après avoir fait fes études, fe rendit à Bourdeau*
en i t 7 î pour y dreflèr une belle imprimerie. Les
îurats de’ cètte ville foutinrent cette entreprise de
leur argent & de leur crédit. Miilanges fe diftingua
par la correttion de fes éditions, & mourut en 1621
âgé de 82 ans , ayant été un des bons imprimeurs du
royaume pendant près d’un demi-liecle.
Mordf les ) , nous devons aux Morels bien des
«éloges pour leur favoir & les beaux livres qu’ils ont
publiés. , „ ‘ .. - , ,
Morel (Guillaume ) , ne en Normandie, félon la
Croix du Maine, & célébré imprimeur de Paris ,
■ étoit favant dans l’intelligence des langues. Il devint
corretteur de l’imprimerie royale , après que Tur-
nebe fe fut démis de cet emploi en 1555. Ses éditions
greques font fort eftimées. Il commença^ lui-
même quelques ouvrages, entr’autres un dittion-
naire grec, latin , françois. Il mourut en 1564.
Morel (Frédéric), apparemment parent éloigné
de Guillaume, verfé dans les langues favantes, fut
gendre & héritier de Vafcofan, dont il fit valoir,
l’imprimerie, & mourut à Paris en 1583 , âgé d’environ
60 ans , laiffant un fils d'un mérite fupérieur,
nommé femblablement Frédéric.
Celui-ci après avoir éié profeffeur & interprète
du R o i, fut pourvu de la charge $ imprimeur ordinaire
de Sa Majefté, pour l’hébreu, le grec, le latin,
& le françois. Le grand nombre d’ouvrages qu’il a
publiés & traduits du grec fur les manuferits de la bibliothèque
du R o i, avec des notes , font des preuves
authentiques de Ion érudition. Il mourut en
1630 , âgé de 78 ans , 6c laiffa deux fils, Claude,
& Gilles.
Claude Morel donna les éditions de plufieurs pères
grecs, entr’autres de S. Athanafe. Gilles Morel
fon frere lui fuccéda, & publia les oeuvres d’Ari-
flote en quatre vol. in-folio , outre la grande bibliothèque
des peres, qu’il mit au jour en 1643 , en dix-
fept volumes in-folio. Gilles Morel eft devenu con-
feiller au grand-confeil.
Moret ( Jean ) , flamand , gendre de Plantin, &
fon fucceffeur à Anvers. Plufieurs de fes éditions ne
font pas moins belles, ni moins exattes que celles
de fon beau-pere. Le dotte Kilien donna fon tems
à les corriger jufqu’en 1607. Moret finit fes jours en
16 10 , 8c laiffa fon imprimerie à fon fils Balthafar
Moret. Celui-ci fe fit connoître par fon érudition,
& par fes commentaires géographiques fur le théâtre
du monde d’Ortélius. il mourut en 1641.
Nivelle ( Sébaflien ) , libraire & imprimeur de Paris,
fleuriffoit au milieu du xvj. fiecle. Entre les ouvrages
qu’il mit au jour à fes dépens, on ne doit
jamais oublier le corps du Droit c ivil avec les commentaires
d’Accurfe. C ’eft un livre précieux, un
chef-d’oeuvre que Nivelle fit paroître en 1576, en
cinq volumes in-folio; mais Olivier de Harzy, &
Henri Thierry imprimeurs , en partagent aufli la
gloire.
Oporin ( Jean ) , natif de Balle, après d’excellentes
études, prit le parti de l’Imprimerie, en s’affo-
ciant aux Winter. Il faifoit rouler continuellement
lix preffes, avoit plus de cinquante ouvriers, corri-
geoit toutes les épreuves, 6c s’attachoit fur-tout à
imprimer les ouvrages des anciens avec beaucoup
de foin & d’exattitude ; mais il mourut fort endetté
en 1568, à 61 ans. On lui doit des tables très-amples
de Platon, d’Ariftote , de Pline, & autres auteurs
de l’antiquité.
Palliât ( Pierre') , imprimeur & généalogifte, né à
Paris en 1608 , de bonne famille, fe maria à 2s ans
A Dijon avec la fille d’un imprimeur ; alliance qui le
détermina à embraffer la profeffion de fon beau-pere,
--qu’il a exercée long-tems, & toujours honorablement.
IL a imprimé tous fes livres, qui font en trèsgrand
nombre, mais qui n’intéreffentque les curieux
de la généalogie des maifons de Bourgogne. Palliot
grava lui-même le nombre prodigieux de planches
de blafon dont ils font remplis. C ’étoit un homme
exatt 6c infatigable au travail. Il mourut à Dijon en
1698, à l’âge de 89 ans, & laiffa fur les familles de
Bourgogne 13 volumes in-folio de mémoires manuferits
qui étoient dans la bibliothèque de M. Joly de
Blezé, maître des Requêtes ; j’ignore où ils ont paffé
'depuis. : ». v\ ■ ’
Patiffon ( Mamert ) , natif d’Orléans, étoit très-
habile dans les langues favantes 6c dans la fienne
propre. Il époufa la veuve de Robert Etienne en
1 ç8o, fe fervit de fon imprimerie & de fa marque.
Ses éditions font correttes, fes caratteres beaux, &
fon papier très-bon. En un m ot, il n’a omis aucun
des agrémens qu’on recherche dans les livres : aufli
fes impreflions vont prefque de pair avec celles de
Robert-Etienne. Mamert mourut en 1600.
Plantin ( Chrijîophe ) , né en T ouraine, acquit du
favoir dans les belles-lettres, fe retira à Anvers, &
y porta Limpreflion au plus haut point de fon luftre.
Ses éditions font extrêmement exattes, par les foins
de plufieurs habiles corretteurs dont il fe fervoit,
favoir de Vittor Gifelin, de Théodore Purman , de
François Hardouin, de Corneille Kilien, & de Ra-
phelinge, dont il fit fon gendre. Le roi d’Efpagne
lui donna le titre d'archi-imprimeur ,• mais ce font les
impreflions, 6c non pas les rois qui donnent ce titre
à un artifte. Le chef d’oeuvre de celui-ci eft la Polyglotte,
qu’il imprima fur l’exemplaire de Complute,
& cette édition faillit à le ruiner. M. de Thou paf-
fant à Anvers en 1576, vit chez Plantin dix-fept
preffes roulantes. Guichardin a fait une belle description
de fon imprimerie ; 6c d’autres ont vanté la
magnificence avec laquelle il vivoit. Il finit fa carrière
en 1598, âgé de 76 ans.
Quentel, Pierre, allemand fe rendit illuftre à Cologne
, fur la fin du xvj fiecle , par l’édition de tous
les ouvrages de Deriysle Chartreux, qu’il fit imprimer
avec foin ; il valoit bien mieux faire rouler fes
preffes fur les livres utiles de l’antiquité qui man-
quoient en Allemagne.
Schaeffer ( Pierre ) de Gernsheim, pourroit être regardé
comme l’inventeur de l’Imprimerie ; car c’eft
lui qui imagina de fondre des lettres mobiles , en
quoi'confifte principalement cet art. Jean Fauft fon
maître fut fi charmé de cette découverte , qu’il lui
donna fa fille en mariage : ceci arriva vers le milieu
du xv fiecle.
Thori ou Tori ( Geoffroi ) né à Bourges dans le xvj
fiecle, libraire-juré à Paris, contribua beaucoup à
perfectionner les caratteres ^imprimerie, &compofa
un livre qui parut après fa mort, intitulé le Champ-
fleuri , contenant l'art & fcience de la proporfion des lettres
, vulgairement appellées romaines, à Paris l’an
1592. in- 40. Il mourut en 15 50.
Claude Garamond fut éleve & contemporain de
Tori ; il fleuriffoit déjà en 1 5 1 0 ,6c porta la gravure
des caratteres au plus haut point de perfettion, par
la figure, la jufteffe & là précifion qu’il y mit. Voye{ C aractères üimprimerie. ^ . '•
Vafcofan ( Michel ) , né à Amiens , époufa une
des filles de Joffe Badius, & s’allia à Robert Etienne
qui avoit époufé l’autre. Tous deux aufli font les
meilleurs imprimeurs que la France ait eu dans ces
tems reculés. Tous les livres imprimés par Vafcofan
font recommendables par le choix, par la beauté des
caratteres , la- bonté du papier, l’exattitude des corrections
, 6c l’ampleur de la marge.
Vitré ( Antoine) parifien, s’eft rendu fameux dans
lexvij. fiecle, par le fuccès avec lequel il a porté l'imprimerie
y prefque au période de la perfettion. Quoique
de fon tems les Hollandois femblaffent être les
maîtres de cet art. On croit que Vitré étoit capable
de les furpafler, s’il fe fût avifé d’obferver, comme
on a fait depuis, la diftinttion de la confonne d’avec
la voyelle dans les lettres i 6c j , u 6c v. ■
Quoiqu’il enfoit la polyglotte de Guy Michel le
ja y qu’il a imprimée , elt un chef-d’oeuvre de l’art,
tant par la nouveauté & la beauté des caratteres,que
par l’induflrie 6c l’exattitude de la correttion. Sa bible
latine in folio & i/z-40. va de pair avec tout ce
qu’on connoît de mieux. En un mot il a égalé Robert
Etienne pour la beauté de l'imprimerie ; mais il
a terni fa gloire en faifant fondre les caratteres précieux
des langues orientales, qui avoient fervi à imprimer
la bible de M. le J a y , pour n’avoir aucun rival
après fa mort.
M. de Flavigny s’étant avifé de cenfurer dans une
brochure , non l’attion de V itré-, mais quelques endroits
de la bible magnifique qu’il avoit mife au jour,
& qu’il étoit bien permis de critiquer, celui-ci éprouva
clés chagrinsincroyables,par une feule faute d’impref-
fion quin’étoit point dans fon manuferit. Il avoit cité
le paffage de S. Matthieu, ejiceprimùm trabem de
oculo tuo. Gabriel Sionita prenant un v i f intérêt à la
défenfe de la bible où il avoit travaillé, ayant lû la
critique de M. Flavigny, l’accufa par fa réponfe de
moeurs corrompues, défacrilege , 6c d’une impiété
fans exemple, d’avoir ofé corriger le texte facré, en
fubftituant un mot infâme , à la place du terme honnête
de l’evangélifte. Qui croiroit que tous ces fan-
glans reproches n’avoient d’autre fondement qu’une
inadvertance d'imprimerie ? La première lettre du mot
oculo s’étoit échapée fortuitement de la forme, après
la revue de la derniere épreuve, lorfquele compo-
fiteur toucha une ligne mal dreffée, pour la remettre
droite.
Wechels ( les ) Chrétien .& André fon fils imprimeurs
de Paris 6c de Francfort, font trés-eftjmés dans
leur art, par les éditions qu’ils ont mifés àü jour. On
dit qu’ils poffédoient une bonne partie'dès caratteres
de Henri Etienne. Mais ce qui a leplùs contribué
à rendre leurs éditions précieufes, c’èft d’avoir eu
pour corretteur de leur imprimerie Frédéric Sy lburge,
un des premiers grecs & des meilleurs critiques d’A llemagne.
U errata d’un in-folio qu’il avoit corrigé,
ne contenoit pas quelquefois plus de deux fautes.
Chrétien Wechels y ivoit encore en 1 $ 5 a , 6c André
qui fe retira de Paris après le maffacre ,de la faint
Barthélémy, où il courut le plus grand danger, mourut
à Francfort en .15.82. Jean Wechels Ion fils lui
fuccéda.
Weflphale ( Jean ).»' le premier de ma connoiflan-
y> c e , dit Naudé, qui,Je.fpit mêlé de l'imprimerie dans
» les Pays-bas, fut ùff Jean de Weflphale, lequel s’é-
» tablit à Louvain i’ün 147,5 » & commença fon la-
» beur par lés morales d’Ariflote. :Cèt imprimeur fe
» nomma tantôt Johannes de Wèflphalia, tantôt Johan-
» nés tVeflphalia, Pddtrbbneîfis ».
Voilà depuis l’origine de l'Imprimerie les principaux
maîtres qui fe font renducélébrés. Dans cette
lifte je ‘n’ai point parlé des'Anglois, parce que les
noms de leurs habiles artiftes en ce genre, ne font
guere connus hors de leurs pays. D’ ailleurs-, il me
femble que c’eft fettléiïféttt SU commencement du
dernier fiecle que cet ait fut pouffé en Angleterre au
point de perfettion O^ril-^efl toùjours foufénu depuis
alors on vit des, chefs-d’oeuvr.es. fortir de leurs
imprimeries. Rien dan? le monde n’çft fupérieur à l’é*-
dition greque de faint, Jean Chry^oflomé', en huit
volumes in-folio,, àpfèmptimerii deNottén-, achevée
en 1613 dans leçoÙeger.royalld,Ëaton (^Etona) près
de Windfor , par les, loin? du dotte Henri Sa vile.
Mais la beauté des'càratteres qu’emploient les Imprimeurs
anglois, le choix .de Jeur papier, là grandeur
des marges , le pètk nombre d’exemplaires qu’ils
tirent, 6c l’exattitude de la correttion qu’ils mettent
dans les livres importans, ne font pas les feuls avan*
tagesquipeuventattirerà VImprimerie de la Grande-
Bretaj ;ne, une attention toute particulière. ( D . J. )
Il y 2 trois corps & communautés d'Imprimeurst
Les Imprimeurs de livres, les Imprimeurs en taille-
douce , 6c lesjmprimeurs Imagers, Tapifliers 6c D o-
minotiers. Voye^ D ominotiers.
Avant l’invention des caratteres, le corps des Int*
primeurs en lettres etoit compofé d’Ecrivains, de Libraires
, de Relieurs, d’Enlumineurs, 6c de Parche-*
miniers.
Ce corps étoit tout-à-fait dépendant de l’univer-
fité & de fon retteur.
Le parcheminier préparoit les peaux fur lefquelles
on écrivoit.
L ’écrivain qti’on appelloitflationnaire , copioit
fur les peaux l’ouvrage que le libraire fourniffoit.
Le relieur mettoit en volume les feuilles copiées*
L’enlumineur peignoit, rele voit d’or bruni ; en un
mot décoroit le volume qui retourhoit chez le libraire
qui le vendoit.
Nos Imprimeurs en lettres ont fuccédé â l’état &
aux privilèges des ftationnaires. Ils font aggrégés à
l’univerfité, & fournis aux ordonnances & ftatuts du
retteur ; mais le corps ne comprend plus que les Imprimeurs
6c les Libraires , que le réglement de 1686
affranchit en grande partie de l’autorité de l’Univer-
fité.
Ce réglement fixe le nombre des Imprimeurs à
trentè'-fix.
Depuis Ge réglement il eft intervenu un grand
nombre d’arrêts , d’édits ôc déclarations relatifs au
corps & à la communauté des Imprimeurs-Libraires.
On a raffemblé toittes ces pièces dans un volume
confidérâble, qui forme ce qu’on appelle le code de
la Librairie.
Il eft traité dans ce Code de tout Ce qui appartient
aux privilèges, au nombre, à la demeure, aux preffes,
aux caratteres, au papier, à la marge, à l’ap-
prentiffage, à la réception, aux vifitès, à la mai-
trife, aux connoiffances, aux permifliôns, aux approbations
, à la Cenfure, auxfyndics, aux adjoints,
aux Corretteurs , aux compofiteurs ; aux prefllers ,
&c. voyez l’article Lib r a ir ie .
Avant 1694 les Imprimeurs en taille-douce n’é-
toient que de fimplès compagnons qüé les Graveurs
& Imagers de Paris avoient chez eux»
Gè fut dans cette année qu’ils eurent des ftàtùts^
dont lés principaux règlent le nombre des fyndics,
l’apprentiffage , là bourfe commune, le chef-d’oeuvre
, la réception, &c.
II ri’y a que deux fyndics y dont l’un eft lè Iréfo-
rier de là bourfe commune. Le fond de la bourfe
confifte. au tiers du fàlaire. Cè produit fe diftribue
tous les quinze jours , frais & rentes côrtftituéS de la
communauté déduits. Les veuves des maîtres jouif-'
fent de la maîtrife ; 6c ont part à la bouffe. Les ap-
prentifs ne peuvent être obligés pouf moins dé quatre
ans, & chaque maître n’en peut a-vôif qu’un à
la fois. Avant que l’apprentiffoit admis aiiéhef-d’oeu-
vre , il doit avoir fervi edmpagnon deüX àttnéés depuis
fon apprentiffage. Il n’ÿ a que lés :fils de maîtres
qui foient difpehfés -du Chef-d’oéüVrc. - Les maîtres
né peuvent demeurer ailleurs què dàtt's léquar-
tier de l’univerfité, & n?y peuvent à voit ou tenir
plus d’une imprimerie. Il eft défendu expfeïTément
à toutes perfonnes quelles qu’elles foie Ht Q’a voir des
preffes, foit en lettrés-, foit en taille-doucei
Iftiprirrieiir-Libraire [Ordinaire dû R fi !(-Hifli l itt.)
Ce font les titres dé ceux qui ont été créé? fous
Louis XIII. le 22 Février 16 10 , pôtetf imprimer les
édits,, ordonnances,, réglémens, déélàràtions,
6c de çeux qui leur ôiit fuccédé»