe releve, elle fe
croife en fe jettant defliis à la troifieme pofition; ainfi
le pié droit tombant devant le gauche, en prend la
place, & l’obligeant de fe lever derrière, le genou
droit fe plie aumtôt ; en fe relevant on fe jette fur le
gauche, qui tombe derrière à la troifieme pofition ;
on chafle le droit en le faifant lever ; on plie fur le
pié gauche, & l’on fe rejette fur le droit, comme
on a fait au premier pas ; ces trois mouvement doit*
vent fe fuccéder l’un à l’autre fans aucune interruption;
car dans le moment que l’on plie fur une jambe
fon mouvement fait relever l’autre ,•& en fe
relevant le corps retombe defliis lé. pié droit en devant
; & en fe rejettant defliis le gauche,, le corps
tombe fur ce pié. On voit par là l’équilibre qu’il faut
obferver dans ce pas, & la perfeâion qui en réfulte.
. Je t t Ée , f. f. (AtchiteB. maritim.) digue ou muraille
qu’on fait dans la mer à force-d’y jetter une
grande quantité de quartiers de pierres , pour fervir
d’entrée , de mole, d’abri, de couverture à un port,
& pour le reflerrer à fon entrée.
Les jettées font utiles à: plufieurs ufages ; i®. à arrêter
le gros galet, ou ïe fable, ou la vafe qui pourroit
entrer dans le port, & le combler peu-à-péu ; 2°. à
haller les vaifleaux, qui en entrant né peuvent fe
férvir de leurs voiles, à caiife des vents contraires ;
3°. à rompre les Vagues, & à procurer la tranquillité
aux vaifleaux qui font dans le port ; 4°: fouvent
auflià reflerrer le lit de la riviere dont l’embouchure
forme le p o r t , & à lui ménager une prôfondèur
d’eau fuflifante pour tenir les vaifleaux à flot. La
tête des jettées eft fouvent fortifiée d’une batterie dé
canon * pour protéger & la jettée , & les vaifleaux
qui entrent dans le port. (JD. J.)
JETTÉES > en terme de Fortification, font des efpe-
ces de digues, ou larges chauffées qui avancent dans
la mer, à l’extrémité defquelles on conftruit des forts
qui défendent l’entrée du port. Voyé{ l'article C it
a d e l l e .
JET TER , v erb e, dont je t eft le fubftantif. Voye{
l'article Je t .
Je t t e r , (Mariné.) ce terme s’emploie dans différentes
lignifications par les marins.
Jetter dehors le fond du hunier, c’eft pouffer dehors
la voile du mât de hune.
Jetter du blé ou autres grains à la bande, c’eft jetter
Ou pouffer vers un feul côté du vaiffeau les grains
qui étoient chargés uniment & à plat dans le fond
de cal ; ce que l’on ne fait que lorfqu’on y eft contraint
par la tempête ou quelque autre accident,
pour alléger un côté , & faire un contre-balancement.
Jetter Vancre, c’eft laifler tomber l’ancre lorfqu’on
eft dans une rade pour y arrêter le vaiffeau.
Jetter le plomb ou la fonde , c ’eft laifler tomber la
fonde pour connoître la hauteur de l’eau, & s’il y a
du fond pour mouiller.
Jetter un vaiffeau fur des roches ou d la côte, c’eft aller
donner exprès contre un rocher ou fur la côte
pour s’y échouer ; ce que l’on peut faire lorfqu’on
efpere par ce moyen fauver l’équipage ou les marchandifes
, dont on voit la perte certaine fans cela.
Tout pilote qui échoue par ignorance eft privé
pour toujours des fondions de fon é ta t , & même
îuivant le ca s , condamné au fouet. A l’égard de celui
qui auroit méchamment & de deffein prémédité,
jetté un navire fur un banc ou à la côte , il eft puni
de mort, & on attache fon cadavre à un mât planté
près du lieu du naufrage.
JETTER LES se c o n d e s , en termes de Brafferie ;
c’eft après avoir tiré les premiers métiers t jetter de
l’eau une fécondé fois fur la drège.
Je t t e r en so ie , en terme de Boutonnier ; c’eft
l ’aûion de couvrir un moule de bouton d’une foie
tournée fur la bobine en plufieurs brins. Cette bobine
eft montée fur un rochet (vôÿq; R o c h e t ) ,
fur lequel elle eft fixe, quoiqu’en levant la bobine
fur la partie moins grolfe du rochet, l’ouvrier la
fafle tourner à mefure qu’il emploie fa foie ; pendant
ce jèttage ,1a bobine eft fixe pour que l’ouvrier puiffe
ferrer fa foie autour du bouton ; on jette ainfi tous les
moules des boutons d’or ou d’argent façonnés, afin
d’afleoir les cerceaux ou les autres ornernens, Foyer
Tome H H .
CERCEAUX. On dit aufli jetter en cerceau, ce qui n’eft
autre chofe que de les pôfer, de les arrêter avec de
( la foie ou de l’o r , &c.
Je t t e r , en terme de Cirier, c’eft verfer la c'fte fut*
; les meches imprimées ; & attachées à uh cerceau,
: °ù pour m’exprimer plus clairement, c’eft la feèon-
de couché de ciré dont on enduit lés meches. Ployez
I m p r im e r & C er c ea u , & nos Planches.
■ Je t t e r les Fig u r és de plom b , (Fonderie.)
pour les figures que V On jette en plomb, il faut bien
moins de précaution que pour celles de bronze. L ’oit
fe contente de remplir les creux avec de la terre bien
maniée * que l’on met de telle épàiffetir que I’orf
veut ; puis on remplit tout le moüle de plâtre Ou
d’un màftic fait avec du tuileau bien pulvérifé * donc
On fait l’ame ou noyau.
Lorfque Pâme eftachêyée, on dèfaflemble'toutes
lés pièces du moule pour en ôter tout es. les épaif-
feurs de terre, & enfuite on remet le moulé tout af-:
fériiblé à l’entour deT’ame ou noyait; mâiS.énforte
pourtant qu’il en foit éloigné de quatre bu cinq pou-’
ces; Ori remplit cet intervalle de charbon depuis le
bas jiifqu’en haut: On bouche même les ouvertures
qui fe trouvent entre les pièces du mouley avec des
briques mettant le feu au charbon,, on l’allume
par-tout. Cela fert à cuire l’ame, & à fecher le plâtre
que les épaifleurs de terre av.bient humefté*;
Quand tout le charbon a été bien' allumé, & qu’il
s’eft éteint de lui-même, on a un fouflet avec lequel
on fait fortir toute la cendre qui peut être dans toutes
les.pièces du mpule. On rejoint qes pièces autour
de l’ame, comme on l ’a dit ci-devant. On attache
bien toutes les chapes avec des cordes, & on
les couvre encore de plâtre ; enfuite ôn coule le
plomb fondu dans le moule ; ce plomb remplit l ’ef-
pàce qü’occupoit la terre fans qu’il foit néceflaire
d’enterrer le moule comme pour Je bronze, fi ce
n’eft pour de grandes pièces.
Je t t e r le p l o m b sV r t o i l e j (Plombier.) c’eft
fe fervir d’une forme ou moule couvert d.un drap de
laine, & doublé par-deflus pour jetter lé plomb en
lames très-fineS. Vôyt^ Pl o m b e r ie .
Cetté maniere de^jetter le plomb eft défendue aux
plombiers par leurs ftatuts ; cependant il y a de certains
ouvrages pour lefqiieis cés fortés de tables de
plomb jetté fur toile font néceflaires. Vuye^ l'article
P l o m b ie r , où on a décrit la maniéré de jetter le
plomb fur toile.
Les fafteurs orgue jettent ordinairement fur toile
l’étain dont ils font certains tuyaux pour cet inftru-
ment de mufique. La pratique en eft femblable à celle
qu’on met en ufagë pour fondre lés râbles de plomb.
V?yt{ comme ci-deffus & l'article O r 6 UE.
Je t t e r en sablé; fe dit en tetmesde Fonderie de
ce qui eft jetté dans de petits môiilès faits de fable ou
de poudre d’ardoife, de piés dé m outon, d’os de fe-
ch e, de cendrés & autres chofes femblables ; & on
appelle pifiole fa b lé 'e celle qu’on a moulée & jettée
tn ja b lèj & qui n’a point été faite au-moulin ni au
marteau. Voye^ les fig . du Fondeur en fable.
Jet ter , on dit en Peinture & en Sculpture, jetter
les draperies, pour en difpofer les plis de façon qu’ils
annoncent fans équivoque les objets qu’ils couvrent.
Ces draperies font' bien jettées; ce peintre jette
bien une draperie. Ce mot âe jetter, dit'M. dé Pile,
eft d’autant- plus expreflif } que les draperies ne'doivent
point-être arrangées coiiirtie les habrts dont on
fe fert dans le monde ;mais il faut que fui'yânt-le ca-1
raélerê dé la pure nature, éloignée de to’ùtë affeéta-
tion, les plis le troiivënt edmme par hazftra , aùt<5ur
desmembfes. ^ *:• ’ . b J .<n .n > ,
Je t t e r su r la piéc-E , terme deT:Pdtief- d'étain .•
c’eft jetter une anfe en moule fur un pot à vin ou à'
l’eau ? ou autre piece à qui ij.£aut en joindre une au-.
X x x ij