
î95 H E U les feuls Philofophes nous ont tirés. Cet article efi de
M i d e V o l t a ir e .
* HEURT, fub. mafc. ( Gramm. ) il fe dit du
,choc de corps qui fe rencontrent & fe frappent rudement.
' . ' ' ''' ,
He u r t , terme de Riviere, c’eft l’endroit le plus
élevé, ou le fommet de la montée d’un pont ou d’une
rue, d’après lequel on donne à droite ou à gauche
la pente pour l’écoulement des eaux ; nota , les regards
des robinets d’incendie fe placent au heurt du
pavé dhine rue.
HEURTÉ, adj. ( Peinture. ) on appelle heurté , des
efpeces de tableaux qu’on devroit nommer efquifie,
oii l’on ne voit que le feu de l’imagination mal di-
geré.
On dit, un tel peintre ne fait que heurter les tableaux;
cela n’eft que heurté ; il faut que les petits
tableaux foient finis, & non heurtés.
HEURTES, fub. mafc. terme de Blafon , ce font
deux tourteaux d’azur que quelques armoriftes ont
ainfi appellés pour les diftinguer des tourteaux d’autres
couleurs.
Les Armoriftes anglois diftinguent les couleurs
des tourteaux, & leur donnent en conféquence des
noms qui leur conviennent ; ceux des autres nations
fe contentent d’appeller ceux-ci Amplement
tourteaux d'azur ; & dans d’autres cas, il ne faut qu’a-
joûter au mot de tourteaux la couleur dont ils font.
HEURTOIR, f. m. ( Serrurrerie. ) piece de menu
ouvrage de ferrurerie de fer forgé ou fondu en forme
de gros anneau avec platine & battant, fervant
à frapper à une porte cochere.
Mais plus généralement dans les Arts, on appelle
du nom de heurtoir, toute piece mobile qui vient
frapper fur une autre. Voyc{ les articles fuivans. Heurtoir , ( Hydr. ) eft une piece de bois longue,
groffe, & prefque quarrée qui fe place au pié
de i’épaulement de la plate-forme d’une éclufe.*( K ) Heurtoir , dans 1’Artillerie, eft une piece de
bois de neuf piés de longueur fur neuf à dix pouces,
«n quarré ,qui fe place au pié de l’épaulement d’une
batterie au-devant des plate-formes. V?ye{ Plateforme
& Batterie.
C ’eft aufli un morceau de fer battu fait comme
une très-groffe cheville qui s’enfonce dans l’épaifleur
du flaque de bois d’un affût à canon, & qui fou-
tient la furbande de fer qui couvre le tourillon de
la piece. Il y a des contre-heurtoirs & des fous-contre-
heurtoirs qui font des morceaux ou bandes de fer qui
accompagnent le heurtoir. ( Q ) Heurtoir , Fondeur de caractère d'Imprimerie , eft
une petite piece de fer qui s’ajoute au moule à fondre
les carafteres d’imprimerie. Cette partie eft le
point d’appui à la matrice qui eft poftée audit moule
, & fert à la faire monter ou defcendre vers l’ouverture
intérieure du moule par où elle reçoit la
matière qui vient prendre la figure de l’objet représenté
dans la matrice. Voye[ Moule.
, HEUSD EN , ( Géog. ) ville forte des Provinces-
Unies, dans la Hollande, fur la Meufe, à 3 lieues
N>, O . de Bois-le-Duc, 1 S. O. de Bommel. Long.
22. J#. lat. âi.. 47.,
, Gysbert & Paul Vo.et pere & fis, étoient à'Heuf-
dm ; le premier eft ce rigide calvinifte, profefleur
en Théologie à Utrecht , qui foutint contre Defmarets
.un e guerre des plus longues .& des plus fu-
riéufes. Il s’agifloit d’une conciliation que les magi-
ftrats de Bois-le-Duc avoient faite entr.e lés Prote-
firans & les Catholiques de leur ville, pour aflifter
enfemble amicalement à la confrairie de la Vierge,
en retranchant les cérémonies qui pouvoient dé-,
plaire aux Réformés. Defmarets fit l’apologie des
magïftrats, & Voët fulmina contre l’apologifte : les
Curateurs de Groningue & d’Utrecht offrirent en
H E X
Vain leur médiation aux deux athlètes ; ils fie fé réunirent
au bout de 20 ans de combats, que pour attaquer
Coccejus , & le traiter d’hérétique , parce
que ce bon homme, dont l’étude perpétuelle hébraïque
avoit épuifé l’efprit, s’étoit trop dévoué à des
interprétations myftiques de l’Ecriture. Au milieu
de tant de difputes, Gysbert Voët prolongea fa carrière
jufqu’à 87 ans ; il enterra Defmarets, Coccejus
, & Defcartes, dont il avoit aufli attaqué la phi—
lofophie ; il ne mourut que le premier Novembre
1676.
Paul Voët n’époufa point les querelles de fon pere
; il étudia lé Droit, & publia dans cette fcience de
bons ouvrages, qui ont encore été effacés depuis par
ceux de fon fils Jean V o ë t , un des hommes des plus
favans de l’Europe dans le Droit Civil ; on connoît
l’excellent commentaire qu’il a donné fur les Pan-
deftes. (D . J .)
HEUSE, fub. partie mobile de fléam p.o m( Mpea.r ine.') c’eft le pifton ou la Voye1 Piston. (Z )
HEUSSE ou HURASSE, ( terme de grojfes Forges
Voye^ P article Forges.
HEWECZE, (Geo#.) petite ville cle la haute-
Hongrie.
HEXACORDE, fub. mafc. eft en Mufique, un
infiniment à fix cordes, ou un fyftème compofé de fix fons. Ce mot vient de *£, f i x , & de ko f Poe ,
corde. ( s)
HEXAEDRE, fub. mafc. terme de Géométrie, c’eft
un des cinq corps réguliers qu’on appelle aufli cube.
dVeo ye^ Cube <5* Régulier. Ce mot eft grec & formé , f i x , & tlpa. fedes, fiége, bafe ; chaque face
pouvant être prife pour la bafe du Corps régulier,
Voye{ Base.
Le quarré du côté d’un hexaèdre eft le tiers du
quarré du diamètre de la fphere qui lui eft circon-
ferite. D ’où il fuit que le côté de l’hexaèdre eft à celui
de la fphere dans laquelle il eft inferit, comme 1 à
j/ 3 , & par conféquent incommenfurable. Cham*
bers. ( F )
HEXAGONE, f. m. terme de Géométrie, figure c&o mP pofée de fix angles &de fix côtés. Voy. Figure olygone. Ce mot eft grec, & formé d’»f, fe x , fix, & ytoviAy angulus, angle.
Un hexagone régulier eft celui dont les angles &
les côtés font égaux. Voye[ Régulier.
Il eft démontré que le côté d’un hexagone eft
égal au rayon du cercle qui lui eft eirconfcrit. Voy. Cercle & Rayon.
On décrit donc un hexagone régulier en portant fix
fois le rayon du cercle fur fa circonférence.
Pour décrire un hexagone régulier fur une ligne
donnée A B (P I . Géom. fig. 8 4.) il ne faut que former
un triangle équilatéral A C B , le fommetc fera
le centre du cercle circonfcriptible à Yhexagone que
l’on demande.
Un hexagone, en terme de Fortification, eft une
place fortifiée de fix baftions. Voye^ B a s t i o n *
Chambers. ( F )
HEXAM, ( Géogr. ) petite ville ou bourg d’Angleterre
dans le Northumberland, dont l’évêché a
été uni par Henri VIII. à celui dé Durham. Il eft à
14 milles O. de Newcaftle, 70 N. O. de Londres*
long. iS .2 j . lai. 55. 2. ( F). J- )
HEXAMERON, f. m.(Théolog.) on appelle ainfi
ftes ouvrages, tant anciens que modernes, qui font
des commentaires ou traitésfur les premiers chapitres
de la Genefe, & l’hiftoire de la création, ou
des fix premiers jours que Moyfe y décrit. C e mot
eft g rec , *Z*f*tpov, compofé de * | , f i x , &
en dialeûe dorique a/Mpa, jour. S. Bafile & S. Am-
broife ont écrit des hexamerons. Voyez Dictionnaire
de Trévoux.
..HEXAMETRE, ( Littérat. ) il fe dit d’un vers
H E X grée ou latin compofé de fix pies î , vôyei> P i i & Vers. Ce mot eft grec, «f*/*«rpov, compofé d’* | ,
f i x , & yusTpoj-i pié ou mefure.
■ Les quatre premiers piés d’un vers hexametre peuvent
être indifféremment daélyles ou fpondées, mais
le dernier doit être néceflairement un fpondée , &
le pénultième daétyle. Tel eft celui-ci d’Homere,
Eiç viop [A tpp/^eiç , biùÇ ixinrov o/jpa. ,
& celui-ci de Virgile,
Difcite jufiitiam moniti & hoh Itninere divosi
Les hexamètres fe divifênt en héroïques, qui doivent
être graves & majeftueux : & en fatyriques,
qui peuvent être négligés comme ceux d’Horace.
Voyei Héroïque.
Les poëmes épiques, comme l’Iliade & l’Enéide*
font compofés de vers hexamètres g les élégies & les
épitres de vers hexamètres & pentamètres. Voyeç PENTAMETRE.
Quelques poëtes anglois & françois ont voulu
faire des vers hexamètres en ces deux langues, mais
ils n’ont pû y réuflir. Jodelle en fit le premier effai
en 15 5 3 , par un diftique qu’il fit à la louange d’Oli-
vier de Magny, & que Pafquier regarde comme un
petit chef-d’oeuvre. Le voici :
Phcebus, Amour, Cypris , veut fauver, nourrit & orner
Ton vers (f ton chef, d'ombre , de fiamme , de fleurs.
Mais ce genre de poéfie ne plut à perfonne. Les
langues modernes ne font point propres à faire des,
vers, dont la cadence ne confifte qu’en fyllabes longues
& brèves. Foye^ Quantité , Vers , &c. D iü.
de Trévoux. ( G )
HEXAMILLON, f. m. ( Hifi. mod. ) nom d’une
muraille célébré que l’empereur Emanuel fit bâtir
fur l’ifthme de Corinthe, en 1413 , pour mettre le
Péloponnefe à couvert des incurfions des Barbares.
Elle a pris fon nom de , f i x , & /xfrtov qui en grec
Vulgaire lignifie mille, à caufe qu’elle avoit fix milles
de longueur.
Amurat II. ayant levé le fiége de Conftantinople
çn 1424, démolit l’hexamillon, quoiqu’il eût auparavant
conclu la paix avec l’empereur grec.
Les Vénitiens le rétablirent en 1463 , au moyen
de 30000 ouvriers qu’ils y employèrent pendant
quinze jours, & le couvrirent d’une armée commandée
par Bertold d’Eft, général de l’armée de terre,
& Louis Lorédaur, général de celle de mer.
Les infidèles furent repoufles après avoir fait
plufieurs tentatives, & obligés de fe retirer de fon
Voifinage. Mais Bertold ayant été tué peu de tems
après au fiége de Corinthe, Bertino Calcinato qui
prit le commandement de l’armée, abandonna à
l’approche du Beglerbey la défenfe de la muraille,
qui avoit coûté des fommes immenfes aux Vénitiens,
ce qui donna la facilité aux Turcs de s’en rendre
maîtres, & de la démolir entièrement. ( G )
HEXAPLES, f. f. (Hifi. ecçlefi) bible difpofée ett
.fix colonnes, qui contient le texte & les différentes
verfions qui en ont été faites, recueillies & publiées
parOrigene ; voyt{ Bible. Ce mot eft formé
.d’* | , fix , &: ««*0«, j ’expliqua, je débrouille*
Eufebe ( hifi. ecclef. lib. V I . cap. xvj. ) rapporte
qu’Origene étant de retour d’un voyage qu’il fit à
Rome fous Caracalla, s’appliqua à l’étude de l’Hébreu
, & commença à ramaffer les différentes verfions
des livres facrés, & à en compofer des tétra-
ples 8c des hexaples. Il y a cependant des auteurs
qui prétendent qu’il ne commença cet ouvrage que
fous Alexandre, après qu’il fe fut retiré de la Pa-
leftine en 231. Voye$_ T etra ples.
5 Pqur comprendre ce que c’étoit que lés hexaples
4 Origene, il faut favoir qu’outre la tradu&ion des
H E X i'9l
livres facrés appellée la i>erfioh desSepèahîè, & faité
fous Ptolomee Philadelphe, plus de 200 ans avani:
J. C. l’Ecriture avoit encore depuis été traduite en
grec par d’autres interprètes. La première de ces
verfions, ou la fécondé en comptant celle des fep-
tante , étoit celle d’Aqüila, qui la fit vers Tan i4ôi
La troifieme étoit celle de Symmaque, qui parut à
ce que l’on croit fous Marc Aurele. La quatrième
etoit celle que Théodotien donna fous Commodei
La cinquième fut trouvée à Jéricho, la feptieme année
de l’empire de Caracalla, 217 de J. C . La fi-
xieme fut découverte à Nicopolis fur le* cap d’Ac-
tium en Epire, vers l’an 228. Origene en trouva une
feptieme, qui ne eomprenoit que les pfeaumes.
Origene, qui avoit eu fouvent à difputer aved
les Juifs en Egypte & enPaleftine, remarquant qu’ils
s’inferivoient en faux contre les paflages de l’Ecriture
qu’on leur citoit des Septante, & qu’ils en appelaient
toujours à l’hébreu ; pour défendre plus
aifément ces paflages, & mieux confondre les Juifs,
en leur faifant voir que les Septante n’étoient pbint
contraires à l’hébreu, ou du moins pour montrer
par ces différentes verfions ce que fignifioit l’hébreu,
il entreprit de réduire toutes ces verfions en
un feul corps avec le texte hébreu , afin qu’on pût
aifément & d’un coup d’oeil confronter ces verfions
& le texte.
Pour cet effet, il mit en huit colonnes d’abord le
texte hébreu en caraéleres hébreux, puis le même
texte en carafreres grecs , & enfuite les verfions
dont nous avons parlé. Tout cela fe répondoit ver-
fet par verfet, ou phrafe par phrafe, vis-à-vis l’une
de l’autre, chacune dans fa colonne. Dans les pfeaumes,
il y avoit une neuvième colonne pour la feptieme
verfion. Origene appella cet‘ ouvrage hexa-
ple, c’eft-à’dire, fextuple, ou ouvrage à fix
colonnes, parce qu’il n’avoit égard qu’aux fix pre-;
mieres verfions greques.
S. Epiphane, qui comptoitles deux colonnes du
texte, a appellé cet ouvrage octaple\ à caufe de fes
huit colonnes. Voye{ Octaple.
Ce fameux ouvrage a péri il y a long-tems ; mais
quelques anciens auteurs nous en ont cônfervé des
morceaux, fur-tout S. Chryfoftome fur les pfeaumes,
Philoponus dans fon hexameron. Quelques modernes
en ont aufli ramafle les fragmens, entr’autres
Drufius & le P. Montfaucon*
Cependant comme cette colleéliori d’Origene étoit
fi confidérabie que peu de perfonnes étoient en état
de fe procurer un Ouvragé fi cher dans un tems où
l’on ne connoiflbit encore que les manuferits, Oriï
gene lui-même l’abrégea ; & pour cet effet il publia
la verfion des Septante, à laqüelle il ajouta des fup*
plémens pris de celle de Théodotion dans les endroits
où les Septante n’avoient point rendu le texte
hébreu, & ces fupplémens étoient défignés par Une
aftérique Ou étoile. Il ajouta de plus une marqué
particulière en forme d’obélifque ou de broche aux
endroits’où les Septante avoient quelque chofe qui
n’étojt point dans-1’original hébreu ; & cés notes ou
fignes qui étoient alors en ufage chez les grammairiens
, faifoient cortnoître du premier coup d’oeil cé
qui étoit de plus ou de moins dans lès Septante qué
dans l’Hébreu, 8t par-là les Chrétiens pouvoient
prévoir les objeélions des Juifs tirées de l’Ecriture ;
mais dans la fuite les copiftes négligèrent les alléri-
ques 8z lès obélifques, ce qui fait que nous n’avons
plus la verfion des Septante dans fa pureté; Voyez Septante & Version. Simon, hifi. critiq. du vieux
tefiam. Dupirt , biblioih. des auteurs eccl. Fleury, hifi.
ecclef -tom. I I . liv. VI. n°. 11. p. 138. & fuiv. (G )
' HEXASTYLE, f. m. terme d’Architecture, qui a
fix colonnes de front. Ce mot eft compofé de *£*
f ix f & çytof, colonne♦