JANOWECZ, (Géog.) v ille de la petite Pologne,
fituée dans le Palatinat de Sendomir. ^
JANCAVITZ, (Géog.') petite v ille de Boheme au
cercle de Kaurfchim, fameufe par la bataille de
1645, où le général fuédois Torftenfon défit les Impériaux.
Elle eft à fix milles de Prague, en allant
vers la Moravie. Long. 32. 28. latit. 5. ix .(D .J .)
J AN-RAI A , f. f. (Bot.) genre de plante à fleur en
rofe , compofée de plufieurs pétales difpofés^ en
rond ; fon calice devient dans la fuite un fruit aile,
qui n’a qu’une feule capfule, & qui renferme une
lemence arrondie. Plumitr.
* JANSÉNISME, f. m. (Hifi. eccléfi) difpute fur
la grâce, & fur différens autres points de la do&rine
chrétienne, à laquelle un ouvrage de Corneille Janfénius
a donné lieu.
Corneille Janfénius naquit de parens catholiques
à Laerdam en Hollande. II étudia à Utrecht, à Louvain
& à Paris. Le fameux Jean du Verger de Hau-
ranne,abbé de S. Cyran, fon ami,le mena àBayonne,
où il paffa douze ans en qualité de principal du collège.
Ce fut-là qu’il ébaucha l’ouvrage qui parut
apres fa mort fous le titre d'Augufiinus. D e retour
à Louvain, il y prit le bonnet de doâ eu r, obtint
une chaire de profeffeur pour l’Ecriture-fainte, &
fut nommé à l’évêché d’Ypres qu’il ne pofleda pas
long-tems. Il mourut de pefte quelques années après
fa nomination.
Il avoit travaillé vingt ans à fon ouvrage. Il y
mit la derniere main avant fa mort, & laifla à quelques
amis le foin de le publier.
Ce livre le fut en effet en 1640 à Louvain en un
volume in-folio, diyifé en trois parties, qui traitent
principalement de la grâce.
On trouve dans l’ouvrage de Janfénius , & dans
fon teftament, diverfes proteftations de fa foûmif-
fion au S. Siège.
Le pape Urbain VIII. profcrivit en 16491'Augufi
tinus de Corneille Janfénius, comme renouvellant
les erreurs duBayanifme. Cornet, fyndic de la faculté
, en tira quelques propofitions qu’il déféra à
la Sorbonne, qui les condamna. Le dofteur Saint-
Amour & foixante & dix autres appelèrent de cette
décifion au parlement. La faculté porta l’affaire devant
le clergé. Les prélats, dit M. G odeau, voyant
les efprits trop échauffés, craignirent de prononcer,
& renvoyèrent la chofe au pape Innocent X . Cinq
cardinaux & treize confulteurs tinrent par l’ordre
d’innocent, dans l’efpace de deux ans & quelques
mois, trente-fix congrégations. Le pape préfida en
perfonne aux dix dernières. Les propofitions y furent
difcutées. Le dofteur Saint-Amour, l’abbé de
Bourzeis, & quelques autres qui défendoientla caufe
de Janfénius, furent entendus ; & l’on vit paraître
en 16 53 le jugement de Rome qui cenfure & qualifie
les propofitions fuivantes.
Première propofition. Aliqua Dei pracepta homini-
bus jufiis volentibus & conantibus,fecundàm prafentes
quas habent vires , funt impoffibilia. Deefiquoque illis
gratia quâ pojfbilia fiant. Quelques commandemens
de Dieu font impoflibles à des hommes juffes qui
veulent les accomplir, & qui font à cet effet des
efforts félon les forces préfentes qu’ils ont. La grâce
même qui les leur rendrait pofîibles, leur manque.
Cette propofition qui fe trouve mot pour mot
dans Janfénius, fut déclarée téméraire, impie, blaf-
phématoire, frappée d’anathème, & hérétique.
Calvin avoit prétendu que tous les commandemens
font impoflibles à tous les juftes, même avec
la grâce efficace, & cette erreur avoit été profcrite
dans la fixieme feffion du concile de Trente.
La doârine de l’Eglife eff que Dtus impojjibilia non
jubet ,fed jubendo monet &facerc quod pojjîs , & petere
quod non pojjîs ; que D ieu n’ordonne rien d’impoffible
j mais avertit en ordonnant & de faire ce que
l’on peut, & de demander ce que l’on ne peut pas.
Seconde propofition : interiori gratia in fiatu na-
tura lapfa nunquatn refifiitur. Dans l’etat de^ nature
tombée, on ne réfifte jamais à la grâce intérieure.
Cette propofition n’eft pas mot à mot dans l’ouvrage
de Janfénius ; mais la doôrine qu’elle pré fente
fut notée d’héréfie, parce qu’elle parut oppofée
à ces paroles de J. C . Jerufalem, quoties volui con-
gregare filios tuos , Jîcut gallina congregat pullos fuos
J'ub alis, & noluifti. Jérufalem, combien de fois n’ai-je
pas voulu raffembler tes enfans, comme la poule
raffemble fes petits fous fes aîles, & tu ne l’as pas
voulu? & à celles -ci que S. Etienne adreffe aux
Juifs: dura cervice & incircumcijîs cordibus, vosfemper
Spiritui fanclo rejijlitis. Têtes dures, coeurs incirconcis
, vous réfiftez toujours à l’Efprit laint ; & à
ce paflage de S. Paul, videte ne quis vejlrùm défit gra-
tia Dei. Faites qu’aucun de vous ne réfifte à la grâce
de Dieu.
Troifieme propofition : ad merendum vel demeren»
du ni in fiatu natures lapfa, non requiritur in hominc
libertas a necejfitatc , fed fufficit libertas a coaclione.
Dans l’état de nature tombée, l’homme pour mériter
ou pour démériter n’a pas befoin d’une liberté
exemte de néceflité, il lui fuffit d’une liberté exemte
de contrainte.
On ne lit pas cette propofition dans Janfénius,
mais celle-ci : l’homme eft libre, dès qu’il n’eft pas
contraint. La néceflité fimple, c’eft-à-dire la détermination
invincible qui part d’un principe extérieur,
ne répugne point à la liberté. Une oeuvre eft méritoire
ou déméritoire, lorfqu’on la fait fans contrainte
, quoiqu’on ne la faffe pas fans néceflité. Voye%_
lib. VI. de grat. Chrifi. C ’eft la fuite du penchant de la
délégation viôorieufe ,où l’homme mérite & démérite,
quoique fon a£fion exemte de contrainte ne le
foit pas de néceflité.
La propofition troifieme fut déclarée hérétique ;
car il eft de foi que le mouvement de la grâce efficace
même n’emporte point de néceflité.
Luther & Calvin n’avoient admis dans l’homme
de liberté que pour le phyfique des aâions. Quant
au moral, ils prétendoient que l’exemtion de contrainte
fuffifoit; & que quoique néceflité, on pourrait
mériter ou démériter; le concile de Trente avoit
anathématifé ces erreurs.
Quatrième propofition : femi -pelagiani admette*
bant pravenjentis gratia necejffîtatem ad fingulos aclus9
etiam ad initium fidei ; & in hoc erant haretici quod
vellent eam gratiam talem efje cui pojfet humana volun*
tas refifiere vel obtemperare. Les femi-pélagiens admet-
toient la néceflité d’une grâce prévenante pour toutes
les bonnes oeuvres , même pour le commencement
de la foi ; & ils étoient hérétiques, en ce qu’ils
penfoient que cette grâce étoit telle que la volonté
de l’homme pouvoit s’y foumettre ou y réfifter.
La première partie de cette propofition eft un
fa it , & on lit dans Janfénius, liv. VU . & VIII. de
l'héréf. pélag. il n’eft pas douteux que les demi-Péla-
giens n’ayent admis la néceflité d’une grâce aâuelle
& intérieure pour les premières volontés de croire,
d’efpérer, &c.
Cette opinion de Janfénius fur le femi - pélagia-
nifme eft regardée par tous les Théologiens comme
contraire à la vérité & à l’autorité de S. Auguftin ,
& la qualité defauffe de la cenfure tombe là-deflus.
Quant à la fécondé partie qui concerne le dogme,
elle a été qualifiée à?hérétique. Ainfi il parait qu’il
falloit dire, i ° . que les fémi-Pélagiens n’ont point
admis la néceflité d’une grâce intérieure pour le
commencement de la foi ; i ° . que, quand ils l’au-
roient admife, ils n’auroient point erré en prêtent
dànt que Cette glace étôit telle que la Volonté put
y confentir ou la rejetter. ,
Cinquième propofition : Jemi-Pelagianum eft. di-
çere Chrfiuni pro omnibus hominibus mortUum ejje aut
Janguinem fudiffe. C ’eft une erreur demi-pclagienne
queJefus-Cljrift eft mort pour tous les-hommes, ou
qu’il ait répandu fon fang pour.eux;.
Janfénius dit, de grat. Chrifi. lib. I II. cap. ij. que
les peres, bien loin de-penfer que Jefus-Chrift foit
mort pour le falut de tous les hommes, ont regardé
cette opinion comme une erreur contraire à la foi
catholique, & que le fentiment de vS. Auguftin eft,
qu’il n’eft mort que pour les précieftinés, & qu’iln ’a
pas plus prié fon Pere pour le falut des réprouvés
que pour le falut des démons.
Le fymbole deNicée a dit, qui propter nos hominis
& propter nofiram Jalutetn defeendit de calis . , . incar-
natus e jl. . .pajjus efi . '. . & la cinquième propofition
fut condamnée comme impie-, blafphématoire &
hérétiquè.
Cependant M. Boffuet d it, ju fifi des refiex. moral,
p. 6.y. qu’il ne faut pas faire un point de foi égalée
ment décidé de la volonté de fauver tous les juftifiés,
& de celle de fau ver tous les hommes.
Telles' fçnt les cinq fameufes propofitions qui
donnèrent lieu à la bulle d’innocent X . à laquelle
on objefta que les cinq propofitions n’étoient pas
dans le.livre de Janfénius, & qu’elles n’avqient pas
été condamnées dans le fens de cet.auteur, & l’on
vit naître la famt ufe diftinâion du fait & du droit.
Diverlès' aflembiées du clergé de France tenues
en 1654, 5 , 6c 7 , ftatuerent, i|||que les cinq
propofitions étoient dans le livre de Janfénius ; z°i
qu’elles avoient été condamnées dans le fens propre
& naturel de l’auteur.
Innocent X ; adrefla à ce fujet un bref en 1654.
Alexandre VU. fon fuccefleur , dit dans fa conftitu-
tion de 1656, que les cinq propofitions extraites de
V-Augufiinus, ont été condamnées dans le fens de
l’auteur.
Cependant M. Arnauld , lett. à un dûc & pair.
foûtint que les propofitions n’étoient point dans
Janfénius ; qu’elles n’avoient point été condamnées
dans fon fens, & que toute la foûmiflion qu’on
pouvoit exiger des fideles à cet é g a r d f e réduifoit
au filence relpeâueux.. Il prétendit encore cjUe la
grâce manque au jufte dans des occafions où l’on ne
peut pas dire qu’il ne peche pas ; qu’elle avoit manqué
à Pierre en pareil cas, & que cette doftrine
étoit celle de l’Ecriture & de la tradition.
' La Sorbonne cenfura en 1656 ces deux propofitions
; &C M. Arnauld ayant refulé de fe foumettre
à fa décifion, fut exclus du nombre des doôeurs.
Les candidars lignent encore cette cenfure.
Cependant les difputes continuoient. Pour les
étouffer, le clergé, dans différentes aflembiées. tenues
depuis 1655 jufqu’en 1661, drefla une formule
cle foi que les uns fouferivirent, & que d’autres re--
jetterent. Les évêques s’adrefferent à Rome, & il
en vint en 1665 une bulle qui enjoignit la fignature
du formulaire, appellé communément d’Alexandre
VII. dont voici la teneur.
Ego N. conflitutioni dpofiolica Innocent. X , data
die tertia M ail, an. 165g , & conflitutioni Alex. VII.
data diefexta Oclob. an. r 6 5 6 . fummorumpontificum.
me fubjicio., & quinque propofitiones■ ex Cornelii Janfe-
nu libro cui nomen efi Auguftinus excerptas, 6* in
fenfu ab eodem autore intento , prout illas perdiclas
p.ropofitiones fedes apofiolica damnavït, (incero anima
damno ac rtjïcio, & ita juro. Sic me Deus adjuvet , &
hac Jancla Evangelia.
Louis XIV. donna en 1665 une déclaration qui
fut enregiftree au parlement, & qui confirma la
fignature du formulaire fous des peines erieves* Le
Tome V I I IK 6 -
formulâîrêdevint ainfi une loi de l’Egfife rEtaf*
Les défenfeurs du formulaire dilënt que les cinq
propofitions ont été condamnées dans le fens de Jan-
ïéniiiSjCar elles ont été déférées & difcutées à Rome
dansxe fens.
Ce fens eft clair ou obfciir. S’il eft clair, le pape,
les évêques & tout le clergé eft donc bien aveugle.
S’il eft obfcur, les Janféniftes font donc bien éclaires.
'
Le jugement d’innocent X . eft irréformable, parce
qui! a ete porte par un juge compétent, après
une mûre délibération, & accepté par l.’Eglife. 'Per-
fonne ne doute , dit M-. Boffuet , lut. aux relia, de
P. R. que la coridamnation des propofitions ne foit
canonique.
Cependant .MM. Pavillon évêque d’Aleth, Choart
de Buzenval évêque d’Amiens, Caulet évêque de
Pamiers & Arnauld évêque d’Angers, diftinguerent
exp.reflement dans leurs màndeméns la queftion de
fait ’& celle de -droit.
^ Le pape irrite voulut leur faire faire leur procès
, & nomma des commiffaires. Il s’éleva une con-
teftatiôn fur le nombre des jüges. Le roi en vouloit
douze. Le pape n’en vouloir que dix. Celui-ci mourut,
& fous fon fuccefleur Clément IX. MM. d’Ef-
trées, alors évêque de Laon & depuis cardinal, de
Gondrin archevêque de Sens j & Viâlart évêque de
Châlons, propoferent un accommodement , dont
lés termes étoient, que les quatre évêques donneraient
& feraient donner dans leurs diocèfes une
nouvelle fignature de formulaire , par laquelle
on condamnerait les propofitions de Janfénius fans
aucune reftrittion, la première- ayant été jugée in-
fuffifantei
Les quatre évêques, y eonfentirent. Cependant
dans les procès-verbaux des fynodes diocéfains qu’ils
tinrent pour eetté nouvelle fignature, on fit la dif-
tin&ion du fait & du droit, & l’on inféra la claufé
du filence refpe&ueux fur le fait. La volonté du pape
fut-elle ou né fut-elle pas éludée ? C ’eft une gràndfe
queftion entre les Janféniftes & leürs'ad verfaires;
Il eft certain que la queftion de fait peut être prife
en divers fens. i°. Pour le fait perfonnel, c’eft-à-dire
quelle a été l’intention perfonnelle de Janfénius,'
z°. Pour le fait grammatical, favoir fi les propofitions
fe trouvent mot pour mot dans Janfénius. 30.
Pour le fait dogmatique, ou l’attribution des pr^positions
à Janfénius, & leur liaifon avec le dogriie.
On convient que la décifion de l’Eglife ne peut
s’étendre au fait pris foit au premier foit au fécond
fens. Mais eft-ce du fait pris dans ces deux i'ens, ou
du fait pris au troifieme qu’il faut entendre la diftin.-;
tion dans laquelle perfifterent les quatre évêques 6c
les dix-neuf autres qui fe joignirent à eux? G’cftune
difficulté que nous laiffons à examiner à ceux qui fe
chargeront de l’hiftoire eceléfiaftique de ces;tems._
Quoi qu’il en foit, voilà ce qu’on appelle la paix
de Clement IX .
Les évêques de Flandres ayant .fait quelque alté-,
ration à la loufcription du formulaire, quelques docteurs
de Louvain dépêchèrent à Rome un des leurs,
appellé Hennebel, pour fe plaindre de cette téméri-»
té ; & Innocent XII. donna en 1694 en 1696 deux
brefs, dans l’un defquels il dit: «. Nous attachant inf»
» violablement aux conftitutions de nos prédécef*
» feurs’Innocent X. & Aléxandre VIL nous déela-’
» ronsque nous ne leur avons donné ni ne donnons
» aucune atteinte , qu’el es ont demeuré & •derreu-
» rent encore^dans toute leur force », Il amure dans
l’autre :« Nous avons appris avec étonnement que.
» certaines gens onfolé avancer que dans notre pt:e-
» mier bref, nous avions altéré 6c rétorme la confia
» titution d’Alexandre V IL & le formulaire dont il a:
» preferit la fignature, Rien de plus faux, puiLjue,-