•où eft l’épanchement. Les injections avec le miel &
du fel diffous dans de l’eau, auront la vertu de décoaguler
le làng épaiffi.
Dans les épanchemens de pus il faut faire les injections
à grand la v ag e, afin d’entraîner, chaque
fois qu’on panfe l’abVcès, tout le pus qui fe trouve
amaffé dans fa cavité. Il faut que la liqueur foit alliée
à des remedes qui lui donnent les qualités convenables
à l’état des chairs. Elle doit être fuppura-
t iv e , émolliente ou digeftive, fi ces chairs font endurcies
; mondificative, fi elles font relâchées & engorgées
de matières purulentes ; vulnéraire, balfa-
mique & fans acrimonie, fi l’on a l’intention d’empêcher
feulement la dépravation des matières qui
fuppurent ; vulnéraire, aftringente & defficative, fi
-on veut s’oppofer à l’affluence des humeurs & à la
molleffe de chairs. -On les renouvelle plufieurs fois
le jour fi la fuppuration eft fort abondante , & l’on
s’affurera que la cavité eft fuffifamment lavée &
nettoyée, lorlque Y injection qui fort ne paroît plus
chargée de matières.
Les injections font d’une très-grande utilité dans
les maladies des cavités naturelles du corps. On les
fait utilement dans la v eille, & fuivant la vertu
-qu’on donne à la liqueur injeûée. On remédie par
leur moyen à deux maladies direûement oppofées ;
à l’atonie des fibres mufculeufes, par des injections
vulnéraires & toniques ; & à la corrugation, par
des lotions émollientes & relâchantes. Les injections
font d’ufage pour nettoyer & mondifier des velïies
baveufes ou purulentes, détacher les pierres enkif-
tées , & entraîner les. fables & graviers qui féjour-
ment dans fa cavité. Voye{ Boutonnières. On
épfpuve quelquefois dans l’opération de la taille,
d e là difficulté à charger la pierre fur laquelle la
veffie fe contra&e après la fortie de l’urine. Dans
ce ca s , une injection émolliente écarte les parois
de la veffie, ramene la pierre en-devant, & permet
de la faifir aifément avec des tenettes.
Pour faire l'injection dans la veffie pour l’opération
de la taille au haut appareil, il eft commode
de fe fervir d’une algalie particulière. Foyet^ Alg a -
L lE & Planche X . fig. 8. Foye{ H A U T A P P A R E IL .
Les lavemens font des injections dans l’inteftin rectum
; On en fait dans cette partie pour les ulcérés
dont elle peut être affeûée, ainfi que dans le vagin,
& dans le canal de l’uretre des hommes. Les injections
font fufpeéles dans les cas de gonorrhées virulentes;
on peut néanmoins s ’en fervir utilement fur
la fin , lorfqu’on n’a d’autre intention que de deffé-
cher & de refferrer les orifices des vaiffeaux affoi-
blis & relâchés : l ’ufage des bougies eft fort approprié
à ce cas. Foye{ Bo ugie.
Le corps de la matrice admet des injections ; tous
les auteurs qui ont parlé des maladies de ce vifcere
les recommandent. Mais M. Recolin, de l’académie
royale de Chirurgie, paroît démontrer par le texte
de plufieurs auteurs 8c par des réflexions judicieufes
fur les cas pour lefquelles il les ont prefcrites, qu’ils
n ’entendoient par injections dans la matrice, que des
ablutions faites par le moyen d’une feringue dans
la cavité du vagin. Cette difcuffion termine un mémoire
tres-utile , imprimé dans le troijîeme tome des
ouvrages de l'académie royale de Chirurgie par le même
M. Recolin, fur l’efficacité des injections d’eau chaude
dans la matrice, lorfqu’il y refte des portions de
l ’arriere-faix après des fauffes-couches, l’auteur s’eft
trouvé plufieurs fois dans le cas de l’ecourir des femmes
menacées de périr, 8c qu’il a délivrées par Vinjection
réitérée d’eau chaude dans la cavité de la matrice.
Le tableau des accidensauquels ces femmes
étoient prêtes de fuccomber, comparé avec la fim-
plicité du moyen que M. Recolin a employé , donne
*in grand prix à cette découverte, fur laquelle l’âuteur
s’explique néanmoins avec la plus grande mo-
deftie. M. Neuhoff, dans une thefe de fa compofi-
tion foutenue à Leipfick en 1 7 5 5 ,8c qui a les injections
dans la matrice pour objet, de enemate uteri-
no, traite fon fujet d’une maniéré très-érudite. Il
rapporte les partages des plus anciens écrivains fur
les cas où ils ont cru les injections convenables ; mais
on ne voit pas bien clairement qu’elles ayent été faites
dans le corps même de la matrice : Harvey eft le
feul qui en parle d?une maniéré non équivoque ; il a
fait la même opération que M. Recolin a fait depuis.
Il fut appellé pour voir une femme de qualité qui
fouffroit de la fuppreffion des lochies, 8c qui avoit
des accidens que l’auteur avoit vû fouvent être les
avant-coureurs d’une mort prochaine. Après avoir
tenté inutilement les moyens ordinaires, il dilata l’orifice
de la matrice avec une fonde, y porta un fy-
phon, 8c fit une injection par laquelle il fit fortir plufieurs
livres d’un fang noir, grumeleux 8c foetide ;
la malade en fut foulagée fur le champ. Harvey rapporte
qu’il a fait à une autre perfonne des injections
dans le corps même de la matrice, pour une ulcération
qu’il a guérie par ce fecours.
Les injections fe font avec fruit dans les maladies
des oreilles, pour en déterger les ulcérations, 8c déraciner
les amas de matières cérumineufes. On afliire
qu’on a injecté les trompes d’Euftache, 8c qu’on a
guéri la furdité par ce moyen : cela mérite confirmation.
Perfonne n’ignore l ’utilité des injections dans
les maladies des voies lacrymales ; on les fait ou
avec les petits fyphons par les points lacrymaux, à
la méthode d’Anel, ou fuivant la'méthode de M. de
la Forêt chirurgien de Paris, par le n e z , en portant
un fyphon courbe dans la partie inférieure du conduit
nazal ; voye[ le mémoire de ce praticien dans le
fécond volume de P académie de Chirurgie. Il paroît par,
une differtation de M. Louis fur la fiftule lacrymale ,
inférée dans ce même volume, que MM. Morgagni 8c
Bianchi ont été en difpute fur cet objet, bien avant
que M. de la Forêt établît fa méthode. Les maladies
du finus maxillaire peuvent être traitées par les in-
jections', voye^ dans ce Dictionnaire aumot GENCIVES,'
Yarticle Maladies des Gen c iv e s . On a employé
avec fuccès les injections pour faire defcendre dans
l’eftomac des corps étrangers arrêtés dans l’oefopha-
ge. Foye^ R epoussoir d’Arrêtes.
Les réglés à obferver dans l’ufage des injections ,
font de donner à la liqueur un degré de chaleur qui
ne foit que de quelques degrés au-deflus de celle des
parties où on la porte. De fe fervir, pour peu que
la cavité foit confidérable , d’une feringue qui foit
grande, 8c qui forme un gros je t, afin que 1yinjection
puiffe détremper 8c entraîner fûrement les matières
qui croupiffent. Pour le cerveau, M. de la Peyronie
recommande un conduit large 8c terminé en forme
d’arrofoir, afin que la liqueur s’étende davantage,'
qu’elle lave mieux 8c fa rte moins d’effort fur la fub-
ftance du cerveau; il ne faut pas dans ce cas oufem-
blable, pouffer avec trop de force. On proportionnera
la quantité de la liqueur à l’efpace où elle doit
être reçue : on mettra de la promptitude dans l’opération
; on favorifera la fortie de la liqueur par une
pofition avantageufe, ou bien on la retirera avec
une autre feringue ; enfin on en ceffera l’ufage lorfqu’il
en fera tems. L’académie-royale de Chirurgie
a propofé en 1757 pour le fujet du prix la queftion
fuivante. Déterminer les cas où les injections font
néceffaires pour la cure des maladies chirurgicales,
8c établir les réglés générales 8c particulières qu’on
doit fuivre dans leur ufage. Le mémoire qui aura
été couronné, fera imprimé dans le troilieme tome
des recueils des prix. M. Berg. . . . qui a eu con-
noiffance du programme de l’académie, a fait une
differtatjon latine fur le même fuje t,qu ’il a foutenu
poux
pour fori doélorat en Médecine à Leipfick, au ihôis
de Juin 1537. ( Y )
In ject io n , (Pharmacie. ) \J injection eft une liqueur
quelconque deftinée à être portée dans differentes
cavités, foit naturelles, foit contre nature ,
telles que. les oreilles * les points lacrymaux, les narines,
la bouche, l’anus, la veffie, la vu lv e , les -
abfcès, les fiftules, &c.
La deftination de cette liqueur rie demande delà
part de l’artifte aucune confidération particulière.
Une leffive ou diffolution falinë , une déco&ion,
uneinfufion, une teinture, une mixture , &c. n’exigent
aucune circonftance de manuel particulière
pour être àdminiftrée fous forme d’injection.
Vinjection deftinée particulièrement à la bouche,
eft connue dans l’art fous le nom àegargarifme. Voye{
Ga rg ar ism e. Et celle qui eft deftinée à l’anus, ou
pôur mieux dire aux grosinteftiris, font ceux dçclyf-
tere, de lavement , de rèmede. Foye£ C l y STERE &
L a v em en t . (b)
* INIMITABLE, adj. ( Gramm. ) qu’on ne peut
imiter. Foye{ Im it a t io n . La nature avles beautés .
inimitables. Tout ce qui porte un caraôere de gé-,
nie ou d’originalité, ne s’imite point.
INIMITIÉ, f. f. (Gramm.) c’eft la haine entre
des perfonnes faites pour s’aimer. Foye^ Ha ine.
ININTELLIGIBLE, adj. (Gramm. ) qu’on ne
peut entendre. L’obfcurité qui rend, une chofe inïn-
tdligible, vient ou de la chofe même, ou de la maniéré
dont elle eft préfentée.
INJONCTION , f. f. ( Jurifprud. ) fignifie ordre
ou commandement donné à quelqu’un par la loi ou
par le juge , de faire quelque choie. ( A )
* INIQUE, INIQUITÉ, (Gramm. ) voye{ Injuste
, In ju s t ic e . On dit un juge inique & un
homme injujie ; d’où il femble que l’acception d’i/z-
jufie eft plus étendue que celle & inique.
INISHCORTHY, ( Géog. ) petite ville d’Irlande
, dans la province de Leinfter, au comté de Wex-
fort , à 16 lieues N. E. de Rois. Long, n .x .la t . 5x.
36. ( D . J . )
INIS - OWEN , ( Géog. )- Avalonia ; petit pays
d’Irlande , dans la province d’Ulfter, au comté de
Londonderri ; c’eft une petite prefqu’île fur la côte
feptentrionale de l’île. ( D . J . )
INITIAL , adj. ( Grammaire.) npri appelle lettre
initiale la première lettre de chaque mot, comme
on appelle finale la derniere. Initial vient du latin
initium, entrée, commencement. L’exaâitude de l’or-
tographe exige que quelques lettres initiales foient
majufcules : ce fon t,
i° . Dans la Poéfie, la lettre initiale de chaque
Vers grand où petit, foit qu’il commence un fens ,
foit qu’il ne farte que partie d’un fens commencé.
Renonçons au Jlérile appui
Des grands quon implore aujourd'hui ;
Ne fondons point fur eux une efperance folle :
Leur pompe indigne de nos vaux
N 'e f ïqiïun fmulacre frivole ,
Et les folides biens ne dépendent pas d'eux.
Rouffeau.
20. La lettre initiale de toute phrafe qui commence
après un point ou un a linea.
30. Les lettres initiales du nom de Dieu , & des
noms propres d’hommes , d’animaux , de v illes, de
provinces, de royaumes ou empires , de fleuves ou
rivières, de fciences, d’arts , &c. comme Prifcien ,
B acéphale, Paris , Bourgogne, France , Allemagne ,
Fibre, Meufe , Grammaire , Ortograpke , Mufque ,
Menuiferie, 8ic.
4°. Les lettres initiales des noms appellatifs qui
déterminent par l’idée d’une dignité, foit eccléfiafti-
que, foit civile. Lorfque ces noms forit employés
Tome F U I .
au lieit desndms propres, pour défigner les individus
qui font revêtus de ces dignités : ainfi on écrit
a v e c ’une majufcule ‘. le Roi reçut alors les preuves
Us plus éclatantes de i'affection de f es peuples ^ parce
qu’il eft-queftion d’un individu ; mais on écrit avec
une minufeule ; un roi doit faire fon capital de mériter
l'affection de f es fujet s , parce que le nom,roi demeure-
fans application individuelle. C ’eft la même chofe
de tout autre nom appëllatif où de tout adjeQif,
qui devient le connotatif d’un individu ; VApôtre, en
parlant deS. P a u 1; i ’Omré«r,e n parlant de Cicéron, &Ci
50. Les lettres initiales des noms des tribunaux,
des jurifdiélions, des compagnies & corps ; comme
le Parlement, le Bailliage , la Connétablie, L'Univer-
fité , L'Académie, l'Eglife 8cc. lorfque ces noms
font pfis dans un fens individuel.
6°. On met quelquefois une lettre majufcule à la
tête de certains mots fufceptibles de divers fens dans
l’iifage ordinaire,& alors la majufchle initiale indique,
le fens. le plus confidérable : par exemple les Grands
( les premiers de la nation ) , pour diftingtierce mot
de Yadjedif grand', lajeuneffe ( âge tendre ) , la Jeu-
neffe ( les jeunes gens ) ; les devoirs de votre état, les
lois de Y Eta t, &c.
Eviter de faire majufcules les lettres initiales dans
tous ou dans plufieurs de ces cas, c’eft une entrepri-
fequi a droit de révolter la raifon autant qu’elle,
choque les yeux. Outre que cette pratique eft contraire
à l’ufage général de la.nation, elle tend à nous
priver de l’avantage réelqu’bn a trouvé jufqu’à pré-
’ fent à fe conformer là-deffus aux réglés qu’on vient
de preferire, & ne peut être bonne qu’à bannir de
notre écriture la netteté de l’expreflion, qui dépend
toujours de la diftinélion précife des objets; Conformez
vous à l’ufage reçu, quelque anomalie que vous
penfiez y voir ; l’ufage univerlel eft moins capricieux
& plus fage qu’on n’a coutume de le croire, 8c à s’en
écarter, on rifque au moins de ehoquér le grand
nombre. (B. E. R. M.)
Initiale , adj. f. pris fubft. ( Hifl. anc. ) On ap-
pelloit ainfi les myfteres de Cérès; voye\ C éréales
, parce que pour y affifter , il falloit être' initiés
ou confacrés par des cérémonies particulières.
INITIÉ, f. mi ( Littéral. ) On appelloit initiés
dans le paganifme, ceux qui après des épreuves 8c
purifications, étoient admis à la célébration.des cérémonies
8c des myfteres.
Les fêtes & les initiations grecques ayant été établies
fur le modèle des fêtes & des initiations égyptiennes,
les initiés s’engagèrent pareillement à remplir
certains devoirs & certaines formalités prefcrites
qu’on exigeoit d’eux ; mais nous n’en avons
aucune connoiflànce, parce que les initiés fe font
fait du fecret une loi de religion inviolable. Ils fe
regardoient au milieu de leur patrie comme un peuple
féparé par la convenance de leur culte, & comme
un peuple choifi, qui devoit tout attendre de
la proteftion des dieux. Tout ce qui a percé de la
pratique des cérémonies des initiés, ne confifte qu’ea
des chofes fimples, légitimes 8c honnêtes, telles que
l’ufage de certaines prières, des parfums & des fumigations.
Leurs offrandes fur les autels étoient de la
myrrhe pour Jupiter, du fafran pour Apollon, de
l’encens pourle.foleil, des aromates pouf la lune ,
des ferpences de toutes efpeces, excepté des feves,
pour la terre. Ils reconrioiffoient en même tems
qu’ils rendoient un culte religieux à des hommes
morts. « Puifque vous êtes inLiés, dit Giceron, vous
» favez que ceux même d’entre les dieux à qui „on
» donne le premier rang, ont vécu fur la tçrre
» avant que démonter au ciel ». ’
Paufanias rapporte que les initiés aux myfteres
orphiques apprenoient par coeur 8c chantoient des
hymmes çompofés par Orhpée. Cethiftorien a mieux CCccc