2 2 0 H Ï.R Hirondelle (pierre £ ) Hifi. naturelle , Lithol.
l ’on nomme ainfi des pierres fort petites, que/iWal-
lerius regarde comme de petits grains d’agate, mais
que d’autres auteurseprennent avec plus de raifon
pour des coquilles. Elles ont à-peu-près la figure
des pierres que l’on nomme des yeux d'écrevifies ; il
y e n a , fuivant Va lle r iu s, qui font convexes d’un
qoté ; 6c applaties de l’autre ; d’autres ont un côté
concave ; d’autres font ovales ; d’autres enfin font
quarrées, mais toutes font extrêmement liffes ; la
couleur en eft ou blanche, ou jaune, ou grife, ou
bfouâtre ; on les trouve dans le fable, 6c non dans
l’eftomacdes hirondelles 9 comme Pline & les anciens
l’ont cru1.' Quelques naturaliftes croient que les
pierres d'hirondelle font une efpece de pierre lenticulaire
: d’autres avec plus de raifon croient que
ce font des petites coquilles connues fous le nom
d’opercules. M. Hîll penfe qu’elles font de la même
nature que les pierres qu’on nomme bufonites, ou
crapaudints, 6c que ce ne font que des petits frag-
mens du-palais d’un poiffon appelle le loup de mer.
Pour concilier ces avis différens, ilferoit peut-être
plus fimple de dire que l’on a donné le nom depier-
res d'hirondelles à des petites pierres de différente
nature, mais qui fe teffembloient à l’extérieur. Bien
des gens prétendent que ces pierres infinuées dans
l’oeilentre le globe & les paupières, les débarraffent
des ordures qui peuvent y être entrées, & les obligent
de fortir.
On nomme auffi pierres £ hirondelles, des, petites
pierres de la groffeur d’une lentille qui'fe trouvent,
dit-on, dans l’ eftomâc de quelques jeunes hirondelles
; les anciens lesnommoient lapides chelidonii; 6c
parmi plufieurs vertus extraordinaires, on leur attribue
pareillement la propriété de faire fortir des
yeux les ordures qui peuvent y être entrées. M.
Lémery croit que cette pierre étant alkaline ou calcaire
, elle fe charge des férofités âcres qui peuvent
être dans les yeux ; que par-là elle s’agite & s’amollit
, en forte que le corps étranger s’y attache 6c
tombe avec elle. 11 dit que plufieurs autres petites
pierres agiffent de la même maniéré dans l’oe il, telles
que celles qui fe trouvent en Dauphiné fur la montagne
de Saffenage près de Grenoble ; il prétend que
les plus petits yeux d’écreviffes peuvent aufiî produire
le même effet. Voyeç Lémery , Dictionnaire
des drogues. ( — )
HIRPES, f. m.pl. (Littéral.') familles particulières
d’Italie, qui habitoient le territoire des Falif-
ques. Ces familles en petit nombre, avoient en leur
faveur un decret perpétuel du fénat qui les exemp-
toit d’aller à la guerre, 8c de toutes autres charges,
parce qu’elles fourniffoient des prêtres, qui dans un
lacrifiee qu’on faifoit tontes les années à Apollon,
ait mont Soraâ e, marchoient nuds piés en préfence
de tout le peuple fur des charbons ardens , fans fouf-
frir aucun mal ; c ’eft pour cette raifon qu’Arons,
qui étoit du nombre des prêtres de ces familles,
parle ainfi dans l’Enéide, liv. X I . y. y85.
Summe daim 9 fantli cufios Soraclis A polio
Quem primi colimus T cui pim us arbor aceryo
Pafcitur , 6* medium freti pietate per ignem
Cultores , multa premimus vejligia prima.
Virgile eft admirable *, il favoit auffi-bien que Ser-
vius fon commentateur, anfîi-bien que Pline & Var-
ro n , que ces prêtres né marchoient impunément
fur des brafiers, qu’après s’être frottés les piés avec
quelque préparation ; mais le prince des poètes latins
refpe&oit la religiori & les préjugés de fon pays,
6c ne s’en fervoit que pour l’embelliffement de fon
ouvrage. ■
Strabon affiné que le facrifice dont j*ai parlé,
étoit en lîhonneur de Férônie, voycç Féronie.
H I R Vous y trouverez l’explication de;tout cela, 6c
même l’interprétation des vers d e Virgile, en faveur
de ceux qui ne font pas familiarifés avec la langue
de ce poète.
J’ajoûte ici qu’il y . avoit encore plus anciennement
d’autres lieux où fe donnoit le même fpe&acle;
6c c’éft toûjours.Strabon qui meFa(pprend. Diane,
furnommée Pérafia ,a v o i t un temple à Caftabàla
dans la Cappadoce, oh les prêtreffes de ce temple:
marchoient piés nuds fur la braife fans fe brûler, ubi,
aiunt, dit notre géographe, lib. X I I . p .^y o yfacri->
ficas mulieres illoefis pedibus, per prunas ambulare.
Nous ne recherchons point les artifices qu’on pou-
voit pratiquer dans cette occafion pour tromper les
fpeûateurs ; c’e â affez de dire que nos bateleurs font
des chofes bien plus furprenantes que tout ce que
les anciens content des hirpes 6c des prêtreffes de
Caftabala, & cependant ce ne font que de fimples
tours a’efcamotage. ( D . J . )
HIRPINIÉNS, ( les) Géog. anc. ancien peuple
d’Italie, que Strabon compté entre lés Samnites ; le
pays des Hirpiniens étoit oii font- préfentement le
Çadoyna, Conçu, Eclano, Mirabelles, & dans la province
ultérieure , Ariano , Acellino , Fregento , Nafi
co, Sancta-Agata, de Goti. ( D . J. )
HIRSCHAU , ( Géog. ) petite v ille d’Allemagne,
dans l’évêché de Ratisbonne, à deux lieues de Sultz-
bach , à Féle&eur de Bavière.
HIRSCHBERG, ( Géog. ) ville d’Allemagne en
Siléifie, dans la principauté de Javez, au confluent
des rivières de Bober & de Zacka.
Il y a une autre ville de même nom dans la Thu-
ringé au Voitgland, 6c une troifieme en Bohème ,
dans le-cercle de Buntzlau.
HIRSCHFELD, ( Géog. ) principauté d’ Allemagne,
fituée entre la H effe, la Thuringe, 6c la principauté
de Fulde ; la capitale porte le même nom.
Cette principauté étoit autrefois dépendante d’une
abbaye qui a été féeularifée par le traité de ¥ e f t -
phalie , en faveur de la maifon de Heffe-Caffel qui
la poffede aftuellement. Long. zy . z8. lat. S i. 48,
HIRSCHFELD A U , ( Géog. ) petite ville d’Allemagne,
en haute Lufàee, près de Zittau.
HIRSCHHEID , ( Géog.) petite ville d’Allemagne
en Franconie, dans l’évêehé de Bamberg, fur
la rivière de Redniek.
HIRSCHHORN, ( Géog. ) petite ville du bas-
Palatinat, far le Neckre , au-deffus de Heidelberg.
HISSE, ( Marine. ) commandement que fait l’officier
pour élever ou hauffer quelque chofe.
Hiße,hiffet commandement redoublé, pour dire
hijjer promptement. ( Z )
HISSER, verbe aft. ( Marine. ) c’eft élever ou
hauffer un mât, une v o ile , ou toute autre chofe.
Hijfer en douceur , c’eft kijfer lentement ou doucement.
( O )
HISTIEE , ( Géog. anc. ) ville maritime de l’Eu-
bée , fous le mont Téléthrius, près de l’embouchure
du fleuve Callas. Elle étoit fituée fur un rocher, &
fut enfuite nommée Oteum, c’eft-à-dire, ville de
montagne ; les Ifliéens , dit Strabon , ont été appel-
lés Oritce , & leur ville au lieu du nom à'Ifiiée, a
pris le nom à’O réos. Voyeç O reum. ( D . J .)
HISTIADROMIE, fub. fém. (Marine. ) c’eftl’art
de naviger ou de conftruire un vaiffeau fur mer.
Voyeç Na v ig a t io n . ( Ä )
HISTOIRE, f. f- ç’eft le récit des faits donnés
pour vrais ; au contraire de la fable, qui eft le récit
des faits donnés pour faux.
Il y a l hifioire des opinions, qui n’eft guère que
le recueil des erreurs humaines ; Ykifioire des Arts,
peut-être la plus utile de toutes, quand elle joint à
la connoiffance de l’invention 6c du progrès des Arts,
là defeription de leur méchanifme ; YHißoire naturel-
H I S le , improprement dite hifioire, & qui eft une partie
efl'entielle de la Phyfique.
Vhifioire des événemens fe divife en facrée 6c profane.
hifioire facrée eft une fuite des opérations
divines 6c miraculeufes , par lefquelles il a plû à
Dieu de conduire autrefois la nation ju iv e , 6c d’e-
xejrcer aujourd’hui notre foi. Je ne toucherai point
à cette matière refpeôable.
Les premiers fondemens de toute Hifioire {ont les
récits des pères aux enfans, tranfmis enfuite d’une
génération à une autre ; ils ne font que probables
dans leur o rigine, 6c perdent un degré de probabilité
à chaque génération. Avec le teins , la fable fe
groffit, & la vérité fe perd : de-là vient que toutes
les origines des peuples font abfurdes. Ainfi les
Egyptiens avoient été gouvernés par les dieux pendant
beaucoup de fiecles ; ils l’avoient été enfuite
par des demi-dieux ; enfin ils avoient eu des rois
pendant onze mille trois cens quarante ans : 6c le
ibleil, dans cet efpace de tems, avoir changé quatre
fois d’orient 6c de couchant.
Les Phéniciens prétendoient être établis dans leur
pays depuis trente mille ans ces trente mille ans
étoient remplis d’autant de prodiges, que la chrono-
gie égyptienne. On liait quel, merveilleux ridicule
régné dans- Fancienne hifioire des Grees. Les Romains.,
tout férieux qu’ils étoient, n’ont pas moins
enveloppé de fables Fhifioire de leurs premiers fiecles.
Ce peuple fi récent, en comparaifon des nations
afiatiques , a été cinq cens années fans hifto-
riens. Ainfi il n’eft pas furprenant que Romulus ait
été le fils de Mars mr qu’une louve ait été fa. nourric
e ; qu’il ait marché avec vingt mille hommes de
fon village de R ome, contre vingt-cinq mille com-
battans du village desSabins; qu’enfuite il foit devenu
dieu * queTarquin l’ancien ait coupé une pierre
avec un rafoir ; & qu’une veftale ait tiré à terre un
vaiffeau avec fa ceinture, &c.
Les premières annales de toutes nos nations modernes
ne font pas moins fabuleufes : les chofes
prodigieufes & improbables doivent être rapportées
, mais comme des preuves de la crédulité humaine
; elles entrent dans Yhifioire des opinions.
Pour connoître avec certitude quelque chofe de
Yhifioire ancienne, i l n’y a qu’un feul moyen, c’eft
de voir s’il refte quelques moi\umen9 inconteftables;,
nous n’en avons que troisijpar écrit : le premier eft
le recueil des obfervations aftronomiques faites pendant
dix-neuf cens ans de fuite à Babylone, envoyées
par Alexandre-en Grèce, 6c employées dans
l’almagefte de Ptolomée. Cette fuite d’obfervations,
qui remonte à deux mille deux cens trente-quatre,
ans avant notre ere vulgaire , prouve invinciblement
que les Babyloniens exiftoient en corps de
peuple plufieurs fiecles auparavant : car les Arts ne
font que l’ouvrage du tems ; 6c la pareffe naturelle
aux hommes les laiffe des- milliers d’années fans autres
connoiffances & fans autres talens que ceux de
fe nourrir, de fe défendre des injures de l’air, & de
s’égorger. Qu’on en juge par lès Germains 6c par les
Anglois du tems de Célar, par lesTartares d’aujourd’hui
, par la moitié de l ’Afrique , & par tous les
peuples que nous avons trouvés dans l’Amérique ,
en exceptant à quelques égards les royaumes du Pérou
& du Mexique , 6c la république, de Tlafcala.
Le fécond monument eft l’écliplè centrale du fo-
le il, calculée à la Chine deux mille cent cinquante-
cinq ans, avant notre ere vulgaire, & reconnue
véritable par tous nos Aftronomes. Il faut dire la
même chofe des Chinois que des peuples de Babylone
; ils compofoient déjà fans doute un vafte empire
police. Mais ce qui met les Chinois au-deffus
de tous les peuples de la terre , c’efl que ni leurs
lo ix , ni leurs moeurs, ni la langue que parlent chez
H I S 22! e;: I les lettrés, n’ont pas changé depuis environ
quatre mille ans. Cependant celle nation, la plus,
ancienne de tous les peuples qui fiibfiftent aujourd’h
u i, celle qui a poffédé le plus vafle & le plus,
beau pays, celle qui a inventé.prefque tous les Arts
avant que nous en euffions appris quelques-uns, a
toujours été omife , jufqu’à nos jours, dans nos prétendues
kijloircs univcrfclLs : & quand un efpaenol
& un françois faifoient le dénombrement des nations
, ni 1 un ni l’autre ne manquoit d’appeller fan
pays la. première monarchie du monde.
Le monument, fort inférieur aux deux
autres, fubfifte dans les marbres d’Arondel ■ la chronique
d’Athènes y eft gravée deux cens foixante-
I trois ans avant notre ere ; mais elle ne remonte que
Jufqu’àCécrops, treize cens dix-neuf ans au-delà du
tems.oà elle fut gravée. Voilà Azns l’hiftoirc de toute
■ 1 antiquité , les feules connoiffances inconteftables
: que nous ayons.
Il n eft. pas étonnant qu’on n’ait point d'hifioire
ancienne profane au-delà d’environ trois mille an-
! nées- Les révolutions de ce globe , 1a longue & uni-'
! verfeMe ignorance, de. cet art qui tranfmet les. faits
par L’écriture, en font caufe : il y a encore plufieurs
; peuples qui n’en ont aucun ufage. Cet art ne fut.
1 commun que chez un. très-petit nombre de.nationsi
[ p o licé es,& encore étoit-il en très-peu de mainsa
Rien de plus rare chez, les, François & chez les Ger-
; mains, que de favoir écrire jufqu’aux treizième &
; quatorzième fiecles : prefque tous les aftes n’étoient
, atteftés que par témoins. Ce ne fut en France que
fous Charles VII. en 1454 qu’on rédigea par écrit
S 1« coutumes de France. L’art d’écrire étoit encore
I plus rare chez les Efpagnols , & delà vient que leur
hifioire eft fi feche & fi incertaine, jufqu’au tems de
Ferdinand 8c d’ifabelle. On. voit par-là combien le
tres-petit nombre d’hommes qui favoient écrire pou-
voient en impofer.
Il y a des nations qui ont üibjugué une partie de
la terre fans avoir l’ufage des caraâeres. Nous fa-
vons que Gengis-Kan conquit une partie de l’Afie
au commencement du treizième fiecle ; mais ce n’eft
ni par lu i , ni par les Tartares que nous le favons^
Leur hifioire écrite par les Chinois, & traduite par
le pere Gaubil, dit que ces Tartares n’avoient point
Fart d’écrire.
Il ne dut pas être moins inconnu au feythe Ogus-
K an , nommé Madies par les Perfans & par les Grecs
qui conquît une partie de l’Europe 6c de l’Afie fi
long-tems avant le régné de Cyrus;.
Il eft prefque sûr qvi’alors fur cent nations il y en
avoit à peine deux qui ufaffent de caraâeres.
Il refte des monumens d’une autre e/pece, qui fervent
à conftater feulement l’antiquité reculée de
certains peuples qui précèdent toutes les époques
connues & tous les livres ; ce font les prodiges d’Ar-
chite&ure,comme les pyramides & les palais d’Egypte
, qui ont réfifté au tems. Hérodote qui vivait î l y
a deux mille deux cens ans, & qui les avoit vûs
n’avoit pû apprendre des prêtres égyptiens dans quel
tems on les avoit élevés.
Il eft difficile de donner à la plus ancienne des
pyramides moins de quatre mille ans d’antiquité;
mais il faut confidérer que ces efforts de l’oftenta-
tion des rois n’ont pû être commencés que long-tems
après l’établiffement des villes. Mais pour bâtir des
villes dans un pays inondé tous les ans, il avoit fallu
d’abord relever le terrein, fonder les villes fur des
pilotis dans ce terrein de vafe , & les rendre inac-
ceffibles à l’inondation : il avoit fallu , avant de
prendre ce parti néeeffaire, 6c avant d’être en état
de tenter ces grands travaux , que les peuples fe
fuffent pratiqués des retraites pendant la crue du Nil
au. milieu des rochers qui forment deux chaînes à